Guimgamp
Basilique Notre-Dame de Bon Secours
La basilique
La basilique Notre-Dame de Bon-Secours se situe au cœur de la cité historique de Guingamp, en Bretagne.
Histoire
En 1093, le comte de Guingamp, Étienne hérite du comté de Penthièvre à la mort de son frère aîné, Geoffroy.
Il
donne alors de l'envergure à la ville et à ses alentours. À l'intérieur
des murs, l'ancienne chapelle du château devient vite une paroisse
respectée et influente.
Au
XIIe siècle, l'église connue aujourd'hui sous le nom de Notre-Dame de
Bon-Secours porte les vocables successifs de Saint-Pierre et de
Saint-Paul avant de porter celui de l'église de la Bienheureuse Marie de
Guingamp, lieu de pèlerinage marial.
Au
début du XIIIe siècle, l'écroulement d'une très grande partie de
l'église entraîne la nécessité de grand travaux de reconstruction.
Ils durent plus de cinquante ans et s'achèvent vers 1350 sous le règne de Charles de Blois.
Le duc participe à l'édification de la sacristie dont il pose lui-même la première pierre et à celle du grand autel.
Marquées
par la guerre de Succession de Bretagne, et par les différents sièges
qui se succèdent lors des guerres de la Ligue, l'église et la ville sont
malmenées.
Il
faut attendre le milieu du XVIIe siècle et plusieurs évènements
successifs pour que la célébrité de l'église Notre-Dame et le culte de
la Vierge-Marie, jusque là discret, prennent de l'importance.
Le
premier événement a lieu en février 1448, lorsque le pape Nicolas V
accorde « cinq ans d'indulgence et cinq quarantaines à ceux qui
visiteront le jour de la nativité de la Sainte-Vierge (8 septembre)
l'église Notre-Dame ruinée à cause des guerres. »
Le
second événement a lieu en 1466, lorsque la confrérie des disciples de
Notre-Seigneur-Jésus-Christ, dont on dit que le duc de Bretagne Pierre
II, mort en 1457, aurait été membre, prend le nom de Frairie Blanche.
Cette assemblée est au début un groupe fraternel de Guingampais des
trois ordres : le clergé, la noblesse et le peuple.
Le troisième événement a lieu le 18 avril 1619, lorsqu'une bulle du pape Paul V accorde une indulgence plénière en faveur de la Frairie Blanche. Elle concerne : « tous les confrères qui, vraiment pénitents, confessés et communiés visiteront ladite église de Notre-Dame de Guingamp, au jour et fête de la Visitation de la bienheureuse Vierge Marie, qu'on a coutume de célébrer chaque année le premier dimanche de juillet. »
Enfin, le quatrième événement, et le plus important, a lieu en 1650, lorsqu'un grand pèlerinage régional s'organise autour de l'église Notre-Dame et de sa Vierge-Marie.
À partir de cette date, l'aura de la basilique prend une grande ampleur.
En
1669, le pèlerinage de Notre-Dame devient « le premier pèlerinage du
diocèse » et le 25 mars 1676, jour de l'Annonciation, le culte de la
Vierge du Portail devient dévotion à ITRON VARIA GWIR ZICOUR - Madame
Marie du vrai secours, Notre-Dame du Bon-Secours. Dans son livre Les
riches heures de Guingamp, Hervé Le Goff rapporte d'ailleurs le
témoignage d'un notaire de Guingamp, Pierre Hamon : « L'on a bény le don
faict par les habitants de Guingamp à la Vierge soubs le nom de Nostre
Dame de Bon Secours et ensuite l'on a porté ledict don par la ville en
procession généralle. J'ay payé pour ayder à avoir l'image de ce don 15
s. ».
Cette ferveur ne se dément pas durant tout le XVIIIe siècle.
Notre-Dame de Bon-Secours a pris très tôt le titre de paroisse ainsi que d'autres églises : Saint-Léonard, Saint-Michel et surtout La Trinité.
Mais,
après le passage de la Révolution française, avec le pillage et la
destruction de nombreux autres édifices religieux, la signature du
Concordat du 16 juillet 1801 entre Bonaparte et Pie VII, laisse
Notre-Dame de Bon-Secours seule paroisse en activité.
Il faut attendre 1857 pour assister au couronnement de la Vierge sous
le pontificat de Pie IX et le 24 octobre 1899 pour qu'une bulle papale
de Léon XIII érige ce sanctuaire en basilique mineure.
On estime que la construction de la Basilique débute donc avec le XIIe siècle et s'achève avec le XVIe siècle.
Plusieurs
restaurations rendues nécessaires à cause des aléas de l'histoire ou du
temps ont lieu durant les siècles qui suivent et transforment
profondément le visage de la basilique.
On pourrait ainsi rappeler bon nombre de malheureux évènements mais l'on en rapportera que quelques principaux.
En
1535, après un ouragan, une tour collée au portail occidental
s'effondre et entraîne avec elle le portail ouest, la nef latérale, une
partie de la grande nef et endommage les orgues et quelques maisons
avoisinantes.
À la Révolution, les républicains vident la basilique de ses coffres et de ses armoires.
Des enfeus ainsi que des autels sont détruits. Le porche Notre-Dame vandalisé est méconnaissable.
Ce dernier devient un corps de garde, la sacristie une prison, l'église une écurie.
On y entasse des bottes de foin, on vend tout ce qui peut se vendre et brûle tout ce qui brûle.
Enfin, durant la Seconde Guerre mondiale, à la libération de 1944, un obus américain détruit la tour du centre ou tour pointue.
Les alliés pensaient, à tort, qu'elle était le refuge de quelques soldats allemands.
La
dernière grande restauration date du XIXe siècle et fut entreprise sous
l'impulsion du curé de l'époque acteur du couronnement de la Vierge,
Jean-Marie Robin. Elle concernait aussi bien l'extérieur de la basilique
(porches, voûtes…) que l'intérieur (vitraux, autels, statues…).
Ni
l'histoire, ni les aléas du temps n'ont épargné la basilique Notre-Dame
de Bon-Secours. Mais celle-ci se voit depuis tout temps protégée d'un
côté par la générosité de milliers de donateurs célèbres ou inconnus et
d'un autre côté par le talent de nombreux maîtres d'œuvres.
Les différentes étapes de construction
La basilique Notre-Dame de Bon-Secours
de Guingamp (collatéral sud)
XIe ou XIIe siècle :
- L'époque précise de construction reste indéterminée. Des éléments anciens, romans, sont visibles dans les piliers, les murs et les arcs d'ogives du carré du transept.
XIIIe siècle :
- Édification de l'oratoire Notre-Dame et de la partie nord de la nef.
XIVe siècle :
- Édification du chœur (excepté le chevet), des extrémités du transept et de la partie nord qui suit l'oratoire Notre-Dame dont la sacristie (excepté les adjonctions de la sacristie).
XVe siècle :
- Construction du chevet et du déambulatoire.
- Consolidation des piliers de la croisée du transept.
- Réfection des vitraux de la partie est.
XVIe siècle :
- Réfection du bas-côté sud et du portail occidental.
- Construction de la Tour Renaissance et de la partie sud de la nef.
Le labyrinthe de la basilique
XVIIe siècle :
- Transformation du mur sud, agrandissement de l'oratoire Notre-Dame et réfection des orgues.
XVIIIe siècle :
- Consolidation du massif nord-ouest.
XIXe siècle :
- Restauration quasi complète de la basilique : vitraux, statues, porches, façades...
- Réfection des orgues.
XXe siècle :
- Restauration de la Tour du Centre, parvis sud, vitraux du bas-côté sud.
En Détails
La tour Pointue
Elle
se situe au centre de la basilique. Haute de cinquante sept mètres,
elle est surmontée d’une flèche octogonale en granit à l’extrémité de
laquelle on peut distinguer un coq perché sur sa croix en fer forgée de
trois mètres de hauteur et admirant la vue. Quatre clochetons
agrémentent cette tour, qui en compta trois pendant longtemps, et
chacune des faces du premier étage est flanquée d’une grande baie.
La tour Renaissance
La
tour Renaissance se situe du côté sud de la façade occidentale de la
basilique. Elle fut érigée au XVIe siècle, ce qui permet aux visiteurs
d’admirer le style de la renaissance. Ces pans carrés sont en granit
poli. Des moulures soulignent ses deux étages. Une tourelle contient
l’escalier qui permet d’accéder au premier étage d’où l’on peut admirer
les colonnettes du balcon, les grandes baies de la chambre aux cloches
et sur la plate-forme ainsi qu’au sommet, des canaux en forme de canons,
braqués dans toutes les directions.
La
chambre des cloches a été restaurée en 1988 et contient plusieurs
cloches. Chacune d’elles porte un ou plusieurs noms : La Grignouse,
Marie Louise Mathias, Adrienne Joséphine Louise Marie et Erwann Maurice.
La plus grosse pèse deux tonnes et porte une inscription qui donne des
informations sur son origine :
« Fondeurs
Guyomark. L’an 1568 fut feit ceste cloche pour servir Dieu et
Notre-Dame de Guingamp, par Gérome Gégou, gouverneur de ce chapelle, le
fit faire ».
La
plus ancienne fut fondue en 1430 et ne résonne plus. Elle se situe
aujourd’hui au niveau de l’absidiole sud et porte l’inscription
suivante :
« M CCC XXX . B.Michel - O.Pennec – M.A.Brun - Fabrice »
Une
autre cloche, la plus petite, appelée « la Grignouse » date de 1434 et
pèse 170kg. On notera que la cloche la plus grosse et « la Grignouse »
sont classées par les Monuments Historiques.
En
poursuivant l’observation de cette tour, on remarquera, au niveau du
portail occidental, quelques phrases qui nous renseignent sur son
origine. On pourrait les résumer ainsi : Le 29 novembre 1535, une tour
au sud-ouest collée au portail Occidentale s’effondra entraînant avec
elle le portail ouest, la nef latérale et une partie de la grande nef.
Elle endommagea aussi les orgues et quelques maisons alentours. La
première pierre de cette nouvelle tour fut posée un an après pour
remplacer l’ancienne. C’est le style renaissance qui fut choisi selon
les dessins de Jean Le Moal. Enfin, à l’intérieur, la porte de
l’escalier de la tour renaissance donne accès à une salle haute appelée
l’Arsenal. Celle-ci servit de dépôt d’arme et de munitions à la
révolution.
Plusieurs
maîtres d’œuvre se succédèrent à l’édification de la tour : Jean Le
Moal, Gilles Le Nouesec - 1548 à 1554, Jean Le Cozic - 1566 à 1570, Yves
Auffret - 1574 et 1580. La charpente fut construite, quant à elle, par
Rolland Montfort de Saint-Agathon. Au-dessous de la tour, les deux
fenêtres de la chapelle formées de pierres taillées en forme de fleur de
lys furent montées en 1581 par Yvon Auffret et la grande vitre aux
orgues fut réalisée en 1624 par les maîtres picoteurs Alain Raperou et
Jan Lelouet. Enfin, le granit de la tour semble provenir d’après S.
Ropartz, de plusieurs endroits : la perrière de Kerempilly (Bourbriac),
la carrière de la Dame Du Parc (Scouasel) et les perrières de
Kerlosquer.
La tour de l'horloge
La
Tour de l’Horloge se situe sur le côté nord de la façade occidentale.
C’est la partie la plus ancienne de l’église après les substructions
romanes. On notera la grâce de cette tour, avec ses arcs d’ogives
élancés, surmontés de gables aigus et moulurés. Le toit carré à quatre
pans en ardoises, est flanqué d’une tourelle octogonale surmontée d’un
balconnet, ancienne tour de guetteur. Cette tourelle renferme une
horloge du XVe siècle qui est en 1471 à l’origine d’un conflit entre le
promoteur de l’évêque de Tréguier et le procureur des bourgeois. Les
timbres qui sonnent les quarts d’heures sont joints à la cloche en 1688.
En 1780, la tour est fortifiée par un éperon en granit bleu et en 1980,
le clocheton qui surmonte le toit est supprimé. À l’intérieur, se
trouve la chapelle Saint-Charles De Blois qui contient le tombeau des
chanoines Yves-Marie Lemen (curé de Guingamp de 1919 à 1940) et Pierre
Le Maigat (curé de Guingamp de 1950 à 1964).
Le portail Notre-Dame
Le
portail de Notre-Dame se situe sur la façade au nord de la Basilique.
Il se compose d’un portail en fer forgé qui est divisé en deux par un
pilier central. Ce dernier est surmonté d’un bandeau de rosaces
quadrilobées. De chaque côtés du portail, un faisceau de colonnettes au
chapiteau à collerette de feuillage, soutient l’arcade moulurée en arcs
brisés. Enfin, ressortant de la façade, d’affreuses gargouilles tentent
désespérément d’effrayer les passants de la rue piétonne. Par les
quelques marches qui le précède, ce porche nous mène à l’intérieur de la
chapelle de la Vierge. Ainsi, peut-on mieux observer, sous l’ogive, le
vitrail de 1857, œuvre de Adolphe Napoléon Didron. Il se compose d’une
rose à six lobes et de deux cercles quadrilobés. Au-dessus du pilier
central du Porche, on distingue un petit vitrail contenant un N, un D et
un A cerclés de jaune : les initiales de Notre-Dame et celles du maître
verrier sans doute. À droite et à gauche de celui-ci, des quadrilobes,
dont chacun contient un triangle rouge, entourent deux anges qui
sembleraient identiques si l’un n’était vêtu de bleu et l’autre de
violet. Au-dessus, la rosace représente le couronnement de la statue de
la Vierge et de l’Enfant Jésus, cerclé des armes de la Bretagne, tandis
que quatre des lobes de la rosace représentent la vie de la Vierge
Marie. Enfin, les deux autres lobes contiennent deux armoiries dont
l’une représente les clefs et la couronne papale, hommage à Pie IX
(1846-1878). En effet, c’est après une demande de Mgr.
Jean-Marie Robin auprès du Vatican, que Pie IX accorde le 16 mai 1857
les honneurs du couronnement à la Vierge Noire de Notre-Dame et à
l’Enfant Jésus. Il faut attendre le 8 septembre 1857 pour que la
cérémonie officielle ait lieu devant une foule immense.
Le portail Sainte-Jeanne
Le
portail Sainte-Jeanne se situe sur la façade nord de la Basilique et
ouvre sur le transept nord. Il se compose de deux grandes portes en
ogive brisée, surmontées d’une grande arcade à l’ogive également brisée
et qui repose sur des colonnettes à chapiteaux sculptés. De chaque côtés
de ce portail on remarquera un large banc sortant des jambages, appelé
« banc des pauvres et des pèlerins » et quatre canons gargouilles
dispatchés autour de la sculpture. Sur le pilier qui sépare les deux
portes, se trouvait jadis une statue en bois polychrome représentant la
Vierge de l’Annonciation tenant une bible et levant la main gauche. Elle
fut restaurée au XXe siècle par les Beaux-Arts et placée à l’intérieur
de l’église au niveau de l’abside. À cet endroit, elle est accompagnée
d’une autre statue, elle-même en bois polychrome et restaurée aussi, par
les Beaux-Arts. Elle représente un ange tenant un parchemin sans
inscription. Ce dernier était situé jadis sur le pilier du portail
ouest. Les deux statues forment le groupe de la Visitation.
À
l’intérieur de la Basilique, à côté de ce portail, un bénitier porte le
nom de Yves Jégou et en face, sur le mur ouest, on peut toujours voir
une armoire à reliques et sont somptueux contenu avec sur la droite, un
oculus de verre qui permettait aux pèlerins de voir le maître d’autel
depuis la chapelle de la Vierge. On notera que c’est de ce côté que se
situaient les orgues de Notre-Dame avant 1865. Au-dessus du portail
Sainte-Jeanne, on peut admirer aujourd’hui un vitrail daté de 1857. Il
se compose de quatre vitraux verticaux, larges et peu élevés, contenant
chacun une scène : c’est la vie de la Duchesse Françoise d’Amboise,
épouse de Pierre II. Trois armoiries sont visibles sur ce vitrail dont
celles de Guingamp, celles de la Bretagne et celles du couple Ducal. On
notera que ce vitrail se lit de droite à gauche et non l’inverse comme
sur les vitraux de l’abside. Les scènes montrent successivement : la
communion de Françoise d’Amboise à la cour de Jean V (père de Pierre
II), sa souffrance face à son mari devenu jaloux et brutal, l’accession
du couple au trône Ducal après l’assassina de Gilles de Bretagne en 1450
par François premier (frère de Pierre II) et l’entrée de la Duchesse
dans l’ordre du Carmel à la mort de son mari. Les deux autres vitraux de
la façade nord datent eux de 1873 et sont l’œuvre du maître verrier
Fialex. Le premier vitrail, le plus à l’Est, représente le vœu de la
guerre. Il nous rappelle qu’à la chute du second Empire de Napoléon III
en 1870 et devant l’avancée des troupes Prussiennes, la Bretagne livrée à
elle-même implora la protection de la Vierge. Ainsi, à l’initiative de Mgr.
Chatton, curé de Guingamp, les habitants firent-ils le vœu d’un vitrail
à Notre-Dame de Bon-Secours pour implorer sa protection. Plusieurs
scènes composent cette œuvre. La première scène en bas montre les
bretons agenouillés en prière, implorant Notre-Dame devant le prêcheur
dans sa chaire. La deuxième partie, au milieu montre la défaite de
l’armée française face aux prussiens à Sedan le 2 septembre 1870. Enfin,
le troisième volet représente le miracle avec la Vierge et les évêques
de Bretagne implorant Dieu. Le vitrail le plus à l’ouest représente
l’histoire du couronnement de la Vierge en septembre 1857 par le pape
Pie IX (1846-1878). Il se compose lui aussi de trois volets. Le premier
en bas montre le pape Pie IX au Vatican remettant les couronnes des
statues de la Vierge et de l’Enfant Jésus à Mgr
Maupied ancien vicaire de la paroisse. Le deuxième volet se déroule à
Guingamp et montre les couronnes portées en procession par les
ecclésiastiques. Enfin, le troisième volet représente le couronnement
des deux statues.
Le
nom de « Sainte-Jeanne » que l’on donne à ce porche, était aussi le
prénom de l’épouse du Duc Charles de Blois (1319-1364). Elle s’appelait
Jeanne de Penthièvre dit Jeanne-la-Boiteuse et était fille unique. En
1337, elle épouse le Duc et à la mort de son oncle Jean III, elle
devient l’héritière du duché breton s’étendant de Lamballe à Guingamp.
C’est alors que le demi-frère de Jean III, Jean de Montfort (1295-1345),
soutenu par Édouard III d’Angleterre (1312-1377), lui conteste cet
héritage ce qui conduit à la guerre de succession de Bretagne en 1341.
De leur côté, Jeanne de Penthièvre et Charles de Blois pouvaient se
prévaloir du soutient de Philippe VI De Valois (1293-1350), roi de
France et frère de Marguerite De Valois, mère de Charles De Blois.
Un
an après la mort de son mari, vaincu par Jean IV (1340-1399), fils de
Jean de Montfort, à la bataille d’Auray en 1364, Jeanne de Penthièvre
signe le traité de Guérande le 12 avril 1365 mettant ainsi fin à la
guerre de Succession de Bretagne. Par la suite elle met tout en œuvre
pour accroître l’aura de son défunt époux auprès de la population, des
notables et autres croyants. Ainsi faillit-elle réussir in extrémis la
canonisation de Charles de Blois, au grand damne de Jean IV. Le 10
septembre 1384, elle meurt et est inhumée au couvent des Cordeliers
auprès de son époux.
La porte au Duc
La
porte au Duc se situe sur la façade sud de la basilique. Elle était à
l’origine réservée aux nobles du château, d’où son nom. Elle se compose
de deux portillons en plein cintres avec au-dessus deux ogives brisées
et moulurées qui se croisent. À droite et à gauche du portail, se situe
un contrefort sculpté et plusieurs fenêtres. Huit en ogives brisées,
deux autres en plein cintres. Ces deux dernières sont situées à l’ouest
du portail et surmontées d’une petite fenêtre. Celle-ci est joliment
coiffée d’un fronton renfermant les armes de Guingamp. De part et
d’autre, deux pilastres couronnés de coquilles Saint-Jacques. De chaque
côté, deux pilastres, leurs chapiteaux et leurs symboles (croix,
losanges…) entourent ces pyramides. La porte au Duc est précédée d’un
parvis en granit qui date de 1960. Quant aux vitraux de cette partie de
la basilique, ils sont, eux aussi, modernes. Un événement explique ce
fait. Le 7 août 1944, à la libération de Guingamp, un obus américain
avait provoqué l’écroulement une grande partie de la tour du Centre. Les
vitraux ainsi endommagés furent restaurés en 1967 par l’atelier de
Sainte-Marie de Quintin. Ils représentent « la descente de la croix » et
« la scène ».
La chapelle des fonts baptismaux
La
chapelle des fonts baptismaux se situe au sud du portail Occidentale.
Située à l’origine à l’endroit de la tour de l’Horloge, elle fut
réaménagée en 1850 dans la première assise de la tour Ouest selon les
plans de Jean Le Moal. Elle est donc de style renaissance au même titre
que la tour qui la contient. Les vitraux sont de Didron et la peinture
immense de son mur sud, de Alphonse Le Hénaff. Cet artiste est aussi le
peintre de l’œuvre de la chapelle Saint-Eustache de l’église de
Saint-Eustache à Paris et de l’abside de Saint-Godard de Rouen.
La
scène représentée sur la toile de la chapelle des Fonts se déroule sur
les rives asséchées du Jourdain près des montagnes de la Judée. On voit
saint Jean-le-Baptiste versant l’eau sacrée sur la tête du Christ
inclinée. Derrière ce dernier quelques hommes se prosternent et
demandent le baptême. Un juif pointe la colombe, symbole de
l’Esprit-Saint, et le ciel du doigt, pour annoncer l’accomplissement des
prophéties. À la droite du Christ, une famille, symbolisée par une
jeune femme se penchant au bras de son époux, conduit son enfant au
baptême. Vous remarquerez au second plan un homme, un peu plus éclairé,
qui vous regarde : il s’agit du portrait du peintre et par cela même sa
signature. Le tout est surmonté d’une deuxième toile qui représente Dieu
le père assis sur un trône et pointant la scène du baptême du doigt,
des anges à ses pieds.
Les
fonts sont placés sur une pierre carrée de couleur noire. Dans chaque
mur sont sculptées cinq figurines. À l’ouest, la première rangée de
têtes représente les trois âges de la vie : la voie la plus longue vers
l’éveil spirituel. Au sud, la deuxième rangée représente la sagesse : la
voie la plus courte. On remarquera à l’extrémité gauche un homme les
oreilles et la barbe en forme de coquille Saint-Jacques avec, sur le
front, un triangle dessiné. Les deux voies sont séparées à l’angle par
une sculpture représentant deux personnages : « le combat des deux
natures ».
La
signature des constructeurs est visible en bas du mur ouest, sous le
petit banc de pierre qui entoure la chapelle. Il s’agit d’une main qui
tient un triple faisceaux trifolié. On peut y voir beaucoup de choses et
personne n’en a, à ce jour, la signification exacte.
La chapelle Saint-Charles de Blois
La
chapelle Saint-Charles de Blois date du XIIIe siècle. Elle se situe à
l’endroit de la tour de l’Horloge, au nord du portail occidental. Cette
chapelle est la partie la plus ancienne de la basilique après les
substructions romanes.
Aux
pieds des visiteurs, deux plaques indiquent l’endroit du tombeau des
chanoines Yves-Marie Lemen (curé de Guingamp de 1919 à 1940) et Pierre
Le Maigat (curé de Guingamp de 1950 à 1964). Un beau vitrail sur une
fenêtre à lancette éclaire l’endroit. Deux armoiries y figurent dont
celles de Châtillon de France, hommage à la famille du duc Charles de
Châtillon-Blois. On notera cependant que le corps de Charles de Blois ne
se trouve pas dans cette chapelle.
Durant
sont règne de 1341-1364, le duc de Bretagne, Charles de Blois, fit
beaucoup pour le rayonnement de son duché et tenta, avec insuccès, de
défendre l’héritage des Penthièvres face à son ennemi Jean de Montfort
(1295-1345), marquant ainsi les mémoires lors de la guerre de Succession
de Bretagne (1341-1365). Il fit beaucoup pour la prospérité des
couvents guingampais et notamment ceux des frères franciscains : les
cordeliers. La basilique Notre-Dame de Bon-Secours quant à elle fut
aussi protégée et couverte de dons. Il y contribua entre autres, à
l’édification de la sacristie dont il posa la première pierre, et à
l’édification du grand autel. Lorsque Charles de Blois fut tué durant la
bataille d’Auray en 1364, on l’inhuma selon ses volontés, au couvent
des Cordeliers, « la chapelle des Penthièvres », qu’il tenait en très
grande estime.
On
notera que l’emploi du terme « Saint » pour qualifier Charles de Blois
fut pendant longtemps un hommage populaire à la bonté et à l’aura du
personnage avant de devenir une réalité historique. En effet, un procès
en canonisation du duc se tint le 9 septembre 1371, après de nombreux
cas de miracles autour de sa tombe et une ferveur populaire en
croissante exponentielle. Cela donna lieu à une sévère bataille
diplomatique entre Jean IV Le Vaillant (1340-1399) qui voulait étouffer
la popularité posthume de son ennemi et Jeanne de Penthièvre, épouse de
Charles, qui y trouvait, quant à elle, grand intérêt pour la reconquête
de son Duché et sa vengeance personnelle. Le procès se déroula à Angers,
dans l'église des frères mineurs, pour éviter les obstructions de Jean
IV. Mais en dernier lieu, devant le conflit franco-anglais que cette
canonisation risquait de raviver, le pape Grégoire XI (pape de 1370 à
1378) décida, revenant in extremis sur sa décision, de ne pas canoniser
Charles de Blois. L’histoire aurait donc pu en rester là sans l’action
courageuse, à la fin du XIXe siècle, d’un moine de l’abbaye poitevine de
Ligugé : dom Plaine. Ce dernier réussit à faire rouvrir le procès en
canonisation du défunt duc. Ainsi, les travaux commencés en 1892,
aboutirent-ils, le 14 décembre 1904, à un décret du pape Pie X (pape de
1903 à 1914) béatifiant Charles de Blois.
La chapelle de la Vierge
La
chapelle de la Vierge se situe au nord de la basilique. Elle se compose
d’un portail en fer forgé qui est divisé en deux par un pilier central.
Ce porche nous mène à la chapelle Notre-Dame. Il est surmonté d’un
vitrail composé d’une rose à six lobes et de deux cercles quadrilobés.
Il est l’œuvre de Adolphe Napoléon Didron et date de 1857. En regardant
les vitraux de l’intérieur de cette chapelle, on voit mieux les motifs
qui y sont dessinés. Au-dessus du pilier central du porche, on distingue
un petit vitrail contenant un N, un D et un A cerclé de jaune : les
initiales de Notre-Dame et celles du maître verrier sans doute. À droite
et à gauche de celui-ci, des quadrilobes, dont chacun contient un
triangle rouge, entourent deux anges qui sembleraient identiques si l’un
n’était vêtu de bleu et l’autre de violet. Au-dessus, la rosace
représente le couronnement de la statue de la Vierge et de l’Enfant
Jésus, cerclé des armes de la Bretagne, tandis que quatre des lobes de
la rosace représentent la vie de la Vierge Marie. Enfin, les deux autres
lobes contiennent deux armoiries dont l’une représente les clefs et la
couronne papale, hommage à Pie IX (pape de 1846 à 1878). En effet, c’est
après une demande de Mgr. Jean-Marie
Robin auprès du Vatican que Pie IX accorde le 16 mai 1857 les honneurs
du couronnement à la Vierge noire de Notre-Dame et à l’Enfant Jésus. Il
faut attendre le 8 septembre 1857 pour que la cérémonie officielle ait
lieu devant une foule immense.
En
1650, devant la ferveur populaire déclenchée par la création d’un grand
pèlerinage régional organisé autour de l’église Notre-Dame et de sa
Vierge Noire, lançant ainsi le culte de Notre-Dame de Bon-Secours, des
travaux d’agrandissement et d’embellissement de l’oratoire durent être
envisagés. C’est pourquoi le retable en tuffeau auquel est adossée la
Sainte aujourd’hui, œuvre du sculpteur Ollivier Martinet, date de 1670.
C’est aussi pourquoi, les entrepreneurs Alain Labat et Guillaume Le Fol
réalisèrent l’avancement du portail de 4 mètres, en 1672. À l’intérieur,
la statue de la Vierge en bois polychrome, que l’on dit provenir de
Marseille, porte l’Enfant-Jésus. La statue de procession de la Vierge se
situe, quant à elle, à l’intérieur de la Basilique. Les couronnes
posées en 1857 ont été réalisées en 1855 par Hippolyte Paul Desury
(orfèvre. 1835 - 1894). L’autel actuel et son baldaquin sont en granit
de Kersanton et datent de 1854. Au-dessus de l’autel, le piédestal de la
Vierge, sur lequel elle ne se trouve plus, représente un visage
d’homme. De chaque côté, surmontant le baldaquin, des anges en pierre de
Caen brûlent des parfums. Enfin, de chaque côté de la Vierge, deux
portes en chêne du XIVe siècle permettent d’accéder à l’église.
Au
pied des visiteurs, le labyrinthe en granit bicolore intrigue. Il date
de 1854 et représente le chemin difficile qui doit mener tout homme et
toute femme vers l’accomplissement de sa quête intérieure : la voie qui
les mène vers l’éveil spirituel. En son centre, en lettres jaunes, on
peut lire les inscriptions : « ave maria ». Un coffre du XVe siècle
présent autrefois au pied de l’autel participait aussi à cette
symbolique. Il représentait le trésor intérieur et contenait aussi « le
trésor » de Notre-Dame pillé à la révolution. Aujourd’hui transformé en
tronc, le coffre se situe à côté de la porte d’accès de l’escalier de la
Tour Plate.
Sur
les flancs du porche, on contemple douze niches contenant les immenses
statues des Apôtres sculptées par le briochin M. Ogé entre 1854 et 1860
(à l'ouest : St-Paul, St-Jacques, St-André, St-Mathieu, St-Simon,
St-Jude - A l'est : St-Pierre, St-Jean, St-Thomas, St-Philippe, St-?,
St-Barthélemy). Au pied de ces sculptures, des motifs symboliques sont
inscrits dans la pierre à l’intérieur de cercles.
Sur
le mur de l’Est, on aperçoit une plaque en mémoire des anciens
combattants de la guerre franco-allemande de 1870 : « A.N.D. de Bon
Secours la ville de Guingamp reconnaissante. L’armée prussienne menaçant
nos frontières, un vœu solennel a été fait le 8 Xbre 1870 ; et la
Bretagne a été sauvée ». Cette plaque nous rappelle qu’à la chute du
second Empire de Napoléon III (1808-1873), en 1870, et devant l’avancée
des troupes Prussiennes, la Bretagne livrée à elle-même implora la
protection de la Vierge. Ainsi, à l’initiative de Mgr.
Chatton, curé de Guingamp, les habitants firent-ils le vœu d’un vitrail
à Notre-Dame de Bon-Secours pour implorer sa protection. Sur le mur de
l’ouest, trois autres plaques nous renseignent un peu plus sur
l’histoire de la Basilique. La première porte l’inscription suivante :
« A.N.D
de Bon- Secours les habitants de Guingamp pour la grâce insigne de la
Mission de 1892. priorem misericordiam posteriore superasti (Luth
III-10) ».
Sur
la deuxième plaque on peut lire « Reconnaissance N.D. de Bon-Secours
Xbre 1889 ». Enfin, sur la troisième plaque le message inscrit est le
suivant : « Reconnaissance à la Sainte-Vierge et à Saint-Joseph Mars
1869 ».
Sur
le mur entre les deux portes de la chapelle, à l’intérieur de l’église,
une grande plaque rappelle que l’église Notre-Dame de Bon-Secours fut
élevée au rang de basilique mineure par une bulle du pape Léon XIII
(pape de 1878 à 1903). Elle se compose d’une inscription en latin qui
lui rend hommage et l’on peut voir au-dessus les armoiries de ce
dernier. Elles sont accompagnées de celles de Mgr
Fallières évêque de Saint-Brieuc et de Tréguier à l’époque. Cette
plaque contient aussi les armes de Guingamp, de la Bretagne, de la
famille Châtillon de France et du couple ducal ; Pierre II et Françoise
d’Amboise. On notera ici, que ce n’est pas le blason de Châtillon de
Bretagne qui est représenté mais bien celui de Châtillon de France,
hommage à Charles de Blois-Châtillon. Ce dernier emblème est aussi
visible sur le vitrail de la chapelle de Saint-Charles de Blois, au
nord-ouest de la basilique. Si l’on revient au panneau des armoiries, on
remarquera, qu’il est entouré de trois cordelettes et accompagné d’une
inscription latine indiquant : « un triple lien est difficile à
rompre ». Il s’agit du symbole et de la devise de la Frairie Blanche.
D’abord confrérie des disciples de Notre-Seigneur- Jésus-Christ, elle
prend son nom de « Frairie » en 1466. Cette assemblée est, à ses débuts,
un groupe fraternel de Guingampais des trois ordres : le clergé, la
noblesse et le peuple. Elle deviendra par la suite une assemblée de
bourgeois et de notables avant de retrouver sa pitié initiale.
Enfin,
pour terminer, rappelons que le porche Notre-Dame et la chapelle
connurent bien des aléas au cours de leur histoire. Pendant la
révolution, vers 1792, le porche fut transformé en corps de garde. Selon
les propos tenus en 1846 par un chanoine nommé Kermoalquin, une crypte
existant sous la chapelle actuelle et portant le nom de Notre-Dame
Sous-Terre fut détruite :
« autrefois,
un des objets de la vénération des pèlerins était une crypte creusée
sous la chapelle actuelle et portant le nom de Notre-Dame Sous-Terre.
Cette crypte a été détruite en 1792 et couverte d’un revêtement de
dalles ».
La
statue de la Vierge, elle-même, fut mutilée pendant cette période.
C’est bien plus tard que l’homme qui emporta la tête finit par se
confesser à l’abbé Lagain en 1805 et la restitua. Le buste de la statue,
quant à lui, fut retrouvé un peu plus tard et en 1854, la statue de
l’Enfant-Jésus fut découverte, après quelques soucis d’identification,
dans une autre partie de l’église. Fin glorieuse, le 8 septembre 1857,
sur décision de Rome, l’évêque de Saint-Brieuc, assisté de quatre
Prélats, devant six cents ecclésiastiques et une foule immense de plus
de 20 000 personnes, couronna d’or la statue de la Vierge Noire et de
l’Enfant-Jésus de Notre-Dame de Bon-Secours.
La chapelle des Défunts
La
chapelle des défunts, jadis chapelle de la Trinité ou chapelle de
Saint-Denis, se situe sur le bas-côté nord de la Basilique. Elle se
compose d’un autel en granit de Kersanton dessiné par Darcel et sculpté
par Hernot. Toute l’ornementation ainsi que les dessins du carrelage
sont quadrilobés. Trois marches de marbre noire permettent d’accéder à
l’autel et sur l’une d’elle, une inscription au sol précise : « Labbe à
St-Brieuc ». Sur le mur de cette chapelle se trouve la statue de
Sainte-Jeanne surmontée de l’inscription : « Sainte-Jeanne - Protège les
enfants du monde ». En dessous de la statue, un tabernacle est orné de
l’image d’un pélican. Ce dernier déploie ses ailes nourrissant ses fils
de son sang et de ses entrailles ; c’est le symbole de l’amour paternel.
Inaugurée
le 8 septembre 1857, l’autel de la chapelle des défunts remplace une
grande machine en bois doré qui avait elle-même remplacé un autre
autel : l’autel de Gouicquet. Ce dernier fut concédé en août 1507 à
Bertrand Gouicquet et son épouse Isabelle Chéro en récompense de leur
bonté. L’autel de Gouicquet était orné d’une grande statue représentant
le très controversé Rolland Gouicquet, défenseur assuré de la cause
Bretonne face à Charles VIII (1483-1498), roi qui voulait annexer le
Duché Breton à la France. La légende donne à Gouicquet le titre de
Sauveur de Guingamp. Une description de cette sculpture indique que la
statue mesurait un mètre trente cinq et représentait le héros vêtu de
son armure, tenant son épée de la main droite et son fourreau de
l’autre. Concernant encore l’ornementation de cette chapelle, on put
admirer jadis, au-dessus de l’autel, une toile immense de Alphonse Le
Hénaff. Aujourd’hui disparue, cette peinture représentait la scène du
réveil des morts dans la vallée du roi Josaphat. Sur le côté nord enfin,
il ne reste que quelques fragments du vitrail de la grande baie. Il
représentait semble-t-il, la « Passion du Christ ». Une vitre en verre
blanc, au-dessus du porche Sainte-Jeanne, contenait les armes du duc
Charles de Blois et les deux vitres à côté portaient l’une le nom de
vitre de Saint-Loup et l’autre le nom de vitre de Sainte-Suzanne.
La chapelle Saint-Jacques
La
chapelle Saint-Jacques se situe près de la porte au Duc sur le bas-côté
sud de la Basilique. Ce fut, jusqu’en 1621, l'endroit où se réunissait
la communauté de ville.
Cet
endroit de la basilique est dédiée à la spiritualité et fut jadis le
siège de la confrérie des Cordonniers. La signature de cette fraternité
en forme de corde, est toujours visible sous un mascaron dont le papyrus
porte le message suivant : « quid quid agas sapienter agas et respice
finem » - « tout ce que tu fais, fais-le avec sagesse et pense au but à
atteindre. » Les Cordeliers ont beaucoup compté dans l’histoire de la
ville de Guingamp. Établis le 4 octobre 1283 grâce à la protection du
duc Jean II (1239-1305), ils prospèrent sous le règne de Charles de
Blois (Roi de 1341 à 1364) qui les tient en très grande affection. Ils
constituent une communauté de moines dits mineurs ou franciscains ne
vivant que de quêtes et de dons et qui acquièrent bien vite popularité
et influence auprès du peuple, des bourgeois et des notables. De
Guingamp, ils s’installent à Grâces en 1581 à la suite de l’incendie de
leur couvent lors des guerres de la Ligue. Au-dessous, du phylactère des
Cordeliers, une plaque rend hommage au chanoine G. Thomas avec ces
mots : « Souvenez-vous dans vos prières du chanoine G.Thomas
curé-archiprêtre de Guingamp 1941.1960 ». Au-dessus du phylactère, se
trouve la très belle statuette de saint Jacques avec le bourdon à la
main droite, le visage tourné vers la lumière divine, vers l'Orient.
Saint Jacques dit Jacques le Majeur est un des douze apôtres du Christ.
Il est le frère de Saint-Jean l’Évangéliste et fut martyr en l'an 44. La
statue le représente coiffé d’un chapeau orné d’une coquille
Saint-Jacques, vêtu de son habit de pèlerin, à la recherche de Dieu.
À
l'ouest, le majestueux orgue de la Basilique, domine les visiteurs. Au
cours de son histoire, il connaît plusieurs restaurations. En 1640, la
communauté de ville souhaite remplacer l’instrument devenu vétuste par
un autre plus complet et volumineux, nécessitant la confection d’un
nouveau buffet. L’inauguration a lieu le 13 août 1647. En 1865, comme le
laisse entendre une inscription sur le mur auquel il est adossé,
l’orgue de Notre-Dame, est restauré, complété et transféré du bas-côté
nord de la basilique vers la chapelle Saint-Jacques.
« Ces
orgues construites par M.Loret facteur à Termonde (Belgique) ont été
reçues par la fabrique le 15 février 1865. M.M.Robin : chanoine
cure-doyen de Botmilian. président : Le Jolly, Trésorier : Le Calvez.
Maire. Le Buffet est en partie celui qui fut fait en 1646. Il a été
restauré et complété sous la direction et d’après les plans de
M.S.Ropartz secrétaire de la fabrique par J.Belon. Menuisier, P. Ogé
sculpteur et J.M. Fovanis. Serrurier ».
Bien
plus tard, dans les années 70, l’orgue devenu muet, la ville de
Guingamp entreprend une restauration complète avec le concours du
ministère des Affaires culturelles et celui de la paroisse. Après les
travaux de l’entreprise Renaud de Nantes qui procède à la restauration
en juillet 1974, l’instrument retrouve sa place au début de l’année
1975. Le nouvel Orgue comporte aujourd’hui 39 jeux tous réunis (Grand
orgue : 12 jeux - Positif : 9 jeux - Pédale : 7 jeux - Récit expressif :
11 jeux), répartis sur trois claviers manuels de 56 notes et un
pédalier de 32 notes.
Enfin,
pour terminer la description de la chapelle Saint-Jacques, on notera
que la porte au Duc est surmontée de vitraux modernes du XXe siècle. En
effet, Le 7 août 1944, à la libération de Guingamp, un obus américain
provoqua l’écroulement d’une grande partie de la tour du Centre. Les
vitraux, ainsi endommagés, furent restaurés en 1967 par l’atelier de
Sainte-Marie de Quintin. Ils représentent « la descente de la croix » et
« la scène ».
La chapelle de la Trésorerie
La
chapelle de la Trésorerie se situe de suite au sud de la Porte au Duc
sur le bas-côté sud de la Basilique. Elle contient le tombeau de Mgr.
Pierre Morel. Originaire d’une famille de bourgeois guingampais, cet
ecclésiastique fut archidiacre de Tréguier de 1384 à mai 1401 date de
son décès et fut inhumé dans la basilique le même mois. Sous son
épiscopat, il contribua à l’achèvement de l’édification de la cathédrale
de Tréguier dont la construction entreprise en 1328 avait été
interrompue par la guerre de Succession de Bretagne (1341-1365). Il fut
aussi l’artisan d’un gigantesque chantier naval et militaire et, étant
très érudit, il constitua une riche bibliothèque pour le couvent des
Cordeliers de Guingamp et une autre pour la Basilique Notre-Dame de
Bon-Secours.
L’enfeu
fut endommagé à la révolution. Il montre Pierre Morel vêtu de ses
ornements pontificaux. Au fond, on distingue Saint-Tugdual, l’un des
sept Saints fondateur de la Bretagne et constituant du sceau de Mgr.
Morel. Deux femmes présentent le prélat agenouillé à la Vierge et
l’Enfant Jésus. À la clef de voûte, on discerne à peine son écusson avec
armes d’argent et léopard de gueules.
Enfin,
concernant cette chapelle de la Trésorerie, on admirera le superbe
plafond en lambris arrondis et sculptés à la retombée des arcs.
Au-dessus, se trouve une secrétairerie édifiée en 1570 et voisine de la
salle de la communauté de ville qui date, elle, du début du
XVIIe siècle.
La chapelle du Saint-Sacrement
La
chapelle du Saint-Sacrement se situe dans la partie Est du bas-côté sud
de la basilique. Autrefois dénommée chapelle de la Vierge, elle fut
garnie en 1860 d’un autel en marbre blanc. Plus tard, à la libération de
Guingamp, celui-ci fut détruit par la chute d’une grande partie de la
tour du Centre, le 7 août 1944, à la suite de l’explosion d’un obus
allié. Une fois la chapelle restaurée, on y aménagea un oratoire du
Saint-Sacrement composé d’un enfeu en ogive brisée garnit d’un
tabernacle mérovingien. Cette petite relique conserve les hosties
consacrées : les Saintes Espèces. En son centre est représenté l’Agneau
mystique et la croix, symbole du sacrifice eucharistique et rédempteur
de Jésus-Christ
La nef
Le
nord de la nef est la partie gothique du XIIIe siècle tandis que le sud
correspond à la partie Renaissance XVe et XVIe siècles. Le côté nord
est mouluré et se compose de quatre travées aux arcades en arcs brisés,
portées par un faisceaux de huit colonnettes surmontées de chapiteaux à
collerettes de feuillage. Le triforium est composé de rectangles
allongés constitués de plusieurs baies aux motifs trilobés pour la
partie haute et rosacés pour la partie basse. Le côté sud est composé de
quatre travées aux arcades en arcs brisés et moulurées, supportées par
des piliers massifs par opposition aux faisceaux de colonnettes de la
partie nord. Ces piliers sont cylindriques et reposent sur une base
carrée. De ce côté, le triforium est typiquement renaissance. Chaque
élément est coupé en son milieu par une balustrade posée sur des
colonnettes cannelées. Tout en haut, une coursive aveugle, aux piliers
finement sculptés, supporte un bandeau de coquilles Saint-Jacques.
De
ce côté si de la grande nef, au sud, s’observent aussi de nombreux
motifs et sculptures. Sur le premier pilier renaissance par exemple, est
posée la statue de Saint-Pierre tenant les clefs, symboles du pouvoir
spirituel du Saint-Siège. Sur le troisième pilier sud se situe aussi la
très belle statuette de Saint-Léonard, patron des prisonniers, le visage
tourné vers le sud-ouest, et non vers l’est, entourée de quatre autres
statuettes qui personnifient les quatre vertus cardinales : la prudence,
la force, la tempérance et la justice. Sur ce même pilier et sur un
autre un peu plus loin on remarque la signature des Cordeliers en forme
de corde. Encore plus loin, sur le gros pilier sud-ouest de la croisée
du transept, trois statues dominent les visiteurs : Jeanne d’Arc,
Sainte-Maguerite et Sainte-Catherine. En-dessous on remarquera de
superbes panneaux de bois sur chaque côté de la base du pilier. Ils sont
l’œuvre du sculpteur Le Goff et datent de 1918. À l’ouest, la scène
représente Jeanne d’Arc écoutant ses voix, au sud, L’Entrée triomphale à
Orléans et à l’est, Le Sacre de Charles VII. Enfin, le panneau du nord,
divisé en deux parties, montre d’une part Le Supplice de Jeanne d’Arc
et de l’autre L’Apothéose. Sur ce dernier, on distingue l’emblème de la
Pucelle qui aida le roi Charles VII (1403-1461) à monter sur le trône.
Le blason est un peu modifié par rapport à l’original puisque la
couronne royale surmonte ici l’épée et les fleurs de lys.
Enfin,
concernant la partie centrale de la grande nef, on notera que les
voûtes étaient en lambris jusqu’en 1865 avant d’être refaites en
calcaire de Caen. La chaire en bois date, quant à elle, du XIXe siècle.
La croisée du transept
De
l’édifice roman primitif, on devine les arcades romanes en plein
cintres sous la maçonnerie qui les enrobe. Les anciens piliers romans se
retrouvent prisonniers dans les nouveaux supports rectangulaires à
colonnes engagées dans les quatre directions. Ceux de l’ouest
contiennent en plus, un escalier permettant l’accès aux voûtes et aux
triforiums. Le mur de rejoint à l’arc brisé est creusé d’un triforium de
liaison.
La
croisée du transept est marquée par le symbolisme avec de nombreuses et
énigmatiques têtes expressives ressortant des piliers : un homme
pensif, une tête de femme dubitative, une tête de bélier…
Le chœur
Le
chœur de la basilique Notre-Dame-de-Bon-Secours est entouré de quatre
gros piliers offrant chacun aux regards des visiteurs avertis, des têtes
de personnages énigmatiques. Autrefois, cette partie de l’église
contenait un enfeu sous forme de tombe armoirisée de la famille Le Brun
avec au-dessus une pyramide en pierre. Une plaque de marbre avec une
corniche de bois portait une inscription qui indiquait que Jacques Le
Brun avait été gouverneur de Notre-Dame de Bon-Secours en 1656.
Aujourd’hui, on est surpris par une petite statue au détour du pilier
sud- ouest représentant un jeune homme vêtu d’une robe de bure, tenant
une fleur de lys à la main droite et s’appuyant sur ce qui ressemble à
une hache : c’est Saint-Joseph.
Au
XVe siècle fut édifié en la basilique Notre-Dame de Bon-Secours, le
chevet et son déambulatoire. Les piliers du XIIIe siècle se trouvant
trop minces pour supporter la voûte du chœur et ses bas-côtés, quatre
arcs-boutants furent ajoutés. Ils s’appuient sur les piliers en-dessous
du chapiteau et sur les murs des bas-côtés, rajoutant ainsi à la majesté
de l’église.
Sous
l’ancien chœur, proche du deuxième pilier, se trouve un caveau qui
renferme les corps de personnages célèbres. À l’origine, ces derniers
furent inhumés dans la chapelle des Cordeliers. Cependant, après
l’incendie de ce couvent lors des guerres de la Ligue en Bretagne, leurs
corps furent transférés en Notre-Dame à l’initiative de madame de
Martigues veuve de Sébastien du Luxembourg. Voici une liste non
exhaustive des personnes inhumées sous le chœur de Notre-Dame :
- – Jean Des Brosses, gouverneur de Bretagne, mort en 1565 ;
- – dame Martigues, son épouse, morte en 1613 ;
- – Sébastien Du Luxembourg, duc de Penthièvre, gouverneur de Bretagne, mort en 1569 ;
- – sa fille Marie.
Enfin,
on rappellera une généalogie qui, malgré sa complexité, permet de mieux
comprendre l’origine de ces personnages : Sébastien du Luxembourg était
le fils de Jean des Brosses, lui-même arrière-petit-fils de Nicole de
Blois, elle-même fille de Charles de Bretagne, sire d’Avaugour, et
petite fille de Marguerite de Clisson. Marguerite de Clisson était quant
à elle l’épouse de Jean de Blois, fils de Charles de Blois. Sébastien
du Luxembourg, vicomte de Martigues, était un soldat de valeur et fut
tué lors du siège de Saint-Jean d’Angély, le 30 novembre 1569. Sa fille
Marie se maria à Philippe Emmanuel de Lorraine duc de Mercœur et de
Penthièvre (1558-1602), nommé gouverneur de Bretagne en 1582.
Le déambulatoire
Au
niveau du déambulatoire, les remplages des fenêtres sont de style
flamboyant. Cette forme particulière du gothique affectionne les
lancéolés imitant des flammes et succède au gothique rayonnant. Les
feuillages sculptés des chapiteaux, les culots à corolles des retombées
et d’anciennes statues s’offrent aussi au regard des visiteurs.
Au nord se trouvent deux enfeus. Le premier, le plus à l’ouest, est celui de Mgr.
Galerne, curé de Guingamp de 1871 à 1882. Sur son tombeau est posé une
sculpture en bois qui recouvre son épitaphe. Le deuxième enfeu est celui
de Mgr. Jean-Marie Robin ancien
curé-doyen de Guingamp. Cet ecclésiastique demanda avec succès, vers le
milieu du XIXe siècle, les honneurs du couronnement de la Vierge noire
de Guingamp. Il participa aussi à de grands travaux de restauration à
l’intérieur de la basilique. Sur labbe de marbre on peut lire une
inscription latine qui nous renseigne sur sa personne :
« Ici
gît extrêmement vénéré, messire Jean-Marie Robin, doyen de cette église
et chanoine du diocèse de St-Brieuc et Tréguier, vicaire général.
Pendant 20 ans il gouverna cette paroisse avec la plus grande douceur.
Il mourut le 24 décembre de l’an du seigneur 1865 âgé de 70 ans.»
J.M.Robin
est représenté muni de ses vêtements sacerdotaux, la tête appuyée sur
un coussin. De chaque côtés, des anges veillent. Celui du chevet déroule
un parchemin qui contient quelques mots : « Défuntus adhuc loquitir » -
« le défunt parle encore. » Proche du chœur, au sud, un mémorial rend
hommage aux combattants de la guerre 14-18. À côté, on peut admirer un
enfeu. C’est celui de Rolland de Coatgourheden, sénéchal de Charles de
Blois et seigneur de Locmaria. Une inscription pratiquement illisible
indique ceci : « Rolland de Coatgourheden . Chevalier . Seigneur. De .
Locmaria . Sénéchal . Du . Duc . Charles . De . Blois . » Le sénéchal
est revêtu de son armure, étendu et les mains jointes. Sa tête est
soutenue par deux anges. À ses pieds est assis un lion et sur le côté
gauche deux autres anges veillent. Au fond, le duc Charles de Blois
présente à Notre-Dame et l’Enfant Jésus, Rolland de Coatgourheden
agenouillé. Les armoiries du sénéchal sont visibles sur la droite :
gueules à la croix engrêlées d’argent. Partout autour, sont dessinés les
écussons aux armes des De Coatgourheden. Sur la gauche, Charles de
Blois porte sa couronne de Duc tandis que sur la droite figure une
inscription latine signifiant : « dans la croix espérance et force ».
L’enfeu dégage une impression de sérénité et de respect avec ses arcades
et ses broderies de pierre sculptées. On notera qu’à l’extérieur, sur
la partie inférieure, des statuettes ressortent de la pierre avec de
chaque côtés l’écusson des Du Parc Dde Locmaria, héritiers des De
Coatgourheden. Enfin, on pourra ajouter avec prudence que certaines
sources laisseraient penser qu’il ne s’agit pas vraiment ici du tombeau
du sénéchal Rolland de Coatgourheden mais plutôt de celui de son neveu.
Plus
sérieusement, on remarquera au niveau du mur sud du déambulatoire,
trois magnifiques vitraux. Ils sont l’œuvre du maître verrier Fialex et
datent de 1863. Ils représentent successivement : une évocation de deux
ordres déviants, les pharisiens et les protestants, le couronnement de
la Vierge par Jésus et la Charité.
L'abside
L’abside
de la basilique Notre-Dame de Bon-Secours date du XVe siècle. Elle
était dotée à l’origine de trois petits autels dédiés à saint
Jean-Baptiste (absidiole nord), Notre-Dame-de-Pitié (centre) et
Saint-Joseph (absidiole sud). Elle est ornée aujourd’hui d’un bas-relief
en bois polychrome qui représente des scènes de la « Passion du
Christ ». Il provient de l’ancienne chapelle de Pors An Quen détruite en
1900. De part et d’autre du maître d’autel on peut admirer deux
statues. L’une d’elle représente la Vierge de l’Annonciation tenant une
bible et levant la main gauche. Située jadis sur le pilier central du
portail Sainte-Jeanne, elle fut restaurée par les Beaux-Arts au
XXe siècle et placée à l’intérieur de l’église. À cet endroit, elle est
accompagnée d’une autre statue, elle-même restaurée par les Beaux-Arts
et représentant un ange tenant un parchemin sans inscription. Cette
dernière était située sur le pilier du portail ouest. Les deux
sculptures en bois forment le groupe de la Visitation. Ce ne sont
cependant pas les seules statuettes présentes dans cette partie de la
basilique.
Dans
l’absidiole nord, on note la présence de quatre statuettes :
St-Elisabeth, Un ange tenant une épée, St-Jean et St-Joachim. Ces
derniers entourent un parasol formé de bandes rouges et jaunes
représentant le droit de pavillon et une petite clochette surmontée d’un
beffroi de bois sculpté portant les armes de la basilique : symbole du
droit de Beffroi. Ces deux privilèges furent accordés à l’église
Notre-Dame de Bon-Secours le 24 octobre 1899 après qu’une bulle papale
de Léon XIII ait élevé l’église au rang de Basilique Mineure. On notera
que le beffroi est celui d’origine tandis que le parasol fut restauré en
2000, cent ans après l’officialisation des privilèges, en 1900. Enfin,
dans l’absidiole sud, on peut admirer les statuettes de St-Gabriel,
St-Bernard, une statue portant l’inscription « patron des ouvriers »
(St-Joseph) et une statue portant l’inscription « Le modèle des mères ».
À
l’origine plat, le chevet fut entre 1462 et 1484, remplacé par l’abside
polygonale actuelle, après une donation du recteur de Tréveneuc : dom
Jéhan Le Croez. À partir de 1846, un travail de restauration
quasi-complet fut mené dans la basilique endommagée par le tumulte de la
révolution. Il se déroula sur une trentaine d’années sous l’action de Mgr. Jean-Marie Robin et de Mgr.
Le Goff. C’est pourquoi les huit vitraux de cette partie de la
Basilique datent de cette époque. Ils sont l’œuvre de Didron pour le
haut de la maîtresse vitre, l’œuvre du maître verrier Fialex pour le
vitrail du mur sud de l’absidiole sud et l’œuvre des ateliers parisiens
Laurent & Gzelle pour le reste. Chacun d’entre eux contient les
armes et les devises des familles nobles de l’ancien régime généreuses
donatrices de ces vitraux.
Ceux
de l’absidiole nord représentent successivement : la présentation de
Marie au Temple de Jérusalem, la vie de saint Jean Baptiste et La
Nativité. Ce dernier comporte aussi un hommage à l’ordre des frères
mineurs capucins par la représentation de saint François d’Assise,
patron de l’ordre. Le vitrail du haut de l’abside est une reproduction
partielle d’un vitrail de Pierre du Moulin du XVe siècle et date de
1860. Il représente le duc François II (1435-1488) avec sa deuxième
épouse Marguerite de Foix (1449-1486) et leurs deux enfants Anne de
Bretagne (1477-1514) et Isabeau, agenouillés en prière, appuyés contre
un prie-dieu au pied de la statue de la Vierge couronnée. Toute la scène
est surmontée des armes de la Bretagne. Le vitrail du bas de 1850
représente la Visitation et se compose de deux scènes. La première
montre la procession du pardon de Guingamp, de nuit. La deuxième montre
la Visitation avec de gauche à droite : Joseph, Marie, Élisabeth et
Zacharie. Enfin, les trois vitraux de l’absidiole sud représentent
successivement : un hommage à l’ordre mendiant du Carmel, la Sainte
famille et une évocation de deux ordres déviants : les pharisiens et les
protestants. Ce dernier vitrail date de 1863.
Le chevet
Le
chevet représente l’extrémité de la nef derrière le grand autel. À
l’origine plat et composé de trois grandes fenêtres, il fut entre 1462
et 1484, remplacé par une abside polygonale après une donation du
recteur de Tréveneuc Dom Jéhan Le Croez. Le plafond est en pierre
contrairement aux plafonds de l'abside en briques. Il s’agissait sans
doute ici d’une manière de solidifier l’adjonction. On observera enfin
une balustrade formant une galerie de ceintures aux motifs flamboyants à
la base du toit.
L'orgue
Le
majestueux orgue de la basilique Notre-Dame de Bon-Secours se situe sur
le bas-côté sud, dans la chapelle Saint-Jacques. Au cours de son
histoire, il connut plusieurs restaurations.
Le
29 novembre 1535, la tour sud-ouest de la basilique, collée au portail
occidental s’effondre et entraîne avec elle le portail ouest, la nef
latérale et une partie de la grande nef. Elle endommage aussi l’orgue.
Plus tard, en 1640, la communauté de ville souhaite remplacer
l’instrument devenu vétuste par un autre plus complet et volumineux,
nécessitant la confection d’un nouveau buffet. Deux projets sont alors
proposés. Le premier est présenté le 21 novembre 1644 par René Le
Baillif (cordelier à Rennes) et Guy Royer (facteur d’orgues à Rennes) à
la demande de François Le Goff de Kereven, gouverneur et administrateur
des biens et revenus de Notre-Dame, mais ne convainc guère. Le deuxième
projet est proposé le 21 janvier 1645 par Henry Faignon (facteur
d’orgues) et rencontre un vif succès. Plus ambitieux, il prévoit 27 jeux
répartis entre le grand orgue, le positif et la pédale ainsi que de
nombreuses expressions (trompettes, voix humaines, clairon) et l’emploi
de matériaux tels que l’étain, le bois ou le cuivre. L’accord ainsi
conclu, plusieurs contrats sont ensuite signés pour la conception
suivant les dimensions de : 8 pieds pour les orgues et 4 pour le
positif. Un contrat est passé en février 1645 entre la communauté et
François Le Gal de Guerouat pour le bois du jubé des orgues. Pour
l’assujettissement de la charpente, on fait appel à Pierre Guillou
(maître picoteur et maçon). Le 25 juin 1645, un accord est conclu pour
la réalisation du Buffet avec maître Fosset (maître menuisier).
L’inauguration a lieu le 13 août 1647 en présence de deux organistes
Chrétien (Saint-Brieuc) et Collin (abbaye de Beauport), François Le
Goff, Henry Taignou et trois vicaires de Notre-Dame : Pisher, Le
Bricquer et Louis Jouvin. Si l’on connaît le nom de plusieurs organistes
du précédent instrument (Charles Gay .1457 - Rolland de Pratéler . 1470
- Jacques Le Bitter . 1615 - Pierre Bardot . 1621), le premier artiste
du nouvel orgue fut M. Pélart de 1647 à 1677. Le second fut
Jean-Baptiste Belhoste. Ce dernier fut nommé organiste à vie en 1679
mais devant, entre autres, son manque de zèle et ses absences répétées,
il fut destitué de son poste en 1695 après un constat catastrophique sur
l’état des orgues. « Planches et soufflets chargés d’ordures…la plupart
des tuyaux…cabossés, enfoncés, dessoudés…Pour les pédales, plusieurs ne
parlent pas . » Les réparations furent réalisées par Michel Madec et
Thomas Dallas en 1696. Belhost, quant à lui, se défendit contre la
communauté de ville et reprit son poste en 1695 jusqu’à sa mort en 1710.
Le combat se poursuivit avec ses héritiers jusqu’en 1745.
En
1865, comme le laisse entendre une inscription sur le mur auquel il est
adossé, l’orgue de Notre-Dame, dût être restauré, complété et transféré
du bas-côté nord de la basilique vers la chapelle Saint-Jacques : « Ces
orgues construites par M. Loret facteur à Termonde (Belgique) ont été
reçues par la fabrique le 15 février 1865. M.M.Robin : chanoine
cure-doyen de Botmilian. président : Le Jolly, Trésorier : Le Calvez.
Maire. Le Buffet est en partie celui qui fut fait en 1646. Il a été
restauré et complété sous la direction et d’après les plans de
M.S.Ropartz secrétaire de la fabrique par J.Belon . Menuisier, P.Ogé
sculpteur et J.M.Fovanis. Serrurier ».
Bien
plus tard, dans les années 70, l’orgue devenu muet, la ville de
Guingamp entreprend une restauration complète avec le concours du
ministère des Affaires culturelles et de la Paroisse. Après les travaux
de l’entreprise Renaud de Nantes qui procède à la restauration en
juillet 1974, l’instrument retrouve sa place au début de l’année 1975.
Le nouvel orgue comporte aujourd’hui 39 jeux tous réunis (Grand orgue :
12 jeux - Positif : 9 jeux - Pédale : 7 jeux - Récit expressif : 11
jeux), répartis sur trois claviers manuels de 56 notes et un pédalier de
32 notes.
La sacristie
La
sacristie est accolée aux contreforts nord du chevet. Elle fut fondée
par Charles de Blois (1319-1364) qui en posa la première pierre. Ses
structures essentielles datent donc du XIVe siècle et des adjonctions y
ont été réalisées au XIXe siècle. On y accède par une porte qui date,
elle, du XVe siècle et qui est de style gothique. Dans le mur est, on
peut voir une belle verrière et il ne reste plus beaucoup de chose à
découvrir dans cette sacristie. À la Révolution lorsque la paroisse fut
pillée, mutilée et transformée en caserne, la sacristie, elle, servit de
prison.
Le presbytère
Le
presbytère se situe près du portail occidental, au sud-ouest de la
basilique. Cette bâtisse fut achetée en 1403 après une somme conséquente
versée par Yves Trouzéon, bourgeois de Guingamp. Pour la petite
histoire, on retiendra qu’au XVIIIe siècle, messire Nicolas, premier
recteur unique de Notre-Dame, mena un « combat » de douze ans contre les
bourgeois de Guingamp afin d’obtenir la restauration de l’édifice.
C’est ainsi que dans la première moitié du XVIIIe siècle, en 1720, le
presbytère fut rebâti, pour offrir à la vue de tous, cette si jolie
façade.
En savoir plus : Livre "Guingamp et le pélerinage de Notre Dame de Bon-Secours" par Sigismond Ropartz
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