Sainte Cécile de Rome († 230)
Vierge romaine

Cécile de Rome, une des sainte Cécile, ou sainte Aziliz dans le calendrier breton des saints, est une sainte chrétienne.
Elle aurait vécu à Rome, aux premiers temps du christianisme.
Sa légende en fait une vierge qui, mariée de force, continua à respecter son vœu de virginité.
On la fête le 22 novembre.
Sainte Cécile est la patronne des musiciens ainsi que des brodeurs et brodeuses.
En France, la cathédrale d'Albi est la seule cathédrale à porter le vocable de sainte Cécile.
Cette cathédrale est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, et possède le plus grand orgue classique de France.
Cécile
y est honorée chaque année lors de sa solennité avec vénération des
reliques lors de la messe solennelle de la sainte Cécile.
Histoire et tradition

Sainte Cécile (au centre) peinte par Raphaël
Elle vécut en Sicile.
Entre
176 et 180, sous l'empereur Marc Aurèle, elle fut condamnée au martyre,
après avoir converti de nombreuses personnes, dont son mari.
Les actes de son martyre n'ont rien d'authentique.
Un passage de sa légende affirme qu'en allant au martyre elle entendit une musique céleste.
Cette anecdote en fera la patronne des musiciens, des luthiers et des autres fabricants d'instruments de musique.
On la représente avec une couronne de fleurs, symbole de virginité, un plant de lys, un instrument de musique et une épée.
Elle est souvent enturbannée et richement habillée, signes d'une origine patricienne.
C'est l'un des martyrs des débuts de l'Église les plus vénérés, mentionné dans le canon de la messe depuis 496.
Sa
dépouille fut retrouvée en 821 dans les catacombes de Saint-Calixte
puis transférée au quartier de Trastevere, où une basilique fut
construite pour l'accueillir.
Lors des fouilles de 1599, le corps fut exhumé et l'on s'émerveilla de le trouver intact et dans sa position d'origine.
Cet
évènement contribua à renforcer l'intérêt pour l’Église primitive, qui
imprégnait certains milieux ecclésiastiques et intellectuels de
l'époque.
Le
sculpteur Stefano Maderno (1576-1636), frère de l'architecte Carlo
Maderno, était présent lors de l'identification de la dépouille.
L’œuvre qu'il réalisa aussitôt rend compte de cette fascination devant les témoignages de l’Église originelle.
La légende de sainte Cécile
Cette légende fut notamment transmise dans la Légende dorée de Jacques de Voragine.
Issue
d'une noble famille romaine, elle voua sa vie très jeune à Dieu et fit
vœu de virginité. Arrivée en âge de se marier, ses parents lui
choisissent Valérien pour époux, un païen.
Après
plusieurs jours de prière et de jeûne, arrive la nuit de noces : elle
révèle son secret à Valérien, et lui demande de respecter sa virginité,
ainsi que de se convertir.
La Légende dorée de Jacques de Voragine rapporte ainsi les paroles de sainte Cécile :
« J'ai
pour amant un ange qui veille sur mon corps avec une extrême
sollicitude. S'il s'aperçoit le moins du monde que tu me touches, étant
poussé par un amour qui me souille, aussitôt il te frappera, et tu
perdrais la fleur de ta charmante jeunesse ; mais s'il voit que tu
m’aimes d'un amour sincère, il t'aimera comme il m’aime, et il te
montrera sa gloire. »

Sainte Cécile jouant de l'orgue peinte par Claude Vignon
Valérien, maîtrisé par la grâce de Dieu, lui répondit :
« Si
tu veux que je te croie, fais-moi voir cet ange, et si je m’assure que
c'est vraiment un ange de Dieu, je ferai ce à quoi tu m’exhortes ; mais
si tu aimes un autre homme, je vous frapperai l’un et l’autre de mon
glaive. »
Après lui avoir fait lire l'évangile selon Luc et après qu'il a renoncé aux idoles, il se convertit.
Elle le conduit alors au pape Urbain qui le prépare au baptême et le baptise à Pâques.
Le
frère de Valérien, Tiburce, se convertit à son tour, et un ange lui
annonce qu'ils arriveront tous deux auprès du Seigneur avec la palme du
martyre.
Cécile répond à Tiburce qui exprime ses craintes de mourir :
« Si
cette vie était la seule, ce serait avec raison que nous craindrions de
la perdre : mais il y en a une autre qui n'est jamais perdue, et que le
Fils de Dieu nous a fait connaître. Toutes les choses qui ont été
faites, c'est le Fils engendré du Père qui les a produites. Tout ce qui
est créé, c'est l’Esprit qui procède du Père qui l’a animé. Or, c'est ce
Fils de Dieu qui, en venant dans le monde, nous a démontré par ses
paroles et par ses miracles qu'il y a une autre vie. »
Valérien
et Tiburce s'emploient à donner des sépultures aux corps des martyrs
que le préfet Amalchius faisait tuer comme criminels, et brûler.
Jusqu'au jour où ils sont dénoncés. (En effet, à l'époque les chrétiens
n'étaient pas recherchés, mais s'ils étaient dénoncés on les forçait à
renier leur foi et à adorer les dieux des Romains.)
Ils proclament au préfet :
« Nous
supportons maintenant l’ignominie et le labeur ; mais plus, tard, nous
recevrons la gloire et la récompense éternelle. Quant à vous, vous
jouissez maintenant d'une joie qui ne dure pas, mais plus tard, aussi,
vous ne trouverez qu'un deuil éternel. » Le préfet répond : « Ainsi
nous, et nos invincibles princes, nous aurons en partage un deuil
éternel, tandis que vous qui êtes les personnes les plus viles, vous
posséderez une joie qui n'aura pas de fin ?
—
Vous n'êtes que de pauvres hommes et non des princes, nés à notre
époque, qui mourrez bientôt et qui rendrez à Dieu un compte plus
rigoureux que tous. — Pourquoi perdre le temps, en des discours oiseux ?
Offrez des libations aux dieux, et allez-vous-en sans qu'on vous ait
fait subir aucune peine. »
Les
deux frères répliquèrent : « Tous les jours nous offrons un sacrifice
au vrai Dieu. » Ainsi, reprit le préfet : « Jupiter, ce n'est pas le nom
d'un dieu ?
—
C'est le nom d'un homicide et d'un corrupteur. — Donc, tout l’univers
est dans l’erreur, et il n'y a que ton frère et toi qui connaissiez le
vrai Dieu ? — Nous ne sommes pas les seuls, car il est devenu impossible
de compter le nombre de ceux qui ont embrassé cette doctrine sainte. »

Sainte Cécile représentée devant son tombeau : Stefano Maderno (Église Sainte-Cécile-du-Trastevere)
Au terme de ce procès, les deux frères furent livrés à la garde de Maxime.
Celui-ci tente de les sauver une dernière fois de la mort :
« Ô
noble et brillante fleur de la jeunesse romaine ! Ô frères unis par un
amour si tendre ! Comment courez-vous à la mort ainsi qu'à un festin ? »
Valérien lui dit que s'il promettait de croire, il verrait lui-même leur gloire après leur mort.
« Que
je sois consumé par la foudre, dit Maxime, si je ne confesse pas ce
Dieu unique que vous adorez quand ce que vous dites arrivera ! »
Alors Maxime, toute sa famille et tous les bourreaux crurent et reçurent le baptême d'Urbain qui vint les trouver en secret.
Valérien et Tiburce furent décapités, et Maxime fouetté à mort.
Cécile
obtient l'autorisation de les enterrer (au lieu de les brûler) dans un
tombeau de la voie Appienne et non dans les catacombes (cimetières
souterrains).
Cécile
se sent menacée, mais sa foi est plus forte que sa peur et elle
continue d'évangéliser chez elle et dans les jardins du mont Palatin.
Le pape Urbain vient célébrer l'eucharistie chez Cécile pour ce groupe de chrétiens.
Un jour, elle est arrêtée et le juge la condamne à être décapitée en public, chez elle.
Comme elle est belle et noble, les bourreaux lui demandent de changer d'avis.
Elle répond :
« Ceci
n'est point perdre sa jeunesse, mais la changer ; c'est donner de la
boue pour recevoir de l’or ; échanger une vile habitation et en prendre
une précieuse : donner un petit coin pour recevoir une place brillamment
ornée. Si quelqu'un voulait donner de l’or pour du cuivre, n'y
courriez-vous pas en toute hâte ? Or, Dieu rend cent pour un qu'on lui a
donné. Croyez-vous ce que je viens de vous dire ? — Nous croyons,
répondirent-ils, que le Christ qui possède une telle servante, est le
vrai Dieu. »
On appela l’évêque Urbain et beaucoup de personnes furent baptisées.
Voici les paroles que sainte Cécile a pu adresser au préfet Almachius lors de sa condamnation :
- Amalchius : D'où te vient tant de présomption en me répondant ?
- Cécile : D'une conscience pure et d'une conviction sincère. Sainte

Le reliquaire et la statue de sainte Cécile, à l'intérieur de la cathédrale d'Albi
- Ignores-tu quel est mon pouvoir ?
- Ta puissance est semblable à une outre remplie de vent, qu'une aiguille la perce, tout ce qu'elle avait de rigidité a disparu.
- Tu as commencé par des injures et tu poursuis sur le même ton !
-
On ne dit pas d'injure à moins qu’on n'allègue des paroles fausses.
Démontre que j'ai dit une injure, alors j'aurai avancé une fausseté : ou
bien, avoue que tu te trompes, en me calomniant; nous connaissons la
sainteté du nom de Dieu, et nous ne pouvons pas le renier. Mieux vaut
mourir pour être heureux que de vivre pour être misérables.
- Pourquoi parles-tu avec tant d'orgueil ?
- Ce n'est pas de l'orgueil, mais de la fermeté.
- Malheureuse, ignores-tu que le pouvoir de vie et de mort m’a été confié?
-
Je prouve, et c'est un fait authentique, que tu viens de mentir : tu
peux ôter la vie aux vivants; mais tu ne saurais la donner aux morts. Tu
es un ministre de mort, mais non un ministre de vie.
- Laisse là ton audace, et sacrifie aux dieux.
-
Je ne sais où tu as perdu l’usage de tes yeux : car les dieux dont tu
parles, nous ne voyons en eux que des pierres. Palpe-les plutôt, et au
toucher apprends ce que tu ne peux voir avec ta vue.
Sainte
Cécile se met à chanter en attendant le coup de hache du bourreau, mais
ce dernier, après trois tentatives infructueuses, la laisse agoniser
durant trois jours (la loi romaine interdisait le quatrième coup).
Elle
confie tous ses biens au pape Urbain et lui recommande ceux qu'elle a
convertis, ainsi que sa maison pour en faire une église : elle subsiste
aujourd'hui, c'est l'Église Sainte-Cécile-du-Trastevere, à Rome.
Sainte Cécile dans les arts et la littérature

Vitrail de l'atelier Charles Champigneulle (1895) représentant Cécile de Rome, en l'église Notre-Dame de Sablé-sur-Sarthe
Œuvres plastiques
Comme
vierge martyre et comme patronne des musiciens, sainte Cécile a
beaucoup inspiré les peintres, les dessinateurs et les graveurs, dès le XVe siècle et jusqu'au XIXe siècle.
Raphaël, Le Dominiquin ou encore Carlo Dolci lui ont consacré des tableaux.
On
trouve dans Mirimonde (1974) une riche anthologie de dessins, peintures
et gravures, qui peut être enrichie avec l'étude de Nico Staiti de
2002.
Certaines
de ces œuvres (tel le célèbre tableau de Raphaël) ont même fait l'objet
d'études approfondies sur les plans historique, esthétique ou
symbolique.
Parmi ces œuvres :
- la sculpture de Stefano Maderno qui orne son tombeau, citée plus haut ;
- la sculpture célèbre de Jean-François-Théodore Gechter, réalisée vers 1840. Un exemplaire est conservé au Musée de la vie romantique, Hôtel Scheffer-Renan, à Paris ;
- la peinture de Nicolas Poussin exécutée en 1627-1628, conservée au musée du Prado, à Madrid.
- la peinture de Raphaël, L'extase de sainte Cécile, Pinacothèque nationale (Bologne), 1514-1516.
- la peinture de Gustave Moreau, "Sainte Cécile", conservée au musée Gustave Moreau ( Paris 75009).
Œuvres musicales
En
tant que patronne des musiciens, c'est naturellement sous ses auspices
que se placent beaucoup de confréries musicales, de puys de musique ou
d'académies, de l'Ancien Régime à nos jours.
Du XVIe au XVIIIe siècle,
de nombreux musiciens composent des motets pour l'office de sa fête ou
des œuvres plus développées (la liste ci-dessous est très sommaire, tant
Cécile a inspiré les compositeurs...).
- Luca Marenzio a inclus un motet à sainte Cécile Cantantibus organis dans son recueil Motectorum pro festis totius anni, publié à Rome en 1585 ; (2e éd. Venise, 1588).
- Abraham Blondet (maître de musique de Notre-Dame de Paris), Officii Divæ Ceciliæ virg. et mart. musicorum patronæ musici... [à 10 v.]. Paris : Pierre I Ballard, 1611-1612 (œuvre perdue).
- Marc-Antoine Charpentier lui consacre deux de ses Histoires Sacrées : In honorem Caeciliae, Valeriani et Tiburtii canticum H. 394 en 1676 et Caecilia virgo et martyr H. 397 en 1677-78.
- Henry Purcell compose en 1692 avec son ode à sainte Cécile Hail! Bright Cecilia.
- Alessandro Scarlatti Il martirio di santa Cecilia, oratorio donné pour la première fois le 1er mars 1708 ; Messa di Santa Cecilia (1720).
- Georg Friedrich Haendel a composé deux œuvres en l'honneur de sainte Cécile, toutes deux sur l'ode pour la fête de Sainte-Cécile (1697) de John Dryden : l'oratorio La fête d'Alexandre (Alexander's Feast or The Power of Music) en 1736 d'une part, l'Ode pour la Sainte-Cécile (Ode for St. Cecilia's Day) en 1739 d'autre part.
- Joseph Haydn compose en 1766-67 une Missa Sanctae Caeciliae ou Missa Cellensis in honorem Beatissimae Virginis Mariae.
- Charles Gounod a composé une messe solennelle en son honneur. La première de cette messe eut lieu à l'église Saint-Eustache à Paris, le 22 novembre 1855, jour de la Sainte-Cécile.
- Le compositeur hongrois Franz Liszt a composé une œuvre chorale intitulée La légende de sainte Cécile en 1874.
- Ernest Chausson a composé La Légende de sainte Cécile, musique de scène pour un drame en trois actes de Maurice Bouchor en 1891.
- Licinio Refice a composé en 1934 un oratorio scénique intitulé Cecilia, disponible au disque.
- Benjamin Britten, né le jour de la Sainte-Cécile (22 novembre 1913), a composé en 1942 Hymn to St Cecilia (en) sur un poème de W. H. Auden, que ce dernier lui avait dédié.
- Plus récemment, l'Estonien Arvo Pärt a composé Cecilia, vergine romana en 2000, commande de l'Académie nationale de Sainte-Cécile de Rome.
- Le groupe Mes souliers sont rouges a joué un air (peut-être traditionnel) intitulé Sainte Cécile sur l'album Proches.
Œuvres littéraires
Geoffrey Chaucer reprend l'histoire de Cécile dans Les Contes de Canterbury (Le Conte de la Deuxième Nonne).
L'hagiographie de Cécile est reprise et illustrée dans les Chroniques de Nuremberg (1493).
Le Rémois Nicolas Soret
a publié une tragédie : La Céciliade, ou martyre sanglant de Saincte
Cécile, patrone des Musiciens : où sont entre-mélés plusieurs beaux
exemples moraux, graves sentences, naïves allegories, & comparaisons
familieres, convenables tant aux personnages qu'au sujet : Avec les
chœurs mis en musique par Abraham Blondet (...) par N. Soret Rhemois.
Paris : Pierre Rezé, 1606).
Pour le jour de Sainte-Cécile 1687, le poète Dryden écrit une ode restée célèbre (From harmony, from heavenly harmony... : à lire ici [archive].
Mallarmé lui a consacré un délicat poème intitulé Sainte où il l'appelle Musicienne du silence.
Sainte Cécile est la patronne de la musique, des musiciens, des compositeurs, des luthiers, des chanteurs et des poètes. Elle est fêtée le 22 novembre.
En savoir plus : http://hodiemecum.hautetfort.com/archive/2007/11/21/22-novembre-sainte-cecile-de-rome-vierge-et-martyre-avec-sai.html

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