Chapelle Notre-Dame de Sancenay

Chapelle Notre-Dame de Sancenay


Chapelle Notre-Dame de Sancenay
Carte postale du pèlerinage de Sancenay



Nous arrivons maintenant à la célèbre chapelle de Notre-Dame de Sancenay ; comment en dirons-nous toutes les gloires ?

C'était, en 1400, une chapelle de Notre-Dame, élevée a quelques pas du château de Sancenay.

En 1437, elle fut dévastée par la guerre qui désola toute la contrée.

Quelques années plus tard, elle fut réparée par les seigneurs de Sancenay, puis consacrée sous le vocable chéri de Notre-Dame.

On ne saurait dire la vénération que toutes les classes de la société portaient à ce saint lieu.

Riches et pauvres, grands et petits, tous l'entouraient de leur amour.

Plusieurs ne voulaient pas s'en séparer, même à la mort.

En 1577, Antoine de Semur, seigneur de Sancenay, demanda à y être inhumé ; et un siècle avant, deux fervents chrétiens, Pierre et Jean Circaud, y avaient acheté la place de leur tombeau sous la pierre du bénitier.

Le titre de cet achat existe encore, portant la date de 1476.

D'autres, qui ne pouvaient y avoir leur sépulture, y faisaient des fondations de messes, pour que l'autel de Marie portât leurs vœux au ciel.

Toutes les populations voisines y accouraient au premier son de la cloche annonçant ou le saint sacrifice ou quelque cérémonie religieuse.

Tout le haut Beaujolais et la portion du Maçonnais qui l'avoisine s'y rendent encore aujourd'hui aux principales fêtes de la Vierge, surtout le 15 août et le 8 septembre.

« J'ai eu la curiosité, écrit le curé d'Oyé, d'interroger deux pèlerins venus de dix lieues loin ; ils m'ont répondu que de temps immémorial, leurs ancêtres venaient à Sancenay pour la conservation de leurs familles et surtout de leurs bestiaux, et qu'eux continuaient ce pèlerinage dans le même but. »

Un autre m'a dit, ajoute le curé d'Oyé, qu'il faisait ce voyage depuis trente ans.

C'est qu'en effet, Notre-Dame de Sancenay opérait des miracles bien faits pour lui attirer des pèlerins nombreux.

Nous n'en écrirons pas la longue histoire ; nous dirons seulement, pour nous borner à un fait récent, que le 17 juillet 1856, une paralytique, apportée avec beaucoup de peine devant son autel, y recouvra aussitôt une santé parfaite.

L'image qu'on vient vénérer de si loin est en bois, ainsi que l'Enfant Jésus qu'elle tient dans ses bras. La figure de la Mère est digne, celle de l'Enfant gracieuse ; on les croit très-anciennes.

L'un et l'autre sont revêtus de longues robes de soie rose.

La voûte de la chapelle se compose de cent vingt panneaux de chêne, cinq dans le sens de la longueur et vingt-quatre dans la largeur, entourés chacun de baguettes qui leur servent de cadres ; et baguettes et panneaux, tout est peint avec science, talent et goût.

Rien n'égale l'intérêt des médaillons historiques qui occupent, tout autour de la nef, les panneaux inférieurs, et qui représentent :

1° plusieurs éloges de la sainte Vierge, extraits de ses litanies, tels que le trône de la sagesse, l'arche d'alliance, la rose mystique, la porte du ciel, la tour de David, le vase spirituel ;
2° la montagne de Galaad, couverte de résine odorante, symbole de Marie pleine de grâce ; le tabernacle de Moïse, le livre de la loi, le chandelier à sept branches, figure des sept dons du Saint-Esprit, l'autel des holocaustes, la brebis entre deux loups, la colombe poursuivie par deux vautours, la toison de Gédéon, l'échelle de Jacob, l'esprit de Dieu planant sur les eaux et autres symboles de Marie.


L'origine de Sancenay est mieux connue que celle de Romay ; mais la date est aussi incertaine, et pareillement perdue dans la nuit des temps.
Sancenay était une chapelle seigneuriale, élevée à quelques pas du château qu'habitèrent successivement deux maisons illustres, et dont les ruines existent encore.

Là, comme partout, tout ce qui avait porté le cachet de la splendeur humaine, de la grandeur terrestre, a disparu sous le marteau niveleur et impitoyable du temps et des révolutions.

L'humble sanctuaire, impérissable comme la piété venue du ciel, a survécu à tous les coups qu'on lui a portés ; il s'est relevé successivement de ses ruines ; et les pas des populations aiment toujours à le fréquenter, à y célébrer, à l'envi, l'amour et les louanges de la Reine du ciel ; tandis qu'à côté, le silence de la mort règne sur le théâtre désolé sans retour des fêtes, des délices et du bruit passager du monde.

Sancenay est écrit bien diversement dans les livres et titres anciens. On y trouve Sancenier, Saintcenyer, Sancené. Nous l'écrivons comme tout le monde le prononce et l'écrit aujourd'hui.

La terre de Sancenay faisait partie de la baronnie de Semur-en-Brionnais.
On connaît la grandeur princière de la maison de Semur dont le nom et les armes d'argent à trois bandes de gueules sont reproduits dans tous les recueils et traités de blason.

Descendant des ducs d'Aquitaine et de Guyenne, alliée aux maisons souveraines de Bourgogne-Ancien, de France et de Portugal, elle a donné à l'Église Saint Hugues-le-Grand, abbé de Cluny, et la vénérable Raingarde, mère de Pierre-le-Vénérable. La branche aînée est toujours demeurée au château féodal de Semur ; mais elle a formé divers rameaux aussi illustres que leur noble souche : les Semur-Donzy en Nivernais, les Semur Trémont, les Semur-Montaigu, etc. Ne parlons ici que de la branche qui nous intéresse, les Semur-Sancenay.

Sancenay fut détaché de la baronnie de Semur, à titre, d'apanage en faveur d'un puîné, à une époque que nous ne connaissons point.
Mais, dès l'an 1360, et le 1er janvier, nous trouvons Jean Ier de Semur, seigneur de Sancené, assistant au mariage de Guillaume de La Pallue avec Marguerite de Dyo.

Le château existait alors avec la chapelle de Notre-Dame sise à une légère distance.

Pendant la minorité de Claude de Semur-Sancenier, arrière-petit-fils de Jean Ier, ainsi que nous le lisons dans un titre original de 1437, il y eut guerre en ce royaume et notamment en ce pays-ci, et le château de Sancenier fut pillé, pris et occupé par les gens de guerre et enfin brûlé.

La chapelle de Notre-Dame ressentit le contrecoup de ces calamités.

MaisJean II de Semur, seigneur de Sancenay, époux de Marie de Villiers-la-Fay, relève le château de ses ruines, et restaure le sanctuaire de Marie, ainsi qu'en faisait foi, à la fin du siècle dernier, l'inscription suivante qui a disparu depuis la révolution : « L'an 1487, noble homme Jean de Semur, seigneur de Sancené et Trémont, et noble dame Marie, sa femme, en la présence de noble et religieuse personne frère Guillaume de Semur, chambrier de l'Isle de Lyon (c'est-à-dire de l'Ile-Barbe), fut commencé le châtel de céans depuis la tour de la Boteillerie jusqu'au portail ; et fut le jeudi, premier jour de juin, parachevé l'édifice en l'an 1500, et cette chapelle fut bénite l'an 1510 et sacré l'autel. »

Le dernier des Sancenay fut Léonard de Semur, gouverneur de Mâcon, gouverneur et lieutenant pour le roi en Bourgogne, dix fois chargé d'un commandement important dans les armées, mort enfin en Piémont, après l'an 1624, et enterré dans l'église des Capucins d'Ast, revêtu lui-même de la bure des religieux.

Après lui, la seigneurie de Sancenay passa aux marquis de Tenay, seigneur de Saint-Christophe, dont la maison ne s'est éteinte qu'au commencement de ce siècle, en transmettant la terre de Saint Christophe au comte de Busseul.

   II
La double circonstance exprimée à la fin de l'inscription que nous venons de citer, savoir, la bénédiction de la chapelle et surtout la consécration de l'autel de Notre-Dame de Sancenay, suffit à nous prouver la piété pour la Sainte Vierge de cette illustre maison qui a donné huit comtes au chapitre de Saint-Jean de Lyon, de hauts dignitaires à la cour, et de grands capitaines aux armées de la France.

Nous en avons une autre preuve dans le testament d'Antoine de Semur, en 577, par lequel il ordonne que son corps soit inhumé en sa chapelle de Sancenier, au tombeau de ses père et mère et prédécesseurs.

Cette dévotion si touchante d'enfants pieux qui veulent reposer dans la tombe aux pieds de leur céleste mère, n'était pas particulière aux nobles seigneurs de Sancenay ; et nous possédons un titre authentique de 1476, par lequel Guillaume Alagathe, vicaire d'Oyé, au nom du sieur Curé dudit lieu , asservit à Pierre et Jean Circaud un emplacement à la chapelle de Sancenier, sous la pierre de l'eau bénite, où ils veulent avoir leur tombeau.
Nous voyons aussi des fondations de messes à dire dans la chapelle de Sancenay.

C'est ainsi que, par son testament du 20 août 1686, Bernard Mommessin, curé de Vareilles, constitue une rente perpétuelle de cinq livres au curé d'Oyé, à la charge de dire dans ladite chapelle cinq messes chaque année, pendant l'octave de son décès, pour lui et pour les fidèles trépassés.

La piété est utile à tout. Elle a les promesses de la vie présente et celles de la vie future. C'est fondé sur cette assertion divine que Claude Semur-Sancené obtenait du roi Louis XII, par lettres patentes du mois de septembre 1505, quatre foires de Sancenay, savoir : la veille des fêtes de l'Annonciation, de l'Assomption, de la Nativité et de la Conception de Notre-Dame.

En 1556, Antoine de Semur obtenait du roi Henri II la confirmation de cet établissement favorable tout à la fois au pèlerinage et aux intérêts locaux.
Léonard de Semur, en 1624, obtenait la même faveur de Louis XIII.

III
Il n'y a point, dans le voisinage de Sancenay, une population agglomérée comme celle de Paray. Mais, en revanche, les nombreuses populations du Brionnais y accourent de toutes parts ; et l'on peut dire sans exagération que Sancenay est au Brionnais ce qu'est Romay au Charollais.

Peut-être même la chapelle de Sancenay, dans les circonstances ordinaires, se remplit-elle davantage et plus vite, chaque fois que la cloche annonce ou la sainte messe, ou quelque cérémonie religieuse.

Malheureusement l'isolement de Sancenay au milieu de la campagne et le service de la paroisse ne permettent pas d'y offrir le saint sacrifice aussi souvent que la piété envers Marie le désirerait.

Quant au pèlerinage, il est plus en honneur que celui de Romay, en ce sens que ce n'est point seulement une paroisse, comme celle de Chalmoux, mais tout un pays, le haut Beaujolais et la portion du Mâconnais qui l'avoisine, qu'on voit régulièrement accourir à Sancenay aux principales fêtes, et surtout en l'Assomption de la Sainte Vierge et en sa Nativité, soit pour demander quelques faveurs particulières, soit pour accomplir des vœux faits autrefois par les familles ou par les paroisses, à l'occasion de la grêle ou pour la conservation du bétail.

Nous citerons en particulier les paroisses de Cenves, Monsol, Saint-Jacques et VauxRenard ; de Saint-Pierre-le-Vieux, Tramayes, Saint-Point, Matour et Montmelard.

Nous avons voulu, cette année, en vue de ce travail, nous rendre compte de ce concours à l'époque de l'Assomption.

Voici un extrait de la lettre que M. Troncy, curé d'Oyé, a bien voulu nous adresser à la date du 20 août :
« J'ai eu la curiosité de questionner un cercle de quinze pèlerins tous venus de Vaux-Renard, près Beaujeu (Rhône), et à la distance de 10 lieues d'Oyé. Ils m'ont répondu que depuis un temps immémorial leurs ancêtres avaient coutume de se rendre à Sancenay pour demander la conservation de leurs familles et surtout de leurs bestiaux, et qu'ils continuaient leurs vœux dans le même but. Deux d'entre eux m'ont raconté que, dans le temps du Jubilé, plusieurs avaient fait commuer leurs vœux et s'en étaient fait relever par des missionnaires ; mais qu'ils s'en étaient mal trouvés, et qu'ils avaient été obligés de revenir auprès de Notre-Dame de Sancenay pour mettre fin au dépérissement de leur bétail, surtout de l'espèce bovine."

Un pèlerin nommé T. m'a dit qu'il faisait ce long voyage depuis trente ans, et qu'il n'avait qu'à s'en louer.

Le lendemain de l'Assomption, j'ai surpris à notre lutrin deux jeunes hommes qui visitaient notre chant romain. Ils se sont donnés pour chantres de l'église de Cenves, canton de Monsol. Ils m'ont donné la même version que les précédents sur leur pèlerinage.

Nous avons vu cette année, comme les années précédentes, des pèlerins venus de Vaux-Renard, Saint-Jacques, Monsol, Cenves, Matour, Tramayes, Pierreclos, Saint-Pierre-le-Vieux, Saint-Point, Montmelard, etc... »
 
IV
Nous le dirons encore ici, il faut pour tant expliquer ce concours qui a sa raison d'être. Et personne ne peut mieux nous donner cette raison que les heureux et fidèles objets et témoins des bénédictions de Notre-Dame de Sancenay.

Et s'ils ne nous parlent que des bénédictions de la terre, de la préservation de leurs troupeaux, ils savent comme nous que ces bénédictions inférieures ne vont jamais sans celles du ciel dont elles sont la garantie et l'image de rore cœli et de pinguedine terrae.

On nous a dit des merveilles de vous, béni sanctuaire de Marie !

Le petit enfant, qui vous a dû souvent aussi la grâce du saint baptême, les célèbre au ciel. Le pécheur, converti par vous et rendu à la vie, les médite sur la terre. L'âme affligée, à laquelle vous avez rendu la joie et l'espérance, les proclame avec amour. Et moi, humble pèlerin, je veux redire ici ce que j'ai entendu, ce que j'ai vu.

J'ai voulu voir une jeune fille miraculée. Je l'ai entendue exprimer l'ardent désir que votre nom, ô glorieuse Dame de Sancenay, soit connu et aimé davantage. Fiat ! fiat ! C'est dans cette intention que je vais relater l'histoire de sa maladie et de sa guérison, telle que la contrée en fut témoin, il y a quatre ans, en empruntant l'édifiant récit que m'en envoyait alors le pieux et zélé pasteur de la paroisse.

« Dans un hameau d'Oyé, voisin de celui où s'élève la modeste chapelle de Sancenay, se trouve une jeune personne qui, durant trois ans entiers, a été en proie à la maladie la plus bizarre et en même temps la plus cruelle.
Dès le début, l'estomac refusait toute espèce de nourriture.
Les aliments les plus faciles à digérer provoquaient aussitôt les vomissements.
Elle était, en outre, sujette à des accès d'éternuement qui duraient parfois quinze et vingt minutes, et se terminaient par un évanouissement si complet qu'on ne lui reconnaissait ni pouls, ni vie.
 Le six février 1856 , elle perdit entièrement l'usage de tous ses membres et fut reconnue paralytique par le médecin de la localité.
Cinq mois se passent dans cette triste position, sans que les nombreux traitements auxquels elle fut soumise pussent lui procurer le moindre soulagement.

Mais au commencement du mois de juillet, la pensée lui vint de prier ses parents de la conduire à la chapelle de Sancenay.

Elle avait le pressentiment qu'elle y trouverait sa guérison.

Les parents, loin d'acquiescer à sa demande, s'efforçaient de la dissuader d'un projet dont l'exécution leur paraissait impossible, en raison du mauvais chemin et de l'état déplorable où ils la voyaient.

Ce combat avait lieu à mon insu.

Mais, l'avant-veille du jour mémorable, venant à passer près de la demeure de la malade, j'entrai pour demander de ses nouvelles.

Aussitôt que la mère m'aperçut, elle vint à ma rencontre en s'écriant : « Votre arrivée  me fait plaisir. J'espère que vous ferez entendre raison à ma Louise qui s'est mis des idées dans la tête, dont nous ne pouvons la faire démordre, et pour lesquelles elle ne cesse de nous tourmenter.  
Quelles sont donc ces idées, lui demandai-je ?
- Elle veut aller à Sancenay. Jugez si la chose est possible. Je puis à peine la remuer dans son lit sans la voir mourir dans mes bras
 J'engageai la bonne mère à ne point repousser la confiance et le désir de sa fille, en lui disant qu'il pourrait se faire que cette idée vint d'un bon principe.
Cependant on prend jour pour se rendre à la chapelle tant désirée.
Le jeudi 17 juillet 1856, à une heure de l'après-midi, on met la malade sur un chariot.
La mère et une voisine prennent place à ses côtés, pour la soutenir pendant la marche. Dans le trajet, elle essuya deux crises terribles et deux fois demeura comme sans vie.
 Le cortège étant arrivé auprès de la chapelle, la courageuse mère prend sur ses épaules son enfant qui n'offrait plus que l'aspect d'un cadavre ; et sans donner aucune attention à ce cri répété par plusieurs bouches à la fois, elle est morte, elle l'introduit précipitamment dans la chapelle, et va s'asseoir près de l'autel, prenant sur ses genoux son pénible fardeau.
Alors l'anxiété de la mère et l'immobilité de la fille offrent aux témoins une scène des plus émouvantes.
Tout à coup un frissonnement, qui se communique à la mère elle-même, se fait sentir dans tous les membres de la jeune paralytique qui, au même instant, lève le bras droit, fait le signe de la croix à haute et intelligible voix, récite le Memorare, enlève de ses deux mains le chapelet qu'elle portait à son cou, quitte les genoux de sa mère, saisit une chaise et va se placer au milieu du sanctuaire, où elle récite à haute voix le chapelet, tenant les yeux fixés et immobiles sur la statue de la Sainte Vierge.
Puis quittant l'autel, elle descendit les marches du chœur, faiblement soutenue par deux des personnes présentes, sortit dehors sans aucun secours étranger, et quelques minutes après rentra à la chapelle pour réciter un chapelet d'action de grâces.
 Le jeudi 24, une messe d'action de grâces a eu lieu à Sancenay.
La jeune personne, nommée Louise Augagneur, a eu le bonheur d'y assister et d'y communier.
Le mardi 29, elle est allée de son pied visiter la chapelle dédiée à sa libératrice.
Ce fait, tout extraordinaire qu'il paraît, est attesté par douze témoins oculaires, tous dignes de foi. »

V

Tel est le récit du vénérable prêtre ; un ex-voto placé dans le sanctuaire en conservera la mémoire.
Louise Augagneur demandait à la Sainte Vierge seulement de guérir assez pour pouvoir se passer d'une garde-malade, et n'être point trop à charge à ses parents livrés aux travaux de l'agriculture, pour lesquels il n'y a jamais trop de bras.
Elle a été exaucée au delà de sa demande.
Sans être bien robuste, elle n'est plus retombée, depuis sa guérison, dans un état qui dût enchaîner quelqu'un à son chevet. C'est elle, au contraire, qui garde la maison et fait le ménage.
Dans une lettre du 28 octobre, c'est-à-dire trois mois après la guérison de Louise Augagneur, M. le curé me parlait de deux nouvelles guérisons attribuées à Notre-Dame de Sancenay, mais dans des circonstances moins éclatantes.
Vers le même temps, du fond de l'Anjou, on écrivait à M. le curé d'Oyé pour lui demander des médailles de Notre-Dame de Sancenay, et une messe à son autel.
Comment la renommée de notre sanctuaire brionnais était-elle arrivée jusqu'aux extrémités de la France ? Je l'ignore. Mais on ne se donne point de pareils soins, à de pareilles distances, sans motifs.
Cette demande d'une noble inconnue inspira la bonne idée de faire frapper des médailles en argent et en cuivre de Notre-Dame de Sancenay. Elles présentent d'un côté la Madone avec l'enfant, et au revers, une petite chapelle.
 Tous ces faits annonçaient le développement de la dévotion à Notre-Dame de Sancenay, et l'excitaient encore.
Aussi, lorsqu'à la suite d'une mission donnée à la paroisse d'Oyé par les missionnaires diocésains, avec un merveilleux succès, on voulut ériger, le 8 septembre 1857, une croix monumentale, c'est sous la sainte garde de Notre-Dame qu'on voulut la placer avec les fruits de la mission.
C'est à la porte de la chapelle de Sancenay que le Christ vint frapper pour remettre le Trésor de ses grandes miséricordes entre les mains de celle par laquelle il veut que nous recevions toutes choses.
 « Jolie vallée, écrivait à cette occasion une âme pure et poétique, jolie vallée, site si gracieux, à toi donc tous les priviléges ! N'étais-tu pas déjà mille fois heureuse d'être le berceau de la vénérée Madone à qui tu donnes ton nom, et que la foi du pèlerin vient honorer de si loin ? Faut-il que ton sein recèle encore ce memento de la mission, ... cette croix, ce talisman du converti et de tous les chrétiens ! .... Oui, un sol déjà sanctifié offre un abri plus sûr à un objet saint ! »
Un clergé nombreux et des milliers de fidèles étaient accourus de tout le voisinage à cette grande et touchante solennité.
Et l'on voyait, après la cérémonie de la bénédiction, deux longues files s'avançant, à travers la campagne, dans un ordre parfait, au chant des hymnes sacrées de l'action de grâces, vers l'église de la paroisse, où un bon sermon et la bénédiction du Très-Saint Sacrement venaient si à propos clore un jour radieux.
 
VI
Nous ne nous arrêterons point à décrire l'extérieur de la chapelle de Sancenay qui se cache, modeste comme la violette, au fond d'un riche bassin de prairies, sous l'ombrage de robustes noyers.
L'entrée principale est surmontée d'un joli clocher entièrement neuf, et n'offre rien autre chose de saillant. Entrons donc sans nous arrêter.
La chapelle de Notre-Dame de Sancenay forme un rectangle de 22 mètres 20 centimètres de long sur 7 mètres de large, dans œuvre.
Elle se divise, dans le sens de la longueur, en une nef de 12m 70 ; un chœur de 3m 35c, et un sanctuaire de 6m 15c.
L'autel, faisant face à la grande porte, occupe le fond du rectangle. Il est de bois avec un joli retable doré formant un trône à la Sainte Vierge.
L'image vénérée est en bois ainsi que l'enfant Jésus, qu'elle tient dans ses bras.
La figure de la mère est digne ; celle de l'enfant, gracieuse.
On les croit très-anciennes.
L'une et l'autre sont vêtues de longues robes de soie rose.
Le trône est surmonté de la couronne de marquis.
C'est sans doute, comme l'autel lui-même, un hommage des marquis de Tenay qui ont eu la seigneurie de Sancenay après les Semur.
Deux fenêtres éclairent l'autel par côté.
 En descendant un degré, on se trouve dans le chœur, sur lequel s'ouvrent, à droite et à gauche, deux chapelles petites, mais très-régulières et semblables, l'une aujourd'hui abandonnée, l'autre servant de sacristie.
La crédence sur laquelle s'habille le prêtre n'est autre que l'autel consacré en 1516, mais qui a été mutilé.
Le sanctuaire et le chœur ont une voûte massive qui se continue la même dans toute la longueur.
Mais la nef, où l'on arrive en descendant encore un degré, n'a plus sa voûte primitive. Celle qui l'a remplacée est la portion artistique de Sancenay, et elle ne manque pas d'intérêt.
Cent vingt panneaux de chêne, savoir : cinq dans le sens de la longueur et vingt-quatre dans la largeur, entourés chacun de baguettes qui leur servent de cadres, forment une voûte à plein cintre plus élevée que celle du chœur.
Baguettes et panneaux, tout est peint avec science, talent et goût.
L'écu qui occupe le milieu de cet admirable travail nous en fait connaître l'époque et le magnifique donateur.
Nous croyons même en retrouver l'auteur habile et patient dans ces mots écrits en un livre ouvert au quatrième médaillon, en partant du côté de l'évangile : ABRAM GRAFFEVS.
Il est bien vrai qu'après ce nom on lit : I. George Berdot, A. M. Bodet, curés, 1636. Mais ces noms ont été ajoutés postérieurement à celui d'Abraham Graffe.
Ils sont écrits en français, l'encre est plus noire et les caractères plus modernes. Ce sont, pour sûr, les noms des deux curés qui ont exercé le saint ministère à Oyé depuis que fut exécutée cette belle page d'art et d'histoire sacrée.
 Quant au noble protecteur de l'art qui s'est plu à nous donner avec tant de distinction la mesure de son amour pour la Sainte Vierge, il ne peut être autre que Laurent de Tenay, marquis de Saint-Christophe, marié le 9 décembre 1613 avec Catherine de Chauvigny de Blot.
L'écu, en effet, porte au 1er de Tenay, d'or à la bande de sable ; au 2e de Chauvigny, de sable au lion d'or affronté ; au 3e de Lavieu de St-Christophe, fondu dans la maison de Tenay, et qui portait d'or à la bande engrêlée de sable. Le quatrième quartier, de gueules à trois bandes de sable ne m'est point connu.
Nous trouvons là la clef de ces monogrammes placés aux quatre coins de l'écu central, répétés si souvent sous cette voûte et entremêlés pieusement aux divins monogrammes de Jésus et de Marie.
L'un se compose des initiales DTL, De Tenay-Lavieu ; l'autre des initiales DCB, de ChauvignyBlot.
Mais les distances du ciel à la terre sont respectées, et tandis que les noms de Jésus et de Marie sont écrits en traits de flamme, en couleur empourprée et au centre d'un nimbe lumineux, le monogramme des seigneurs de la terre implore humblement appui, paix et miséricorde, étant en couleur blanche, sur un fond bleu, soutenu par deux rameaux de palmier et d'olivier.
A travers ces monogrammes bénis, à travers les feuillages, les fleurs et les corbeilles de fruits divers qui remplissent ces panneaux, se montrent plus de soixante visages d'enfants plus gracieux ou plus naïfs les uns que les autres.
Ce n'est pas la portion la moins curieuse ni la moins belle de cette grande composition.
 
VII
Mais rien n'égale l'intérêt des médaillons historiques de 0,35 de diamètre qui occupent tout autour de la nef les panneaux inférieurs.
Nous allons les énumérer, en partant du côté de l'Évangile.
Le pèlerin de Sancenay sera bien aise d'en retrouver ici la suite et l'interprétation.
1. Montagne de Galaad couverte de résine odorante. Marie pleine de grâce et donnant au monde l'auteur même de la grâce, nous courrons à l'odeur de vos parfums.
2. Un trône représentant le siège de la sagesse ; c'est l'un des titres de litanies de Lorette : Sedes sapientiæ.
3. Le tabernacle de Moïse, ou pavillon ouvert. Voici que le tabernacle de Dieu est avec les hommes, dès le premier instant de l'Immaculée Conception de Marie.
4. Le livre de la loi. C'est là qu'Abraham Graffe s'est plu à inscrire son nom, sans doute, comme signe d'adhésion fidèle et soumise à la parole de Dieu. La loi était l'objet des méditations continuelles de Marie.
5. Le candélabre à sept branches, symbole des sept dons du Saint-Esprit dont la plénitude fut donnée à Marie : Ave gratia plena.
6. L'autel des Holocaustes, image du grand sacrifice de Jésus offert tout entier au sein de Marie, au Calvaire, à l'autel catholique.
 7. L'arche d'alliance. Marie est la véritable arche de l'alliance de Dieu avec les hommes : Fœderis arca.
8. La main de l'ange exterminateur armée du glaive. Autour, tout est à feu et à sang. Tel le monde avant l'apparition, avant la maternité de Marie.
9. Emblème de l'église chrétienne dont Marie fut le type. Une porte s'ouvre entre deux hautes tours qui figurent la grandeur terrestre de l'humble fille de David et la grandeur incomparable de la mère de Dieu. Un peu au-dessous de cette façade d'église, se trouve la date 1068. La pierre qui porte ce millésime a, sans doute, appartenu à l'édifice antérieur.
10. Blanche brebis entre deux loups furieux, prêts à la dévorer. Marie a échappé à la rage du démon et à la contagion du monde. Contre ces deux ennemis, elle protège l'innocence.
11. Sainte Marthe, avec la tarasque, représente la grande coopératrice de notre rédemption. Placée entre la colombe qui précède et la brebis qui suit, elle nous avertit de ne point nous fier à notre innocence, si nous ne travaillons et nous mortifions. Le repos du ciel n'est qu'à ce prix.
12. Blanche colombe fuyant deux vautours qui s'abattent sur elle et vont la saisir.
13. La porte du ciel : c'est Marie, janua cœli.
14. Sphère céleste montée sur un pied, avec dix-sept étoiles qui reçoivent leur clarté du croissant placé au milieu : ut luna cœlos recreans : vous êtes, ô Marie, pareille à la lune qui réjouit les nuits !
15. Deux hommes apportent sur leurs épaules le gigantesque raisin de la terre promise. Marie a donné à la terre, avec le froment des élus, le vin qui fait les vierges.
16. Toison symbolique de Gédéon étendue à terre aux pieds du guerrier, figure expressive de l'Immaculée Conception.
 17. David, vainqueur de Goliath décapité à ses pieds. L'humble fille de Judas a écrasé la tête du serpent infernal. Elle a vaincu seule toutes les hérésies.
18. La lampe du sanctuaire. Profer lumen cœcis : éclairez, ô lampe spirituelle et céleste, les aveugles qui sont assis à l'ombre de la mort !
19, 20, 21, 22,23, lacunes.
24. Scène gracieuse de vendangeurs ; symbole eucharistique, souvenir de la passion : torcular calcari solus : deux sources où l'âme doit se prémunir contre la contagion du monde et pour suivre Marie.
25. C'est le seul de nos médaillons qui se ressente de la renaissance païenne. Malgré la bonne intention, mieux vaudrait qu'il fût traité autrement. L'amour profane nu, avec son arc, se dessinant sur la tête d'un bel oranger chargé de fruits dorés qui roulent jusqu'à terre, présente ses séductions à un noble jeune homme, debout, en robe pourpre avec ceinture blanche, qui les repousse.
 26. Tout de suite, souvenir de la force qui nous vient d'en haut. C'est le songe mystérieux de Jacob, qui nous invite à rivaliser avec les anges, du milieu de la corruption. Le patriarche dort sur la terre. A côté de lui, l'échelle monte jusqu'au ciel. Un ange aux ailes fermées pose le pied sur le premier échelon. La vue, la pensée du ciel nous fera mépriser les plaisirs de la terre.
27. Licorne agenouillée aux pieds d'une femme assise et appuyée contre un grand arbre : belle image de la loi de grâce et de Marie qui en fut le berceau. Le Dieu fort lui a été soumis et obéissant. La puissance divine a été déposée en ses mains. Confiance donc et recours ! C'est Dieu lui-même qui se présente à nous sous l'image de la licorne : Dilectus quemadmodum filius unicornium. Exaltabitur sicut unicornis cornu meum.
28. L'esprit de Dieu planant sur les eaux. Une immense colombe, aux ailes éployées, plane au-dessus de l'Océan ; expressive figure de l'opération du Saint-Esprit en Marie : Spiritus sanctus superveniet in te. Obumbrabit tibi, et sub pennis ejus sperabis. Et par Marie, le monde sauvé sera fécond en Vertus.
29. Deux armées en présence. Les chefs sont en pourparlers. Marie est terrible aux démons comme une armée rangée en bataille. 30. Ville fortifiée, qui peut être la Jérusalem d'ici-bas ; ou Rome, la ville sainte des chrétiens ; ou mieux encore, Marie immaculée, le boulevard de l'humanité rachetée contre les assauts de l'enfer. 31. Une belle urne : Vas spirituale ! Tout le monde le connaît, l'admire et l'aime en Marie, ce vase spirituel et mystique.
32, 33. Nouvelles lacunes.
34. Atmosphère embrasée. Je suis venu apporter le feu sur la terre; et quel est mon désir sinon de le voir allumer ? C'est l'emblème de la charité catholique ; c'est l'image du Cœur de Marie.
35. Vinea domini sabaoth. La vigne du Dieu des armées. Magnifique cep chargé de feuilles et de raisins. C'est l'Église notre mère, dont Marie est le type inséparable.
 36. Rosa mystica : Un beau rosier chargé de roses blanches pleines de fraîcheur.
37. Un pressoir en forme de tour : Turris Davidica.

VIII
Le génie créateur de ce bel ensemble s'est inspiré principalement de l'office de l'Assomption. Il ne pouvait mieux faire, puisque l'Assomption est le vocable de Notre-Dame de Sancenay.
L'Introït, le Graduel et l'Offertoire lui ont indiqué à l'envi cette multitude de petits anges dont la voûte est parsemée : De cujus Assomptione gaudent angeli (1).
L'Epître explique une partie des médaillons. Requiem quœsivi, et in hœreditate Domini morabor (2) est très-bien rendu par cette noble femme, héritière et dépositaire de la puissance divine, que nous voyons assise en repos au pied d'un arbre vigoureux et devant laquelle s'agenouille la Licorne.
(1) Les anges se réjouissent de son Assomption. (2) J'ai cherché le repos et je demeurerai dans l'héritage du Seigneur.
Qui creavit me requievit in tabernaculo meo (1). Voilà le tabernacle de Dieu avec les hommes. Voyez ce riche pavillon, cette royale tente entr'ouverte, image de Marie recevant du ciel et donnant à la terre son sauveur ! - In Sion firmata sum, et in civitate sanctificata similiter requievi, et in Jerusalem potestas mea (2) ; vous explique cette ville belle et forte qui suit de près le médaillon de la Licorne. La beauté de la Sainte Vierge n'est-elle pas comparée à la tour de David entourée de hauts remparts ? Sicut turris David collum tuum quœ edificatur cum propugnaculis. - Puis la rose de Jéricho, ce gracieux rosier à fleurs blanches :
(1) Celui qui m'a créée a reposé dans mon tabernacle.
(2) J'ai été affermie dans Sion, je me suis reposée dans la ville sainte ; c'est dans Jérusalem qu'est le berceau de ma puissance.
Quasi plantatio rosæ in Jericho; - puis les fruits, les fleurs et les rameaux d'olivier semés partout : Quasi oliva speciosa in campis (1). - Puis la montagne de Galaad aux suaves parfums : Sicut balsamum aromatisans odorem dedi (2). Voilà pour l'Epitre seule.
Et si vous me demandez ce que fait là l'image de Sainte Marthe, je vous dirai, à mon tour : Marthe ne remplit-elle pas l'évangile de la fête de l'Assomption ? Ne réalise-t-elle pas la femme forte de l'Écriture ? Ne figure-t-elle pas la plus digne ouvrière, après Jésus-Christ, de l'œuvre de la rédemption ? Et n'est-ce pas une pensée délicate et pleine de consolation, celle qui a porté l'artiste chrétien à réserver pour les tableaux du ciel la figure contemplative de Marie, pour ne nous montrer ici-bas que la glorification du travail et de la charité en la personne de la sainte hôtesse de Jésus-Christ ?
(1) Vous êtes comme un bel olivier dans les champs. (2) Comme le baume odorant, j'ai aussi mon parfum.

A Martha convivium Deo parabatur in cujus convivio Maria jàm jucundabatur (1). Ouvrez de même l'office canonial, vous rencontrerez d'abord la porte du ciel : Paradisi portae per te nobis apertœ sunt(2) ;- la colombe au milieu des fleurs et des roses : Vidi speciosam sicut columbam et sicut dies verni circumdabant eam flores rosarum et lilia convallium (3) ; - Plus loin, la cité sainte de Jérusalem à laquelle Marie est comparée : Formosa tamquam Jerusalem(4). Saint Jean Damascène, dans le même office, nous montre, au milieu des anges, la vraie arche d'alliance : Hodie sacra et animata arca Dei vivantis. requiescit in templo
(1) Ce beau mot de Saint Augustin se lit au troisième nocturne des matines de l'Assomption : « Marthe préparait le repas du seigneur, alors que Marie jouissait déjà des délices du saint banquet. » (2) Par vous les portes du ciel nous ont été ouvertes. (3) Je l'ai vue belle comme la colombe; les roses fleuries, les lys des vallées l'environnaient. (4) Vous êtes belle comme Jérusalem.
Domini (1). N'avons-nous pas vu l'arche et le temple dans la série de nos médaillons ? Au cinquième répons, ce verset : Beatam medicent omnes generationes, et sanctum nomen ejus(2), nous explique la répétition partout du monogramme de Marie, du saint nom de Jésus.
Il n'est pas jusqu'au médaillon où se voient deux armées rangées en bataille qui ne trouve son motif dans le bel office de l'Assomption, où nous lisons que Marie est terrible comme une armée en ordre de bataille : Terribilis ul castrorum acies ordinata.
Dans une étude consacrée à Notre-Dame de Sancenay, nous devions donner la clef de ce livre plein de charmes que nos populations brionnaises, si bien instruites de leur religion, n'auront point de peine à comprendre, et se plairont à lire comme on aime à lire tout ce qui nous parle d'une mère.
(1) Aujourd'hui l'arche sainte et animée du Dieu vivant prend son repos au temple du Seigneur.
(2) Toutes les générations me diront bienheureuse, et son nom est saint.







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