Bienheureux Martyrs du Mexique
Joseph Anaclet Gonzales Flores et ses compagnons,
Joseph Anaclet Gonzales Flores et ses compagnons,
laïcs martyrs au Mexique (1927-1928)
Ce groupe comprends 9 laïcs de la région de Jalisco martyrisés en 1927-1928.
Ce sont:
2 Joseph Denis Louis PADILLAS GOMEZ
2 Georges VARGAS GONZALES
2 Raymond Vincent VARGAS GONZALES
2 Joseph Lucien Ezéchiel HUERTA GUTIERREZ
2 Salvador HUERTA GUTIERREZ
2 Michel GOMEZ LOZA
2 Louis MAGANA SERVIN
2 Joseph Louis SANCHEZ DEL RIO
Alors
que le pape Jean-Paul II avait procédé à la béatification puis à la
canonisation d’un premier groupe de Mexicains, comprenant surtout des
prêtres (22 prêtres et 3 laïcs), Benoît XVI béatifie un groupe de 9
laïcs, ainsi que 3 prêtres et un autre laïc.
Le mouvement des cristeros est en effet issu spontanément du peuple, des laïcs.
Le
martyre n’est pas survenu pour eux sans qu’ils soient préparés à cette
grâce. Ils étaient issus de familles chrétiennes et ils se sont toujours
distingués par un très grand amour de l’Église et du pape, (même s’ils
n’ont pas compris le silence de la hiérarchie après les événements).
Jean-Paul II aimait à dire : “Mexique, toujours fidèle!”
La date de cette béatification de Benoît XVI fait ressortir deux caractéristiques :
Le
2 novembre 2005 est la fête du Christ-Roi, fête instituée en 1925 par
Pie XI quelques mois avant qu’éclate la persécution religieuse au
Mexique, et par contrecoup, le ‘movimento cristero’. Beaucoup de ces
martyrs mouraient en criant: Vive le Christ-Roi !
D’autre
part le cardinal Saraiva Martins, qui a présidé la cérémonie de
béatification à Guadalajara, déclare : “La profonde dévotion
eucharistique est l’un des traits qui réunissent ces martyrs”.
Elle
les a aidés à supporter l’épreuve et à pardonner. Trois d’entre eux
avaient fait partie de “l’Association nocturne du Très Saint Sacrement”,
association possédant une longue tradition au sein du peuple mexicain.
Or
en ce mois de novembre 2005 se termine l’Année eucharistique voulue par
Jean Paul II et inaugurée une année auparavant à Guadalajara, justement
(10 octobre 2004).
Contexte historique
Après
le régime autoritaire du général Porfirio Diaz (1876-1911) le Mexique
entre dans une période d’instabilité politique, et même de guerre civile
(1914-1917), marquée par un caractère anticlérical prononcé jusqu’à la
veille de la 2e guerre mondiale.
Ainsi dès 1913, un décret ordonne la fermeture des églises et l'arrestation des prêtres.
On
interdit de dire "adios" ou "Si Dieu le veut" ("si Dios quiere"), de
sonner les cloches, d'apprendre à prier aux enfants ; on détruit les
églises, expulse les congrégations religieuses, on met hors-la-loi les
organisations professionnelles non gouvernementales, l'enregistrement
des prêtres est rendu obligatoire.
En
visite au Vatican en 1915, l’archevêque de Guadalajara dit à Benoît
XV : « Nous payons les fautes de nos pères – Les cruautés des
conquistadores ? demande le pape.
Et
l’évêque de répondre : Moins ces cruautés que l’erreur d’avoir écarté
les indigènes du sacerdoce ». On sait que les ‘Indios’ étaient
déconsidérés.
Quant
au clergé alors en place, il n’est pas toujours à la hauteur. On lui
reproche souvent d’être intéressé et dissolu. (Graham Green, dans son
roman “La Puissance et la gloire”, dresse le portrait saisissant d’un
prêtre à la fois trop humain et plein de foi.)
En
1917, une Constitution anticléricale est votée. Elle est d’abord
appliquée avec un certain pragmatisme par le général ‘indios’ Obregon,
un anticlérical qui agit cependant avec prudence dans les régions où la
foi est plus vive.
Par
contre, avec l’arrivée au pouvoir du général Plutarco Elias Calles en
1924, cette Constitution est appliquée strictement, et des décrets
d’application sont promulgués; on a appelé le tout “les lois Calles”.
La persécution devient plus violente. Pour Calles, le catholicisme est incompatible avec l’État.
Un catholique ne peut être un bon citoyen puisque sa loyauté première est à Rome.
Il faut remarquer qu’à partir de 1917, la “Révolution mexicaine” s’inspire de plus en plus de la révolution bolchevique.
Le général Calles jure de détruire la foi chrétienne. Alors, un mouvement spontané de résistance naît dans le peuple.
L’Église ne s’en mêle pas, même si quelques prêtres s’y engagent, pas toujours de façon heureuse d’ailleurs.
Le
peuple autochtone des Indios montre par là que sa religion n’est pas
toujours aussi superstitieuse et syncrétique qu’on le dit.
Le
soulèvement, formé essentiellement de paysans, concerne surtout la
région du Centre-Ouest (Jalisco). “Ils s’avancent comme en pèlerinage”,
mais sont accueillis par l’armée à coups de fusils et de mitrailleuses,
et dispersés sans peine.
A plusieurs reprises, ils sont battus en terrain découvert et le gouvernement ne s’inquiète pas, au contraire.
Mais, à chaque fois ils se replient dans les montagnes et font de la "guerrilla".
Ceux qui sont faits prisonniers sont exécutés par la troupe et ils meurent en criant : "Vive le Christ-Roi !"
On les appelle "Cristeros" par dérision, mais ensuite, ils revendiquent ce nom.
Parmi
eux, il y a des prêtres, non engagés dans le mouvement armé, mais
continuant à se prodiguer pacifiquement au soin des âmes.
Certains seront béatifiés.
Ce mouvement de résistance, “le movimento cristero”, dure de 1926 à 1929.
L’État comprend qu’il n’en viendra pas à bout.
Quant à Pie XI, dès le début, il a condamné cette persécution, notamment avec l’encyclique “Iniquitates afflictusque” (1926).
Mais pour sauver un minimum de liberté à l’Église, il est prêt, selon sa boutade, à “traiter avec le diable en personne”.
Finalement, on aboutit aux accords (‘arreglia’) du 21 juin 1929. Les cloches sonnent à nouveau.
Mais les cristeros se sentent oubliés.
Les accords ont été traités sans eux.
D’ailleurs, les lois anticléricales ne sont pas abrogées, mais leur
application est seulement suspendue ; c’est un modus vivendi.
Et
de plus, la persécution reprend. Beaucoup de cristeros, qui ont rendu
loyalement leurs armes par obéissance au Pape, sont alors assassinés.
Pie
XI proteste contre cette violation des accords par l’encyclique “Acerbo
nimis” en 1932, mais il cherche à éviter la rupture avec le
gouvernement.
Quant
à la "guerrilla", elle reprend (1932-1938) mais affaiblie, car
l’épiscopat mène une politique d’apaisement et excommunie les
catholiques qui reprennent le maquis.
Rome et l’épiscopat voient sans doute sur le long terme, mais sur le coup, les cristeros, ne comprennent pas.
Pourtant,
ils se soumettent. A la veille de la guerre de 1939, une évolution se
dessine ; des équipes beaucoup moins teintées de marxisme arrivent au
pouvoir et les lois religieuses reçoivent une application plus souple.
L’Église mexicaine se réorganise.
Les pauvres cristeros resteront longtemps oubliés, officiellement, même par la hiérarchie catholique.
La béatification de 1992 est venue les remettre en lumière.
Beaucoup mouraient en criant aussi « Vive le Pape ! » et « Vive Notre-Dame de Guadalupe ! »
Aussi,
lors de leur canonisation qui a suivi en l’an 2000, Jean-Paul II a-t-il
pu déclarer : "Le peuple mexicain s'est toujours distingué par son
grand amour pour Dieu, la Vierge, l'Église et le Pape."
Le pape Benoît XVI procède à la béatification d’un nouveau groupe en 2005.
Ainsi les cristeros entrent-ils glorieusement dans l’histoire de l’Église, et l’histoire tout court !
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