Soulac sur mer
Basilique Notre-Dame de la fin des terres
Le parvis et la façade de la basilique
La basilique Notre-Dame-de-la-fin-des-Terres (en gascon : basilica Nòsta Dama de la Fin de las Tèrras) est située à Soulac, dans le département de la Gironde et l'archidiocèse de Bordeaux.
Elle
doit son nom à la proximité de la pointe de Grave, laquelle forme la
partie la plus septentrionale de la presqu'île du Médoc.
Classée
monument historique dès le 20 juillet 1891, elle est inscrite au
patrimoine mondial par l'Unesco au titre des chemins de
Saint-Jacques-de-Compostelle en France en 1998.
Histoire
L'évangélisation du Médoc
Différentes
traditions attribuent l'évangélisation de la presqu'île médullienne à
sainte Véronique, à son époux Zachée (saint Amadour) et à leur compagnon
saint Martial.
Selon
des récits qui commencent à se répandre vers le milieu du Moyen Âge,
ces derniers auraient fondé un premier oratoire non loin du site de
l'actuelle basilique, afin d'y conserver une relique apportée de Terre
Sainte considérée comme une goutte de lait de la Vierge.
Cependant,
aucune preuve archéologique n'est jusqu'à présent venue corroborer ces
récits, et les plus anciennes mentions d'un établissement religieux à
Soulac ne sont pas antérieures au début du XIe siècle,
période à laquelle un monastère bénédictin est évoqué dans deux chartes
du cartulaire de l'abbaye Sainte-Croix de Bordeaux.
Celui-ci
n'est alors qu'une modeste dépendance ne comptant pas plus de onze
personnes dont seulement quatre moines en 1166, ce qui n'empêche pas les
abbayes de Sainte-Croix et de Saint-Sever de se quereller au sujet de
la propriété du prieuré, qui après maints déboires, reste toutefois sous
la juridiction de Sainte-Croix.
L'essor
du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle profite au prieuré,
lequel devient une halte pour un certain nombre de « jacquets » peu
enclins à affronter les dangers du golfe de Gascogne.
Des
navires en provenance du nord de l'Europe débarquent les pèlerins qui
poursuivent leur route par une voie longeant le littoral, le chemin de
Soulac.
D'autres
se seraient hasardés à traverser l'estuaire de la Gironde depuis la
petite cité fortifiée de Talmont, après avoir emprunté une voie
secondaire à partir de Saintes. Si une plaque commémorative placée
devant l'église Sainte-Radegonde de Talmont vient rappeler le souvenir
de ces pèlerins, l'importance, sinon la réalité de cet itinéraire reste
néanmoins discutée par certains historiens.
Arrivés
en Médoc, les « jacquets » les plus affaiblis sont accueillis dans un
hospice fondé par les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem (Hospitalet de la Grayannes,
autrefois situé dans l'actuelle commune de Grayan-et-l'Hôpital) où ils
peuvent se reposer en attendant de reprendre leur périple. Ce n'est du
reste pas le seul établissement de ce type et l'on mentionne également
un hospice à Talais et un autre à Vensac (Temple de Panquetorte).
Une église de pèlerinage
C'est sans doute dans la seconde moitié du XIIe siècle
que l'on édifie le sanctuaire actuel, conçu dès l'origine comme une
vaste église de pèlerinage, dont le plan est destiné à permettre une
circulation plus aisée des fidèles autour des reliques.
La basilique avant sa restauration.
Dessin paru dans « Le Monde Illustré » en 1862
Celles-ci sont nombreuses et d'origine indéterminée (le commerce des reliques apparaît comme très important au Moyen Âge), ce qui n'empêche pas une forte dévotion de la part des fidèles.
On note ainsi à Soulac : « De la chandelle qui fut pourtée par l'ange à la Nativité Jhésu-Crist » ; « Trois feuilles de palme qui furent gectés davant Jhésu-Crist à l'entrée de Jhérusalem » ou encore « Huyt grains de froument qui furent semés et creuz tout en une heure quant Nostre-Dame s'enfuyoit en Egipte ».
D'autres
reliques sont l'objet d'une vénération toute particulière : la châsse
de Sainte Véronique, qui serait morte à Soulac vers l'an 70, et quelques
gouttes du lait de la Vierge rapportées de Terre Sainte. D'ailleurs,
une des significations du nom de la ville de Soulac est "le lait de la
Vierge" (Solum lac en latin).
Dès
cette époque pourtant, le déplacement constant des massifs dunaires
sous l'influence des vents d'ouest cause l'ensablement progressif du
sanctuaire, problème majeur que vient compléter une remontée constante
de la nappe phréatique, qui inonde périodiquement l'église. Remédier à
ces dangers constitue une priorité et vers le XIVe siècle, des travaux d'exhaussement du sol (environ 3 mètres 60) permettent de parer au plus pressé.
La façade est réaménagée et un clocher trapu lui est accolé dans la première moitié du XVIe siècle.
Ces
travaux ne parviennent cependant pas à préserver l'édifice de la menace
constante des éléments et dès 1532, la basilique est décrite comme « Fort ruynée » alors que « Partie des voûtes se sont rouptes et effondrées ».
La
situation politique de l'époque impose une restauration qui s'apparente
plus à des travaux de fortification, alors que la France s'apprête à se
déchirer en une longue guerre civile entre catholiques et protestants.
La basilique sous les sables
Blason de Soulac - Ex arena rediviva surgit:
« Du sable, elle se dresse ressuscitée ».
La paix revenue n'apporte pas la réponse au problème de plus en plus pressant de l'avancée des dunes, lesquelles recouvrent périodiquement des parties entières de l'édifice, causant des destructions importantes et affaiblissant sa structure.
En 1741, le combat contre les éléments s'annonce comme trop inégal et
les habitants doivent se résoudre à évacuer le village, lequel est
abandonné aux sables.
Un nouveau village est édifié quelques kilomètres plus à l'est, le « Jeune-Soulac ». Quelques demeures se regroupent autour d'une modeste église consacrée en 1745, aujourd'hui convertie en musée.
N'étant
plus entretenue, la basilique est ensevelie en quelques décennies, à
l'exception du sommet du clocher, qui sert d'amer aux navigateurs.
Au XIXe siècle,
l'ancien sanctuaire n'est plus qu'une ruine romantique que les sables
couvrent ou découvrent en partie au gré des tempêtes.
Une
commission des monuments historiques en fait l'inventaire en 1842 puis
de nouveau en 1846, mais c'est sous l'impulsion de l'archevêque de
Bordeaux, le cardinal Ferdinand-François-Auguste Donnet, que décision
est prise de dégager et de restaurer la basilique.
Les travaux débutent en 1859, sous la houlette de l'architecte Charles Durand.
L'année suivante, une première messe peut y être célébrée.
Classée
par les monuments historiques le 20 juillet 1891, elle reste néanmoins
en chantier jusqu'en 1905, subissant de profonds remaniements.
Architecture
L'intérieur de la basilique
Fondée dans le courant du XIIe siècle, la basilique est un édifice de style roman trahissant de profondes influences saintongeaises et poitevines.
Originellement construit sur un plan en croix latine (le transept a été abattu durant les travaux de restauration à la fin du XIXe siècle) le sanctuaire est désormais structuré sur un plan basilical.
Il
se compose d'une nef centrale flanquée de deux collatéraux de même
hauteur, l'ensemble étant divisé en cinq travées. Les voûtes en arc
brisé sont rythmées par une série de doubleaux aux formes légèrement
outrepassées prenant appui sur des demi-colonnes engagées.
Si les trois premières travées reprennent sensiblement les mêmes
dispositions, les puissants piliers de la quatrième travée et
l'aménagement d'un petit escalier à vis trahissent la présence du
clocher primitif (lequel fut remplacé par la tour actuelle au XVIe siècle) à cet endroit précis.
S'il
présente de nombreux points communs avec les églises saintongeaises et
poitevines, le vocabulaire iconographique utilisé par les artistes du
Moyen Âge n'est pas sans rappeler également le décor de l'abbatiale de
Saint-Sever.
Si
les chapiteaux de la nef présentent ainsi un décor généralement végétal
ou géométrique (feuilles d'acanthe, volutes), ceux du chœur sont
historiés et reprennent de grands thèmes bibliques (le sacrifice
d'Isaac, Daniel dans la fosse aux lions).
Le chœur en lui-même est formé d'une abside voûtée en cul de four précédée d'une travée droite.
Le
rond-point accueille de larges baies en plein-cintre garnies de vitraux
modernes (posés en 1954, ils sont l'œuvre du maître-verrier Chicot).
L'abside et les absidioles de la basilique n'ont pu être entièrement dégagées lors de la restauration du XIXe siècle
À l'extérieur, l'abside était autrefois divisée en trois registres horizontaux par une série de bandeaux, mais seules les parties supérieures ont été dégagées lors des restaurations.
Au-dessus
des baies se déploie une arcature atypique de par la présence de
pilastres à imposte qui remplacent les colonnettes généralement
employées dans ce genre de décor.
De part et d'autre de l'abside, deux absidioles prolongent les collatéraux.
Deux
arcades permettaient autrefois la jonction avec la travée droite du
chœur, mais celles-ci présentent la particularité d'être à demi
enterrées (afin de préserver la structure, l'édifice n'a pas été
totalement dégagé).
Parmi les éléments de mobilier présents dans la basilique figurent une chaire monumentale en pierre et plusieurs tableaux.
Plusieurs statues sont toujours vénérées dans le sanctuaire, notamment une statue en bois polychrome du XIXe siècle représentant la Vierge et une statue de saint Jacques offerte par des pèlerins.
La
basilique conserve également la châsse de Sainte Véronique, laquelle
contient des reliques attribuées à celle-ci mais également à son époux
saint Amadour et à saint Fort, ainsi qu'un autel et une statue de sainte
Véronique où, autrefois, on prêtait serment lors des procédures
judiciaires afin de prouver sa bonne foi.
Statue de saint Antoine
Le maître-autel
La chaire
Statue de sainte Jeanne d'Arc
Statue de saint Jacques
Source :
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