Saint Barnabé
disciple et compagnon de saint Paul, apôtre (1er s.)

Joseph, surnommé Barnabé ou Barnabas
est un juif, lévite lié à l'île de Chypre (Ac 4:36) qui tient une place
importante dans les Actes des apôtres, comme étant celui qui
introduisit saint Paul auprès des apôtres à Jérusalem (Ac.9:27) et plus
tard auprès des chrétiens d'Antioche, et fut son premier compagnon de
voyage dont il est chef de mission.
Le Codex Bezae
identifie explicitement Joseph Barnabas à Joseph Barsabas (Ac 1, 23),
Barnabas étant un surnom positif de son nom, ce qui est moins clair dans
les versions des Actes des Apôtres que nous connaissons. Sur la base de
ces versions des Actes, les Églises occidentales distinguent
Barnabé de Joseph Barsabas, alors qu'il s'agit peut-être du même
personnage. Il est mentionné dans les Actes des Apôtres au chapitre 15
au sujet du concile de Jérusalem.
Bien
qu'il ne soit pas un des douze apôtres, l'Église catholique et les
orthodoxes lui donnent le titre d'apôtre, comme à saint Paul qui est
dans le même cas.
Il figure dans les listes de saints et liturgiquement commémoré le 11 juin.
Éléments biographiques

Barnabé ne faisait pas partie du groupe des douze apôtres.
Cependant les Actes des Apôtres lui en attribuent le titre au sens large, comme à Paul. Cf. Ac 14:14 [archive] : « Informés de la chose, les apôtres Barnabé et Paul déchirèrent leurs vêtements… ».
Barnabé était le cousin de Marc l'évangéliste dont la mère, Marie était alors sa tante (12 Actes 12, 12 [archive] et 10 Col 4, 10 [archive]).
Conformément
aux règles de l'Église primitive à Jérusalem, il vendit un champ dont
il mit le montant de la vente à la disposition des apôtres (Ac.4:36-37).
Même s'il ne fait pas partie des douze Apôtres, Barnabé est un personnage de rang quasi apostolique.
Clément
d'Alexandrie indique qu'il faisait partie des septante disciples de
Jésus et que ceux-ci ont reçu la « gnose » par l'intermédiaire des douze
après la Résurrection.
Barnabé est le chef de mission du premier voyage missionnaire dans lequel Paul et Marc l’accompagnent.
Il
est mentionné dans les Actes des Apôtres au chapitre 15 dans le
contexte du concile de Jérusalem, toutefois cet épisode a probablement
été déplacé par le deuxième rédacteur des Actes pour suggérer que Paul
— et donc Barnabé — ont assisté à cette réunion, à laquelle la tradition
chrétienne donne une grande importance.

Saint Barnabé soignant les pauvres de Véronèse, Musée des beaux-arts de Rouen
Paul et Barnabé connurent un désaccord au sujet de la composition de leur équipe, lors du second voyage apostolique de Paul.
Barnabé voulait emmener Marc, mais Paul n'était pas de cet avis.
Ils se séparèrent donc et formèrent deux équipes.
Paul et Silas partirent pour la Lycaonie, tandis que Barnabé et Marc s'en allèrent évangéliser Chypre (Ac 15:36-40 [archive]).
Là s'arrêtent les données fondées sur des documents fiables remontant au Ier siècle.
La suite repose sur des traditions plus tardives et moins sûres.
Barnabé se serait rendu dans l'île de Chypre pour l'évangéliser.
Il y serait mort martyrisé près de Salamine, l'actuelle Famagouste.
La forme du martyre diverge selon les sources : pendaison ou crémation ou lapidation.
Son tombeau, découvert sous l'empereur Zénon (Ve siècle), aurait contenu un exemplaire de l'Évangile de Matthieu.
Le surnom de Barnabé : étymologie prétendue
Le mot français Barnabé vient du grec Βαρνάβας (Barnabas), qui lui-même transcrit un nom araméen.
Selon
les Actes des Apôtres, le nom de Barnabé vient du surnom que lui
auraient donné les apôtres qui l'ont appelé « Barnabas ce qui veut dire
« fils d'encouragement » (Ac 4:36). », « fils du réconfort » ou « fils
de consolation » (selon la traduction que l'on choisit du grec).
Cette étymologie proposée par les Actes des Apôtres selon un procédé de style appelé paronomase, est fantaisiste.
L'étymologie
la plus vraisemblable est « Bar Nébo », « fils de Nébo », Nébo étant
une divinité babylonienne, ou « Bar nebuah » (ou nabi), « fils de la
prophétie » (ou de « prophète »).
Barnabé dans les Actes des Apôtres
Les Actes des Apôtres parlent de Barnabé principalement lorsque leur « héros », saint Paul, se trouve avec lui.
- Le texte occidental, tel qu'attesté notamment par le Codex Bezae identifie Joseph Barnabas (c'est-à-dire Barnabé) avec Joseph Barsabas (Ac 1, 23), le surnom de Barnabas (Barnabé) étant un surnom positif à partir de son nom, qui est un des deux « candidats » au remplacement de Judas.
- Avant même l'apparition de Saul dans le récit, il est mentionné comme exemple de piété, puisqu'il vend son champ pour en apporter le prix au pied des apôtres (4, 36-37).
- Il se trouve donc à Jérusalem lorsque Saul y revient après un séjour de « trois ans en Arabie » (c'est-à-dire la Nabatène). C'est lui qui « amena [Paul] aux apôtres et leur raconta comment, sur le chemin, Saul avait vu le Seigneur (Jésus), qui lui avait parlé, et avec quelle assurance il avait prêché à Damas au nom de Jésus (Ac 9:27) ».
- Quelques années plus tard, Barnabé est « député à Antioche » par l'Église de Jérusalem (Ac 11:22). Il va alors chercher Saul à Tarse et l'introduit dans la communauté d'Antioche (Ac 11:25-26), capitale de la Province romaine de Syrie.
- Plus d'un an après, Barnabé dirige une mission d'évangélisation accompagné de deux auxiliaires, Jean-Marc et Saul. Ils embarquent à Séleucie et se rendent à Chypre.
- De là, ils embarquent pour retourner sur le continent, puis se rendent directement à « Pergé, en Pamphylie (Ac 13:13) ».
- Jean-Marc retourne alors à Jérusalem et Barnabé assisté de Paul effectue ce que la tradition chrétienne appelle le Premier voyage missionnaire de Paul, au cours duquel ils se rendent dans de nombreuses villes.
- De retour à Antioche, la communauté de cette ville les envoie avec « quelques autres » à Jérusalem « auprès des apôtres et des anciens pour traiter [du] litige [né au sujet du caractère obligatoire ou non de la circoncision] (Ac 15:3) ». Ils assistent au Concile de Jérusalem.
- Étant à nouveau retourné à Antioche, Paul et Barnabé se séparent de façon conflictuelle (Ac 15:37-39), à cause de l'attitude à adopter face à Jean-Marc.
- Après cette séparation d'avec Paul, Barnabé disparaît définitivement des Actes des Apôtres. Tout ce que l'on sait, c'est que son étape suivante est à nouveau l'île de Chypre vers laquelle il se dirige, accompagné de Jean-Marc (Ac 15:39), alors que Paul quitte Antioche.
Barnabé dans le roman pseudo-clémentin
Les écrits pseudo-clémentins n'associent pas Barnabé à Chypre mais à deux autres lieux :
- Les Reconnaissances indiquent que le « négociant en toiles », anonyme dans les Homélies, qui convainc le futur évêque Clément à Rome en lui exposant « la doctrine de l'unité divine », est en fait Barnabé.
- Les Homélies associent Barnabé à Alexandrie où il réside lorsque le futur évêque Clément le rencontre alors qu'il arrive de Rome.
Hormis le lieu de rencontre, les deux récits sont quasiment parallèles.
Or,
selon l'opinion majoritaire de la recherche actuelle, les deux formes
du roman pseudo-clémentin dépendent d'un « écrit de base » dont la
reconstruction ne fait pas consensus au sein de la communauté
scientifique, au point que l'existence même de cet écrit de base est
encore soumise à discussion.
La
question de savoir la version alexandrine ou la version romaine de la
mission de Barnabé est celle présente dans cet écrit de base ne fait pas
non plus l'objet de consensus.
La
fonction principale de Barnabé dans le roman est de servir
d'intermédiaire entre Clément et Pierre, présentant le premier au
second, comme dans les Actes des apôtres il introduit Paul auprès des
apôtres.
En
outre Barnabé présente dans le roman pseudo-clémentin, par son
opposition à des philosophes païens, des similitudes avec la figure de
Paul dans les Actes des Apôtres. Au bout du compte, Clément et Barnabé
permettent au rédacteur du roman pseudo-clémentin « d'éliminer » Paul
comme figure majeure du christianisme primitif, ce qui constitue une
marque supplémentaire de son anti-paulinisme.
Ainsi
le roman pseudo-clémentin se distingue des Actes des apôtres sur deux
points majeurs : il ne relie pas Barnabé à Paul et ne le lie pas à
Chypre.
Œuvres attribuées à Barnabé
- Selon le De Pudicitia de Tertullien (20), Barnabé serait l'auteur de l'Épître aux Hébreux.
- Il est aussi parfois associé à l'Épître de Barnabé, bien que les exégètes modernes pensent qu'il est plus probable que cette épître ait été écrite à Alexandrie dans les années 130. Le texte de cette épître ne permet pas d'identifier son auteur avec le Barnabé du Nouveau Testament. Du reste, un seul manuscrit, tardif, associe explicitement le Barnabé de cette Épître avec le Barnabé compagnon de Paul, et le texte lui-même ne sous entend pas une telle association.
- L'antique Évangile de Barnabé est perdu. Il existe un Évangile de Barnabé beaucoup plus tardif, souvent attribué aux musulmans par les chercheurs bien que ces derniers le rejettent et ne reconnaissent pas son authenticité (Il contredit les récits du Coran et l'histoire de Maryam (la mère de Jésus-Îsâ) telle qu'elle est relatée dans la tradition musulmane).
Œuvres relatives à Barnabé
Tradition chypriote
- Il existe des Actes de Barnabé, relatant sa vie et son martyre, un apocryphe rédigé au Ve siècle, par l'Église de Chypre à la suite de l'obtention de son autocéphalie. Le texte vise à défendre l'apostolicité de l'île.
- Il existe une Louange de Barnabé écrite par Alexandre de Chypre au VIe siècle, visant à défendre l'autocéphalie Chypriote.
Tradition milanaise
Les listes d'apôtres et de disciples du Pseudo-Épiphane et du Pseudo-Dorothée mentionnent dès le VIIIe – IXe siècles
un rattachement à Milan, bien qu'on explique mal l'origine de ce
rattachement à Milan dans des listes d'origine byzantines.
Toutefois l'Histoire Datiana ou Liber de situ civitatis Mediolanensis, un texte du XIe siècle, rapporte en détail un séjour milanais de Barnabé.
Or
l'époque de rédaction correspond à une période de conflit entre Milan,
Venise et Aquilée pour la domination ecclésiastique en Italie du Nord et
contre la suprématie de l'Église de Rome.
Ainsi,
comme pour les textes de la tradition chypriote, il existe une
corrélation étroite entre lutte ecclésiale et textes relatifs à Barnabé.
Il existe plusieurs textes hagiographiques en latin reprenant ce dossier, mais pas ou partiellement édité (BHL 988-990).
Dictons de la Saint-Barnabé (11 juin)
En
référence à la saint Médard célébrée le 8 juin, divers dictons sont
liés à la saint Barnabé célébrée le 11 juin, le jour du solstice d'été
avant la réforme du calendrier grégorien :
- « Ce que saint Médard fait, saint Barnabé le défait. »
- « De Barnabé, la journée clairette, Saint-Médard, rachète. »
- « Le soleil de Saint-Barnabé, à Saint-Médard casse le nez. »
- « S'il pleut à la Saint-Médard, il pleut quarante jours plus tard, à moins que Saint-Barnabé ne lui coupe l'herbe sous le pied/ne vienne lui casser le nez. »
- « Si Saint-Médard est un grand pissard, Saint-Barnabé, Dieu soit loué lui reboutonnera la culotte »
- « S'il pleut à la Saint-Médard, il pleut quarante jours plus tard, à moins que Barnabé remette le pain dans la maie. Mais s'il pleut à la Saint-Barnabé, ça repousse jusqu'à la Saint-Gervais (19 juin) qui ferme le robinet. »
- « Si Médard et Barnabé comme toujours, s'entendaient pour te jouer des tours, tu auras encore Saint-Gervais, qui le beau va ramener. »
- « À la Saint-Barnabé, la faux au pré. »
- « À la Saint-Barnabé, le jour croît d'un saut de baudet. »
- « À Saint-Barnabé, canards potelés. »
- « À Saint-Barnabé, on sème le navet. »
- « S'il pleut à la Saint-Barnabé, le seigle perd pied. »
- « À la Saint-Barnabé, le seigle sort de sa peau. »
- « Au temps de la Saint-Barnabé, la gerbe retourne à l’abbé. »
- « Blés fleuris à Saint-Barnabé font abondance et qualité. »
- « Le plus grand jour de tout l'été, c'est le jour de Saint-Barnabé. »
- « Ondée de Saint-Barnabé, maison inondée. »
- « Pour la Saint-Barnabé, le soleil rayonne au fond du pichet. »
- « S'il pleut à la Saint-Barnabé, il y a de l'avoine partout où l'on a semé. »
- « S’il pleut à la Saint-Barnabé, la moisson sera inondée/ diminue la récolte de moitié. »
- « S’il pleut à la Saint-Barnabé, la vendange coule jusqu’au panier. »
Saint patron : Chypre, Antioche, paix. Invoqué contre la grèle.
Attributs : branche d'olivier, bâton de pèlerin, évangile selon Matthieu.
Il
existe de nombreux patrons pour la corporation des tisserands. Selon
les régions, on peut trouver Saint Onuphre*, Sainte Anastasie, Saint
Séverin, Saint Lié, Saint Barnabé, Saint Blaise, Saint Erasme, Saint
Sévère, Saint Roch… Saint Bonaventure n’a été choisi que par trois
corporations de tisserands : Laval, Fresnay-sur-Sarthe et Saint
Malô-du-Bois en Vendée.
Source
SAINT BARNABÉ, APOTRE
132
Barnabé veut dire fils de celui qui vient, ou bien fils de consolation, ou fils de prophète, ou fils qui, enserre.
Quatre
fois il a le titre de fils pour quatre sortes de filiation. L'écriture
donne ce nom de fils, en raison de la génération, de l’instruction, de
l’imitation, et de l’adoption.
Or,
il fut régénéré par J.-C. dans le baptême, il fut instruit dans
l’évangile, il imita le Seigneur par son martyre, et il en fut adopté
par la récompense céleste.
Voilà pour ce qui le regarde lui-même.
Voici maintenant ce qui le concerne quant aux autres : il fut arrivant, consolant, prophétisant et enserrant.
Il fut arrivant, parce qu'il alla prêcher partout : ceci est clair, puisqu'il fut le compagnon de saint Paul.
II
consola les pauvres et les affligés, les premiers en leur portant des
aumônes, les seconds en leur adressant des lettres de la part des
apôtres :
Il prophétisa puisqu'il fut illustre en annonçant les choses à
venir; il fut enserrant, c'est-à-dire qu'il réunit et rassembla dans la
foi une multitude de personnes; la preuve en est dans sa mission à
Antioche.
Ces quatre qualités sont indiquées dans le livre des Actes (XI).
C'était
un homme, mais un homme de courage, ce qui a trait à la première
qualité, bon, c'est pour la seconde, plein du Saint-Esprit, voilà pour
la troisième, et fidèle ou plein de foi, ceci regarde la quatrième
qualité.
Jean le même due Marc son cousin compila son martyre.
Il en est question principalement à partir de la vision de ce Jean, jusque vers la fin.
On pense que Bède le traduisit du grec en latin*.
Saint
Barnabé, lévite originaire de Chypre, l’un des 72 disciples du
Seigneur, est souvent mentionné avec de grands éloges dans l’histoire
des Actes.
Il fut admirablement formé et disposé en ce qui le regardait personnellement,
* Bède est ici cité à tort, on né trouve dans le Vénérable rien de cette traduction.
133
par rapport à Dieu et par rapport au prochain.
I.
Pour ce qui était de lui, il était bien organisé dans ses trois
puissances, la rationnelle, la concupiscible et l’irascible ;
1°
sa puissance rationnelle était éclairée par la lumière de la
connaissance : c'est pour cela qu'il est dit dans les Actes : « Il y
avait, dans l’église qui était à Antioche, des prophètes et des
docteurs, entre lesquels étaient Barnabé, Simon, etc. » (XIII);
2°
sa puissance concupiscible était dégagée de la poussière des affections
mondaines : car il est dit aux Actes (IV) que Joseph surnommé Barnabé
vendit un fonds de terre qu'il possédait : il en apporta le prix et le
mit aux pieds fies apôtres : c'est ici que la glose ajoute : il donne
une preuve qu'il faut se dépouiller de ce à quoi il évite de toucher, et
il enseigne à fouler un or qu'il met aux pieds des apôtres ;
3°
sa puissance irascible était appuyée sur une grande probité, soit qu'il
entreprît avec ardeur des choses difficiles, soit qu'il mît de la
persévérance dans des actes de courage, soit qu'il fait constant à
soutenir l’adversité. Il entreprit avec ardeur des choses difficiles,
cela est évident par ses travaux pour convertir cette immense cité
d'Antioche, comme il est écrit au IXe chapitre des Actes : en effet
saint Paul, après sa conversion; voulut venir à Jérusalem et se joindre
aux disciples ; et quand tout le monde le fuyait comme les agneaux font
du loup, Barnabé fut assez audacieux pour le prendre et le mener aux
apôtres. Il mit de la persévérance dans ses actes de courage, en
macérant son corps et en le réduisant par les jeûnes : aussi est-il dit
aux Actes (XIII) (134) de Barnabé et de quelques autres : « Pendant
qu'ils rendaient leur culte au Seigneur et qu'ils jeûnaient, le
Saint-Esprit leur dit : Séparez-moi Paul et Barnabé pour l’œuvre à
laquelle je les ai destinés. » Il fut constant à soutenir l’adversité
d'après le témoignage que lui en rendent les apôtres en disant (Actes,
XV) : « Nous avons jugé à propos de vous envoyer des personnes choisies,
avec nos très chers Barnabé et Paul, hommes qui ont exposé leur vie
pour le nom de N.-S. J.-C. »
II. Il fut bien formé par rapport à Dieu. Il déférait à son autorité, comme aussi à sa majesté et à sa bonté.
1°
Il déférait à l’autorité de Dieu, puisqu'il ne prit pas de son chef la
charge de la prédication, mais qu'il voulut la recevoir de l’autorité
divine, comme il est rapporté aux Actes (XIII). Le Saint-Esprit dit : «
Séparez-moi Paul et Barnabé pour l’oeuvre à laquelle je les ai destinés.
»
2°
Il déférait à sa majesté. On lit en effet au XIVe ch. des Actes que
certaines personnes voulaient le traiter comme une majesté divine et lui
immoler des victimes comme on fait à Dieu, en l’appelant Jupiter, parce
qu'il paraissait le plus recommandable, et en donnant à Paul le nom de
Mercure, en raison de sa prudence et de son éloquence ; aussitôt Barnabé
et Paul déchirèrent leurs vêtements et s'écrièrent : « Mes amis, que
voulez-vous faire? Nous sommes des hommes mortels comme vous, qui vous
annonçons de quitter ces vaines idoles, pour vous convertir au Dieu
vivant. »
3°
Il déférait à la bonté de Dieu. En effet on trouve dans les Actes (XV)
que quelques-uns des Juifs convertis voulaient rétrécir et diminuer la
bonté de la grâce de Dieu, bonté qui nous sauve gratuitement
indépendamment
de la loi, avançant que la grâce sans la circoncision était tout à fait
insuffisante; Paul et Barnabé leur résistèrent avec force, en montrant
que la bonté seule de Dieu suffisait sans les pratiques commandées par
la loi : en outre ils portèrent la question air tribunal des apôtres
dont ils obtinrent des lettres qui proscrivaient ces erreurs.
III.
Il fut admirablement disposé par rapport au prochain, puisqu'il nourrit
son troupeau par sa parole, par son exemple et par ses bienfaits.
1°
Par sa parole, en évangélisant avec grand soin la parole de Dieu. En
effet les Actes disent (XV) : « Paul et Barnabé demeurèrent à Antioche,
où ils enseignaient et annonçaient avec plusieurs autres la parole du
Seigneur. » Ce qui est évident encore par cette foule immense qu'il
;convertit à Antioche ; de sorte que ce fut -là que les disciples
commencèrent à être appelés chrétiens.
2°
Par son exemple, puisque sa vie fut pour tous un miroir de sainteté et
un modèle de religion. Dans toutes ses actions, en effet, il fut homme
de cœur et religieux, intrépide, distingué par la douceur de ses mœurs,
tout rempli de la grâce du Saint-Esprit et illustre en toutes sortes de
vertus et en foi. Ces quatre qualités sont énumérées dans ces paroles
des Actes (XV) : « Ils envoyèrent Barnabé à Antioche » ; et ailleurs
(XI) : « Il les exhortait tous à demeurer dans le service du Seigneur
avec un cœur ferme ; parce que c'était. un homme bon, rempli de
l’Esprit-Saint et de foi. »
3°
Par ses bienfaits. Or, il y a deux sortes de bienfaits, deux aumônes,
d'abord, la temporelle qui consiste à donner le nécessaire, ensuite la
spirituelle qui consiste à (136) pardonner les injures. Barnabé
pratiquait la première quand il porta l’aumône aux frères qui étaient à
Jérusalem, d'après le XIe ch. des Actes : « Une grande famine, selon que
l’avait prédit Agabus, étant survenue sous le règne de Claude, les
disciples résolurent d'envoyer, chacun selon son pouvoir, quelques
aumônes aux frères qui demeuraient en Judée. Ils le firent en effet, les
adressant aux anciens, par les mains de Barnabé et de Paul. » Il
pratiquait la seconde, puisqu'il pardonna l’injure que lui avait faite
Jean surnommé Marc. Comme ce disciple avait quitté Barnabé et Paul,
Barnabé ne laissa pas cependant que d'être indulgent pour lui, quand il
revint avec repentir, et de le reprendre pour disciple. Paul ne le
voulut pas recevoir, de là le. sujet de leur séparation. En cela l’un et
l’autre agissaient par des motifs et des intentions louables. Barnabé,
en le reprenant, par douceur et miséricorde; Paul ne le reçut. pas par
amour de la droiture. C'est pour cela que la glose dit à ce propos
(Actes, XV) : « Jean avait résisté en face, tout en se montrant trop
timide, alors Paul eut raison de l’éloigner de peur que la contagion du
mauvais exemple de Jean ne corrompît la vertu des autres. » Cette
séparation ne se fit pas par un emportement coupable, mais par
l’inspiration du Saint-Esprit qui les faisait s'éloigner afin qu'ils
prêchassent à plus de monde ; et c'est ce qui arriva: Car comme Barnabé
était dans la ville d'Icone, Jean, son cousin, dont on vient de parler,
eut une vision dans laquelle apparut un homme éclatant qui lui dit : «
Jean, aie de la constance, car bientôt ce ne sera plus Jean, mais Elevé
(excelsus) que tu seras (137) appelé. » Barnabé; informé de ce prodige
par son cousin, lui dit: « Garde-toi bien de révéler à personne ce que
tu as vu ; car le Seigneur m’a apparu aussi cette nuit en me disant: «
Barnabé, aie de la constance, car tu recevras les récompenses
éternelles, « pour avoir quitté ton pays, et avoir livré ta vie pour «
mon nom. » Lors donc que Paul et Barnabé eurent prêché pendant longtemps
à Antioche, un ange du Seigneur apparut aussi à Paul et lui dit : «
Hâte-toi d'aller à Jérusalem, car quelqu'un des frères y attend ton
arrivée. » Or, Barnabé voulant aller en Chypre pour y visiter ses
parents, et Paul se hâtant d'aller à Jérusalem, ils se séparèrent par
l’inspiration du Saint-Esprit. Alors Paul communiqua à Barnabé ce que
fange lui avait dit. Barnabé lui répondit : « Que la volonté du Seigneur
soit faite ; je vais aller en Chypre, j'y finirai ma vie et je ne te
verrai plus désormais. » Et comme il se jetait humblement aux pieds de
Paul en pleurant, celui-ci, touché de compassion, lui dit : « Ne pleurez
pas; puisque c'est la volonté du Seigneur ; il m’est aussi apparu cette
nuit et m’a dit : « N'empêche pas Barnabé d'aller en Chypre; car il y
éclairera beaucoup de monde et il y consommera son « martyre. » En
allant donc en Chypre avec Jean, Barnabé porta avec lui l’Evangile de
saint Mathieu; il le posait sur les malades, et il en guérit beaucoup
par la puissance de Dieu. Sortis de Chypre, ils trouvèrent Elymas, le
magicien que saint Paul avait privé de la vue pour un certain temps : il
leur fit de l’opposition et les empêcha d'entrer à Paphos. Un jour
Barnabé vit des hommes et des femmes nus qui (138) couraient ainsi pour
célébrer leurs fêtes. Il en fut rempli d'indignation ; il maudit le
temple, et à l’instant il S'en écroula une partie qui écrasa beaucoup
d'infidèles.
Enfin
il vint à Salamine : ce fut là que le magicien Elymas, dont on vient de
parler, excita contre lui une grande sédition. Les Juifs se saisirent
donc de Barnabé qu'ils accablèrent de nombreuses injures ; ils le
traînèrent en toute hâte au juge de la ville pour le faire punir.
Mais
quand les Juifs apprirent qu'Eusèbe, personnage important et fort
puissant, de la famille de Néron, était arrivé à Salamine, ils
craignirent qu'il ne leur arrachât des mains le saint apôtre, et ne le
laissât aller en liberté: alors ils lui lièrent une corde au cou, le
traînèrent hors de la porte de la ville où ils se hâtèrent de le
briller.
Enfin ces Juifs impies, n'étant pas encore rassasiés de cette
cruauté, renfermèrent ses os dans un vase de plomb, pour les jeter dans
la mer : mais Jean, son disciple, avec deux autres chrétiens, se leva
durant la nuit, les prit et les ensevelit en secret dans une crypte où
ils restèrent cachés, au rapport de Sigebert, jusqu'au temps de
l’empereur Zénon et du pape Gélase, en l’année 500, qu'ils furent
découverts par une révélation du saint lui-même. Le bienheureux.
Dorothée dit due Barnabé prêcha d'abord J.-C. à Rome, et fut évêque de
Milan.
Source :
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome02/082.htm
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