Bienheureuse Gersende ou Garsende d'Alphant
gouvernante de saint Elzéar (14ème s.)
La Bienheureuse Garsende d’Alphant naquit à Apt vers le milieu du XIIIesiècle, d’une des plus illustres Maisons de Provence. Élevée sous les yeux de ses parents qui étaient fort pieux, Garsende (ou Gersende) se forma de bonne heure à la pratique des vertus qu’elle sut si bien inspirer dans la suite aux autres.
Mariée fort jeune, et par obéissance, à un riche Seigneur, elle l’engagea à vivre dans le mariage, comme dans le célibat : un vœu de chasteté perpétuelle ranima dans ces époux la pureté du corps, nécessaire pour vaquer avec plus de ferveur aux exercices de la Religion.
D’Alphant mourut jeune, et laissa Garsende affligée de sa perte ; mais sa résignation aux volontés de l’Être Suprême lui fournit un moyen de consolation efficace.
Elle courut dans un lieu de retraite, et renonça solennellement au monde, en prenant dans l’église des Cordeliers d’Apt, l’habit du Tiers-Ordre de Saint-François.
Ce lieu de retraite fut le Château d’Ansouis, dans lequel logeait sa cousine Laudune d’Aube, que ses vertus avaient fait nommer la sainte Comtesse.
C’était en 1288, dans les premières années de saint Elzéar, dont Garsende devint l’institutrice.
Faut-il
s’étonner si ce Saint a recueilli les fruits les plus heureux de son
éducation dirigée par une mère vertueuse, et par une parente qui vivait
dans la plus grande piété ?
Nous
avons dit dans l’article de ce Saint, qu’il fut envoyé à l’Abbaye de
Saint-Victor à Marseille dès l’âge de sept à huit ans : la bienheureuse
Garsende continua de vivre avec sa mère ; et ces deux saintes femmes
menaient ensemble la vie des plus austères Religieuses ; renfermées dans
leur maison pendant tout le temps qui n’était point employé à la visite
des églises ou des Hôpitaux.
La
bienheureuse Garsende renchérissait sur sa cousine par les plus
austères pénitences. Jeûnes, cilices, oraisons, tout était porté à un
point que son confesseur, qui était le Père Philippe d’Aiguières, fut
souvent obligé d’en modérer les excès ; la Communion fréquente sembloit
la soutenir dans ses mortifications ; elle y goûtait les douceurs
réservées aux âmes pures.
Cette
bienheureuse veuve avait donné l’exemple de la chasteté ; elle fit
plus, elle contribua par ses avis, au vœu que saint Elzéar et sainte
Delphine firent de vivre dans l’état de continence qu’ils avaient
gardée, jusqu’alors sans engagement. Par ses sages conseils, il n’y eut
jamais entre ces deux époux, qu’une union spirituelle, qui se rapporte
plus particulièrement à l’Être Suprême ; union pareille à celle de la
bienheureuse Garsende et de son mari.
La
mort de la bienheureuse Garsende fut semblable à sa vie. Elle avait
vécu dans la piété, elle mourut de la mort des Justes, le 7 novembre
1310, Clément V étant pape, Andronic II empereur de Byzance et Philippe
IV le Bel roi de France. Elle fut inhumée au Couvent des
Cordeliers d’Apt, revêtue uniquement de l’habit du Tiers-Ordre. Ses
obsèques furent ordonnées par saint Elzéar et sainte Delphine, qui y
assistèrent. Les Historiens et le Martyrologe Franciscainlui donnent le titre de Bienheureuse.
Fête le 8 novembre.
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