Dédicace de la Basilique du Saint Sépulcre († 355)

L'église du Saint-Sépulcre, également appelée basilique de la Résurrection (en grec : Ναός της Αναστάσεως, Naos tis Anastaseos ; en géorgien : Agdgomis Tadzari ; en arabe : كنيسة القيامة, Kanīsat al-Qiyāma ; en arménien : Սուրբ Հարություն , Surp Harutyun) par les chrétiens d'Orient, est une église chrétienne située dans la Vieille ville de Jérusalem.
Ce lieu est considéré comme un lieu très saint pour une grande partie des chrétiens qui y vont nombreux en pèlerinage.
Il s’agit d'un sanctuaire englobant le lieu de la crucifixion (Golgotha) ainsi que la grotte où le corps du Christ fut déposé après sa mort (Le Saint-Sépulcre ou tombeau de Jésus).
Par inférence, c'est là qu'aurait eut lieu la résurrection (Anastasis, en grec « Résurrection »).
L'église est devenue un important lieu de pèlerinage à partir du IVe siècle.
Histoire
Église constantinienne

L'église du Saint-Sépulcre, Vue en coupe sur la Rotonde

Plan du site au IVe siècle, avec en bleu la basilique de Constantin

Le Saint-Sépulcre sur lequel flotte le drapeau à la Croix de saint Georges, et le minaret à gauche de la Mosquée d'Omar
Eusèbe de Césarée décrit dans sa Vie de Constantin (Vita Constantini)
comment le site du Saint Sépulcre, devenu un lieu de dévotion pour la
communauté chrétienne à Jérusalem, fut recouvert par la suite de terre
sur laquelle on édifia un temple païen dédié à Vénus.
Bien qu'Eusèbe de Césarée n’en dise pas beaucoup, il se peut qu’il s’agisse d’une partie de la Jérusalem reconstruite par Hadrien en 135 et rebaptisée Ælia Capitolina, après la répression de la Révolte juive de 70 et la Révolte de Bar Kokhba de 132-135.
L'empereur Constantin ordonna vers 325/326 que le site antique soit découvert et demanda àMacaire de Jérusalem de construire une église à l’endroit même où fut crucifié et enterré le Christ.
Les pèlerins de Bordeaux (Itinerarium Burdigalense) rapportèrent les faits suivants en 333 :« Là,
à présent, sur l’ordre de l'empereur Constantin, a été construit une
basilique, c'est-à-dire une église de beauté merveilleuse, ayant à ses
côtés des réservoirs d’où l’on tire de l’eau et un bassin à l’arrière,
où les petits enfants sont baptisés ».
Socrate le Scolastique (né vers 380), dans son « Histoire Ecclésiastique », donne une description précise de la découverte (reprise plus tard par Sozomène et par Théodoret).
Il souligne le rôle important qu’ont joué les fouilles et la construction menées par la mère de Constantin, Sainte-Hélène, à qui est aussi créditée la redécouverte de la Vraie Croix.
Constantin
donna à Hélène la tâche de construire des églises sur les différents
sites qui commémoraient la vie de Jésus-Christ : l'Église du Saint
Sépulcre commémore la fin de la vie de Jésus, la Basilique de L'Éléona
sur le mont des Oliviers est l'endroit même où Jésus serait monté au
ciel, l'Église de la Nativité àBethléem en commémore le début. Elle fit aussi construire une église à l'entrée d'Hébron.

L'Édicule du Saint-Sépulcre (tombeau du Christ) avec au-dessus le dôme de la rotonde visible
L'église
de Constantin fut construite à proximité du lieu de la Crucifixion et
reliait trois églises érigées sur les trois différents sites saints,
incluant :
- une grande basilique (le Martyrium visité par la religieuse Égérie vers 380),
- un atrium fermé par des colonnes (un triportique) et construit autour du traditionnel rocher du calvaire
- une rotonde, appelée Anastasis (« la Résurrection »), dans laquelle se trouvait une grotte identifiée par Hélène et Macaire de Jérusalem comme étant le lieu de sépulture de Jésus.
Après
avoir arasé la dénivellation rocheuse dans laquelle la grotte
sépulcrale se trouvait, le Tombeau mis ainsi à découvert, fut abrité au
centre de la rotonde par une structure appelée Kouvouklion (en grec : chambrette) ou Édicule (ædiculum en latin, petit bâtiment). Le dôme de la rotonde fut construit vers la fin du IVe siècle.
Depuis,
le pèlerinage vers le symbole le plus éminent de la Chrétienté se
développa : les itinéraires vers la Terre Sainte constituèrent alors le
pèlerinage auquel les occidentaux attachèrent le plus d'importance.
La
durée d'un pèlerinage à Jérusalem pouvait durer de quelques mois à
quelques années, et les innombrables dangers faisait qu'un pèlerin sur
deux n'en revenait pas.
L'église du Saint Sépulcre au Moyen Âge

Plan de l'église du Saint-Sépulcre tel qu'il existait au moment de l'arrivée des croisés. En examinant ce plan de A en B, il y a des traces de l'abside constantinienne,
seuls restes de cette construction primitive. Ce mur absidal est pris
aux dépens du rocher, le terrain ayant été déblayé pour faire ressortir
le bloc de pierre renfermant le tombeau de Jésus-Christ, en E. Après la
destruction de la basilique de Constantin, sous Chosroès II, Modeste s'était
contenté de circonscrire l'édifice, en fermant toute la partie
antérieure de G en H, de manière à composer une rotonde. Les chapelles
I, K, L, M, furent ajoutées plus tard. Sur le Golgotha, en O, avait été
élevée une nouvelle chapelle, puis en P une petite basilique à côté de
la piscine S, où le bois de la croix avait été trouvé. La partie R était
un des restes de la basilique de Constantin
La splendeur des édifices constantiniens sur le terrain du jardin du Golgotha dura de 335 à 614.
L’édifice fut touché par un incendie en 614 lorsque les troupes Perses de Khosro II, conduites par le Général Romizane (surnommé Schahr-Barâz, le sanglier royal), envahirent Jérusalem et s’emparèrent de la Vraie Croix.
Le patriarche d'Alexandrie Eutychès écrit
dans ses annales : « L'empereur Chosroes II envoya son général
Schahrbaraz…Il détruit les églises de Constantin, celle du Calvaire et
celle du Saint Sépulcre et il détruisit une grande partie de la ville. »
En 630, l'Empereur Héraclius, ayant vaincu les Perses, marcha triomphalement dans Jérusalem et restitua la Vraie Croix à l'église rebâtie du Saint Sépulcre.
La
première construction put être réparée parce que les édifices, tout en
étant gravement endommagés, étaient cependant restés debout.
Le patriarche Modeste réutilisa les matériaux de l’église pour construire un monument moins imposant.
Parmi les nouveautés de la restauration de Modeste il convient d'indiquer la couverture du Calvaire par une voûte à croisillons.
Le pèlerin chrétien Arculfe a réalisé des schémas à partir de tablettes de cire. Grâce à son travail, on a une description de l’édifice de 680 et un plan.
Sous la dynastie abbasside
En 638 l'arrivée des conquérants arabes n'entraîna pas de modifications particulières dans le sanctuaire.
Sous la domination musulmane elle resta une église chrétienne. Les premières lois Musulmanes protégeaient
les différents sites chrétiens de la ville et en particulier le Saint
Sépulcre. Elles interdisaient notamment leur destruction et leur
utilisation comme lieu d’habitation.
Voici comment Eutychius, patriarche d'Alexandrie, décrit les événements relatifs à la conquête arabe : « Omar ibn al-Khattab et ses généraux partirent de la Syrie vers Jérusalem pour assiéger la Ville. Le Patriarche de Jerusalem Sophroniusse
rendit auprès d'Omar ibn al-Khattab, lequel accorda sa protection aux
habitants de la Ville au terme d'une lettre remise à ce patriarche. Omar
ibn al-Khattab] garantit la sauvegarde des sites chrétiens et donna
ordre à ses hommes de ne pas détruire ces sites ni de les utiliser comme
habitations. »
Le
récit d'Eutychius rapporte qu'Omar ibn al-Khattab visita l'église de la
Résurrection et s'arrêta pour s'asseoir sous son porche; mais, au
moment de la prière, il s'éloigna de l'église et fit sa prière en
dehors. Il craignait que les générations futures interprètent ce geste,
le prenant comme prétexte pour transformer l'église en mosquée.
Eutychius ajouta que Omar ibn al-Khattab avait écrit un décret
interdisant aux musulmans de se réunir en ce lieu pour y prier.
La seconde église fut détruite par un tremblement de terre en 746.
Au début du IXe siècle un violent séisme abîma la coupole de l'Anastasis. Les dommages furent restaurés en 810 par le Patriarche Thomas.
En 841, l'église subit un incendie.
En 935 les chrétiens réussirent à éviter qu'une mosquée ne soit construite en un lieu juxtaposé à la Basilique.
En 938 Nouvel incendie. Le feu s'engouffra dans la Basilique, dans l'aprotique et même dans l'Anastasis.
En 966, en raison d'une défaite des armées musulmanes en Syrie une
émeute éclata et fut suivie de représailles. La Basilique fut encore
une fois incendiée. Les portes et le toit brûlèrent, le patriarche fut
assassiné. Mais tous ces désastres abîmèrent surtout les structures en
bois. Les dommages purent être réparés au prix de grands sacrifices de
la part de la communauté chrétienne, plongeant cette dernière dans le
dénuement.
Sous la dynastie fatimide
Lorsque les califes égyptiens Fatimides prirent Jérusalem en 969, la situation des chrétiens devint plus précaire.
Au début du règne de la dynastie fatimide, notamment sous le règne du calife Al-Aziz, on leur donnait encore une assez grande liberté.
Mais le 18 octobre 1009, le bâtiment originel du Saint-Sépulcre fut complètement détruit par le calife Fatimide et chiite Al-Hakim bi-Amr Allah.
L'Édicule,
les murs est et ouest ainsi que le toit du tombeau abrité et taillé
dans la roche furent détruits ou détériorés (les versions contemporaines
varient), mais les murs nord et sud furent heureusement protégés grâce
aux débris occasionnés par l’ampleur des dommages.
L'historien arabe Yahia Ibn Sa'id décrit cet événement ainsi :
« Ils
s'emparèrent de tous les meubles qui se trouvaient dans l'église et les
détruisirent complètement ; ils ne laissèrent que ce dont la
destruction était très difficile. Ils détruisirent aussi le Calvaire et
l'église de Saint Constantin et tout ce qui se trouvait à proximité, et
ils tentèrent d'éliminer les vestiges sacrés. Cette destruction commença
le Mardi cinquième jour avant la fin du mois de Saffar (15 août
1009). »
Appelé
aussi le « calife fou », Al-Hakim bi-Amr Allah persécuta les chrétiens
et durant plus de onze années proscrit les pèlerinages ; il fut interdit
aux chrétiens de prier dans les ruines. P.J. Vatikiotis explique
que cette attitude hostile prise par al-Hâakim pouvait être expliquée
par le contexte historique où la vie économique et sociale s’était
détériorée (notamment la période critique de 999 à 1005 où
une grande famine sévissait). Au milieu de cette situation
préoccupante, plusieurs membres de la population étaient extrêmement
perturbés par la prospérité croissante des Ahl al-Kitâb (Juifs et Chrétiens) et leur puissance démesurée dans l'État.
La destruction du Saint-Sépulcre provoqua de vives réactions, souvent irrationnelles en Europe. Par exemple, le moine de l'Abbaye de Cluny, Raoul Glaber, accusa les Juifs d’être la cause de ces malheurs. Il en résulta que les Juifs furent chassés de Limoges et de nombreuses autres villes françaises. Finalement, cette destruction est une des causes descroisades à venir et notamment celle dont se sert le pape Urbain II en 1095 pour appeler les chrétiens à libérer le Saint-Sépulcre.
Ce
ne fut seulement que plusieurs années après que les chrétiens eurent la
permission de reconstruire le sanctuaire. Ce fut le résultat d'un
traité de paix entre l'empereur byzantinRomain III Argyre et
le successeur d'Al-Hakim. Après la mort d'Al-Hakim, les pèlerinages
reprirent. On reconstruisit le Saint-Sépulcre et nombre d’églises. Des
groupes de pèlerins vinrent régulièrement d’Europe. La reconstruction
eut sans doute eu lieu entre 1030 et 1048. Les travaux commencèrent sous le règne de l'empereur Constantin IX Monomaque.
Une série de petites chapelles fut érigée sur le site en 1048, mais suivant des conditions strictes imposées par le califat.
Les
architectes de l'Empire, dès leur arrivée à Jérusalem, déterminèrent
l'impossibilité de restaurer tout ce qui fut construit par Constantin.
Les
architectes byzantins sauvèrent la rotonde au-dessus du Sépulcre mais
ils ne reconstruisirent pas l’immense basilique de Constantin le Grand,
qui allait du Calvaire à la grande rue du marché. Ils décidèrent de
conserver seulement l'Anastasis, en lui adjoignant une grande abside à l'Est et plusieurs chapelles sur le terrain de la place du jardin et au lieu duMartyrium. Une galerie supérieure fut ajoutée dans la rotonde. Les travaux furent achevés entre 1042 et 1048. Au cours de cette reconstruction le Porche oriental, le Martyrium et le Portique du jardin disparurent.
L’emplacement resta un champ de ruines jusqu’à l’arrivée des Croisés.
Malgré
ces changements, la nouvelle architecture présentait un style
artistique de grande qualité. Des mosaïques recouvraient les parois et
la coupole. L'Abbé russe Daniel, qui visita Jérusalem à cette époque, en donna une description :
« L'église
de la Résurrection est de forme ronde et appuyée sur douze colonnes
monolithes et six pilastres. Le pavement est fait de très belles dalles
de marbre. Elle a six portes et des tribunes dotées de douze colonnes
représentant les saints Prophètes; de belles mosaïques sont sous le
plafond et sur les tribunes. » L'autel est surmonté d'une Icône du
Christ. Au-dessus de l'autel majeur, on remarque une mosaïque
représentant l'exhaltation d'Adam. L'Ascension du Christ est représenté
dans l'abside. L'Annonciation sur les deux pilastres voisins de l'autel.
La coupole de l'église n'est pas clôturée par une voûte en pierre, mais
par des poutres de bois, entrelacées entre elles. L'église a une
ouverture à son sommet. Le Saint Sépulcre est placé sous cette coupole
ouverte.
Le voyageur musulman Nasir-I Khusraw décrivit aussi le Saint-Sépulcre en 1047 :
« L’église actuelle est une très grande construction qui peut contenir
8 000 personnes. L’édifice est très habilement construit de marbres
colorés, avec une ornementation et des sculptures. À l’intérieur,
l’église est partout ornée de broderie byzantine travaillée avec de l’or
et de tableaux. Et ils ont représenté Jésus – que la paix soit avec lui
– qui est parfois montré montant un âne. Il existe aussi des tableaux
représentant d’autres prophètes, Abraham, par exemple, et Ismaël et Isaac, et Jacob avec
son fils – que la paix soit avec eux tous... Dans l’église on trouve
une peinture divisée en deux parties représentant le Ciel et l’Enfer.
Une partie montre les sauvés au Paradis, alors que l’autre décrit les
damnés en Enfer, avec tout ce qu’il y a là-bas. Assurément il n’existe
pas d’autre lieu au monde avec une peinture semblable. Dans l’église
sont assis un grand nombre de prêtres et de moines qui lisent l’Évangile
et disent des prières, jour et nuit ils sont occupés de cette façon. »
Durant la période croisée (1099-1187)

La prise de Jérusalem par les croisésle 15 juillet 1099-Emil Signol, xixe siècle, Chateau de Versailles,
1. Le Saint-Sépulcre
2. Le Dôme du Rocher
3. Les remparts
1. Le Saint-Sépulcre
2. Le Dôme du Rocher
3. Les remparts
La Première Croisade était
perçue comme un pèlerinage armé car aucun croisé ne pouvait considérer
son voyage complet s’il n’avait pas effectué une prière au
Saint-Sépulcre.
En
effet depuis 1090, les Turcs, qui avaient pris possession des lieux,
persécutaient les chrétiens et leur en interdisaient l'accès.
Pierre l'Ermite témoin
d'actes de barbaries et d'atrocités à l'encontre des pélerins
chrétiens, revint au pays bien décidé à inviter l'Europe à se
« croiser » pour rétablir la paix dans ces lieux saints profanés.
En 1096 eut lieu la Croisade des « gueux » qui fut un échec.
Il fallut attendre l'arrivée des Croisés Chevaliers qui reprirent le site lors de la Première Croisade le 15 juillet 1099.
Ils entreprirent ensuite sa reconstruction.
Voici le récit de la prise de Jérusalem par Raymond d'Aguilers, qui, avec les exagérations d'usage dans une chronique de ce genre, témoigne de l'importance du site pour les croisés : « Après
la prise de la ville, il était beau de voir la dévotion des pèlerins
devant le Sépulcre du Seigneur et de quelle façon se manifestait leur
joie en chantant à Dieu un chant nouveau. Et leur cœur offrait à Dieu
vainqueur et triomphant des louanges inexprimables en paroles… ».

Tombe de Godefroy de Bouillon dans le Saint-Sépulcre
Le chef des croisés, Godefroy de Bouillon, devint le premier monarque latin de Jérusalem mais décida de ne pas utiliser le titre de « roi » durant sa vie, se déclarant simplement : Advocatus Sancti Sepulchri (« Avoué (Protecteur ou Défenseur) du Saint Sépulcre »).
Il prit alors le titre de baron.
Il ne voulait pas porter une couronne d’or sur le lieu où le Christ avait porté une couronne d’épines.
De
plus, les clercs estimaient que le Lieu saint appartenait à l’Église et
qu’ils devaient constituer une sorte de seigneurie ecclésiastique dont
les croisés n'étaient que les défenseurs laïques.
En 1100, Albert d'Aix écrivait à propos de Godefroy de Bouillon lors de la prise de Jérusalem en juin1099 : « Tandis que tout le peuple chrétien […] faisait un affreux ravage des Sarrasins,
le duc Godefroy, s'abstenant de tout massacre, […] dépouilla sa
cuirasse et, s'enveloppant d'un vêtement de laine, sortit pieds nus hors
des murailles et, suivant l'enceinte extérieure de la ville en toute
humilité, rentrant ensuite par la porte qui fait face à la montagne des Oliviers, il alla se présenter devant le sépulcre de notre seigneur Jésus-Christ,
fils de Dieu vivant, versant des larmes, prononçant des prières,
chantant des louanges de Dieu et lui rendant grâces pour avoir été jugé
digne de voir ce qu'il avait toujours si ardemment désiré. »

Dès son installation dans Jérusalem, il s'attacha à structurer autour du Tombeau du Christ, une communauté mixte, composée dechanoines séculiers et de chevaliers, des croisés restés en Terre sainte.
Ces derniers constituaient un groupe appelé milites sancti Sepulcri (« chevaliers du Saint-Sépulcre »).
L'Ordre du Saint-Sépulcre fut ainsi créé.
Ces chevaliers avaient pour mission de protéger la sépulture sacrée et ses biens.
Parmi les 115 chevaliers, on trouvait un seigneur du nom de Hugues de Payns qui deviendra en 1129 le premier maître d'un nouvel ordre religieux, l'ordre du Temple.
L’Higoumène Daniel visita la ville en 1106 et rapporta la description suivante : « L’église
de la Résurrection est de forme circulaire ; elle comprend douze
colonnes monolithiques et six piliers, et elle est pavée de très belles
dalles de marbre. Il existe six entrées et galeries avec soixante
colonnes. Sous les plafonds, au-dessus des galeries, les saints
prophètes sont représentés en mosaïque comme s’ils étaient vivants ;
l’autel est surmonté d’un portrait du Christ en mosaïque. Le dôme de
l’église n’est pas fermé par une voûte de pierre, mais il est formé
d’une structure de poutres en bois, de façon que l’église soit ouverte
dans sa partie supérieure. Le Saint Sépulcre est sous ce dôme ouvert. »
Le chroniqueur Guillaume de Tyr rapporte la reconstruction du Saint-Sépulcre (cf. Schéma) au milieu du XIIe siècle.
Les croisés rénovèrent l'église suivant le style roman et y ajoutèrent un clocher.
Ils restaurèrent le dôme de l’église byzantine et la crypte Sainte-Hélène.
En 1144, la cour intérieure est fondue dans un monument de style roman composé d’une basilique surmontée d’un dôme, entre l’église Sainte-Hélène et la Rotonde.
Depuis cette période, l’église du Saint-Sépulcre possède deux dômes, et
les cinq sites les plus sacrés du christianisme sont abrités. Le
Saint-Sépulcre est reconstruit suivant le plan de la Croix.
Le 15 juillet 1149 est consacré le chœur des croisés, qui remplace l'ancienne cour à ciel ouvert reliant la rotonde à l'église de Constantin.
Pour l'inauguration de la nouvelle basilique on grava des inscriptions en lettres d'or sur la porte de bronze.
On pouvait y lire : « Ce
Lieu saint a été consacré par le sang du Christ, notre propre
consécration ne peut donc rien ajouter à sa sainteté. Mais l'édifice
élevé autour de ce sanctuaire et au-dessus a été consacré le 15 juillet
par le patriarche Foucher dans la quatrième année de son patriarcat et
par d'autres prélats et pour le cinquième anniversaire de la prise de la
ville qui à cette époque resplendissait autant que l'or très pur.
C'était en l'an 1149 de la naissance de Notre Seigneur. »
L'inauguration eut ainsi lieu le 15 juillet 1149, date symbolique de la prise de Jérusalem par les croisés 50 ans plus tôt.
Les rénovations unifièrent ainsi les différents lieux saints.
Ces dernières furent réalisées durant le règne de la reine Mélisende en 1149.
C’est
durant cette période que de nombreuses traditions chrétiennes liées à
la vie de Jésus sont instituées, notamment celle de la Via Dolorosa.
Aucune reconstruction majeure n’a été entreprise depuis.
L'église est devenue le siège du premier Patriarche latin et le lieu du scriptorium du royaume.
Sous la période ayyoubide
L'église et le reste de la ville furent perdus pour les Croisés avec Saladin.
L’historien Imad al-Din écrit d'ailleurs à ce sujet que les Francs envisagèrent un martyre collectif dans l’église du Saint-Sépulcre.
À
partir de ce moment, les Chrétiens se voient interdits de séjour, à
l’exception des Chrétiens orientaux, qui sont chargés de l’entretien du
Saint-Sépulcre.
Néanmoins, un traité établi après la Troisième croisade tolérait la visite du site pour les pèlerins chrétiens.
Alors qu’il était excommunié, l'empereur Frédéric II récupéra la ville et l'église suite à un traité signé au XIIIe siècle.
Cette situation eut pour résultat curieux de frapper l’église la plus sainte de la Chrétienté d’interdit.
En 1244, les Turcs Khwarezmiens pillèrent Jérusalem, massacrèrent les Chrétiens et dévastèrent le Saint-Sépulcre.
Époque moderne
Au XVe siècle, durant la période ottomane, les conflits entre musulmans et chrétiens firent leur apparition.
Le Saint-Sépulcre fut une fois de plus dévasté.
Malgré
l’augmentation constante des pèlerins depuis le Moyen Âge et durant
l'époque moderne, à l'instar de Jérusalem, le site n'était plus
entretenu et se dégradait.
Félix Fabri, un frère dominicain allemand, y fait allusion après avoir effectué deux pèlerinages en Terre Sainte, le premier en 1480 et le second en 1483 :
« La ville est dans un grand état de désolation. De nombreux bâtiments
sont détruits [...] la malheureuse Jérusalem a souffert, souffre encore
et souffrira plus tard de plus de sièges, dégradations, destructions et
terreurs qu’aucune autre ville au monde. »
Aussi, les moines franciscains apportèrent des améliorations en rénovant en 1555 le Saint-Sépulcre.
On rénova notamment les plaques de marbre recouvrant le Tombeau. En 1648, le dôme fut restauré.
Menacé à nouveau d'effondrement en 1719, il fut consolidé.
La mosaïque qui le couvrait fut fragmentée en de petits morceaux qui furent vendus comme souvenirs.
Époque contemporaine

Plan de l'église du Saint-Sépulcre

Édicule abritant la Tombe du Christ à l'intérieur du Saint-Sépulcre
Un incendie détériora à nouveau sérieusement la structure en 1808 et provoqua l’effondrement du dôme qui brisa les décorations extérieures de l'Edicule.
La Rotonde et l'extérieur de l'Édicule furent reconstruits entre 1809 et 1810 par l'architecte Komminos de Mytilène suivant un style architectural ottoman baroque.
Le feu n'atteint pas l'intérieur de l'édicule et les décorations en marbre du Tombeau.
Le dôme actuel fut construit entre 1863 et 1868 grâce aux aides financières des gouvernements français, russe et ottoman.
Les rénovations modernes les plus importantes ont commencé en 1959. Des travaux de restauration du dôme ont été effectués entre 1994 et 1997.
Le revêtement de marbre rouge plaqué contre l'édicule par Komminos a mal vieilli et se détache de la structure sous-jacente ; depuis 1947 il
est maintenu en place grâce à une structure extérieure métallique
installée par les britanniques. Aucun projet n'est envisagé pour sa
rénovation.
Statu quo
Depuis la rénovation de 1555, le contrôle de l'église a alterné entre les Franciscains et les Orthodoxes.
Sous l’empire ottoman, chaque communauté pouvait obtenir, sur fond de corruption, un firman accordé provisoirement par la « Sublime Porte » ce qui causait régulièrement des affrontements violents.
En 1767, las des querelles, la « Sublime Porte » édita un firman qui partagea l'église entre les revendicateurs.
Ce fut confirmé en 1852 par un autre firman qui prit des dispositions permanentes par l’intermédiaire d’un statu quo établissant une division territoriale entre les communautés.
Les premiers gardiens sont l’Église orthodoxe grecque, l’Église catholique romaine et l'Église apostolique arménienne.
Au XIXe siècle, les Coptes orthodoxes, les Éthiopiens orthodoxes et les Syriaques orthodoxes obtinrent
des responsabilités moins importantes associées à des hauts lieux ainsi
qu'à certaines structures dans et autour du Saint Sépulcre.
En
plus de cette répartition spatiale (avec des espaces propres ou
communs), le partage inclut aussi une répartition des heures de prière
et de procession.
Ces droits de propriété et d'utilisation protégés par le Statu quo sur les lieux saints sont garantis par l'article LXII du traité de Berlin (1878).
À
l'intérieur de l'édifice, les différentes chapelles et lieux saints
sont meublés et décorés selon les coutumes et les rites de la communauté
religieuse qui en détient la possession.
L'établissement du statu quo n'a pas stoppé les vieilles velléités.
Par une chaude journée d'été 2002, un moine copte qui
était posté sur un toit déclara au territoire éthiopien qu’on avait
déplacé sa chaise de l’endroit ombragé où elle se trouvait.
Ce fut considéré comme une attitude hostile par les Éthiopiens.
Onze personnes furent hospitalisées suite à l'altercation.
Cet
exemple est révélateur du conflit perpétuel, entretenu par les
autorités, entre les orthodoxes coptes et éthiopiens concernant les
titres de propriété de la chapelle des Éthiopiens (située sur le toit de
la chapelle de Sainte-Hélène).
Depuis
le début du conflit, le gouvernement (en tant qu'autorité politique) a
choisi de ne pas intervenir, conservant l'espoir que les deux
communautés résoudront la question entre elles.
Un autre incident eu lieu en 2004 lorsque lors des célébrations orthodoxes de l'Exaltation de la Sainte-Croix, une porte de la chapelle Franciscaine fut laissée ouverte.
Cela fut pris comme un signe d'irrespect de la part des Orthodoxes et un pugilat éclata.
Certains
individus furent arrêtés mais personne ne fut sérieusement blessé. En
2008, des rixes éclatèrent entre paroissiens arméniens et
grecs-orthodoxes.
Des
popes grecs orthodoxes et des prêtres arméniens en sont venus aux
mains, le 9 novembre 2008, dans la basilique du Saint-Sépulcre.
La
police israélienne est intervenue pour séparer les deux camps. Certains
des prêtres ont utilisé des cierges comme gourdins tandis que d'autres
tentaient d'arracher les soutanes de leurs rivaux.
Conformément au statu quo, aucune partie désignée comme territoire commun ne peut être rénovée sans le consentement de toutes les communautés.
Lorsque les communautés n’arrivent pas à s’entendre, l’édifice ne peut
bénéficier des réparations dont il aurait pourtant grandement besoin.
Après le séisme de 1927, l'autorité politique en place (conformément aux dispositions du Statu quo) dut intervenir pour entreprendre des réparations urgentes.
Pourtant, un simple petit désaccord retarde certaines rénovations urgentes notamment celle de l'Édicule.
Il faudrait modifier le Statu Quo mais un simple changement serait préjudiciable à certaines communautés qui refusent de renoncer à leurs privilèges.
Le rebord de la fenêtre de l'entrée de l'église est un signe mineur mais non moins ridicule de cette situation.

L'échelle inamovible. Ci-dessus, détail d'une photographie de l'entrée principale prise en 2005
Une échelle en bois fut placée à cet endroit autrefois avant 1852, au moment où le statu quo incluait les portes et les rebords de fenêtres dans la gestion commune.
L'échelle est encore présente à ce jour et dans la même position où
elle se trouvait les siècles passés, en attestent la photo et la gravure ci-contre.
Aucune des communautés ne contrôle l'entrée principale.
En 637, le calife Omar confia la garde de la porte à la famille Nusseibeh.
En 1192, Saladin partagea cette responsabilité à deux familles musulmanes voisines, pour éviter les conflits entre communautés chrétiennes.
On a confié aux Joudeh la garde de la clé et les Nusseibeh ont eu pour tâche de garder la porte.
Ces fonctions sont encore en vigueur aujourd’hui.
Deux fois par jour, un membre de la famille Joudeh apporte la clé à un Nusseibeh qui ouvre et ferme la porte.
Description

Plan

Position de la tombe du Christ et le Golgotha au sein de l'église

Une foule de pèlerins qui s'engouffre dans l'entrée principale, 1898

La
Pierre de l'Onction, on pense que c'est l'endroit où le corps de Jésus
fut préparé avant son ensevelissement. C'est le lieu de la 13e station du Chemin de croix
L'entrée de l'église est une simple porte située au niveau du transept sud.
Ce chemin d’accès étroit pour une si grande structure s’est avéré être parfois dangereux.
En effet, à l’occasion d’un incendie qui éclata en 1840, une douzaine de pèlerins furent piétinés à mort.
En
1999, les différentes communautés se mirent d’accord pour installer une
nouvelle porte de sortie dans l'église, mais il n'y eu jamais de
rapport effectué pour la réalisation de cette dernière.
En
2009, le Saint-Sépulcre se divise en cinq grandes sections : le
Golgotha, la Tombe, la Basilique, le Corridor et la Crypte de la Croix.
Six groupes religieux chrétiens se partagent son espace :
Six groupes religieux chrétiens se partagent son espace :
- les Catholiques romains,
- les Grecs orthodoxes,
- les Arméniens apostoliques,
- les Syriaques orthodoxes,
- les Coptes,
- les Ethiopiens orthodoxes.
À l’intérieur, proche de l’entrée, se trouve la Pierre de l’Onction dont on pense que c’est l’endroit où le corps de Jésus fut préparé avant d’être inhumé.
La Rotonde d’Anastasis se trouve sur la gauche de l’entrée du Saint-Sépulcre juste en dessous du plus grands des deux dômes de l'église.
Située au-dessus de la tombe de Jésus, la Rotonde est formée de 18 piliers ronds en marbre, qui supportent le dôme.
Les piliers sont emprisonnés dans de larges blocs carrés pour résister aux séismes.
Le diamètre de la Rotonde est de 20,9 m et la coupole culmine à 21,5 m du sol.
En son centre se trouve l'Édicule du Saint-Sépulcre qui abrite la Tombe de Jésus incluant la Chapelle de l’Ange (de la Résurrection).
Le statu quo donne des droits aux Orthodoxes, aux Catholiques ainsi qu’à l’Église Apostolique arménienne à l'intérieur du tombeau.
Les trois communautés peuvent y célébrer la Divine Liturgie ou la Messe tous les jours.
Il est aussi utilisé dans le cadre d'autres cérémonies pour des occasions spéciales, notamment la cérémonie du Samedi saint ou bien encore la cérémonie orthodoxe du feu sacré célébrée par le Patriarche Orthodoxe grec de Jérusalem.
Une chapelle copte, sur le bas-côté occidental de l'édicule et protégée par un treillage en
fer, abrite un fragment de pierre demi-circulaire taillé dans un ancien
monument visible sous l’autel qui est utilisé par les coptes
orthodoxes.
Derrière la Rotonde se trouve une chapelle taillée très irrégulièrement à la main et qui devait probablement être le tombeau de Joseph d'Arimathie.
C’est dans cette chapelle que les Orthodoxes syriaques célèbrent leur liturgie chaque dimanche.
À la droite du Sépulcre, sur la partie sud-est de la Rotonde on peut voir la Chapelle de l'Apparition réservée aux Catholiques.
L’arche byzantine relie la Rotonde, construction du VIe siècle, à l’ouest et l’église croisée, du XIIe siècle,
à l’est. Sur le côté est, face à la Rotonde, se trouve l'église des
Croisés qui constitue l'autel principal de l'église ; aujourd'hui il
correspond au catholicon grec orthodoxe.
Dans l’église Sainte-Hélène, des piliers du VIIe siècle supportent le second dôme plus petit. La coupole fut restaurée par les Croisés.
L’abside de l’église, orientée vers l’est, fut restaurée en 1850, puis rénovée à nouveau dans les années 1980.
Le centre de l’église est marqué d’une pierre ronde, qui représente l’Omphalos Mundi, le nombril du monde pour les Chrétiens, de la même manière que le Rocher de la Fondation sur le Mont du Temple symbolise le centre du monde pour les Juifs.
À l'est on peut voir un grand iconostase qui délimite le sanctuaire Orthodoxe grec et qui était auparavant le trône patriarcal ainsi que le trône pour les célébrations épiscopales.
Sur le côté sud de l'autel, on accède, via le déambulatoire, à un escalier dont les marches sont recouvertes de plaques de marbre pour éviter les dégradations et qui mène à la Chapelle du Calvaire (ou du Golgotha). On pense que c’est le lieu de la crucifixion de
Jésus. C’est la partie la plus luxueusement décorée de l'église.
L'autel principal appartient aux Orthodoxes grecs et les Catholiques ont
un autel juste à côté. À l'est, dans le déambulatoire il y a un
escalier qui descend à la Chapelle Sainte-Hélène et qui appartient aux
Arméniens. De là, treize marches conduisent à une chapelle croisée, la Chapelle de la Découverte de la Croix, qui est la cave dans laquelle la Croix de Jésus et celles des deux larrons furent retrouvées.
Notons
que la partie sud, se divise en plusieurs parties : les portails
principaux, le dôme du Golgotha et le clocher. Les portails principaux
sont rehaussés d’archivoltes sculptées de feuilles d'acanthe et
de médaillons. À droite des portails, le dôme du Golgotha surmonte les
deux étages du bâtiment. À gauche des portails, les six étages originels
du clocher sont aujourd'hui au nombre de quatre. On y vénère le
Saint-Sépulcre et le Christ.
Répliques
Il
existe trois répliques du Saint-Sépulcre de Jérusalem, l'une
aux États-Unis, à Washington, l'autre en France, à Angers, la dernière
en Allemagne à Görlitz.




Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire