Chênehutte-Trèves-Cunault
Église Notre-Dame de Cunault
Notre-Dame de Cunault est une église priorale située sur l'ancienne commune de Cunault (actuellement Chênehutte-Trèves-Cunault) près de la Loire à une quinzaine de kilomètres de Saumur, en direction d'Angers.
Elle est un chef-d'œuvre de l'architecture romane de l'Anjou du Moyen Âge.
Historique
Le premier bâtiment fut un monastère fondé par saint Maxenceul, évangélisateur de la région, dès le IVe siècle.
Au IXe siècle, les moines sont chassés par l'invasion des Vikings.
Réfugié à Tournus en Bourgogne, le prieuré va devenir une dépendance de l'abbaye de Tournus.
L'église va bénéficier des faveurs des seigneurs d'Anjou, Foulque IV le Rechin et Foulque Nerra ainsi que des taxes apportées par le port de Cunault.
Des pèlerins étaient attirés par une fiole de poussière de la grotte de la Nativité qui aurait contenu du lait de la Vierge Marie.
En 1741, après avoir subi les affres des Guerres de religion, le prieuré est supprimé et le chœur est vendu quelques années plus tard.
En 1754, la nef devient la nouvelle église paroissiale de Cunault, en remplacement de l'église paroissiale Saint-Maxenceul, détruite cette année-là par un ouragan.
Les ruines vestiges de cette église Saint-Maxenceul font l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 9 avril 1946.
En 1789, lors de la Révolution française, les bâtiments sont vendus comme biens nationaux.
Prosper Mérimée, inspecteur des Monuments Historiques, écrit de Tours le 10 juillet 1840 à son prédécesseur Ludovic Vitet :
"Vous
savez que le choeur de Cunault appartient à un M. Dupuis Charlemagne,
possesseur de 3 à 4 millions, très célèbre pour son avarice à Saumur
(...). Le chœur est dans un état pitoyable. M. Dupuis y serre des fagots
et des futailles, et pour la commodité de ses ouvriers (il) a fait
percer deux portes ou plutôt deux brèches dans les murailles nord et
sud. Les piliers sont tous écornés et les soubassements du chœur presque
entièrement démoli". (La route de Mérimée - correspondance et
patrimoine, les Editions du Huitième Jour, 2006, p. 142).
Les cloches de la cathédrale de Constantine (Algérie) y ont été placées dans son clocher à la fin de la guerre d'Algérie.
L'église Notre-Dame fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis 18463.
Caractéristiques
Le prieuré actuel fut bâti entre les XIe et XIIIe siècles.
Il fut construit avec la pierre de tuffeau qui est une roche naturelle dans cette région du saumurois.
L'église dévoile un intérieur de grandes dimensions.
Elle possède un large déambulatoire lumineux.
Voûte de la nef
Les dernières travées de la nef sont construites dans le style gothique angevin.
Sa façade du XIIIe siècle, d'une architecture austère, est percée d'un tympan.
Peinture murale
Notre-Dame
de Cunault est célèbre pour ses 223 chapiteaux sculptés ainsi que ses
peintures murales qui en font un véritable trésor artistique.
Châsse de saint Maxenceul
L'église garde en ses lieux la châsse de saint Maxenceul, le fondateur de l'église abbatiale.
En 1838, l'écrivain et historien Prosper Mérimée apporte son soutien à la restauration de l'édifice religieux.
Orgue de l'église prieurale
De
nos jours, l'édifice prête son cadre grandiose et son acoustique au Mai
de l’orgue et au festival des Heures musicales organisés chaque année
par l'association des Amis de Notre-Dame de Cunault.
Source :
Cunault vous offre une grande et magnifique église, dite Notre-Dame de Cunault, du mot latin à Cunis ou Cunabulis, parce qu'on y honorait l'Enfant-Dieu dans le berceau, allaité par sa mère.
On prétend qu'elle fut fondée par le roi Dagobert, en 630, qu'il y ajouta de grands bâtiments avec de beaux jardins en terrasse, tant pour loger les Bénédictins chargés de cette abbaye, que pour s'y loger lui-même, comme dans une de ses maisons de plaisance, où il aimait a venir se reposer.
Le château du prince, situé au-dessus du toit de l'église, avait la forme d'une forteresse, avec une tour pour poster des sentinelles chargées d'avertir de l'approche de l'ennemi.
L'église de Notre-Dame de Cunault, presque aussi vaste que l'église de Saint-Aubin d'Angers, avait deux rangs de piliers, treize de chaque côté, surmontés d'une voûte très-exhaussée et de très-ancienne architecture.
Elle possédait quatre images de la Vierge :
-
la première en dehors sur le grand portail, avec une couronne sur la
tête, l'Enfant Jésus sur les genoux et deux anges par côtés, qui
encensaient le Fils et la Mère ;
- la seconde sur le grand autel ;
- la troisième, accolée à un pilier, à droite ;
-
la quatrième, a un pilier, à gauche, où se conservait un reliquaire
insigne, contenant premièrement l'anneau que saint Joseph mit au doigt
de la sainte Vierge dans la cérémonie de son mariage, anneau d'un or
très-pur, où est enchâssée une pierre précieuse qu'on croyait être une
améthyste bleue très-fine ; secondement, une fiole de cristal de roche
enchâssée dans de l'argent, contenant du lait de la sainte Vierge.
Nous passons sous silence, comme étrangers à notre sujet, soit la troisième relique que possédait cette église, le corps de saint Maxentiol, soit les différends qui surgirent entre les religieux de Cunault et ceux de Doué et de Tournus.
Nous remarquons seulement qu'on venait de toutes parts en pèlerinage à Notre-Dame de Cunault, que plus de trente curés y amenaient processionnellement leurs peuples aux jours de fête de la Vierge ; que, par considération pour cette illustre abbaye, le prieur de Cunault présentait à huit prébendes du chapitre de Doué, à sept cures dans le diocèse ; que les comtes d'Anjou déclarèrent non soumises aux impôts toutes les propriétés de l'abbaye, obligeant seulement le prieur à leur fournir un certain nombre d'hommes lorsqu'ils iraient en personne à la guerre, et qu'ils exemptèrent même à jamais l'église et son cimetière de la juridiction de toute puissance séculière, en raison des grands miracles qu'y opérait la glorieuse Reine des cieux : Volumus et prœcipimua, dit Geoffroy, comte d'Anjou, en 1143, ut locus suprà dictas Cunatdus cum cœmeterio, in quo gloriosa Regina cœlo- rum tnntis miraculis cornscat, ab omni sœculari potestate liber semper immuuisque permanent.
Le prince ajoute ensuite la date de cet acte ; elle est remarquable : « Fait en la ville d'Angers, dit-il, en l'année que, par l'aide de Dieu et l'intercession de sa sainte Mère, nous avons acquis toute la partie de Normandie qui est en deçà de la Seine : Actum est hoc Andegavis, in anno quo, annuente Ueo » et sanctà Matre ejus, partem Normaniœ quœ est dtra Sequa» nam acquisivimus.
Source : Livre "Notre-Dame de France ou Histoire du culte de la Sainte Vierge, Volume 4" par André Jean Marie Hamon
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