Saint Apollinaire de Ravenne (2ème s.)
Premier évêque de Ravenne
Apollinaire de Ravenne fut le premier évêque de la ville de Ravenne au Ier siècle et devint, à la suite de son martyre, son saint patron.
Hagiographie
La première mention d'Apollinaire remonte au martyrologe hiéronymien, qui remonte au début du ve siècle, dans lequel il est mentionné au 23 juillet comme prêtre et confesseur.
Saint
Pierre Chrysologue, qui fut évêque de Ravenne, le mentionne dans son
sermon 128, le décrivant comme le premier évêque de Ravenne, ayant
« souffert divers tourments pour la foi. »
Une
source hagiographique complète sur Apollinaire est la Passio sancti
Apollinaris datant de l'époque de l'archevêque Maurus de Ravenne
(642-671).
D'après
son hagiographie, Apollinaire, né à Antioche, en province de la Syrie
romaine, est le disciple de Pierre envoyé par celui-ci de Rome à
Ravenne, où il subit le martyre.
Les
actes du martyr d'Apollinaire n'ont cependant guère de valeur
historique. Ils furent probablement écrits par l'archevêque Maurus de
Ravenne (642-671), lequel voulait probablement mettre en valeur
l'origine apostolique revendiquée pour son évêché, pour acquérir son
autonomie par rapport au siège métropolitain de Milan, et conforter ses
propres aspirations politiques (sous Vitalien) contre l'influence tant
de Rome que de Constantinople, conduisant l'empereur à reconnaître
Ravenne comme siège autocéphale en 666, et déclenchant un schisme dans l'Église catholique.
Des inscriptions chrétiennes du deuxième siècle ont cependant été découvertes près de Classe,
confirmant une présence chrétienne très ancienne sur ces lieux. D'autre
part, si l'on en croit la liste des évêques de Ravenne établie par
l'évêque Marianus (546-556), le douzième évêque de Ravenne était un
certain Severus, qui fut signataire du concile de Sardique en 343. De ce
fait, on peut estimer que saint Apollinaire vécut dans les dernières
décades du deuxième siècle, plaçant peut-être son martyre sous
l'empereur Septime Sévère.
Les deux martyrologes de Bède le vénérable montrent que dès le XIIe siècle, la tradition de l'envoi en mission d'Apollinaire par St Pierre est bien établie.
Légende d'Apollinaire
Son hagiographie est exposée de manières très succincte par Jacques de Voragine dans la Légende dorée.
D'autres
sources fournissent des détails plus complets. Entre ces différentes
source, la « légende » comprend les épisodes suivants, que l'on peut
retrouver dans l'iconographie chrétienne.
Envoi en mission
Apollinaire ordonné évêque par st. Pierre
Lorsque,
sous l’Empire de Claude, saint Pierre transféra sa chaire apostolique
d’Antioche pour venir en celle de Rome afin d’établir la foi de
Jésus-Christ et de la répandre ensuite dans toute l’Europe, il amena
avec lui plusieurs fidèles entre lesquels était Apollinaire, disciple de
Notre Seigneur.
Comme
il avait une parfaite connaissance du zèle de la piété & de
l’érudition de ce saint homme, qu’il avait aussi instruit, il le
consacra évêque et l’envoya en la ville de Ravenne, pour y prêcher
l’Évangile.
Apollinaire,
après avoir reçu la bénédiction de son maître, se mit en chemin,
préférant à la consolation dont il jouissait la volonté de Dieu qui par
le moyen de son saint apôtre l’appelait à de grands travaux et à de
hautes entreprises.
Guérison du fils aveugle
Guérison de l'aveugle
Étant
près des portes de Ravenne, il fut reçu en la maison d’un soldat nommé
Irénée, qui avait un fils aveugle auquel le saint évêque rendit la vue
en faisant le signe de la croix. Par ce miracle, Irénée et tous ceux de
sa maison crurent en Jésus Christ et furent baptisés.
Guérison de la femme du tribun
Rencontre du tribun à Varenne
Guérison de la femme du tribun
baptême du tribun
Un
tribun militaire ou mestre de camp, ayant su qu'Apollinaire avait fait
recouvrer la vue au fils d’Irénée son soldat, il le fit prier de venir
secrètement chez lui pour visiter sa femme nommée Thècle et lui procurer
quelque soulagement dans une longue maladie où elle était sans aucune
espérance de remède.
Le
bienheureux Évêque ne manqua pas de s'y rendre au temps qu'il lui avait
prescrit. Il approcha de la malade, fit sa prière à Dieu. Apollinaire
la prit par la main, et lui dit : « Lève loi saine et sauve au nom de
notre Dieu et Seigneur Jésus-Christ, et crois en lui sachant qu’il n’y a
rien d’égal à lui au ciel et en la terre. » La femme se leva, soudain
guérie. Sentant toutes ses forces revenues et se trouvant dans sa
première santé, elle s'écria qu'elle ne pouvait avoir été guérie de la
sorte que par une vertu toute surnaturelle, et dit : « Il n’y a pas
d’autre Dieu que Jésus-Christ que vous prêchez » , que le Dieu des
Chrétiens était le véritable Dieu, et qu'elle n'en reconnaîtrait jamais
d'autre.
Le
mari & tous ceux de la maison, regardant ce changement si
extraordinaire, ne purent s’empêcher de suivre l’exemple de cette mère
de famille. Ils crurent tous dès ce moment en Jésus-Christ et prièrent
le prélat de leur donner le Baptême. Ainsi, elle et le tribun son mari,
avec leurs enfants et leur famille et plusieurs autres qui étaient
présents, se convertirent et furent baptisés.
Enseignement à Ravenne
Le
Tribun voulant reconnaître par quelque grâce le bienfait qu’il venait
de recevoir d’Apollinaire, lui donna une de ses maisons pour en faire
son logement pendant le temps qu’il demeurerait à Ravenne.
Il
y venait sans cesse des personnes de tout sexe et de toutes conditions,
qu’il instruisait en secret dans la foi ; il y célébrait les saints
mystères, il y donnait le baptême et il s’y choisit même quelques
disciples avec lesquels il chantait jour & nuit les louanges du
Seigneur. Apollinaire s’employa pendant douze ans à prêcher la doctrine
céleste et à baptiser ceux qui la recevaient, croyant en Jésus-Christ ; à
faire leçon de l’Écriture sainte aux enfants de quelques gentilshommes
qu’on lui amenait ; et à administrer les Saints Sacrements, faisant des
prêtres pour l’aider.
Comparution et expulsion
Mais
comme le nombre des chrétiens vint à croître, et que la lumière qui
était cachée vint à manifester les éclats de sa grande splendeur, le
gouverneur de la ville nommé Saturnin fut averti de ce qui se passait ;
il envoya quérir Apollinaire qu’il interrogea plusieurs fois sur sa
religion devant les pontifes et les prêtres des dieux, et lui demanda
qui il était, d’où il était venu, et ce qu’il prétendait faire. Mais
voyant sa fermeté inébranlable dans la créance du vrai Dieu et le mépris
qu’il faisait des Dieux de l’Empire, il l’abandonna à ces prêtres.
On
le conduisit au temple de Jupiter pour qu'il sacrifiât. Comme il disait
aux prêtres que l’or des idoles et l’argent qu'on y suspendait seraient
mieux employés en les donnant aux pauvres qu'à les exposer ainsi devant
les démons, il fut saisi aussitôt et battu avec des fouets jusqu'à
rester à demi-mort.
Mais
les chrétiens l’ayant trouvé demi-mort sur le bord de la mer, il fut
recueilli par ses disciples. Les chrétiens l’emportèrent en la maison
d’une bonne veuve qui voulut bien le cacher et apportèrent tous leurs
soins pour le faire panser de ses plaies et soigner pendant sept mois.
Guérison d’un muet et d’une possédée
Guérison d'une possédée
De
là il vint à Classe pour y guérir un noble qui était muet. Un seigneur
nommé Boniface, qui était en la ville de Chiusi en Toscane, perdit en un
instant la parole par un accident imprévu et devint muet. Cet homme
ayant ouï faire récit des merveilles que Dieu opérait par Apollinaire et
apprenant qu’il était encore en vie l’envoya prier de venir en sa
maison, dans l’espérance d’en recevoir quelque soulagement.
Comme
il entrait dans la maison, une jeune fille possédée d'un esprit immonde
s'écria : « Retire-toi d'ici, serviteur de Dieu; sinon je te ferai
jeter hors de la ville les mains et les pieds liés. » Saint Apollinaire
la reprit aussitôt et força le démon à s'en aller. Puis il invoqua le
nom du Seigneur sur le muet et le guérit.
Boniface ayant vu ces miracles se convertit à la foi de Jésus-Christ avec environ cinq cents personnes.
Deuxième martyr
Deuxième martyre d'Apollinaire
Les
gentils s’en étant indignés mirent la main sur le saint et le battirent
rudement à coups de bâton, ils l’accablèrent à coups de fouet pour
l’empêcher de nommer Jésus-Christ : mais le saint étendu par terre
criait que c'était le vrai Dieu. Alors, voyant que cette cruauté qu’ils
exerçaient sur son corps ne faisait rien sur son esprit, ils le
condamnèrent à un second supplice. Ils le firent marcher sur la braise
ardente nu pieds, lui commandant de ne pas proférer le nom de
Jésus-Christ ; mais comme il prêchait encore Jésus-Christ avec la plus
grande constance, ils le chassèrent hors de la ville avec défense de
prêcher jamais le nom de Jésus-Christ.
Après
cela il demeura en une cabane de berger où il prêchait ceux qui le
venaient trouver, et en baptisait plusieurs. Il célébrait la sainte
messe et il consolait les fidèles, qui de leur côté lui fournissaient
les choses nécessaires à la vie.
De là il fut en la province d’Émilie où il continua de prêcher l’Évangile avec grand profit.
Résurrection de la fille d’un patricien
Arrivée chez le duc Rufus
Résurrection de la fille de Rufus
Dans
le même temps, Rufus, patricien de Ravenne, dont la fille était malade,
avait appelé saint Apollinaire pour la guérir. Mais celui-ci était à
peine entré dans la maison qu'elle mourut. Rufus lui dit : « Il eut été à
souhaiter que tu ne fusses pas entré chez moi, car les grands dieux
irrités n'ont pas voulu guérir ma fille : mais toi, que lui pourras-tu
faire ? » « Ne crains rien, lui répondit Apollinaire; seulement
jure-moi; que si ta fille ressuscite, tu ne l’empêcheras pas de
s'attacher à son créateur. »
Il
le promit et saint Apollinaire ayant fait une prière, la fille
ressuscita. Elle confessa le nom de Jésus-Christ, reçut le baptême avec
sa mère et une grande multitude de personnes, et elle vécut dans la
virginité.
Condamnation impériale
Jugement d'Apollinaire
Troisième martyre d'Apollinaire
Apollinaire nourri par l'Ange en prison
Le
diable ne pouvant endurer les grandes merveilles que Dieu faisait par
son serviteur Apollinaire alla souffler aux oreilles de l’empereur
Néron, qui était alors empereur et apprit ce qui se passait, d’envoyer
vers lui le juge. Néron donna commission à Messalin de faire recherche
de toute la conduite d’Apollinaire dans Ravenne et dans les autres lieux
où il avait passé, & de le punir dans toute la sévérité de la
Justice. César écrivit au préfet du prétoire de faire sacrifier
Apollinaire, ou de l’envoyer en exil.
Messalin
n’oublia rien pour s’acquitter de cet ordre et pour faire ressentir au
saint les effets de la haine mortelle qu’il portait au nom chrétien. Il
fit tous ses efforts pour l’obliger de renoncer à Jésus-Christ et à son
évangile, de présenter de l’encens à l’idole de Jupiter et d’observer
les superstitions des idolâtres.
Apollinaire
ayant refusé de sacrifier, voyant qu’il ne pouvait ni le gagner par les
promesses ni l’intimider les menaces le préfet le fit fouetter
cruellement et battre avec de gros bâtons de nœuds et ordonna quoi
l’étendît au chevalet pour le torturer. Le saint persistant à confesser
Jésus-Christ, il le fit fouetter derechef et fit jeter de l’eau
bouillante sur ses plaies. Comme ces tourments ne servaient qu’à
l’animer davantage à invoquer hautement le nom de son Dieu et à publier
sa gloire, la rage de ce tyran le porta jusqu’à lui faire battre la
bouche avec pierres.
Durant
ceci Notre Seigneur permit qu’un des bourreaux qui tourmentaient le
saint, plus subtil à mal faire que les autres et le plus diligent
ministre de l’iniquité du juge, fut possédé du diable et tomba mort sur
le champ.
Après
quoi il le fit jeter dans un cachot tout accablé de grosses chaînes,
avec ordre de ne lui donner aucun aliment afin qu’il mourût de langueur
et de désespoir. Mais Dieu, qui n’abandonne jamais qui combattent pour
sa gloire, lui envoya un Ange qui en présence de ses Gardes donna les
aliments qui lui étaient nécessaires, & en nourrissant son corps
fortifia en temps son esprit et lui donna un nouveau courage.
Naufrage et guérison d’un lépreux
Départ en exil
Messalin,
ayant appris au bout de jours qu’il était encore en vie et perdant
toute espérance de le vaincre, le fit mettre sur un vaisseau & le
bannit en Grèce, pour l’envoyer en exil en Esclavonie. Ensuite il le fit
mettre sur un vaisseau après l’avoir enchaîné, et le fit partir en
exil: avec trois clercs qui suivaient le saint. À peine les matelots qui
le menaient eurent-ils commencé à faire voile qu’il s’éleva une
furieuse tempête, laquelle brisa le vaisseau et le fit couler à fond.
Tous les passagers périrent à la réserve d’Apollinaire, de trois
ecclésiastiques qui l’avaient suivi et de trois soldats qui lui
demandèrent le baptême sitôt qu’ils se virent échappes de la mer.
Ils
arrivèrent en la province de Mysie où ils tâchèrent de faire recevoir
l’Évangile mais sans succès. Apollinaire y guérit seulement un homme
gâté de la lèpre, qui se convertit & le retint temps chez lui.
L’idole de Sérapis
De
là il fut sur les bords du Danube, où il fut plus heureux dans ses
conquêtes. Enfin il passa dans la Thrace où il fit quelque séjour.
Entrant
en une ville de cette province, l’idole qui était dans le temple de
Sérapis devint muette, quoique par un art diabolique elle eût accoutumé
de répondre à tous ceux qui l’interrogeaient, et tout ce qu’elle disait
était tenu pour oracle. Les gentils furent grandement surpris de cela ;
ils firent de grosses offrandes pour apaiser l’idole et savoir pourquoi
elle ne répondait plus. Au bout de quelques jours le démon dit « Ne
savez-vous pas qu’il y a ici un disciple de saint Pierre qui m’a fermé
la bouche en même temps qu’il a ouvert la sienne pour prêcher
Jésus-Christ. Soyez assurés que tant qu’il demeurera en ces quartiers,
il ne sera pas en mon pouvoir de prononcer aucune parole. »
On
chercha le saint, et l’ayant trouvé ils surent d’où il était et
l’occasion de sa venue. Puis l’ayant fouetté et fort maltraité, ils le
remirent en un autre vaisseau avec le commandement de s’en retourner en
Italie où il arriva fort heureusement, la mer lui ayant été plus
favorable que dans son premier voyage.
Retour à Ravenne
Il
avait passé trois années entières dans ces courses, ces travaux et ces
persécutions. Au bout de trois ans il retourna à Ravenne, dans le
diocèse que l’apôtre saint Pierre lui avait confié, où les chrétiens le
reçurent avec grande joie, remerciant Dieu de leur avoir rendu leur cher
pasteur. Il y fit de grands miracles comme il en avait fait dans tout
le chemin et continua d’y faire paraitre son zèle pour la conversion des
infidèles et pour la sanctification des chrétiens.
La statue d’Apollon
Effondrement du temple d'Apollon
La foule témoin de l'effondrement
Mais
un jour qu’il célébrait les divins Mystères dans la maison d’un
particulier, il fut surpris par une troupe de païens. Les idolâtres le
prirent derechef et le traînèrent jusqu’à la place publique. Là ils
l’outragèrent et le tourmentèrent avec des menaces de lui faire pis s’il
ne sacrifiait au dieu Apollon, au temple duquel ils le menèrent.
Aussitôt
qu'il eut aperçu la statue de l’idole le saint y fit son oraison au
véritable Souverain des Anges des hommes ; il la maudit et tout aussitôt
l’idole tomba en poudre & le temple fut ensuite entièrement
renversé, au grand contentement des chrétiens et au vif dépit des
gentils.
Guérison du fils du juge
Ils
le menèrent ensuite devant le juge ordinaire nommé Taurus, afin de le
faire condamner à mort. Ce magistrat fit paraître Apollinaire devant
toute la noblesse de la ville qu’il assembla à cet effet. Et après lui
avoir fait plusieurs questions sur les miracles qu’il opérait de tous
côtés et qui attiraient tant de monde à sa suite : « j’ai, lui dit-il,
un fils qui est né aveugle ; si tu lui rends la vue nous croirons au
Dieu que tu adores, sinon le feu sera le juste châtiment de toutes
impostures. »
Notre
saint, sans s’ébranler, lui de faire appeler cet enfant. Et lorsqu’il
fut venu, il lui dit « Mon fils, au Nom de Jésus-Christ, ouvrez les yeux
et voyez. » L’enfant sentit aussi tôt la force de cette parole &
recouvra la vue.
Un
miracle si éclatant gagna beaucoup de spectateurs et ébranla les
autres, et Thaurus s’en sentit si obligé qu’il résolut de délivrer le
saint des mains & de la cruauté de la populace. Pour cela, il le fit
conduire de nuit dans une de ses terres à deux lieues de la ville, sous
prétexte de lui donner ce lieu pour prison.
Apollinaire
y demeura bien quatre ans, pendant lesquels il rendit tous les services
aux chrétiens qui le venaient trouver. Quantité de malades y coururent
aussi et il n’y en eut pas un qui en revînt avec une entière guérison,
de quelques maladies qu’il fût attaqué.
Jugement de Démosthène
De
si grands prodiges le firent encore découvrir par les prêtres des
idolâtres, qui furent trouver l’Empereur Vespasien pour le dénoncer.
Apollinaire fut pris de nouveau, étant déjà fort usé et consommé des
travaux et des tourments qu’il avait supportés. Les prêtres des faux
dieux l’ayant accusé à Vespasien, celui-ci écouta leur plainte et fit un
édit par lequel il ordonnait seulement de bannir tous ceux que l’on
pourrait convaincre d’avoir dit ou fait quelque chose d’injurieux aux
sacrés temples, jugeant qu’il y aurait de l’injustice à établir des
peines plus sévères, puisque disait-il, si les Dieux immortels se
sentent offensés des insultes des hommes, ils sont assez puissants pour
s’en venger eux-mêmes dans toute la rigueur.
Quand
l’édit fut publié dans Ravenne, un Pptricien de la ville nommé
Démosthène fit appeler saint Apollinaire devant lui. Il éprouva sa
constance par toute sorte de discours mais, après plusieurs discours,
saint Apollinaire refusa toujours de sacrifier.
Alors le patrice Démosthène le donna à un capitaine pour le garder pendant qu’il aviserait de quel supplice il le ferait mourir.
Évasion et massacre
La foule le bat à mort
Ce
capitaine qui était chrétien en son âme le mena en sa maison, où au
lieu de lui faire ressentir les rigueurs de la captivité il lui fit le
meilleur traitement qu’il put, et quand il sut qu’ils étaient près de le
faire mourir, il lui conseilla de se sauver, lui disant que sa vie
était d’importance pour le salut de plusieurs, et lui offrant un lieu où
il se pourrait retirer en sûreté Le saint voyant qu’il ferait plus pour
la gloire de Dieu en demeurant caché et couvert pour lors, sortit sur
le minuit de la maison du capitaine. Celui-ci demanda au saint de venir
au quartier des lépreux pour y échapper à la fureur des gentils.
Néanmoins
il fut épié et poursuivi par les gentils qui l’attrapèrent auprès de la
porte de la ville, et lui donnèrent tant de coups de bâton qu’ils le
laissèrent là pour mort.
Mort chez les lépreux
Funérailles d'Apollinaire
La foule en deuil
Les
chrétiens, ayant appris ce massacre, vinrent le lendemain de grand
matin pour le trouver et l’ayant vu dans ce pitoyable état, ils
l’emportèrent secrètement dans une maladrerie où ayant repris un peu de
ses forces il vécut encore sept jours, exhortant les chrétiens de
persévérer toujours en la foi et les avertissant que l’Église
souffrirait de grandes persécutions après lesquelles elle jouirait d’une
profonde paix.
Il
mourut, après sept jours employés par lui à donner des avis à ses
disciples. Il fut enseveli ensuite avec les plus grands honneurs au même
endroit par les chrétiens.
Il
rendit son âme à Dieu le vingt-troisième jour de juillet, le dernier an
de l’empire de Vespasien, qui fut selon Pierre Damien l’an de
Jésus-Christ 81, après avoir vaillamment combattu et s’être sacrifié
comme hostie vivante à Notre Seigneur par un long martyre de vingt-six
années.
Saint
Apollinaire fut disciple de saint Pierre qui l’envoya de Rome à Ravenne
où, après avoir guéri la femme du tribun, il la baptisa avec son mari
et sa famille.
Le juge en fut informé et Apollinaire fut mandé le premier pour comparaître devant lui.
On le conduisit au temple de Jupiter pour qu'il sacrifiât.
Comme
il disait aux prêtres que l’or des idoles et l’argent qu'on y
suspendait seraient mieux employés en les donnant aux pauvres qu'à les
exposer ainsi devant les démons, il fut saisi aussitôt -et battu avec
des fouets jusqu'à rester à demi mort : mais il fut recueilli par ses
disciples et soigné pendant sept mois dans la maison d'une veuve.
De là il vint à Classe pour y guérir un noble qui était muet.
Comme il entrait dans la maison, une jeune fille possédée d'un esprit immonde s'écria :
« Retire-toi d'ici, serviteur de Dieu ; sinon je te ferai jeter hors de la ville les mains et les pieds liés. »
Saint Apollinaire la reprit aussitôt et força le démon à s'en aller.
Après avoir invoqué le nom du Seigneur sur le muet et l’avoir guéri, plus de cinq cents hommes reçurent le don de la foi.
Cependant
les païens l’accablèrent à coups de fouet pour l’empêcher de nommer
J.-C. : mais le saint étendu par terre criait que c'était le vrai Dieu.
Alors
ils le firent tenir debout et nu-pieds sur des charbons ardents, mais
comme il prêchait encore J.-C. avec la plus grande constance, ils le
chassèrent hors de la ville.
Dans
le même temps, Rufus, patricien de Ravenne, dont la fille était malade,
avait appelé saint Apollinaire pour la guérir : mais celui-ci était à
peine entré dans la maison qu'elle mourut.
Rufus lui
dit : « Il eut été à souhaiter que tu ne fusses pas entré chez moi, car
les grands dieux irrités n'ont pas voulu guérir ma fille : mais toi,
que lui pourras-tu faire ? » « Ne crains rien, lui répondit Apollinaire;
seulement jure-moi; que si ta fille ressuscite, tu ne l’empêcheras pas
de s'attacher à son créateur. »
Il le promit et saint Apollinaire ayant fait une prière, la fille ressuscita.
Elle
confessa le nom de J.-C., reçut le baptême avec sa mère et une grande
multitude de personnes, et elle vécut dans la virginité.
Quand César apprit cela, il écrivit au préfet du prétoire de faire sacrifier Apollinaire, ou de l’envoyer en exil.
Apollinaire ayant refusé de sacrifier, le préfet le fit fouetter et ordonna quoi l’étendît au chevalet pour le torturer.
Le saint persistant à confesser J.-C., il fit jeter de l’eau bouillante
sur ses plaies et voulut l’envoyer en exil après l’avoir garrotté d'une
massé énorme de fer.
Les
chrétiens, à la vue d'une si grande impiété, s'enflammèrent contre les
païens, se jetèrent sur eux et en tuèrent plus de deux cents : Alors le
préfet se cacha, jeta Apollinaire au fond d'une prison très profonde,
ensuite il le fit mettre sur un vaisseau après l’avoir enchaîné, et le
fit partir en exil : avec trois clercs qui suivaient le saint.
Il s'éleva une tempête, et il n'y eut de sauvé que lui, les deux clercs et deux soldats qu'il baptisa.
Revenu
ensuite à Ravenne, où les païens le prirent et le conduisirent au
temple d'Apollon, aussitôt qu'il eut aperçu : la statue de l’idole ; il
la maudit et tout aussitôt, elle tomba.
A cette vue, les prêtres le menèrent au juge Taurus.
Ce
juge, après que le saint eut rendu l’usage de ses yeux à son fils qui
était aveugle, se convertit à la foi, et garda Apollinaire pendant
quatre ans dans son domaine.
Les
prêtres des faux dieux l’ayant accusé à Vespasien, celui-ci répondit
que quiconque insultait les dieux devait sacrifier ou bien être chassé
de la ville : « Il n'est pas juste, ajoutait-il, que nous engions les
dieux ; mais, s'ils s'irritent, ils pourront se venger eux-mêmes de
leurs ennemis. »
Alors le patrice Démosthène, sur le refus que lui fit saint Apollinaire de sacrifier, le confia à un centurion déjà chrétien.
Celui-ci
demanda au saint de venir au quartier des lépreux pour y échapper à la
fureur des gentils ; mais le peuple l’y poursuivit et le frappa si
longtemps qu'il (263) en mourut, après sept jours employés par lui à
donner des avis à ses disciples ; il fut enseveli ensuite avec les plus
grands honneurs au même endroit par les chrétiens, sous l’empire de
Vespasien, l’an du Seigneur 70.
—
Saint Ambroise s'exprime ainsi sur ce martyr dans la préface : « Le
très digne prélat Apollinaire est envoyé par le prince des apôtres
Pierre à Ravenne, annoncer aux incrédules le nom de Jésus. Après y avoir
opéré un grand nombre de miracles eu faveur de ceux qui croyaient en
J.-C., il fut souvent accablé sous les coups de fouet; et son corps déjà
vieux fut soumis à des traitements horribles de la part des impies.
Mais afin que les fidèles ne fussent pas ébranlés dans la foi en
présence de pareils tourments, il opérait des miracles comme les
apôtres. par la puissance de N.-S. J.-C. Après ses supplices, il
ressuscite une jeune personne, il rend la vue aux aveugles, la parole
aux muets, il délivre une possédée du démon, il guérit un lépreux, il
rend la santé à un pestiféré dont les membres tombaient en dissolution;
il renverse une idole et le temple qui l’abritait. O Pontife le plus
digne de toute admiration et de tout éloge, qui mérita de recevoir le
pouvoir dès apôtres avec la dignité épiscopale ! O courageux athlète de
J.-C., sur le déclin et le froid des ans, il prêche au milieu des
tortures avec constance J.-C., le Rédempteur du monde ! »
Saint Apollinaire fut disciple de saint Pierre qui l’envoya de Rome à Ravenne où, après avoir guéri la femme du tribun, il la baptisa avec son mari et sa famille.
Le juge en fut informé et Apollinaire fut mandé le premier pour comparaître devant lui.
On le conduisit au temple de Jupiter pour qu'il sacrifiât.
Comme il disait aux prêtres que l’or des idoles et l’argent qu'on y suspendait seraient mieux employés en les donnant aux pauvres qu'à les exposer ainsi devant les démons, il fut saisi aussitôt -et battu avec des fouets jusqu'à rester à demi mort : mais il fut recueilli par ses disciples et soigné pendant sept mois dans la maison d'une veuve.
De là il vint à Classe pour y guérir un noble qui était muet.
Comme il entrait dans la maison, une jeune fille possédée d'un esprit immonde s'écria :
« Retire-toi d'ici, serviteur de Dieu ; sinon je te ferai jeter hors de la ville les mains et les pieds liés. »
Saint Apollinaire la reprit aussitôt et força le démon à s'en aller.
Après avoir invoqué le nom du Seigneur sur le muet et l’avoir guéri, plus de cinq cents hommes reçurent le don de la foi.
Cependant les païens l’accablèrent à coups de fouet pour l’empêcher de nommer J.-C. : mais le saint étendu par terre criait que c'était le vrai Dieu.
Alors ils le firent tenir debout et nu-pieds sur des charbons ardents, mais comme il prêchait encore J.-C. avec la plus grande constance, ils le chassèrent hors de la ville.
Dans le même temps, Rufus, patricien de Ravenne, dont la fille était malade, avait appelé saint Apollinaire pour la guérir : mais celui-ci était à peine entré dans la maison qu'elle mourut.
Rufus lui dit : « Il eut été à souhaiter que tu ne fusses pas entré chez moi, car les grands dieux irrités n'ont pas voulu guérir ma fille : mais toi, que lui pourras-tu faire ? » « Ne crains rien, lui répondit Apollinaire; seulement jure-moi; que si ta fille ressuscite, tu ne l’empêcheras pas de s'attacher à son créateur. »
Il le promit et saint Apollinaire ayant fait une prière, la fille ressuscita.
Elle confessa le nom de J.-C., reçut le baptême avec sa mère et une grande multitude de personnes, et elle vécut dans la virginité.
Quand César apprit cela, il écrivit au préfet du prétoire de faire sacrifier Apollinaire, ou de l’envoyer en exil.
Apollinaire ayant refusé de sacrifier, le préfet le fit fouetter et ordonna quoi l’étendît au chevalet pour le torturer.
Le saint persistant à confesser J.-C., il fit jeter de l’eau bouillante sur ses plaies et voulut l’envoyer en exil après l’avoir garrotté d'une massé énorme de fer.
Les chrétiens, à la vue d'une si grande impiété, s'enflammèrent contre les païens, se jetèrent sur eux et en tuèrent plus de deux cents : Alors le préfet se cacha, jeta Apollinaire au fond d'une prison très profonde, ensuite il le fit mettre sur un vaisseau après l’avoir enchaîné, et le fit partir en exil : avec trois clercs qui suivaient le saint.
Il s'éleva une tempête, et il n'y eut de sauvé que lui, les deux clercs et deux soldats qu'il baptisa.
Revenu ensuite à Ravenne, où les païens le prirent et le conduisirent au temple d'Apollon, aussitôt qu'il eut aperçu : la statue de l’idole ; il la maudit et tout aussitôt, elle tomba.
À cette vue, les prêtres le menèrent au juge Taurus.
Ce juge, après que le saint eut rendu l’usage de ses yeux à son fils qui était aveugle, se convertit à la foi, et garda Apollinaire pendant quatre ans dans son domaine.
Les prêtres des faux dieux l’ayant accusé à Vespasien, celui-ci répondit que quiconque insultait les dieux devait sacrifier ou bien être chassé de la ville : « Il n'est pas juste, ajoutait-il, que nous engions les dieux ; mais, s'ils s'irritent, ils pourront se venger eux-mêmes de leurs ennemis. »
Alors le patrice Démosthène, sur le refus que lui fit saint Apollinaire de sacrifier, le confia à un centurion déjà chrétien.
Celui-ci demanda au saint de venir au quartier des lépreux pour y échapper à la fureur des gentils ; mais le peuple l’y poursuivit et le frappa si longtemps qu'il (263) en mourut, après sept jours employés par lui à donner des avis à ses disciples ; il fut enseveli ensuite avec les plus grands honneurs au même endroit par les chrétiens, sous l’empire de Vespasien, l’an du Seigneur 70.
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Saint Ambroise s'exprime ainsi sur ce martyr dans la préface : « Le
très digne prélat Apollinaire est envoyé par le prince des apôtres
Pierre à Ravenne, annoncer aux incrédules le nom de Jésus. Après y avoir
opéré un grand nombre de miracles eu faveur de ceux qui croyaient en
J.-C., il fut souvent accablé sous les coups de fouet; et son corps déjà
vieux fut soumis à des traitements horribles de la part des impies.
Mais afin que les fidèles ne fussent pas ébranlés dans la foi en
présence de pareils tourments, il opérait des miracles comme les
apôtres. par la puissance de N.-S. J.-C. Après ses supplices, il
ressuscite une jeune personne, il rend la vue aux aveugles, la parole
aux muets, il délivre une possédée du démon, il guérit un lépreux, il
rend la santé à un pestiféré dont les membres tombaient en dissolution;
il renverse une idole et le temple qui l’abritait. O Pontife le plus
digne de toute admiration et de tout éloge, qui mérita de recevoir le
pouvoir dès apôtres avec la dignité épiscopale ! O courageux athlète de
J.-C., sur le déclin et le froid des ans, il prêche au milieu des
tortures avec constance J.-C., le Rédempteur du monde ! »
Fête locale le 20 juillet (Source : Nominis)
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