Saint Guénolé († 504)
Fondateur de l'abbaye de Landévennec

Saint Guénolé est un personnage religieux qui aurait vécu à la fin du Ve et au début du VIe siècle en Bretagne et serait décédé en 532.
Il est réputé avoir fondé l'abbaye de Landévennec.
En breton, son nom s'orthographie Gwennole ou Gwenole. Ce prénom celte Uuinuual formé des termes uuin et uual, signifiant respectivement pur et valeureux. Il est également connu dans des textes en latin sous le nom de Winwaloeus ou Winnoc ou encore Walloy (dans ce dernier cas à Montreuil dans le Pas-de-Calais).
Historique

Saint Guénolé (d'après le buste en argent du reliquaire de Locquénolé)
On a parfois, à tort, confondu saint Guénolé avec saint Gwenaël qui fut en réalité son successeur comme abbé de Landévennec.
Son père, saint Fragan, et sa mère, sainte Gwenn, auraient débarqué dans la baie de Saint-Brieuc, venant probablement du pays de Galles, pour se fixer à Ploufragan (Côtes-d'Armor). Guénolé est le troisième fils d'une famille dont les autres enfants sont Clervie, Jacut et Guéthénoc.
Il serait né, soit à Ploufragan, soit à Plouguin où est encore montré le lieu supposé de sa naissance (une motte féodale).
Encore enfant, il est confié, vers 470, à saint Budoc pour être formé dans l'ermitage de celui-ci, situé sur l'île Lavret, dans l'archipel de Bréhat.
Vers 485, il manifeste le désir de se rendre en Irlande pour vénérer les restes de saint Patrick qui vient de mourir ; l'apôtre lui apparaît en songe pour lui indiquer qu'il est préférable de rester en Armorique pour y fonder une abbaye.
Avec onze autres disciples de saint Budoc, il s'établit dans une autre île appelée Tibidy, qu'on a tenté d'interpréter comme l'île de la maison de prières, à l'Hôpital-Camfrout, dans la rivière du Faou. « Traversant vers l’ouest les régions de la Domnonée et parvenant donc aux confins des Cornouaillais, il découvrit enfin heureusement un gîte avec ses compagnons susdits dans l’île appelée Thopépigie [Tibidy] » écrit Gurdisten, abbé de Landévennec, dans sa « Vie de saint Guénolé ».
Au bout de trois ans, en 490, Guénolé, nouveau Moïse, ouvre miraculeusement un passage dans la mer pour aller fonder une nouvelle abbaye sur la rive opposée de l'estuaire, à Landévennec.
En en ayant fait le centre religieux de la Bretagne de l'ouest, il y meurt en 532.
La veille de sa mort, il aurait choisi son successeur, célébré une messe et reçu l'absolution.
Article détaillé : Abbaye Saint-Guénolé de Landévennec.
Légendes

Musée de l'ancienne abbaye de Landévennec : cinq statues de saint Guénolé
- Guénolé accomplit un miracle sur la personne de sa petite sœur lorsqu'elle était très jeune. Il arriva en effet un jour qu'une oie s'empare des yeux de Clervie et les mange tous les deux. La fillette rentre chez elle en criant de douleur. Guénolé arrive à la maison familiale et trouve ses parents et sa sœur dans la détresse, il décide d'aller récupérer les yeux de Clervie. Il se rend à l'endroit où sont gardées les oies, repère un jars au centre du troupeau. Il l'éventre et reprend les yeux de sa sœur pour les lui rendre. Il la signa de la croix et celle-ci recouvra la vue. C'est ainsi que Guénolé est devenu Saint Guénolé et le patron des oculistes.
- Il représentait l'un des saints phalliques réputés pour venir en aide aux femmes désespérées par la stérilité, vécue au Moyen Âge et même après, comme une catastrophe : pour les travaux des champs, les paysans avaient besoin de bras. Alors, les femmes dont le ventre ne s'arrondissait pas récitaient leur chapelet et allumaient un cierge devant sa statue. Elles allaient même jusqu'à s'y frotter dévotement le ventre et le jour de sa fête se rendaient en pèlerinage aux sources miraculeuses des chapelles Saint Guénolé. Sa réputation priapique provient certainement de la confusion de son nom avec la latin gignere signifiant engendrer.
- Lorsque Fragan emmena ses trois fils en bateau sur l'île Lavret pour les confier à saint Budoc, les voyageurs furent pris par une brutale tempête, Saint Guénolé la calma par un signe de la croix. Depuis, le saint est invoqué pour la quiétude des marins et fait de Saint Guénolé le patron des femmes de marin-pêcheur.
La Vita Sancti Winwaloei

Statue dans l'église de Pleyben (Finistère)
- Les sources historiques sont constituées par les Vies rédigées par l'abbé Gurdisten (Uurdisten) et le moine Clément. La plus ancienne est un hymne biographique composé par le moine Clément en 24 strophes dans le deuxième tiers du IXe siècle, donc plus de quatre siècles après sa mort. À son tour, l'abbé Gurdisten compose dans le dernier quart de ce même siècle une grande Vita Sancti Winwaloei Cornugallensis en trois livres et qui fut copiée, avec d'autres documents sur l'abbé fondateur du cartulaire de Landévennec, compilé au milieu du XIe siècle et parvenu jusqu'à nous.
- Un autre texte, plus court et qualifié de Vie brève, que l'on connaît par un manuscrit du XIIIe siècle conservé au British Museum, a longtemps été tenue pour la source de Gurdisten qui se serait contenté de l'amplifier, mais de nombreux chercheurs tiennent à présent ce texte pour un simple abrégé de Gurdisten, réalisé entre le Xe et le XIIe siècle dans le nord de la France ou en Grande-Bretagne.
- Les textes suivent les règles de l'hagiographie médiévale et s'attardent sur les nombreux miracles attribués à Guénolé (il ressuscite, guérit, convertit, console, fait jaillir une source, etc.). Gurdisten se livre également à de nombreuses digressions pour l'édification de ses moines et de ses lecteurs. Finalement, un ange apparaît au saint pour lui dire que « les habitants du ciel réclament sa présence » et Guénolé meurt, comme saint Benoît de Nursie (et à son exemple) au milieu de ses moines en prières. Justement, Gurdisten trouve le moyen d'insérer le diplôme que l'empereur Louis le Pieux a fait remettre en 818 à un des lointains successeurs du fondateur, l'abbé Matmonoc, pour lui donner l'ordre d'abandonner les usages monastiques celtiques au profit de la règle de saint Benoît.
- Au Xe siècle, les moines de Landévennec fuient les invasions normandes avec les saintes reliques de Guénolé. Désirant passer en Angleterre, ils s'arrêtent à Montreuil, où le comte Helgaud de Montreuil les convainc de rester ; ils fondent alors, en 926, dans cette ville, un monastère qui devient l'abbaye Saint-Walloy (le "Guénolé" des Montreuillois) et les reliques de saint Guénolé (saint Walloy) resteront à Montreuil jusqu'en 1793, date à laquelle, elles sont brûlées lors d'un autodafé révolutionnaire.
Lieux de culte
L'abbaye de Landévennec (monastère qu'il bâtit) est toujours le principal lieu du culte de Saint Guénolé.
Il est honoré comme patron dans les paroisses où étaient situées des dépendances (souvent des prieurés) de l'abbaye de Landévennec : Concarneau, Île-de-Sein, Landrévarzec, Batz-sur-Mer, Trévou-Tréguignec, Locunolé, Locquénolé, Saint-Guénolé (en Penmarc'h), les trois derniers noms étant présents dans de nombreux lieux en Bretagne.
Des chapelles sont dédiées à Saint Guénolé à Plourac'h, à Collorec et à Tonquédec. À Brest une chapelle Saint-Guénolé subsiste à l'état de ruines sur les bords de la Penfeld ; elle était le lieu d'un culte de la fécondité.
Au Xe siècle, les moines de Landévennec fuient les invasions normandes avec les saintes reliques de Guénolé. Désirant passer en Angleterre, ils s'arrêtent à Montreuil, où le comte Helgaud de Montreuil les convainc de rester ; ils fondent alors, en 926, dans cette ville, un monastère qui devient l'abbaye Saint-Walloy
(le "Guénolé" des Montreuillois) et les reliques de saint Guénolé
(saint Walloy) resteront à Montreuil jusqu'en 1793, date à laquelle,
elles sont brûlées lors d'un autodafé révolutionnaire.
L'exode des moines de l'abbaye de Landévennec lors des invasions normandes explique ainsi qu'il soit honoré ailleurs qu'en Bretagne occidentale. Outre Montreuil (Pas-de-Calais), il est également honoré à Prigny (la plus méridionale de la Bretagne historique, Les Moutiers-en-Retz) et Pierric, où la chapelle contient une statue du saint, mais aussi à Château-du-Loir (Sarthe), Auville-sur-le-Vey (Manche).
En Angleterre, on le retrouve à Exeter, Winchester et trois paroisses de Cornouailles britannique portent son nom : Landewednak, To Wednack, Gunwalloe. Sous le nom de "saint Winwaloe", il est honoré dans la Church Cove de Gunwalloe, village de la péninsule du Cap Lizard.
Dévotion et iconographie
Saint Guénolé représentait l'un des saints phalliques réputés pour venir en aide aux femmes désespérées par la stérilité,
vécue au Moyen Âge et même après, comme une catastrophe : pour les
travaux des champs, les paysans avaient besoin de bras. Alors, les
femmes dont le ventre ne s'arrondissait pas récitaient leur chapelet et
allumaient un cierge devant sa statue. Elles allaient même jusqu'à s'y
frotter dévotement le ventre et le jour de sa fête se rendaient en
pèlerinage aux sources miraculeuses des chapelles Saint-Guénolé.
Sa réputation priapique provient certainement de la confusion de son nom avec le latin gignere signifiant engendrer.
De
plus Saint Guénolé se voyait attribuer par la dévotion populaire des
vertus de thaumaturge : il donnait de la force aux enfants et les aidait
à marcher; il guérissait les verrues, les maux de tête et les
névralgies ; il était aussi invoqué si un temps pluvieux menaçait les
récoltes.
Saint Guénolé est généralement représenté soit en simple moine, soit en abbé, mitré ou non, portant le livre de la règle monastique.
À
Collorec par exemple, une chapelle lui est consacrée, qui contient deux
statues le représentant, l'une en abbé avec sa chape, sa couronne
monastique, sa crosse et un livre ouvert, l'autre en simple moine sans
sa crosse et avec un livre fermé. Une statue représente Saint Guénolé en
compagnie de sainte Barbe dans la chapelle Saint Gwénolé à Plourac'h,
et le grand vitrail est consacré au saint et à Landévennec.
L'attribut
de Saint Guénolé est généralement une oie (comme sur la statue de
l'abbaye de Landévennec et celle de la fontaine de Saint-Frégant).

Statue en kersanton commandée par l'abbé Jehan du Vieux-Chastel, abbaye de Landévennec (Finistère), 1522

En la cathédrale Saint-Corentin de Quimper (Finistère)

En l'église Saint-Joseph, Pont-Aven (Finistère)

En l'église Saint-Guénolé de Batz-sur-Mer (Loire-Atlantique)

En l'église Saint-Guénolé de Batz-sur-Mer

En la chapelle de Prigny (les Moutiers-en-Retz, Loire-Atlantique), les pieds

Les
pieds de la statue de saint Guénolé dans une chapelle
du Prigny (Loire-Atlantique), percés d'aiguilles par des femmes qui
souhaitent trouver l'âme sœur
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