Saint Yves Hélory († 1303)
prêtre et juge en Bretagne

Saint Yves Hélory de Kermartin, Yves de Tréguier ou simplement saint Yves dans la tradition catholique, est né vers 1250 et mort en 1303.
En breton, il est appelé sant Erwan dans le Trégor, Iwan, Youenn ou Eozen dans d'autres régions.
Prêtre et official du diocèse de Tréguier, il a consacré sa vie à la justice et aux pauvres.
L'Église catholique l'a reconnu saint et le fête le 19 mai.
Il est le saint patron de toutes les professions de justice et de droit, notamment celle d’avocat.
Il est également saint patron de la Bretagne.
Sa fête tend de plus en plus à être considéré comme la fête de la Bretagne.
Nous
n’avons aucune Vie de saint Yves écrite par ses contemporains, mais
seulement la procédure faite en 1330 pour parvenir à sacanonisation.
Après sa canonisation, plusieurs récits de sa vie ont été écrits en français, en latin, en breton, en italien.
Biographie
Yves Hélory (ou Héloury) est né au milieu du XIIIe siècle, probablement le 17 octobre 1253, dans une famille noble au manoir de Kermartin sur la paroisse de Minihy-Tréguier.
À l'âge d'environ 14 ans, il part étudier à Paris, accompagné de son précepteur Jean de Kergoz (Kerc'hoz).
Il y fait ses humanités, suivant des cours de théologie probablement à la Sorbonne.
Ces
premières études achevées, il étudie le droit à l'université
d'Orléans dont la faculté est réputée à travers toute l'Europe à cette
époque.
Déjà, il se fait remarquer par sa vie de privation en faveur des pauvres.
Ses
études achevées, il revient travailler en Bretagne à Rennes dans un
premier temps, où il devient conseiller juridique du diocèse.
L'évêque
de Tréguier remarque ses talents et le presse de revenir à Tréguier. En
1284, l'évêque de Tréguier le nomme official, l'ordonne prêtre et lui
confie successivement les paroisses de Trédrez et de Louannec, proches
des terres de son enfance.
Yves
étonne ses paroissiens en prêchant en breton, alors que ses
prédécesseurs le faisaient en latin, rendant ainsi accessible au peuple
la compréhension de l'Évangile et de son message.
Il
se déplace beaucoup à pieds dans la région de Tréguier, est vu
plusieurs fois dans la même journée à des lieux différents et de bonne
distance.
Les gens l'apprécient pour sa façon de rendre la justice, il est réputé
pour son sens de l'équité qui lui interdit de privilégier le riche sur
le pauvre.
L'enquête
de canonisation nous fournit un certain nombre de témoignages sur ce
que fut sa vie et la manière dont les gens le percevaient.
Ceux qui l'ont connu témoignent, ceux qu'il a guéris racontent.
Un certain nombre de faits sont ainsi rapportés sur la manière dont Yves Hélory rendait justice.
Ainsi à Rennes, doit-il traiter une affaire opposant un aubergiste à un mendiant.
Ce
dernier est accusé par le premier d'avoir été pris à rôder autour des
cuisines ; comme l'aubergiste ne peut l'accuser d'avoir volé de la
nourriture, il l'accuse de se nourrir des odeurs de sa cuisine…
Le
jugement a dû en étonner plus d'un ! Yves Hélory prend quelques pièces
dans sa bourse et les jette sur la table devant lui ; l'aubergiste tend
la main pour les prendre mais saint Yves retient sa main. L'aubergiste
s'exclame : « c'est à moi » Yves lui répond « ah non ! le son paye
l'odeur, à cet homme l'odeur de ta cuisine, à toi le son de ces
pièces ! ». En arrière-fond de ce petit épisode plutôt amusant, saint
Yves sera reconnu par les démunis comme l'avocat qui fait justice aux
pauvres et ne tient pas compte de la condition sociale. C'est ainsi
qu'autrefois dans un vieux cantique populaire, on le fêtait en chantant« Sanctus Yvo erat brito; advocatus sed non latro, res mirabilis populo », « Saint Yves était breton, avocat mais pas voleur, chose admirable pour le peuple ! ».
Son attachement aux pauvres et au soulagement de leur misère est de notoriété publique.
Il a dû bien scandaliser sur le moment ces deux femmes qui bavardaient près de l'Hôtel-Dieu à Tréguier.
Elles
rapporteront le fait au procès de canonisation : entré environ une
heure plus tôt dans l'hospice, Yves en sort à moitié nu et passe devant
elles en courant vers Minihy où se trouve son manoir.
Les
femmes se demandent ce qui a bien pu se passer, elles entrent dans
l'Hôtel-Dieu et remarquent qu'un malade porte telle pièce des vêtements
d'Yves, un autre telle autre, etc.

Mausolée dans la Cathédrale Saint-Tugdual de Tréguier
On lui prête également des miracles, comme celui d'avoir sauvé des gens de la noyade.
Après
une vie d'ascèse, de prière et de partage, mangeant très peu et vivant
très pauvrement en distribuant ce qu'il a (il ne mangeait que deux œufs
le jour de Pâques et tenait table ouverte pour les pauvres en son
manoir), Yves Hélory s'éteint le 19 mai 1303.
Ses
obsèques à la Cathédrale Saint-Tugdual de Tréguier où est érigé son
mausolée, sont l'objet d'un faste et d'une ferveur populaire
extraordinaire ; pour tous, il devient le « mirouër des ecclésiastiques,
avocat et père des pauvres, veuves et orphelins ».
Vénération et iconographie

Le chef de saint Yves dans sachâsse
Moins
de 50 ans après sa mort, en 1347, le pape Clément VI lui accorde la
sainteté. Son culte s'est répandu dans toute l'Europe, jusqu'à Rome où
deux églises lui sont dédiées.
En effet, dès la première moitié du XVe siècle, Mgr Alain de Coetivy obtint du pape Nicolas V la concession d'une église bâtie probablement au XIIe siècle et placée alors sous le patronage de saint André.
Par bulle du 16 septembre 1455, Calixte III, successeur de Nicolas V, ratifiait cette décision.
Cette
vieille église (probablement dans le style de Santa Maria in Cosmedine à
Rome) fut détruite en 1875 pour cause de vétusté et reconstruite dans
le même temps plus petite dans un style néo-renaissance florentine.
Un
tympan en terre cuite vernissée surmonte la porte d'entrée principale
et représente au centre une Vierge à l'Enfant, à sa droite saint Yves et
à sa gauche saint Bernard.
L'ancienne église conservait de nombreuses pierres tombales de bretons décédés à Rome et enterrés dans l'église.
Elles ornent aujourd'hui le cloître de Saint-Louis-des-Français à Rome.
La
façade a été restaurée pour l'année 2003, année du septième centenaire
de la mort du saint. Cette petite église dite « Saint-Yves-des-Bretons
» (Sant'Ivo dei Bretoni), située au n° 8 Vicolo della Campana se visite sur demande auprès du recteur de Saint-Louis-des-Français.
Le 19 mai, chaque année, une messe en français y est célébrée en l'honneur de saint Yves.
La seconde église dédiée au saint s'appelle Sant'Ivo alla Sapienza. Église originale en particulier par la tour qui la surmonte représentant la tour de Babel.
Elle
fut construite entre 1642 et 1660 par Borromini dans l'enceinte du
Palazzo della Sapienza abritant alors le Studio Romano qui devint
ensuite l'université de Rome (jusqu'en 1935).
À
l'intérieur de l'église, se trouve un retable représentant saint Yves
commencé par Pierre de Cortone (1596-1669) et achevé par un ou plusieurs
de ses élèves.
D'autres églises furent consacrées à saint Yves à travers l'Europe : en Espagne, en Allemagne, et aux Pays-Bas.

Saint Yves entre le riche et le pauvre (bois polychrome du XVIe siècle,Cathédrale Saint-Corentin de Quimper)
Son
culte est resté particulièrement vivace en Bretagne: les chapelles qui
lui sont dédiées, les statues le représentant sont innombrables ; les
récits hagiographiques également comme, à titre d'exemple, celui-ci :
- Quand les Bretons voyaient passer dans la campagne
- Saint Yves revêtu de son grand manteau blanc
- Ils se disaient que Dieu l'avait mis en Bretagne
- Pour défendre des grands les faibles, les petits.
- À son nom s'éveillaient, sur leurs couches funèbres
- Des enfants dont les mères avaient fermé les yeux
- Les marins l'invoquaient au milieu des ténèbres,
- Et leurs barques passaient les brisants périlleux.
Il
est le saint patron de toutes les professions de justice et de droit,
notamment celle des avocats. Chaque 19 mai, à Tréguier (Côtes d'Armor),
lors de la Fête de la Saint-Yves une délégation de ces professions
accompagne le pardon à saint Yves qui est une des grandes fêtes
religieuses bretonnes, au même titre que le pardon
de Sainte-Anne-d'Auray.
On
le représente généralement avec une bourse dans une main, pour
signifier tout l'argent qu'il a donné aux pauvres dans sa vie, et un
parchemin dans l'autre, qui rappelle sa charge de juge ecclésiastique.
Il est également souvent figuré entre un homme riche et un homme pauvre.
En savoir plus :
![]() | Saint Yves La cathédrale saint Tugdual de Tréguier |
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