Saint Émilien († 362)
martyr en Mésie (Bulgarie)
Quand Julien l'Apostat s'empara du pouvoir impérial (361), ne comptant pour rien les bienfaits reçus de Saint Constantin le Grand ainsi que son éducation chrétienne, il bouleversa l'ordre public par sa tyrannie et injuria Dieu en s'employant à restaurer par tous les moyens le paganisme.
Il envoya des fonctionnaires acquis à sa cause dans diverses provinces, pour contraindre la population à se soumettre.
Capitolin, vicaire de Thrace, se rendit dans ce but à Durostorum(1), capitale de la Scythie.
Aussitôt
assis au tribunal, il proféra des menaces de mort, non seulement envers
les Chrétiens mais encore à l'égard de ceux qui auraient évité de les
dénoncer.
Les assistants effrayés s'écrièrent qu'il n'y avait aucun Chrétien dans
leur cité et que tous les habitants sacrifiaient aux dieux de
l'empereur. Satisfait et plein de joie, Capitolin prit alors part à un
grand banquet organisé en son honneur.
Alors
que tous se réjouissaient bruyamment, un jeune et noble Chrétien,
Émilien, ne supportant pas davantage l'offense faite au vrai Dieu et
avide de remporter les trophées du Martyre, s'introduisit dans le
temple, armé d'un marteau.
Il brisa toutes les idoles, renversa les candélabres et les autels sur
lesquels étaient déposées les offrandes, et répandit à terre le vin des
libations, puis il se retira, sans avoir été remarqué.
Quand
des serviteurs vinrent avertir Capitolin, celui-ci entra dans une
grande fureur et ordonna de perquisitionner pour retrouver à tout prix
le coupable.
Les soldats n'ayant trouvé personne, et craignant de se présenter
bredouilles devant le tyran, s'emparèrent d'un paysan qui rentrait des
champs et le traînèrent au prétoire en le frappant de verges.
Témoin
de ce spectacle et ne pouvant souffrir qu'un innocent fût châtié à sa
place, Émilien alla se livrer, clamant à haute voix qu'il était le
coupable.
D'abord surpris et hésitants les soldats l'emmenèrent à Capitolin.
Le
visage renfrogné et les yeux injectés de sang, le magistrat lui demanda
de décliner son identité et de révéler qui l'avait poussé à commettre
un tel acte.
Après
avoir déclaré qu'il était à la fois libre et esclave : esclave de Dieu
et libre à l'égard des idoles, Emilien ajouta : « Cest l'amour de Dieu
et le zèle que j'éprouve pour le Christ, ainsi que la répugnance que me
procure la vision de ces statues inertes, qui m'ont convaincu et m'ont
donné la force de détruire ce qui est une honte pour le genre humain.
Car
rien n'est plus dégradant pour nous qui avons été créés doués de
raison, que d'adorer des êtres sans raison et de nous prosterner devant
l'œuvre de nos mains en rejetant l'honneur dû à notre seul Dieu et
Créateur. »
—« Trêve de rhétorique! C'est donc toi qui as commis ce sacrilège? » demanda le magistrat.
Émilien répondit qu'il était fier de cette action, comme la plus noble et la plus pieuse de sa vie.
Capitolin
ordonna de le dépouiller de ses vêtements et de le fustiger violemment,
après l'avoir étendu à terre; et comme le Saint continuait à se moquer
du culte païen, il le fit retourner et frapper sur la poitrine.
Apprenant
par la suite de l'interrogatoire qu'Émilien était fils du préfet de la
ville, Sabbatios, Capitolin déclara que sa noblesse ne lui donnait
aucune excuse et ne lui épargnerait pas le châtiment.
Le Saint refusa d'ailleurs d'être innocenté ou qu'on avançât quelque
circonstance atténuante pour le défendre, mais il réclama au contraire
d'être châtié avec toute la sévérité possible, afin de ne pas être privé
de la couronne de gloire.
Au comble de la fureur, Capitolin le condamna alors à périr par le feu
et imposa à son père, coupable de négligence, une lourde amende en or.
Les
soldats s'emparèrent aussitôt du Saint et le conduisirent en dehors de
la ville, sur les rives du Danube, où un bûcher avait été préalablement
allumé.
Dès
qu'il y fut jeté, les flammes s'écartèrent de son corps et se
retournèrent contre les bourreaux, qui périrent calcinés, tandis que
Saint Emilien chantait les louanges de Dieu comme les Jeunes Gens dans
la fournaise de Babylone.
Il
fit son signe de Croix et, après avoir recommandé son âme à Dieu,
s'endormit paisiblement pour être reçu dans l'assemblée des vaillants
athlètes de la piété (18 juillet 362).
La
femme de Capitolin, qui était Chrétienne en secret, réussit à obtenir
de son mari le corps du Saint Martyr et elle le céda à de pieux
Chrétiens qui allèrent l'ensevelir à Gizidina, à trois stades de
Durostorum(2).
1). Silistra actuelle, en Bulgarie.
2). Son culte est attesté très tôt, par St Jérôme, St Ambroise, Théodoret de Cyr et la Chronique Pascale (VII s.).
2). Son culte est attesté très tôt, par St Jérôme, St Ambroise, Théodoret de Cyr et la Chronique Pascale (VII s.).
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