Saint Jean IV le Jeûneur († 595)
Patriarche de Constantinople
Jean IV le Jeûneur fut patriarche de Constantinople du 12 avril 582 au 2 septembre 595.
Biographie
Né dans le premier tiers du VIe siècle,
il eut d'abord, selon Nicéphore Calliste Xanthopoulos, une formation
d'artisan dans la petite métallurgie, peut-être dans le monnayage.
Sous Jean
III Scholastique, il devint « sacellaire », c'est-à-dire responsable
des finances de la cathédrale Sainte-Sophie, et l'un des
principaux diacres du patriarcat.
Il était célèbre pour ses pratiques ascétiques, notamment pour les
jeûnes qu'il s'imposait, et pour sa charité envers les pauvres de la
ville.
Comme patriarche, selon le monophysite Jean d'Éphèse, il se montra partisan de la tolérance envers les chrétiens hétérodoxes :
« Comment pourrais-je persécuter des chrétiens, disait-il, qui se montrent irréprochables dans leur christianisme ? »
En
revanche, il était très intolérant envers les présumés païens : en une
occasion il réclama même, contre l'avis de l'empereur, la peine de mort
contre unapostat.
En 590,
selon Jean de Nikiou, il s'opposa à ce que les Byzantins aident le
prétendant perse Khosro, quelque avantage qu'ils puissent en retirer,
car il était accusé de parricide.
Les
historiens latins retiennent surtout du personnage la querelle qui
l'opposa à la papauté : dans un jugement synodal concernant le procès
intenté au patriarche Grégoire Ier d'Antioche (587),
il se fit appeler « patriarche œcuménique » ; le pape Pélage II lui
adressa une lettre de protestation, et son successeur Grégoire Ier accorda à cette affaire la plus grande importance.
En
juin 595, ce dernier écrivit aux patriarches d'Alexandrie et
d'Antioche que Jean avait tenté d'usurper le titre d'« évêque
universel ».
Saint Jean le Jeûneur naquit et fut élevé à Byzance sous le règne de l'empereur Justin Il (565-578). Il était graveur de profession et montra dès sa jeunesse une grande vertu et un fervent amour de Dieu.
A plusieurs reprises, il reçut des révélations prophétiques sur la glorieuse charge que Dieu lui avait préparée.
La renommée de sa vertu parvint jusqu'au Patriarche Jean III le Scholastique.
Il l'ordonna Diacre du clergé de Constantinople et le nomma responsable des distributions d'aumônes aux pauvres.
A l'imitation du Christ miséricordieux, Jean montra dans cette tâche les signes de la vraie charité.
Il distribuait sans compter et sans faire de distinction entre les dignes et les indignes.
Tous
ceux qui s'approchaient de lui recevaient avec abondance ; et plus il
distribuait ainsi l'argent, plus Dieu remplissait sa bourse, de sorte
qu'elle semblait inépuisable.
A la mort du Patriarche Eutychès, en avril 582, Jean fut contraint d'accepter la succession.
Pendant les treize années de son Patriarcat, il ne relâcha en rien l'austérité de sa vie, ce qui lui valut le titre de Jeûneur.
On raconte qu'il resta pendant près de six mois sans boire d'eau.
Pour toute nourriture, il ne prenait qu'une laitue et un peu de melon, de raisin ou de figues.
Il ne s'étendait pas pour dormir, mais restait accroupi, en repliant les genoux sur sa poitrine.
Lorsque,
parfois, il s'abandonnait au sommeil un peu plus que la brève mesure
qu'il s'était fixé, il veillait toute la nuit suivante, afin de mâter
son corps et de le préparer à la veille perpétuelle des «fils de la
Résurrection».
Son
amour des pauvres était tel qu'il épuisa toutes ses ressources en
aumônes et dut demander à l'empereur un prêt pour poursuivre ses
générosités.
A sa mort, en 595, lorsque l'empereur voulut se faire rembourser de son
prêt, on ne trouva chez le patriarche de la «Reine des villes» qu'un
vieux manteau de laine et une maigre couverture.
Pendant
toute sa vie, Saint Jean accomplit de nombreux miracles : il guérit un
aveugle-né en lui donnant la Sainte Communion, calma une tempête par sa
seule prière, repoussa les barbares qui voulaient attaquer la ville,
guérit un grand nombre de femmes stériles etc...
Il
fut ainsi pour son troupeau spirituel non seulement le bon Pasteur (cf.
Jn. 10:11), le médiateur, le grand Prêtre, mais aussi l'image vivante
de la Providence de Dieu, qui se répand avec abondance sur les justes
comme sur les pêcheurs.
Fête le 2 septembre.
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