Saints François Jaccard et Thomas Tran Van Thien
Martyrs à Hué, en Annam († 1838)
François Jaccard
François Jaccard est né le 6 septembre 1799 à Onnion en Haute-Savoie.
Il est mort étranglé le 21 septembre 1838 au Vietnam.
C'est un saint catholique fêté le 21 septembre.
Sa vie
Ses parents ont attendu vingt ans après leur mariage pour avoir leur premier enfant.
Ils voyaient dans cette naissance un « signe du Seigneur » : cet enfant allait devenir prêtre.
Il entre au Séminaire des Missions étrangères de Paris en 1821 et fut ordonné prêtre en 1823.
Il demanda à être envoyé dans des pays lointains pour les évangéliser.
Il séjourna à Chandernagor, puis Macao, il choisit comme destination finale la Cochinchine.
Il fut torturé et condamné à la peine capitale en étant étranglé le 21 septembre 1838 en Cochinchine à Gian-bieu, près de Quang-tri.
Son corps fut emporté et envoyé au Séminaire des Missions étrangères en 1846.
Béatification et canonisation
François
Jaccard fut déclaré vénérable le 19 juin 1840, béatifié par le
Pape Léon XIII le 7 mai 1900 et canonisé par le Pape Jean-Paul
II le 19 juin 1988.
Il est un martyr du Groupe des 117 martyrs du Vietnam.
Thomas Tran Van Thien
François Jaccard naquit le 6 septembre 1799 à Onion, en Haute-Savoie.
Ses parents accueillirent ainsi leur premier enfant après vingt ans de mariage, et ils voyaient en cette naissance un « signe du Seigneur » ; cet enfant allait probablement devenir prêtre.
Toutefois, pour ce faire, il fallait étudier et la condition estudiantine des campagnes n’étaient pas favorable à un tel projet.
Il lui fallut donc de la persévérance et plusieurs tentatives de scolarisation dans différents établissement.
Il
étudia finalement au petit séminaire Saint-François de Sales à Mélan,
où la lecture donnée au réfectoire était centrée sur les Lettres
édifiantes et les Annales de la Propagation de la Foi ; puis il se
rendit au grand séminaire de Chambéry, ultime étape avant d’entrer comme
acolyte au Séminaire des Missions Étrangères en août 1821.
Il
fut ordonné prêtre le 15 mars 1823, et il lui a été aussitôt proposé
d’assumer la charge de directeur du Séminaire ; il refusa, en demandant
instamment d’être envoyé dans les contrées à évangéliser.
Son
départ pour la Cochinchine eut lieu le 10 juillet 1823 ; le 23 du même
mois, il embarqua à Bordeaux pour le Cap de Bonne-Espérance et Calcutta.
Son voyage dura cinq mois durant lesquels il sympathisa avec les matelots.
François
Jaccard dut patienter plusieurs mois à Calcutta avant de pouvoir
rejoindre Macao, siège de la Procure des Missions en Extrême-Orient et
escale obligée pour rejoindre la Chine et le Vietnam.
Il
en profita alors pour exercer un ministère pastoral à Chandernagor,
satellite français de l’importante ville, où ses services furent
largement appréciés, au point que le gouverneur lui proposa de prendre
la direction d’un collège qui devait être bâti prochainement.
Ainsi,
sur la route qui devait le conduire en Extrême-Orient, les directeurs
du Séminaire de Paris avaient projeté de le maintenir en France, puis le
gouverneur et les français en résidence en Inde lui proposèrent un
poste dans un collège.
Mais
c’était sans compter sur la détermination du jeune François qui, le 20
août 1824, monta à bord d’un navire anglais à destination de Macao.
Ce
fut ensuite à la mer de faire des siennes et d’alterner entre tempêtes
et calme plat ; le vaisseau arriva finalement à Macao le 25 novembre.
Le jeune Jaccard était parti seize mois auparavant !
Le
missionnaire quitta la procure de Macao fin mai 1825. Il embarqua sur
une jonque chinoise à destination du Vietnam, et plus précisément du
Nord du Vietnam : le Tonkin, qu’il allait falloir traverser dans toute
sa longueur pour atteindre le sud : la Cochinchine, sa mission.
L’empire
du Vietnam avait été créé au début du siècle par Gia Long, qui avait
réuni les deux royaumes de la Cochinchine et du Tonkin ; durant les
vingt années de son règne, le jeune empire vivait dans la paix et la
liberté religieuse.
Après le décès de Gia Long, en 1820, Minh Mang, son successeur, prit des dispositions hostiles à l’égard des chrétiens.
Ce fut la fin de la paix religieuse au Vietnam.
François Jaccard, dès les premiers jours de son arrivée en mission, a vécu dans la discrétion.
Il
étudia la langue au collège de Phuong-ruou, proche de la capitale
impériale, Huê, et à la fin de 1826, il était alors à même de commencer
ses travaux apostoliques.
Son
supérieur, le père Taberd, fut heureux d’accueillir son jeune confrère,
qui augmentait d’un tiers l’effectif missionnaire de la Cochinchine.
De fait, ne s’y trouvait à cette époque que François Isidore Gagelin (27 ans) et Taberd (31 ans).
Au
mois de juillet 1827, il dû se rendre à Hué pour servir de traducteur
et d’interprète au roi Minh Mang, qui espérait, en ayant les
missionnaires sous la main, pouvoir s’en débarrasser aisément.
Il
obtint de résider dans une ville voisine, à Duong-son, et, tout en
faisant des traductions, il exerça son ministère et instruisit des
séminaristes.
En
1830, des habitants de Duong-son, à l’instigation du roi, l’accusèrent
d’avoir conduit les chrétiens au pillage de leurs maisons.
Cette
calomnie n’était qu’un prétexte, qu’ils changèrent bientôt, ils
attaquèrent le missionnaire en lui reprochant d’être un prédicateur
d’une religion fausse, prohibée par les lois du royaume.
Après
plusieurs arrêts qui ne satisfirent pas le prince résolu à perdre le
jeune prêtre, les juges le condamnèrent à la peine capitale.
Par politique, Minh Mang commua cette peine à l’enrôlement dans sa milice.
La sentence ne fut pas appliquée, Jaccard fut seulement obligé de résider à Huê.
Nommé provicaire en 1832, il fut, le 20 décembre de la même année, choisi comme coadjuteur par Mgr Taberd.
En ce qui concerne Minh Mang, un événement survenu en août 1832 va lui faciliter la tâche.
Le
Premier mandarin Lê Van Duyêt, ancien précepteur de l’empereur,
maréchal de l’Empire et vice-roi de la Basse Cochinchine venait de
mourir à Saigon.
Il
tenait en haute estime le christianisme et les missionnaires. C’est le
prestige de cet homme qui retenait depuis des années l’action de
l’Empereur.
L’avis des autres mandarins et de sa propre mère était moins pris en compte que celui du maréchal.
Ainsi, sa mort libéra le souverain et l’édit de persécution générale contre les chrétiens fut promulgué le 6 janvier 1833.
Le père François Isidore Gagelin fut ensuite emprisonné à la citadelle de Huê et son procès eut lieu sans sa présence.
Quand
à Jaccard, il profita de sa situation de « résidence forcée dans la
capitale » pour aller visiter les missionnaires, français et italien,
Delamotte et Odorico.
Il mit Gagelin au courant de la suite des événements, lui annonçant son
prochain supplice par la corde, et poursuivit une correspondance
épistolaire avec lui.
François Isidore Gagelin subit le martyre en octobre 1833.
Aussitôt, Jaccard fut arrêté et condamné à mort comme prédicateur de l’Évangile.
Cependant,
à la demande de l’impératrice mère, on ne l’exécuta pas ; sa peine fut
encore commuée, et cette fois, en une détention illimitée dans la prison
d’Aï-lao.
Il y resta deux ans dans les conditions les plus difficiles.
Peu
à peu, on se relâcha de la première sévérité ; il en profita pour
convertir un pirate emprisonné avec lui, pour entrer en rapport avec des
Laotiens, recueillir quelques renseignements sur leur pays, et
commencer la composition d’un vocabulaire de la langue ciampoise.
Mais
Minh Mang n’en avait pas encore fini avec son premier interprète. Avant
de l’envoyer en villégiature, il lui demanda d’écrire aux rebelles du
Sud retranchés dans la citadelle de Saigon.
En
effet, suite à la profanation de la tombe du vice-roi sur ordre de
l’Empereur, un vent de rébellion commençait à se faire sentir.
Parmi
les opposants, on pouvait dénombrer des chrétiens et Minh Mang demanda à
Jaccard de les rappeler à leur devoir à l’égard du pouvoir impérial.
Ainsi,
il écrivit une lettre dans laquelle il évoquait l’obligation de loyauté
du chrétien envers le roi, « même persécuteur », ce que Minh Mang
désapprouva.
Il corrigea finalement la lettre lui-même, signa du nom du missionnaire et expédia la lettre.
Début 1835, on le transféra à la prison de Cam-lo.
De là, il pouvait communiquer plus aisément, mais toujours en secret, avec les chrétiens.
Le roi le chargea d’un grand nombre de traductions, et lui ordonna d’enseigner le français à huit jeunes gens.
Dans l’empire, rien ne s’arrangeait. Jaccard apprit le supplice du père Marchand à Huê.
Grâce
à l’indulgence des mandarins de la prison, il continua de correspondre
avec deux autres futurs martyrs : Mgr Borie au Tonkin et Mgr Étienne Théodore Cuenot en Cochinchine.
Ce dernier conseilla à Jaccard de s’évader, ce qu’il refusa afin d’éviter des représailles contre les chrétiens.
Ainsi
déclara-t-il : « Les mandarins de Cam-lo ne manqueraient pas de payer
ma fuite de leur tête, et ceux de la province n’en seraient pas quitte à
bon marché.
Je
vous assure que j’aurais un petit scrupule de causer tant de mal à des
gens qui ne m’en font point ; car, tout en se soumettant aux ordres de
leur maître, ils ne les exécutent pas à la rigueur.
Ils savent bien que j’ai des communications avec le dehors ; ils
gardent là-dessus le silence et me traitent assez humainement.»
En
février 1838, Ming Mang craignant qu’il n’entretînt des relations avec
un missionnaire, le père Candalh, qui avait ouvert une école près de
Cam-lo, le fit conduire à Quang-tri, chef-lieu de la province du même
nom.
Là on lui ordonna de nouveau, et bien inutilement, d’apostasier.
Enfin, après avoir été plusieurs fois soumis à la torture, il fut condamné pour la troisième fois à la peine capitale.
Le 21 septembre 1838, il fut étranglé avec le jeune chrétien Thomas Thien, en un lieu appelé Gian-bieu, non loin de Quang-tri.
Le
corps, fut emporté par un futur martyr, le médecin Simon Hoà, qui
l’inhuma dans sa propriété à Nhu-ly ; il fut ensuite envoyé au Séminaire
des Missions Étrangères en 1846.
Déclaré Vénérable par décret du 19 juin 1840, François Jaccard a été béatifié par Léon XIII.
Le bref de béatification est du 7 mai 1900, et les solennités furent
célébrées en l’église Saint-Pierre de Rome le 27 mai suivant, et
canonisé le 19 juin 1988, par le pape Jean-Paul II.
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