Seyssel
Notre-Dame du Rhône
Carte postale de Notre-Dame du Rhône
Avant de quitter le diocèse d'Annecy, nous ne pouvons taire les deux chapelles de la Vierge de Seyssel.
L'une était Notre-Dame du Rhône, bâtie sur le pont de Seyssel.
Elle était depuis son origine dans une vénération universelle ; non-seulement tous les habitants du pays y venaient souvent prier, mais les marins, dès qu'ils l'apercevaient sur les eaux du Rhône, s'écriaient : Salut à Notre-Dame ! et à l'instant tous s'inclinaient et disaient un Ave, Maria.
Pendant des siècles, elle fut le but d'un pèlerinage, qu'accréditaient les grâces qu'on y recevait et les indulgences dont l'enrichit le Saint-Siège, en considération des miracles que la Vierge y prodiguait à ses suppliants.....
......
93 suspendit le concours des fidèles en même temps qu'il détruisit la chapelle de Notre-Dame du Rhône.
Mais au retour de l'ordre on répara ces deux grands scandales ; Seyssel-Savoie rendit à son ancienne destination la grotte de Notre-Dame de la Rochette, en l'enrichissant d'un autel, et Seyssel France, après avoir placé la statue de Notre-Dame du Rhône dans l'église paroissiale de l'Assomption, lui éleva sur le pont, le 29 juin 1856, une autre statue monumentale, à plus de cent pieds au-dessus du fleuve.
Mgr Rendu, évêque d'Annecy, et Mgr Chalandon, alors évêque de Belley prirent part, chacun pour son diocèse, à l'inauguration de cette statue, une partie de Seyssel étant de Belley, et l'autre d'Annecy, et l'illumination magnifique qui termina cette belle journée révéla le dévouement de tous les cœurs à Notre-Dame du Rhône, comme à Notre-Dame de la Rochette.
Source : Livre "Notre-Dame de France, ou, Histoire du culte de la Sainte Vierge en France" par André Jean Marie Hamon
Carte postale de Notre-Dame du Rhône
Le
pont de Seyssel eut une moins grande place que d'autres dans les
annales de l'architecture, mais il ne le céda à aucun dans celles de la
piété.
Les
siècles ont gardé sous le secret les noms de ceux qui le firent
construire ; mais nous savons qu'il fut, lui aussi, une inspiration
religieuse, et qu'on le dédia, comme sa chapelle, à la Mère de Dieu,
sous le nom de Notre-Dame du Rhône.
C'est là un beau titre, et les habitants de Seyssel font très bien de le donner encore aujourd'hui à leur patronne.
Si
Marie est l'étoile de la mer et de toutes les eaux, on peut croire
qu'elle a pris plaisir à abaisser ses regards les plus doux sur le
fleuve du Rhône.
On
dirait, en effet, qu'elle le bénit à sa source, du haut de la chapelle
de Notre-Dame du Sex, en Valais, et qu'elle a choisi le sanctuaire de la
Garde, si cher aux marins marseillais, pour le voir se jeter dans la mer.
Il
semble qu'elle a voulu se choisir un siège sur le pont de Seyssel, et
un trône sur la colline de Fourvière, pour voir couler les flots de ce
fleuve majestueux, et se tenir prèle à venir en aide à tous ceux qui le
parcourent.
Que
d'hommages la Mère de Dieu ne dut-elle pas recevoir, dans l'antique
chapelle du pont du Rhône, de la part des religieuses populations de la
France et de la Savoie, qui ne pouvaient plus communiquer ensemble sans
passer devant ce cher sanctuaire.
Pour s'en faire une idée, il suffit de se rappeler les mœurs religieuses du moyen-âge, et le tribut d'honneurs journaliers que la chrétienté payait à Marie dans les siècles de foi.
On s'inclinait au seul nom de la Mère de Dieu, et on sait que dans la Hongrie, chaque fois que le nom de Marie était prononcé, il n'y avait pas un noble de ce vaste royaume, si haute que fût sa lignée, qui ne mit un genou à terre, comme un vassal devant sa dame.
Avant la prétendue réforme du seizième siècle, il n'y avait pas un Français qui, au premier coup de l'Angelus, ne se prosternai pour prier la Vierge, en quelque lieu qu'il se trouvât, même sur la place publique ou sur un grand chemin. Il en était de même dans toutes nos vallées, qui ont conservé jusqu'à ce jour ces pieux usages.
Quiconque eut passé devant un oratoire sans donner un signe de profond respect, eut été regardé comme un mécréant.
Le voyageur s'agenouillait, pour demander à la Vierge assistance et secours ; le guerrier descendait de son coursier, pour se mettre sous la protection de la dispensatrice des victoires.
Les vieillards de Seyssel racontent qu'autrefois, le premier marinier qui, sur les eaux du Rhône, apercevait poindre la chapelle du pont, s'écriait aussitôt : Salut à Notre-Dame ! et à l'instant tous s'inclinaient, et disaient un Ave, Maria.
Pour s'en faire une idée, il suffit de se rappeler les mœurs religieuses du moyen-âge, et le tribut d'honneurs journaliers que la chrétienté payait à Marie dans les siècles de foi.
On s'inclinait au seul nom de la Mère de Dieu, et on sait que dans la Hongrie, chaque fois que le nom de Marie était prononcé, il n'y avait pas un noble de ce vaste royaume, si haute que fût sa lignée, qui ne mit un genou à terre, comme un vassal devant sa dame.
Avant la prétendue réforme du seizième siècle, il n'y avait pas un Français qui, au premier coup de l'Angelus, ne se prosternai pour prier la Vierge, en quelque lieu qu'il se trouvât, même sur la place publique ou sur un grand chemin. Il en était de même dans toutes nos vallées, qui ont conservé jusqu'à ce jour ces pieux usages.
Quiconque eut passé devant un oratoire sans donner un signe de profond respect, eut été regardé comme un mécréant.
Le voyageur s'agenouillait, pour demander à la Vierge assistance et secours ; le guerrier descendait de son coursier, pour se mettre sous la protection de la dispensatrice des victoires.
Les vieillards de Seyssel racontent qu'autrefois, le premier marinier qui, sur les eaux du Rhône, apercevait poindre la chapelle du pont, s'écriait aussitôt : Salut à Notre-Dame ! et à l'instant tous s'inclinaient, et disaient un Ave, Maria.
Il
est certain que saint François de Sales visita plusieurs fois la
chapelle du pont de Seyssel, et on ne peut douter qu'il ne se soit mis
d'une manière toute spéciale sous la protection de Notre-Dame, quand, le
9 novembre 1622, se rendant à Lyon, avec le pressentiment d'une mort
prochaine, le bon évêque, dit un historien, monta dans une nacelle, et
se mit à la merci du Rhône, en une bise très violente, étant presque
tout gelé par l'extrême rigueur du froid. Tous les plus apparents de la
ville d'Annecy, de courte et de longue robe, l'avaient accompagné jusque
là, et quand il fallut se séparer, les cœurs des uns et des autres se
fendirent et éclatèrent. »
Le
19 janvier 1623, le corps saint de l'illustre évêque, qu'on
transportait de Lyon à Annecy, dut tressaillir dans son cercueil, en
passant devant l'image de Celle que son âme si aimante contemplait déjà
face à face dans le ciel. Les « syndics et les bourgeois de la ville de
Seyssel, tous revêtus de deuil, vinrent au-devant du corps à une lieue
et avec une grande pompe, portant six vingt flambeaux où étaient
attachées les armoiries de la ville, l'introduisirent dans leur église
paroissiale de Notre-Dame, et le lendemain l'accompagnèrent pour la
plupart jusqu'à Annecy. »
La
chapelle de Notre-Dame du Rhône fut, pendant des siècles, le but d'un
pèlerinage accrédité, et par les grâces de choix que Marie se plaisait à
y prodiguer, et par les indulgences dont l'avait enrichi le
Saint-Siège.
L'auteur
des Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique de Savoie dit que
les papes avaient accordé à cette chapelle diverses indulgences et
prérogatives, en considération des grâces qui s'y obtenaient en faveur
des enfants morts sans baptême, qui, y étant portés, donnaient
quelquefois des signes de vie et recevaient le baptême.
On
vénère encore aujourd'hui, dans l'ancienne église de l'Assomption, sur
Seyssel-France, la statue de Notre-Dame du Rhône, conservée parla piété
des fidèles.
La
paroisse de Seyssel-Savoie est toute fière de posséder la grotte de la
Rochette, rendue à son ancienne destination et enrichie d'un autel où
l'on peut célébrer les saints mystères.
Cependant,
le grand outrage qui avait été fait à Marie, par la destruction de la
chapelle du pont de Seyssel, demandait une réparation. Elle fut un peu
tardive, mais, d'une grande magnificence.
Le
29 juin 1856, une statue monumentale de la Vierge, élevée sur le pont
du Rhône, à plus de cent pieds au-dessus du fleuve, fut solennellement
inaugurée par Mgr Rendu, évêque d'Annecy, et Mgr Chalendon, évêque de
Relley, qui avait eu l'heureuse idée de ce monument.
Nous
n'entrerons pas dans tous les détails de la fête à laquelle donna lieu
cette inauguration ; nous nous bornerons à ceux qui vont plus
directement à notre but.
A
quatre heures de l'après-midi, dit un témoin oculaire auquel nous
empruntons notre récit, les deux évêquesse rendirent à l'église de
Notre-Dame, sur Seyssel-France, suivis d'un nombreux clergé et d'une
foule immense de peuple, accouru des deux rives du fleuve. Après les
vêpres, qui furent chantées solennellement, on se rendit en procession
sur le quai du Rhône, où l'on arriva après avoir traversé toutes les
rues de la ville.
Là,
dit notre narrateur, nous fûmes témoins d'un spectacle qu'il serait
impossible de rendre. On aurait dit que des flots de population
s'étaient arrêtés sur les bords du fleuve ; les deux rivages étaient
comme inondés.
Une
barque pavoisée reçut à bord les deux prélats, le clergé, les autorités
de la ville et du département de l'Ain, avec le corps de musique ; et,
tandis qu'elle s'avançait comme une île flottante au milieu du fleuve,
Mgr l'évêque d'Annecy fit la bénédiction solennelle de la statue de la
Vierge, aux cris de joie de la foule, et au bruit des détonations, que
répétait au loin l'écho de la montagne.
Cette cérémonie terminée, les prélats reprirent leur place dans la procession, qui continua sa marche religieuse.
Mgr
de Belley prononça, à l'entrée du pont, du côté de France, une
allocution touchante, dont ces paroles de saint Paul furent le texte
admirable : Nunc autem manent fides, spes, charitas : major autem horum
est charitas. « Mes Frères, dit-il, ce monument n'est-il pas celui de
votre foi, de votre espérance, mais surtout celui de votre amour ? Major
autem horum est charitas. « Il y a quinze jours, j'assistais au baptême
du prince impérial ; mon émotion fut grande, lorsque l'empereur présenta à la France son auguste fils, salué aux cris mille fois répétés de : Vive le prince impérial ! Vive l'empereur !
Mais,
voilà que mon âme est bien plus émue à cette heure, en voyant cette
foule immense qui se presse aux pieds de Celle qui a présenté au monde
son royal et divin Enfant.
Mes
Frères, une chapelle de la Vierge Marie s'élevait naguère du milieu de
ces flots ; des enfants dénaturés ont renversé son autel, et vous avez
réparé cet outrage, en élevant ce monument qui l'emporte sur le premier.
Gloire à vous, habitants de Seyssel, puisque vos sacrifices l'ont
élevé. Il restera comme le gage de votre foi, et l'appui de votre
espérance.
Que le Rhône dépasse ses bords, que la maladie désole nos contrées, au milieu de nos revers, Vierge sainte, vous serez là comme un signe d'espoir. Vous y serez aussi comme un signe d'amour ; et si jamais un de nos frères séparés passe en ces lieux, il regrettera, en vous voyant, d'être orphelin, et de ne plus vous avoir pour mère.
Après cette première allocution, une partie de la procession passa du coté de la Savoie où, sur un gracieux autel, s'élevait au milieu des lis une Vierge immaculée, couronnée, dit-on, de douze pierres du Rhône. Après le chant du Salve, Regina, Mgr Chalendon reprit la parole, en s'adressant à l'évêque d'Annecy.
« Lorsque saint François de Sales, dit-il, partit pour Lyon, d'où il ne devait plus revenir, le clergé, la noblesse et la bourgeoisie d'Annecy vinrent l'accompagner jusqu'à Seyssel, et c'est là qu'ils se firent de mutuels et derniers adieux, en priant pour l'Église. En effet, le saint évêque n'arriva à Lyon que pour y rencontrer la mort, avec la couronne de l'immortalité. Je suis heureux, Monseigneur, que, sur ces mêmes bords, ma prière puisse s'appuyer sur la vôtre, pour obtenir de Celle par qui toute hérésie a été vaincue dans le monde, que ces belles contrées que vous défendez par vos enseignements, et que vos vertus édifient, en soient à jamais préservées. Nos prières unies, j'en ai la confiance, leur obtiendront les grâces qui les conserveront en paix sous la houlette du pasteur qui les rend heureuses, et à laquelle elles sont fières d'appartenir. »
Que le Rhône dépasse ses bords, que la maladie désole nos contrées, au milieu de nos revers, Vierge sainte, vous serez là comme un signe d'espoir. Vous y serez aussi comme un signe d'amour ; et si jamais un de nos frères séparés passe en ces lieux, il regrettera, en vous voyant, d'être orphelin, et de ne plus vous avoir pour mère.
Après cette première allocution, une partie de la procession passa du coté de la Savoie où, sur un gracieux autel, s'élevait au milieu des lis une Vierge immaculée, couronnée, dit-on, de douze pierres du Rhône. Après le chant du Salve, Regina, Mgr Chalendon reprit la parole, en s'adressant à l'évêque d'Annecy.
« Lorsque saint François de Sales, dit-il, partit pour Lyon, d'où il ne devait plus revenir, le clergé, la noblesse et la bourgeoisie d'Annecy vinrent l'accompagner jusqu'à Seyssel, et c'est là qu'ils se firent de mutuels et derniers adieux, en priant pour l'Église. En effet, le saint évêque n'arriva à Lyon que pour y rencontrer la mort, avec la couronne de l'immortalité. Je suis heureux, Monseigneur, que, sur ces mêmes bords, ma prière puisse s'appuyer sur la vôtre, pour obtenir de Celle par qui toute hérésie a été vaincue dans le monde, que ces belles contrées que vous défendez par vos enseignements, et que vos vertus édifient, en soient à jamais préservées. Nos prières unies, j'en ai la confiance, leur obtiendront les grâces qui les conserveront en paix sous la houlette du pasteur qui les rend heureuses, et à laquelle elles sont fières d'appartenir. »
Mgr
l'évêque d'Annecy, qui présidait cette grande solennité, prit aussi la
parole au retour de la procession, dans l'église de Notre-Dame.
« Oui, s'écria-t-il à la fin de son discours, on élève partout des statues, à l'industrie, au génie et à la vertu, et pourquoi ne pas élever la plus belle à la Mère de Dieu, la plus grande des créatures qui furent jamais ?
Ce monument vous rappellera ce que vous êtes, d'où vous venez. Il vous dira que l'homme a besoin du secours de Dieu, et, en le voyant, vous demanderez à Marie les grâces pour arriver à votre destinée.
Il y a soixante ans, on brisait les statues et l'on renversait les autels, mais que de malheurs en ont été le châtiment ! En relevant aujourd'hui ce monument de piété, nous espérons voir finir nos maux, et recouvrer les biens que nous avons perdus.
Bonne et tendre Mère ! bénissez cette ville qui vous a choisie pour sa protectrice ! bénissez ce peuple fidèle qui se presse à vos pieds ! bénissez le pieux pasteur de ce diocèse, en lui donnant des forces selon l'étendue de son zèle ! Prenez d'une main la France et de l'autre la Savoie, et que votre volonté puissante les unisse dans les sentiments de la même foi, de la même espérance et du même amour. »
« Oui, s'écria-t-il à la fin de son discours, on élève partout des statues, à l'industrie, au génie et à la vertu, et pourquoi ne pas élever la plus belle à la Mère de Dieu, la plus grande des créatures qui furent jamais ?
Ce monument vous rappellera ce que vous êtes, d'où vous venez. Il vous dira que l'homme a besoin du secours de Dieu, et, en le voyant, vous demanderez à Marie les grâces pour arriver à votre destinée.
Il y a soixante ans, on brisait les statues et l'on renversait les autels, mais que de malheurs en ont été le châtiment ! En relevant aujourd'hui ce monument de piété, nous espérons voir finir nos maux, et recouvrer les biens que nous avons perdus.
Bonne et tendre Mère ! bénissez cette ville qui vous a choisie pour sa protectrice ! bénissez ce peuple fidèle qui se presse à vos pieds ! bénissez le pieux pasteur de ce diocèse, en lui donnant des forces selon l'étendue de son zèle ! Prenez d'une main la France et de l'autre la Savoie, et que votre volonté puissante les unisse dans les sentiments de la même foi, de la même espérance et du même amour. »
Quand
la nuit fut venue, les habitants de Seyssel, comme aux jours des plus
grandes joies, manifestèrent leur allégresse par des feux d'artifice et
des illuminations. Toute la ville parut en feu dans les eaux du Rhône,
qui, depuis Sextilius, n'avaient jamais été témoin d'une fête si belle
et d'un bonheur plus grand.
Au
moment où nous écrivons ces lignes, le Ciel semble vouloir prouver que
la prière des deux illustres prélats qui firent l'inauguration de la
statue de Notre-Dame du Rhône, fut agréée par la Mère de Dieu.
Elle
a pris d'une main la France et de l'autre la Savoie, elle les unit en
ce moment même dans les sentiments de la même foi, de la même espérance
et du même amour.
Le 24 mars 1860, le roi Victor Emmanuel II a cédé la Savoie à
l'empereur Napoléon III, et le 22 avril, les Savoisiens, appelés à se
prononcer sur ce traité, ont acclamé avec un enthousiasme inouï, et voté
comme à l'unanimité, leur annexion au grand peuple par qui se font les
œuvres de Dieu.
Que
le Très-Haut protège toujours la Savoie et la France, et que Marie
continue à les couvrir de sa protection, pour que la France agrandie se
montre digne à l'avenir du beau titre de Fille aînée de l'Église qu'elle
s'est mérité dans le passé !
Source : Livre "Notre-Dame de Savoie, et variétés historiques... les plus célèbres" par F. Grobel
Carte postale de Notre-Dame du Rhône
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