Saints Manuel, Sabel et Ismaël († 362)
martyrs à Chalcédoine
Ces glorieux Martyrs étaient trois frères d'une noble famille perse. Instruits par leur mère de la doctrine chrétienne et confiés à un Prêtre, Eunoikos, pour leur éducation, ils menaient une vie pieuse.
Ils
n'en étaient pas moins honorés à la cour du roi Batanus (1), si bien
que, lorsque Julien l'Apostat envoya en Perse des propositions de paix
(362), le roi les choisit-il pour se rendre à Constantinople comme
ambassadeurs.
Ils
furent reçus avec de grands égards et Julien les invita à se joindre à
lui et à sa cour, pour aller assister, près de Chalcédoine, à des fêtes
somptueuses, au cours desquelles devaient être offerts des sacrifices
aux dieux.
Tous
prirent part au sacrifice, exceptés les trois jeunes ambassadeurs
perses qui, se détournant avec mépris de cette démonstration d'impiété,
s'étaient retirés dans un coin, pour prier Dieu avec larmes d'accorder
la lumière de Sa connaissance à ceux qui gisaient dans les ténèbres.
Comme
un chambellan était venu les sommer de participer au sacrifice, ils
répondirent que leur mission était de négocier la paix entre les deux
royaumes et aucunement de donner leur caution à l'Apostat, en reniant
leur foi.
Informé
de cette résistance inattendue de la part de Perses, Julien les fit
emprisonner sur-le-champ et, le lendemain, ils comparurent devant lui.
Il essaya d'abord de les convaincre par des flatteries, vantant le culte du feu et du soleil en faveur chez les Perses.
Mais les trois jeunes gens répondirent, par l'entremise d'un
traducteur, qu'ils étaient disciples de Jésus-Christ et que, pour rien
au monde, ils n'accepteraient de retourner au culte insensé de leurs
ancêtres en se détournant du Créateur pour adorer les créatures.
Furieux, Julien les fit fustiger par quatre soldats, puis, cloués par
les mains à un poteau, il ordonna qu'on leur lacérât le corps avec des
ongles de fer.
L'esprit fixé sur la Passion du Christ, les Saints Martyrs priaient le
Seigneur de leur faire endurer la souffrance avec patience, et aussitôt,
un Ange apparut pour guérir leurs plaies et les revigorer.
Quand
ils se présentèrent de nouveau devant le tyran, ils déclarèrent qu'ils
étaient prêts à endurer toute torture comme joie et délice.
Julien
prit alors Sabel et Ismaël à part et essaya de les attirer en accusant
leur frère ; mais, ayant oeuvré en vain, il les renvoya aux bourreaux
pour qu'ils leur brûlent les côtes avec des torches.
Ne
ressentant aucun mal, tant leur joie était grande de participer à la
Passion du Christ, les Saints continuèrent de proclamer à haute voix la
puissance du Sauveur.
L'empereur
se tourna alors vers Manuel, mais le Saint, refusant même de prêter la
moindre attention à ses menaces, lui dit : « Pourquoi te donnes-tu ainsi
de la peine, insensé ?
Inutile
d'essayer de nous séparer, nous sommes tous les trois unis par la foi
en la Sainte Trinité, et ce que l'un d'entre nous déclare, est la
conviction inébranlable des deux autres.
Rien ne pourra nous faire changer. Nous n'échangerons pas les biens éternels pour ce qui est vain et transitoire! »
Réalisant
qu'il n'obtiendrait rien et qu'il risquait de provoquer de nombreuses
conversions parmi les siens, Julien ordonna de lui brûler les aisselles,
puis de le lier fortement avec des roseaux et de le percer de flèches.
Il prescrivit ensuite à ses bourreaux d'enfoncer des clous dans le
crâne et les omoplates des trois Martyrs, puis de leur enfiler des
roseaux sous les ongles, avant de les décapiter et de jeter finalement
leurs corps au feu.
On
les conduisit alors à l'extérieur de la ville de Constantinople, dans
un lieu escarpé situé, à l'est du mur de Constantin, et, après avoir
élevé vers le Christ une prière d'action de grâces, à laquelle répondit
une voix céleste, ils furent exécutés.
Dès qu'ils rendirent leur dernier soupir, la terre s'ouvrit et garda
leur corps pendant deux jours, à l'abri des recherches des païens ; puis
ils réapparurent miraculeusement et les Chrétiens qui attendaient sur
place purent les ensevelir dignement.
Par la suite, une Église fut érigée au-dessus de leur tombeau, dans laquelle les Saints accomplissaient de nombreux miracles.
1).
Ce nom est inconnu dans l'histoire perse. A cette époque le roi de
Perse était Sapor II, le fameux persécuteur des Chrétiens. L'ensemble de
ce récit ne correspond d'ailleurs guère à la réalité historique.
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