Saint Guillaume FitzHerbert († 1154)
archevêque d'York
Guillaume FitzHerbert (fin du XIe siècle – 8 juin 1154) (William of York en anglais), également connu sous le nom de Guillaume d'York et Guillaume de Thwayt, est un archevêque d'York qui a la particularité d'avoir été deux fois archevêque, avant et après son rival Henri Murdac.
C'est un saint de l'Église catholique romaine fêté localement le 8 juin.
Il doit faire face à l'opposition des cisterciens qui, après l'élection du pape cistercien Eugène III, entreprennent de le déposer en faveur d'Henri Murdac.
Entre 1147 et 1151, FitzHerbert travaille pour assurer sa restauration en tant qu'archevêque, qu'il obtient après les morts de Murdac et d'Eugène III.
Mais il meurt peu de temps après, vraisemblablement empoisonné.
À partir de 1177, des miracles sont rapportés avoir eus lieu sur sa tombe, et il est canonisé en 1227.
Biographie
Parenté
Il est le fils d'Herbert de Winchester (ou Herbert FitzAlberic) et d'Emma.
On
a longtemps pris pour argent comptant les sources qui faisaient de son
père un fils illégitime du comte Herbert II du Maine, et de sa mère une
fille illégitime du comte Étienne II de Blois.
Mais ces liens semblent être des ajouts tardifs à sa biographie, et il est probable qu'ils soient faux.
Les
parents de son père sont donc inconnus, mais certains indices laissent à
penser que sa mère est plutôt la fille de Hunger fitz Odin, un petit
vassal du Dorset.
Son père est un petit propriétaire terrien dans le Hampshire.
Durant
le règne de Guillaume le Roux (1087-1100), le fils de Guillaume le
Conquérant, son père devient chambellan du roi au trésor de Winchester.
Au début du règne d'Henri Ier (1100-1135), il devient en plus son trésorier.
Il
est probable que Herbert ait été impliqué dans la gestion du trésor à
l'époque de la compilation du Domesday Book(1086), à l'époque où Henri le Trésorier était le responsable, et qu'il ait ensuite pris la succession de ce dernier.
Il est très possible que son père soit le « H. le chambellan » décrit par Suger de Saint-Denis comme voulant assassiner le roi, et qui est mutilé en 1118 par Henri Ier.
Quoi qu'il en soit, en 1130 Guillaume paye une taxe pour pouvoir hériter des terres de son père.
Jeunesse
Aux alentours de 1110, son père devient un vassal de l'archevêque Thomas II d'York (1109-1114) dans le Yorkshire.
En 1114 au plus tard, Guillaume FitzHerbert est nommé trésorier de la cathédrale d'York.
Cet office est, à cette époque, alors donné à l'archidiacre du Yorkshire de l'Est.
L'influence de son père, particulièrement riche et puissant l'a peut-être aidé à obtenir cette nomination si précocement.
Il
continue ses fonctions durant l'archiépiscopat de Thurstan d'York.
Guillaume FitzHerbert se retrouve impliqué dans le conflit de celui-ci
avec le roi Henri Ier, après qu'Henri demande que l'archevêché d'York accepte d'être subordonné à l'archevêché de Cantorbéry.
Guillaume accompagne Thurstan en exil en Europe, et visite la cour du pape.
La réconciliation avec Henri lui permet de revenir à York en 1121.
Le pape plaide finalement en faveur de l'indépendance des archevêques d'York dans une circulaire de 1127.
Une élection controversée
En janvier 1141 Guillaume FitzHerbert est élu archevêque d'York.
À
l'origine, en 1140, c'est Waltheof qui avait été élu. Mais le
roi Étienne rejette la proposition, probablement en raison des liens
trop forts entre Waltheof et David Ier d'Écosse (le roi écossais est son beau-père), et par conséquent Mathilde l'Emperesse.
Le
deuxième choix des électeurs d'York se porte ensuite sur Henri de
Sully, un neveu du roi Étienne et de son frère Henri de Blois, l'évêque
de Winchester.
Mais celui-ci refuse de démissionner de son poste d'abbé de Fécamp, et son élection est rejetée par le pape Innocent II.
C'est seulement une troisième élection, en janvier 1141, qui désigne FitzHerbert.
Il est probablement élu sur ordre du roi Étienne, en présence de Guillaume le Gros, le comte d'York.
Ce dernier sera d'ailleurs accusé ultérieurement d'avoir ordonné son élection au nom du roi.
On ne sait pas vraiment s'il était candidat aux élections précédentes.
Les
archidiacres de York, les neveux de l'archevêque Thurstan, Osbert de
Bayeux et Gaultier de Londres en tête, s'opposent alors à son élection
au siège archiépiscopal.
Ils
fondent leur opposition sur le fait que le deuxième concile du
Latran en 1139 permet aux moines et chanoines du diocèse de participer à
l'élection des évêques.
Ils accusent aussi le roi d'être intervenu pour faire élire
FitzHerbert. Le comte d'York décide alors d'emprisonner l'archidiacre
Gaultier pour faire taire leur protestation.
Les cisterciens,
et notamment Bernard de Clairvaux, sont aussi furieux, car FitzHerbert a
été élu aux dépens d'un candidat de leur ordre.
Il
est rejoint par plusieurs autres moines du Yorkshire, notamment les
abbés cisterciens de Rievaulx et Fountains, Guillaume et Richard, et
les prieurs augustins de Kirkham et Guisborough, Waltheof et Cuthbert.
Il l'accuse de ne pas être digne de la fonction, et notamment de ne pas être chaste.
Les deux parties décident alors de faire appel au pape Innocent II.
Ce dernier reçoit les deux délégations le 7 mars 1143 à Rome.
La délégation des opposants, constituée entre autres des quatre
sus-nommés et de Aelred de Rievaulx, ajoute à l'accusation
d'interférence royale dans l'élection la charge de simonie.
Innocent
II († 1143) suit alors l'avis des juges-délégués qu'il avait nommés
pour cette affaire, Henri de Blois et Robert de Bethune, l'évêque
d'Hereford.
Il
décide donc que l'élection sera maintenu si le doyen du chapitre d'York
prête serment que l'élection était régulière et non influencée par le
roi Étienne.
En
ce qui concerne les autres charges, il décide que si aucun témoin ne se
présente pour l'accuser, alors FitzHerbert sera autorisé à se laver de
ces accusations en prêtant serment qu'elles sont fausses.
Toutefois,
de retour en Angleterre, Guillaume FitzHerbert est porteur d'une lettre
du pape qui autorise le doyen d'York à être remplacé par un autre
témoin.
Les cisterciens, et notammentBernard de Clairvaux, puis plus tard le
pape Eugène III (1145-1153), affirmeront que cette lettre est un faux.
Finalement,
à la cour de Winchester de septembre 1143, alors que le doyen d'York
n'a pu être présent, FitzHerbert peut écarter les accusations qui pèsent
sur lui par témoignage justificatif (en anglais : compurgation).
Il
témoigne pour lui-même et fait le serment que les accusations sont
fausses, et les abbés de Sainte-Marie d'York et de Whitby, font le
serment qu'ils croient son serment.
L'évêque
de Winchester, Henri de Blois, le consacre alors le 26 septembre, bien
que sa délégation papale ait expiré deux jours auparavant avec la mort
d'Innocent II.
Premier archiépiscopat et déposition
Durant les premières années qui suivent son élection, il s'occupe de la gestion de son diocèse.
Il
aide à résoudre la querelle entre Guillaume Cumin, qui a usurpé
l'évêché de Durham, et Guillaume de Sainte-Barbe qui est l'évêque
légitimement élu.
Finalement, il consacre Sainte-Barbe, le 18 octobre 1144.
Toutefois, il a toujours besoin d'un pallium, signe que l'archevêque tient son autorité du pape.
Il ne l'a toujours pas reçu, les morts rapprochées des papes Innocent
II (1143), Célestin II (1144) et Lucius II (1145) ayant repoussées cette
opportunité.
Notamment
en 1145, il compromet son avenir en tardant à rencontrer le
cardinal Imar de Tusculum qui a été délégué par Lucius II pour lui
remettre le pallium.
Le pape meurt dans l'intervalle, mettant fin à la délégation de Imar.
Les cisterciens, toujours fortement opposés à son élection, sont déterminés à l'empêcher de le recevoir.
Bernard
de Clairvaux, le célèbre abbé cistercien et leader religieux le décrit
comme « un homme pourri de la plante des pieds au sommet du crâne ».
En
1145, l'élection du pape cistercien Eugène III, un protégé de l'abbé de
Clairvaux, compromet sérieusement l'avenir de FitzHerbert.
En 1146, Guillaume FitzHerbert se rend à Rome pour y demander son pallium.
Au
lieu de cela, le pape le suspend le temps de recevoir le serment
de Guillaume de Sainte-Barbe, l'ancien doyen d'York devenu évêque de
Durham, qui avait été exigé par Innocent II en 1143.
Pour
Christopher Norton, en attendant la décision finale du pape et son
pallium, il réside en Sicile, chez son ami, le roi Roger II.
Pour Janet Burton, FitzHerbert sent que sa cause est perdue, et il s'y retire.
Apprenant
sa suspension, des partisans de FitzHerbert lance une attaque sur
l'abbaye cistercienne de Fountains et détruisent une partie de ses
bâtiments.
Le
21 mars 1147, alors qu'il est au concile de Reims, le pape a
connaissance de cet affront et il destitue immédiatement FitzHerbert.
Eugène III ordonne alors qu'une nouvelle élection se déroule à York.
Les
deux principaux candidats sont Hilaire (plus tard évêque de
Chichester), le candidat soutenu par le roi ; etHenri Murdac, l'abbé
cistercien de l'abbaye de Fountains, autre protégé de Bernard de
Clairvaux.
Les électeurs n'arrivant pas à se mettre d'accord, le pape tranche en
faveur de Murdac, et celui-ci est consacré le 7 décembre 1147
à Trèves par le pape en personne.
Second archiépiscopat
FitzHerbert
se retire alors à Winchester, la ville qu'il a laissée 40 ans plus tôt
pour commencer sa carrière à York, sous la protection de Henri de Blois,
l'évêque de Winchester.
La
nomination de Murdac provoque une profonde division dans le chapitre
d'York et dans la population de la ville, majoritairement en faveur de
FitzHerbert.
Les habitants empêchent d'ailleurs le nouvel archevêque de rentrer dans
la ville, ce à quoi Murdac répond en plaçant la ville sous un interdit.
Il excommunie aussi les barons locaux, Guillaume le Gros et Hugues du Puiset.
Le
roi Étienne ne s'implique pas dans cette querelle, car il a besoin de
Murdac pour obtenir le soutien papal pour que sa succession revienne à
son fils Eustache, et non àHenri d'Anjou qui revendique la couronne.
En
1153, ses trois plus fervents ennemis que sont le pape Eugène
III, Bernard de Clairvaux et Henri Murdac, meurent en l'espace de quatre
mois. FitzHerbert se rend alors à Rome pour réclamer auprès du nouveau
pape Anastase IV sa restauration.
Le pape accepte et la nomination de FitzHerbert est confirmée le 20 décembre 1153.
Il
se réconcilie avec les cisterciens de l'abbaye de Fountains, leur
faisant une donation qui compense les dégâts occasionnés par ses
partisans lors des années précédentes.
Mort et canonisation
Toutefois,
moins d'un mois après son retour à York, durant la célébration d'une
messe, Guillaume FitzHerbert tombe gravement malade.
Il meurt une semaine plus tard, le 8 juin 1154.
Dans le chapitre d'York, l'opinion générale est que le calice utilisé durant cette messe avait été empoisonné.
Un des clercs de FitzHerbert accuse alors formellement Osbert de Bayeux, un des archidiacres d'York, de cet empoisonnement.
Ce dernier est d'abord jugé devant la cour royale, puis devant une cour ecclésiastique et finalement par le pape.
Le résultat de ces procédures judiciaires n'est pas connu, mais on sait que Osbert de Bayeux est défroqué et déposé avant 1158.
Guillaume FitzHerbert est enterré à York Minster et quelques mois après sa mort, divers miracles lui sont attribués.
Son culte est encouragé par les autorités ecclésiastiques locales, afin
de contrer le culte grandissant voué à saint Thomas Becket, nouveau
symbole de l'adversaire historique, l'archevêché de Cantorbéry.
En 1223, une huile à l'odeur douce s'échappe de sa tombe après avoir été endommagé par un incendie.
Pourtant, son corps ne s'est pas décomposé et n'a pas été endommagé par le feu.
Le pape Honorius III ordonne que des investigations soient menées à propos de ces miracles, et le canonise en 1227.
Sa fête est célébrée le 8 juin, jour de sa mort.
Il est surtout célébré à York.
L'iconographie traditionnelle et les vitraux dépeignent souvent saint
Guillaume traversant la Tweed ; on le voit même la traverser sur un
bateau.
Des vitraux du XIV et XVe siècle le représente lors de son retour triomphal à York en 1154.
Le
musée du Yorkshire conserve une plaque sculptée montrant Guillaume lors
de son retour à York, traversant le pont qui enjambe la Ouse alors que
celui-ci s'effondre mais que personne n'est tué.
Son blason représente 7 losanges.
Le
collège Saint-William qui doit son nom à sa situation proche de York
Minster, est établit entre 1465 et 1467 avec la permission du
roi Édouard IV.
En 1284, ses restes sont déplacés de la nef de York Minster vers un sanctuaire placé derrière le maître-autel.
Oubliés après des travaux au xvie siècle, son cercueil est redécouvert dans les années 1960 et est aujourd'hui dans la crypte de York Minster.
Portrait et signification
Guillaume
FitzHerbert fut certainement un homme capable qui avait une grande
expérience et une grande connaissance du clergé local.
Il s'était quand même fait la réputation d'êtreindolent, et ses ennemis le décrivirent comme un homme peu vertueux.
Le chroniqueur contemporain William de Newburgh écrivit de lui qu'il
était « un homme qui était clairement de naissance noble, appréciable,
avec un certain manque de morale ».
Mais ses défauts éventuels n'ont que très peu à voir avec les problèmes auxquels il fut confrontés.
Pour l'historienne Janet Burton, il eut simplement la malchance d'être élu archevêque à une période de changement politique.
En
effet, le pouvoir royal d'Étienne, alors en pleine guerre civile, était
si faible, qu'il ne fut même pas en mesure d'imposer son candidat dans
le deuxième plus important diocèse de son royaume.
Quelques années auparavant, le candidat du roi n'aurait été l'objet d'aucune contestation.
Ensuite,
les nouveaux ordres religieux (Augustins et Cisterciens) s'étaient bien
implantés dans le Yorkshire, et Guillaume FitzHerbert fut un point de
cristalisation de leur ambition réformatrice, notamment celle de Bernard
de Clairvaux.
Cette
ambition politique fut probablement renforcée par des ambitions
personnelles, notamment celles des autres archidiacres, et celle
d'autres membres du chapitre cathédral.
Il
fut tacitement reconnu que sa déposition n'était due qu'à une question
de politique quand il fut restauré par Anastase IV, en 1153.
Guillaume
n'était donc certainement pas un mauvais homme, et il fut il fut
d'ailleurs très apprécié et très populaire à York comme le montre la
réaction des habitants d'York qui empêchèrent Henri Murdac de rentrer
dans la ville en 1148.
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