Les Douze Apôtres pour les Églises d'Orient
En ce jour, qui reste illuminé par la gloire des deux Premiers Coryphées, l'Église associe à leur mémoire les autres illustres Apôtres du Seigneur qui forment un chœur d'astres nouveaux dans son firmament spirituel.
Fondements
et colonnes de l'Église, ils sont aussi les Anges chargés de la garde
des douze portes ouvrant l'accès à la Jérusalem céleste (Apoc. 21:9).
Douze
étaient les fils de Jacob, qui furent à l'origine du peuple d'Israël,
et douze furent aussi les disciples que le Seigneur a choisis, dont il
fit les témoins de son enseignement et de ses miracles, qu'il "envoya"
(2) prêcher le Royaume de Dieu en leur conférant le pouvoir d'expulser
les démons et de guérir toute maladie (cf. Mat. 10), et qui finalement
furent envoyés par lui, après la Résurrection, pour aller dans le monde
entier, proclamer l'Évangile à toute la création (Marc 16:14), et
baptiser tous les peuples au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit
(Mat. 28:19).
De
même que le Fils a été "envoyé" par le Père en ce monde pour notre
Salut, de même, mettant à part ces disciples, Il les a envoyés"
proclamer que le Royaume des cieux était tout proche : « Comme le Père
m'a envoyé, ainsi, moi aussi, je vous envoie » (Jn. 20:21).
Il leur donna comme condition pour être ses Apôtres, de renoncer à tout
attachement terrestre : « Ne vous procurez ni or, ni argent, ni menue
monnaie pour vos ceintures, ni besace pour la route, ni deux tuniques,
ni sandales, ni bâton... » (Mat. 10:9-10) ; et leur annonça qu'ils
devraient affronter tribulations et persécutions pour Lui rendre
témoignage : « Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des
loups ... Vous serez haïs de tous à cause de moi ( ... ) vous serez
traduits devant les gouverneurs et les rois, à cause de moi, pour rendre
témoignage. Mais lorsqu'on vous livrera, ne cherchez pas comment parler
ou que dire : ce que vous aurez à dire vous sera donné sur le moment,
car ce n'est pas vous qui parlerez, mais l'Esprit de votre Père qui
parlera en vous » (Mat. 10:17-20).
Témoins
de la Résurrection du Seigneur tant par leur vie que par leur
prédication, les Saints Apôtres se sont offerts en spectacle au monde,
aux Anges et aux hommes, disant avec Paul « Nous sommes devenus comme
l'ordure du monde, maltraités, errants, nus, souffrants la faim, la soif
et les tourments de toutes sortes, devenus l'universel rebut », afin
que par leur sacrifice l'Église fût édifiée sur la puissance de Dieu et
non des hommes (I Cor. 4:11-12).
Autour des deux Premiers-Coryphées les Saints et illustres Apôtres forment donc aujourd'hui un chœur harmonieux :
André, le Premier-Appelé, frère de Pierre, qui proclama l'Évangile sur le littoral de la Bithynie, du Pont et de l'Arménie.
S'en retournant par le Pont et Byzance, il descendit jusqu'en Grèce, et mourut crucifié à Patras, en Achaïe (cf. 30 nov.).
Jacques, fils de Zébédée, qui témoigna de la Résurrection dans toute la Judée.
Il périt par le glaive, sur ordre du roi Hérode Agrippa, jaloux de sa célébrité (cf. 30 av.).
Jean le Théologien, frère de Jacques, qui reposa sur la poitrine du Seigneur.
Après
avoir proclamé le Christ dans la province d'Asie, sur ordre de
Domitien, il fut exilé à Patmos, où il écrivit son Évangile et
l'Apocalypse. De retour à Ephèse, il s'endormit en paix dans un âge très
avancé (cf. 26 sept.).
Philippe,
de Bethsaïde en Galilée, concitoyen de Pierre et André, proclama la
Bonne Nouvelle dans la province d'Asie et la région de Hiérapolis en
Phrygie, en compagnie de sa sœur Mariamne et de Saint Barthélemy.
Il mourut à Hiérapolis, crucifié par les païens (cf. 14 déc.).
Thomas, appelé aussi Didyme, diffusa l'Évangile chez les Parthes, les Mèdes, les Perses et les habitants de l'Inde.
Il mourut percé de lances par les païens (cf. 6 oct.).
Barthélemy
(Bartholomée) prêcha en Lydie et en Mysie avec l'Apôtre Philippe; puis,
après la mort de ce dernier, il poursuivit sa mission en Arabie
Heureuse, en Perse et en Inde, et acheva sa course en Arménie, crucifié,
à Albanopolis (ou Urbanopolis).
Sa dépouille. enfermée dans un coffre de plomb et jetée à la mer, fut ensuite recueillie en Sicile (cf. 11 juin).
Matthieu le Publicain, appelé précédemment Lévi, était frère de Jacques fils d'Alphée.
Après
avoir rédigé son Évangile, il partit en mission chez les Parthes. Il
périt, dit-on, par le feu à Hiérapolis sur l'Euphrate (cf. 16 nov.).
Jacques, fils d'Alphée, son frère, annonça le Christ à Gaza et Eleuthériopolis et ses environs.
Il périt crucifié dans la ville d'Ostracine en Égypte (cf. 9 oct.).
Simon le Zélote,
de Cana en Galilée — qui est aussi appelé Nathanaël dans l'Évangile de
saint Jean — proclama la Bonne Nouvelle dans la Mauritanie et l'Afrique
du Nord, puis il partit, dit-on, pour la Grande-Bretagne, où il mourut
crucifié (cf. 10 mai).
Jude,
apparenté à Notre Seigneur — appelé aussi Thaddée et Lévi par saint
Matthieu —, partit en mission en Mésopotamie et finit ses jours dans la
région du Mont Ararat, pendu et percé de flèches par les infidèles (cf.
19 juin).
Matthias fut ajouté au nombre des Apôtres après l'Ascension, pour remplacer le traître Judas.
Il prêcha l'Évangile en Éthiopie, où il remit son âme à Dieu à la suite
de nombreux tourments que lui infligèrent les païens (cf. 9 août).
A
ces bienheureux Apôtres, on a coutume d'associer les Saints Évangélistes : Marc, fils spirituel de Saint Pierre, qui évangélisa
Alexandrie et la Pentapole, et souffrit le martyre broyé sous un rocher
(cf. 25 av.), et Luc, le médecin et premier iconographe, qui, après
avoir suivi Saint Paul dans ses périples, écrivit son Évangile sous son
inspiration. Parvenu à Thèbes en Béotie, il y mourut en paix à l'âge de
quatre-vingts ans (cf. 18 oct.).
C'est
donc sur le témoignage de ces Saints Apôtres, dont les paroles se sont
fait entendre jusqu'aux extrémités du monde (Ps. 18, 5) pour attester la
réalité de la Résurrection du Christ, que l'Église a été édifiée.
Et
s'ils occupent à juste titre la première place dans l'assemblée des
Saints, c'est précisément parce que, se détachant de tout pour suivre le
Seigneur, ils sont devenus ses parfaits imitateurs, et ils clament à
tous les hommes : « Devenez nos imitateurs comme nous l'avons été du
Christ » (I Cor. 11:1).
Une
fois passée la génération de ceux qui avaient connu le Seigneur pendant
son séjour terrestre, le ministère apostolique ne s'en est pas éteint
pour autant (comme en témoigne saint Paul), mais il a été transmis à
tous ceux qui ont contemplé la résurrection du Christ (3) dans
l'illumination de l'Esprit Saint.
La grâce de l'apostolat ne se limite donc pas à la prédication orale de
la Bonne Nouvelle, mais elle s'étend sur tous les Saints, qui ont
contribué à l'édification de l'Église par leur témoignage de la
Résurrection.
1).
La tradition de l'Église, tant hagiographique qu'iconographique, a
coutume de ranger au nombre des "Douze" St Paul et les Évangélistes Marc
et Luc, écartant par commodité Jude, Jacques fils d'Alphée et Matthias,
sans toutefois les priver de l'honneur dû aux Apôtres. Le Synaxaire
commémore aussi aujourd'hui les autres Apôtres, membres du collège des
"Soixante-Dix" Disciples, mais ils ont déjà été mentionnés lors de leur
Synaxe particulière, le 4 janv. Il leur associe de plus St Jacques le
Frère du Seigneur, les Saintes Myrophores et tous les autres Apôtres,
restés anonymes, qui étaient rassemblés dans la chambre haute, au nombre
de cent vingt, et qui, le jour de la Pentecôte, reçurent la plénitude
de la grâce du Saint-Esprit.
2). Apôtre signifie "envoyé".
3). Prière dite à l'Orthros du dimanche, après la lecture de l'Évangile.
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