Saints Anne et Joachim
Mère et père de la Vierge Marie (1er s.)

Anne

Sainte Anne
(Berck, église Notre-dame des sables)
Sainte Anne est la mère de la Vierge Marie et donc la grand-mère de Jésus dans la tradition chrétienne ainsi que dans la tradition musulmane sous le nom de Hannah.
Aucun texte du Nouveau Testament ne mentionne la figure d'Anne qui apparaît dans des apocryphes dont la critique historique estime que, tout comme les récits d'enfance ajoutés tardivement aux évangiles selon Luc et selon Matthieu, ils sont encore plus légendés que la partie centrale des évangiles.
Comme pour les évangiles, il n'est toutefois pas exclu que ces textes
contiennent certaines traces historiques. Comme dans les évangiles
canoniques, ceux qui ont été déclarés apocryphes effectuent de nombreux
parallèles avec des passages de l'Ancien Testament, pour convaincre leurs lecteurs de leur démonstration. Ainsi dans la tradition chrétienne, le personnage d'Anne fait souvent référence à son homonyme Hanna, mère de Samuel, prophète et dernier juge d'Israël. Il en est de même dans la tradition musulmane.
Des
évangiles qui ont été déclarés apocryphes par la suite, la dépeignent
comme une femme pieuse longtemps stérile. Une scène de sa vie légendaire
est la rencontre miraculeuse d'Anne et de son mari Joachim à la Porte dorée à Jérusalem, après l'annonce au couple de la prochaine naissance d'un enfant.
L'Église de l'Orient accepte ces récits, dans une version présentée comme une traduction par saint Jérôme, qui leur ôte les traits les plus merveilleux. Beaucoup de saints orientaux ont prêché sur sainte Anne, tels saint Jean Damascène, saint Épiphane, saint Sophrone de Jérusalem. Dans la tradition musulmane aussi, Anne appelée Hanah est la mère de Marie (Maryam), elle-même mère de Jésus-Îsâ.
La dévotion à sainte Anne, limitée longtemps à quelques sanctuaires, se répand dans le monde catholique à partir du XIVe siècle, avec la propagation des récits de la Légende dorée et les débats théologiques sur le dogme de l'Immaculée Conception qui ont pour conséquence d'associer plus étroitement le culte de sainte Anne à celui de la Vierge.

Récits de la vie de sainte Anne

Rencontre d'Anne et de Joachim (détail). Maître de la Vie de Marie, vers 1460
Des récits concernant la mère de la Vierge Marie, et donc la grand-mère maternelle de Jésus-Christ, apparaissent pour la première fois dans le protévangile de Jacques, apocryphe de la deuxième moitié IIe siècle, et, partiellement tiré de lui, dans le Pseudo-Matthieu plus tardif.
Ces apocryphes et des traditions de la Sainte Parenté collectées dans la Patrologia Graeca racontent que ses parents, Akar (Isachar dans le Pseudo-Matthieu, Stolanus dans des traditions byzantines) et Émérencie, sont de la tribu des Lévi.
Akar possède des terres à Bethléem et Jérusalem. Avec sa femme, ils donnent naissance à Isménie vers 63 av. J.-C. (au moment de la conquête romaine de la Palestine) et à Anne vers 55 av. J.-C..
C'est à cette époque que la famille s'installe à Hébron où Isménie se marie et devient la mère de sainte Élisabeth.
Quant Anne a neuf ans, ses parents déménagent à Jérusalem où Akar a des responsabilités au Temple.
Selon une tradition chrétienne orientale, la crypte de l'église Sainte-Anne de Jérusalem serait située sur le lieu de la maison d'Akar et dans laquelle serait née Marie.

Crypte de l'église Sainte-Anne
Le
Protévangile raconte également la rencontre entre Anne et Joachim,
éleveur venu faire sacrifier des bêtes de son troupeau au Temple.
Or,
il devait au préalable laver ses moutons dans la piscine de Bethesda
près de la Porte des Brebis et Anne se tenait à cette porte de la ville,
si bien qu'elle vit Joachim arriver avec ses troupeaux.
Ils se marient à l'âge de 20 ans.
Selon
une interprétation théologique, la vie de sainte Anne serait à mettre
en parallèle avec celle d'Hannah et de son fils, le prophète Samuel de l'Ancien Testament.
D'après
la tradition chrétienne, après un mariage de vingt ans sans enfants
avec Joachim (hébreu : Jojakim), le couple divorça probablement, Joachim
désespéré se retirant dans le désert dans le monastère Saint-Georges de
Choziba.
Mais un ange leur annonça la venue d'un enfant, si bien que le couple se reforma et Anne enfanta Marie.
Ils avaient fait un vœu et menèrent Marie lorsqu'elle avait trois ans, ou un peu plus tard selon d'autres traditions, au temple à Jérusalem pour qu'elle y soit éduquée, par Zacharie, un grand prêtre, père de Jean le Baptiste futur cousin de Jésus.

Anne représentée avec ses 3 maris, XVIe siècle, Allemagne
Le
Speculum historiale du dominicain Vincent de Beauvais et la Légende
dorée, une compilation des traditions chrétiennes effectuée au XIIIe siècle,
relate la postérité légendaire de sainte Anne d'avec son second époux,
Cléophas, frère de Joseph (leur fille, Marie Jacobé, épousa Alphée et
ils eurent comme fils : Jacques le Mineur, Joseph le juste, Simon le
Zélote et Jude), et celle d'avec son troisième époux Salomé ou Salomas
(leur fille, Marie Salomé, épousa Zébédée et ils eurent comme fils :
Jacques le majeur et saint Jean l'évangéliste). La légende du triple
mariage (Trinubium Annae) est peut-être due au bénédictin Haymon d'Auxerre.
L'ensemble de cette postérité est appelée La Sainte Parenté, en
opposition à La Sainte Famille, et a donné lieu à nombre représentations
iconographiques surtout en Allemagne (Die Heilige Sippe) et dans
l'Europe du Nord.
Culte et reconnaissance

Giotto, Rencontre de la Porte Dorée (entre 1304 et 1306), Chapelle des Scrovegni, Padoue
Culte
En 550, on construit une église à Constantinople en l'honneur de sainte Anne.
Le 26 juillet marque sans doute l'anniversaire de la dédicace de cette basilique.
Les Franciscains l'ont inscrite à leur calendrier le 26 juillet 1263.
Son culte connaît une ascension régulière depuis le XIVe siècle,
dont témoigne le nombre croissant des œuvres d'art qu'il suscite (qu'on
peut voir par exemple dans la multitude des statues montrant Anne,
Marie et l'enfant Jésus, appelées « trinités mariales », en parallèle à
la sainte Trinité).
Mais l'Église interdit la représentation des trinités mariales pour éviter la confusion avec la Trinité au sens théologique.
Sa popularité est telle que les Confréries de sainte Anne se multiplient à cette époque.
Les débats théologiques sur le dogme de l'Immaculée Conception au XIVe siècle ont pour conséquence d'associer plus étroitement le culte de sainte Anne à celui de la Vierge.
Cela
se traduit par l'apparition d'un nouveau thème iconographique, la
Sainte Anne trinitaire, destiné à exprimer l'idée d'une prédestination
d'Anne dans la pensée de Dieu, liée à la maternité divine. Urbain V, dès
1370, fait rajouter dans son Missel une messe en son honneur avec une miniature de la sainte et Urbain VI l'étend à toute l'Église, en 1382, lors du mariage de Richard II avec Anne de Bohême.
En
1481, le pape franciscain immaculiste Sixte IV fait ajouter la fête
solennelle de sainte Anne au calendrier de l'Église romaine, le 26
juillet.
En 1494 paraît le traité De laudibus sanctissimae matris Annae de Johannes Trithemius qui joue un grand rôle dans la propagation de son culte.
Au XVIe siècle,
les réformateurs s'indignent de « la prolifération des reliques et des
légendes parasitaires » relatives à sainte Anne, si bien que le pape Pie V, en établissant le calendrier romain tridentin, supprime son office en 1568 mais elle reste populaire comme en atteste le fait qu'Anne devient, comme Marie, un prénom masculin très fréquent au XVIe siècle.
Si,
en terre réformée, son culte décline rapidement, dans le monde resté
catholique, il poursuit une belle carrière après avoir failli succomber
aux épurations qui accompagnèrent le Concile de Trente. Grégoire XIII, sous la pression de la Contre-Réforme qui favorise le culte des saints rétablit sa fête officielle le 26 juillet (bulle du 1er mai 1584) et Grégoire XV, dans son bref apostolique Honor laudis du 23 avril 1622, en fait une fête obligatoire et chômée.
Elle
est célébrée sous le rite double majeur jusqu'à Léon XIII qui la
rétrograde au rang de simple fête paroissiale de deuxième degré en 1879.
Le 26 juillet est la fête (IIIe classe) de « Sainte Anne mère de la Bienheureuse Vierge Marie » dans le calendrier romain général 1960 et devient, dans la réforme du calendrier romain général décrétée par Paul VI en 1969, la mémoire des saints Joachim et Anne.
Cette
ambivalence du culte de sainte Anne au cours de l'histoire s'explique
d'une part par des rivalités entre clergés (ce sont ses promoteurs
monastiques — bénédictins, chartreux, franciscains — qui écrivaient les
légendes à son sujet, organisaient son culte et surtout, en tiraient
profit aux dépens des ressources du clergé paroissial), d'autre part par
les nombreuses légendes autour de la sainte qui renforçaient la foi du
peuple triomphant, s'opposant à l'incrédulité des doctes et à la
réticence des autorités religieuses à autoriser un culte qui relevait du
folklore populaire.
La tradition provençale

Intérieur de la chapelle royale Sainte-Anne dans la cathédrale d'Apt

Statue monumentale recouverte d'or de sainte Anne sur le dôme de la cathédrale Sainte-Anne d'Apt
La
cathédrale Sainte-Anne d'Apt, placée durant tout le Moyen Âge sous le
double patronage de Notre-Dame et Saint-Castor, est une ancienne
cathédrale catholique romaine française, située dans la ville d'Apt.
C'est l'une des plus anciennes églises d'Occident à avoir mis en honneur le culte d'Anne, l'aïeule du Christ.
Déjà, au cours du XIIe siècle sa fête y était célébrée le 26 juillet lors d'un office à neuf leçons.
Une
partie de ses reliques que la tradition dit avoir été rapportée
d'Orient, y est toujours vénérée. Et celles qui se trouvent en Bretagne, notamment à Sainte-Anne-d'Auray, en Italie ou au Canada proviennent d'Apt.
La
reine de France, Anne d'Autriche, pour remercier sa sainte patronne de
lui avoir permis d'être mère, vint à Apt le 27 mars 1660.
Son
pèlerinage accompli, elle fit don de reliquaires en or à l'évêque
Modeste Villeneuve des Arcs qui l'avait accueillie et l'incita à faire
construire ce qui est aujourd'hui devenu la « Chapelle Royale ».
Les plans furent dressés par François Mansart, les travaux activés et la chapelle consacrée le 26 juillet 1664.
Un
morceau du chef de Sainte Anne se trouve dans l'église de
Chiry-Ourscamps, ramené de Constantinople à l'époque des croisades.
La relique se trouve dans une châsse offerte par Mgr Le Senne en 1929.
Un pèlerinage a lieu tous les ans le 26 juillet à la paroisse Sainte Anne de Chiry-Ourscamps.
Les
églises de Castel-Buono et de Bologne en Italie, de Duren et d'Ursitz
en Allemagne, d'Apt, de Chartres et d'Ourscamp en France possèdent
actuellement des fragments du chef de Sainte Anne.

Relique de Sainte Anne, à Saint-Thomas-de-Courceriers
L'église Saint-Thomas de Saint-Thomas-de-Courceriers abrite une relique attribuée à Sainte Anne, constituée d'une phalange distale de l'index de la main droite.
La « grand-mère des Bretons »
Article détaillé : Culte de sainte Anne en Bretagne.

Le pardon de Sainte-Anne-la-Palud (vers 1930)
En Armorique, le culte de sainte Anne ne remonte pas au-delà du XIIe siècle mais eut une diffusion importante, alimentée par la figure de l'antique déesse Ana/Dana (la déesse-mère des Tuatha Dé Danann en Irlande).
Sa popularité chez les Bretons est généralement expliquée par cette rémanence de l'antique déesse celtique Dana.
En breton, sainte Anne est surnommée « Mamm gozh ar Vretoned », c’est-à-dire la grand-mère des Bretons.
Plusieurs légendes la rattachent à la Bretagne. Une première légende la décrit comme originaire de Plonévez-Porzay .
Dans
un autre récit, publié par Anatole Le Braz, Anne est mariée à un
seigneur cruel et jaloux, qui lui interdit d’avoir des enfants.
Lorsqu’elle tombe enceinte, il la chasse du château de Moëllien. Son
errance avec la petite Marie la conduit à la plage de Tréfuntec où
l’attend un ange, près d’une barque. Selon la volonté de Dieu, l'ange
l'amène jusqu’en Galilée. Bien des années plus tard, Marie épouse Joseph et devient la mère du Christ. Anne revient en Bretagne pour y finir sa vie dans la prière et distribue ses biens aux pauvres.

La basilique du sanctuaire à Sainte Anne d'Auray
D'après un autre récit, Anne serait apparue à un paysan, Yves Nicolazic, en 1624 près d'Auray en Morbihan.
Elle
lui a demandé la construction d'une chapelle en son honneur, en ce lieu
du village de Ker-Anna (qui en breton signifie Le village d'Anne)
devenu champ qui la louait autrefois.
Dans
la nuit du 7 mars 1625, Yves Nicolazic, son beau-frère et 4 voisins,
parmi lesquels certains rapportèrent avoir vu un flambeau les guider,
déterrent une statue qui, après avoir été discrètement resculptée par
les moines capucins, sera reconnue comme celle de la sainte.
Après enquête, l'évêque de Vannes autorise la construction de la chapelle devenue basilique au fil des ans.
Le lieu a pris le nom de Sainte-Anne-d'Auray.
Le pardon qui s'y déroule chaque année est le plus important de Bretagne, 3e lieu de pèlerinage en France après Lourdes et Lisieux.
En 1996, à l'initiative de l'évêque en place Mgr Gourvès, le pape Jean-Paul II vient la prier dans son sanctuaire breton.
Il est le premier pape à avoir foulé le sol de Bretagne.
Marie d'Agréda aurait également eu des visions en rapport à la vie de Sainte Anne.
Reconnaissance institutionnelle
En
2015, sainte Anne est le vingt-quatrième personnage le plus célébré au
fronton des 67 000 établissements publics français : pas moins de 220
écoles, collèges et lycées lui ont donné son nom, derrière Joseph (880), Jules Ferry (642), Notre-Dame (546), Jacques Prévert (472), Jean Moulin (434).
Patronage
Sainte Anne est la sainte patronne d'Apt, où se trouvent ses reliques, dont sont issues pour une part celles de Florence, d'Innsbruck, de Naples, de Mainar, de la Bretagne et de la province de Québec.
Sainte Anne est également la sainte patronne de Castelbuono, petite ville sicilienne située dans la province de Palerme, où une relique, constituée par de nombreux fragments du crâne, est conservée dans la Chapelle Palatine située dans le château des Ventimiglia.
Elle est à la fois la patronne des laïcs et des clercs, des matrones et des veuves.
Elle
préside à la sexualité du couple autant qu'à l'abstinence des moines,
elle favorise les accouchements et ressuscite même les enfants mort nés.
Elle
assure sa protection aux tourneurs, sculpteurs, ébénistes, orfèvres,
fabricants de balais, navigateurs et mineurs, mais surtout à des métiers
manuels féminins : gantières, bonnetières, couturières, lavandières,
blanchisseuses, cardeurs, chiffonniers, dentellières, brodeuses,
fabricants de bas.
Iconographie
La sainte est fréquemment représentée enseignant la lecture à sa fille Marie avec un livre à la main, ouvert ou fermé.
Peinture

Léonard de Vinci, La Vierge, l'Enfant Jésus et sainte Anne, Louvre
- Nommée dans certains tableaux comprenant Marie et Jésus, en Anna Selbdritt, littéralement Anne, elle-même, le troisième personnage, on parle d'un groupe de sainte Anne Trinitaire. Parfois Emérentienne s'introduisit dans les Trinités de sainte Anne pour les transformer en Quaternités.
- Dans le tableau La Vierge, l'Enfant Jésus et sainte Anne de Léonard de Vinci, elle est dite trinitaire avec sa fille Marie et son petit-fils Jésus.
- La lignée de sainte Anne de Gérard David (musée des beaux-arts de Lyon) qui relate, inspirée de la Légende dorée, sa triple descendance par ses trois époux successifs.
- La rencontre d'Anne et de Joachim à la Porte Dorée a également été peinte par Giotto en 1304-1306. Chapelle des Scrovegni, Padoue.
Sculpture
- Marignane - Église Saint-Nicolas (Notre-Dame de Nazareth) : Retable en bois doré, originellement en polychrome, offert par Louise de Savoie, avec tous les personnages en ronde bosse du baiser de la Porte Dorée à la lignée de sainte Anne et à l'adoration des rois mages.
Quelques exemples de représentation

Sainte Anne et les trois Marie. Heures d'Étienne Chevalier, enluminées par Jean Fouquet. Paris, BnF

La Trinité mariale - Anne, Marie, Jésus - de Masolino et Masaccio

Sainte Anne, la Vierge et l'enfant (XVe siècle), église Notre-Dame-du-Gourg de Sainte-Enimie

Anne éduquant Marie, vitrail (XIXe siècle), église de Saint-Front-de-Pradoux

Rencontre d'Anne et de Joachim, Cathédrale de Burgos

Mosaïque ornant l'arc triomphal de la basilique Sainte-Marie-Majeure : plus ancienne représentation de sainte Anne (Ve siècle) ?

Fresque de l'église de Faras (Soudan) représentant sainte Anne (VIIIe siècle)
Dictons
- « Si les fourmis s'agitent à la sainte Anne, l'orage descend de la montagne. »
- « Pour la sainte Anne, ton premier panier de raisins, toute l'année te sera rendu plein ». En pays d'Apt, les premiers raisins sont offerts pour décorer la chasse de la sainte suivant l'antique tradition des prémices.
C’est surtout pour les couturières, les dentellières et les lingères, qui honorent sainte Anne comme leur patronne,
une fête qu’on solennise avec toutes les démonstrations de la joie. Dès
la veille du jour de Sainte-Anne, on pare, à Bruges, à Bruxelles et en
d’autres endroits, les écoles et les ouvroirs de fleurs et de
guirlandes. Le matin, de bonne heure, toutes les jeunes filles qui
fréquentent les ateliers de dentelles ou les ouvroirs d’une couturière,
viennent souhaiter la fête à leur maîtresse et lui offrir un grand
bouquet de fleurs. Puis elles se rendent à l’église, et après y avoir
entendu la messe en l’honneur de leur sainte patronne, retournent à
l’école ou à l’ouvroir, où le déjeuner aux gâteaux est servi. Le repas
terminé, on s’apprête à faire une promenade en chariot ou en voiture
vers une ville ou un village des environs pour s’y amuser. Celles de
Bruges vont ordinairement à Blankenberghe ou à Ostende. Cette promenade
est le divertissement principal du jour. Le chariot est couvert et orné
de fleurs, et des paniers pleins de provisions et de gâteaux sont
emportés; mais les élèves et les ouvrières qui veulent être de la
partie, doivent, pendant toute l’année, remplir leur tâche ou « hun
mestag doen »; celles qui ne l’ont pas faite, doivent rester à la
maison. Pour être à même de payer les frais de cette excursion, il est
d’habitude de s’imposer chaque semaine une légère cotisation. Aussi
destine-t-on au même but les petites amendes qu’inflige le règlement de
chaque atelier ou ouvroir contre des actes d’oubli, d’indiscrétion ou de
négligence. Quand le temps n’est pas favorable, on passe la journée à
l’école ou à l’ouvroir au milieu des danses et des chants, et il y a
toute une série de chansons populaires qui sont exclusivement en usage
chez les couturières et les dentellières lors de la célébration de la
fête de leur patronne. Mais, en dehors d’un beau cantique qui en est
pour ainsi dire la pièce fondamentale et que nous ne laisserons pas de
publier ici, les chansons de sainte Anne ou « Sinte-Anna-Liedjes », que ,
ne contiennent que la description des particularités de la fête ou
l’expression des plaisirs et des regrets qu’éprouvent les jeunes
dentellières ou couturières durant et après la fête de Sainte-Anne.
Laet ons met lofzangen pryzen
Onze moeder Anna zoet,
En haer lof en eer bewyzen,
Want zy is ons naerste goed.
Heylige Anna, Moeder Anna,
Die ons droefheyd hebt gezien;
Heylige Anna, Moeder Anna.
Onze moeder Anna zoet,
En haer lof en eer bewyzen,
Want zy is ons naerste goed.
Heylige Anna, Moeder Anna,
Die ons droefheyd hebt gezien;
Heylige Anna, Moeder Anna.
Na zuchten geeft verblyd.
Als wy nu gaen openbaren
Hare groote heyligheyd,
Wy moeten dan ook verklaren
Hare groote weerdigheyd.
Heylige Anna, enz.
Als wy nu gaen openbaren
Hare groote heyligheyd,
Wy moeten dan ook verklaren
Hare groote weerdigheyd.
Heylige Anna, enz.
Gy zyt van
God verkoren
Om zyns zoons grootmoeder te zyn,
En de gebeden te hooren
Van elk die in droefheyd zyn.
Heylige Anna, enz.
God verkoren
Om zyns zoons grootmoeder te zyn,
En de gebeden te hooren
Van elk die in droefheyd zyn.
Heylige Anna, enz.
Gy hebt aen God opgedragen,
In hare teere jongheyd,
Uw dochter van drie jaren,
Uwen waren troost en vreugd.
Heylige Anna, enz.
In hare teere jongheyd,
Uw dochter van drie jaren,
Uwen waren troost en vreugd.
Heylige Anna, enz.
Une chanson des plus populaires qui se chante le jour de Sainte-Anne est celle-ci :
‘t Is van dage sint’
Annadag, sint’ Annadag;
Wy kyken al naer den klaren dag,
En wy kleên ons metter spoê
0m te gaen ter kerke toe.
Als de misse wierd gedaen,
Wy zyn al blyde van deure te gaen.
Josephus is gekomen alhier
Met zynen wagen en zyn bastier.
De provianden,
Koeken in manden,
De provianden Dragen wy meê.
Die willen al met ons meê gaen,
Moeten ‘t heel jaer hun mestag doen;
En die ‘t niet en hebben gedaen,
Moeten t’huis blyven en niet meê gaen
Annadag, sint’ Annadag;
Wy kyken al naer den klaren dag,
En wy kleên ons metter spoê
0m te gaen ter kerke toe.
Als de misse wierd gedaen,
Wy zyn al blyde van deure te gaen.
Josephus is gekomen alhier
Met zynen wagen en zyn bastier.
De provianden,
Koeken in manden,
De provianden Dragen wy meê.
Die willen al met ons meê gaen,
Moeten ‘t heel jaer hun mestag doen;
En die ‘t niet en hebben gedaen,
Moeten t’huis blyven en niet meê gaen
C’est
peut-être le patronage des couturières qui a donné naissance à
l’habitude de dire : « Elle entre dans la garde-robe de sainte Anne »
pour désigner une fille qui devient vieille, dicton qui s’emploie aussi
bien dans le pays wallon que dans les provinces flamandes, ou «
Sinte-Anne-Schapraei » a la même signification.
A Anvers, tout le monde
va, le jour de Sainte-Anne, à la kermesse du Vlaemsch-Hoofd qui doit à
cette circonstance son nom populaire de « Sinte-Anne » ou «
Sinte-Anneken. »
Le Baron de Reinsberg-Düringsfeld 1870 Traditions et légendes de la Belgique.

Joachim

Joachim est le saint époux de sainte Anne et le père de la Vierge Marie, dans la tradition catholique et orthodoxe.
Il lui est donc attribué le titre d'« ancêtre de Dieu ».
Saint Joachim est célébré, avec sainte Anne, le 26 juillet en Occident et le 9 septembre en Orient.
Histoire et tradition religieuse

Giotto, Le Sacrifice de Joachim (vers 1303-1306), chapelle des Scrovegni, à Padoue, Italie
Les
Évangiles canoniques du Nouveau Testament ne nomment pas les parents de
Marie, mais l'histoire de Joachim et d'Anne apparaît dans l'Évangile
apocryphe de Jacques.
Joachim est décrit comme un homme riche et pieux qui donne régulièrement aux pauvres et au temple.
Cependant, le couple est sans enfants et s'en désole.
Lorsque
Joachim se rend à une fête religieuse à Jérusalem, le Grand Prêtre
refuse à Joachim de déposer ses offrandes, son infertilité étant le
signe qu'il était sous la malédiction de la Loi.
Joachim, tout couvert de honte, n'ose pas rentrer chez lui et se retire dans le désert auprès de ses bergers.
Un jour, un ange apparaît à Joachim et Anne pour leur promettre un enfant.

Joachim et Anne s'étreignent à la Porte dorée, icône
Joachim
revient à Jérusalem ; de même Anne part à sa rencontre, et ils se
retrouvent à la porte dorée, l'une des portes de l’enceinte de la ville.
Joachim et Anne « se serrent dans les bras ».
Les récits concernant Joachim et Anne sont notamment inclus dans La Légende dorée.
Ils
sont fréquemment représentés dans l'art chrétien, même si le concile de
Trente a fixé des limites à la représentation issue des Évangiles
apocryphes.
L'attribut traditionnel de Joachim (peinture, statuaire, etc.) est une canne.
Histoire du culte

Saint Joachim, église Notre-Dame-de-l'Assomption de Grenade
Saint Joachim est célébré, avec sainte Anne, le 26 juillet dans le rite romain5 et le 9 septembre en Orient.
Il
n'est pas mentionné dans le calendrier romain tridentin de Pie V, qui
en avait exclu sainte Anne, mais Grégoire XIII, en restituant sainte
Anne au calendrier romain, y ajoute aussi saint Joachim en 1584, en lui
assignant le 20 mars comme sa fête, qui est transférée en 1738 au
dimanche après l'octave de l'Assomption de Marie et en 1913 au 16 août, où se trouve encore, comme fête de IIIe classe, dans le calendrier romain général 1960.
La mémoire de Joachim est unie à celle d'Anne depuis la réforme du calendrier romain général en 1969.
Joachim dans le Coran
Joachim est nommé Imran dans le coran. La sourate 3 se nomme "La famille d'Imran". Le coran désigne Marie comme fille de Imran :
« (Rappelle-toi)
quand la femme d'`Imran dit : « Seigneur, je T'ai voué en toute
exclusivité ce qui est dans mon ventre. Accepte-le donc, de moi. C'est
Toi certes l'Audient et l'Omniscient ». Puis, lorsqu'elle en eut
accouché, elle dit : « Seigneur, voilà que j'ai accouché d'une fille » ;
or Allah savait mieux ce dont elle avait accouché ! Le garçon n'est pas
comme la fille. « Je l'ai nommée Marie, et je la place, ainsi que sa
descendance, sous Ta protection contre le Diable, le banni. » »
— Le Coran, « La Famille d’Imran », III, 35-36.

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