Le fils prodigue
Retour du fils prodigue, par Pompeo Batoni
Le Fils prodigue est l'une des paraboles de Jésus de Nazareth, également appelée parabole du Fils perdu, ou de l’Enfant prodigue ; on lui préfère quelquefois le titre de Père miséricordieux, Père prodigue, Fils retrouvé, ou parabole du Père et des deux fils... Cette parabole est l'image du retour de la brebis égarée, et aussi de la repentance.
L'histoire
se trouve dans l'Évangile selon Luc 15:11–32, où elle est la troisième
et dernière partie d'une trilogie, immédiatement précédée par les
paraboles de la brebis égarée et de la drachme perdue. Dans le domaine
de l'exégèse biblique, elle fait partie du Sondergut de cet évangile.
Récit
La
parabole met en scène trois personnages : le père ; le fils aîné, qui
suit les commandements de son père ; et le deuxième, le fils prodigue
qui, lassé, part à la découverte du monde.
Après
avoir dilapidé sa fortune, il se retrouve sous le joug d'un autre
maître, plus dur, qu'il finit par abandonner pour retourner vers son
père riche et doux.
Celui-ci, heureux du retour de son fils, lui prépare une fête, ce que l'ainé ne comprend pas.
La
parabole se finit sur l'explication du père : « Il fallait festoyer et
se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et il est vivant,
il était perdu et il est retrouvé », remarque en parallèle avec la
conclusion de la brebis égarée : « Je vous le déclare, c'est ainsi qu'il
y aura de la joie dans le ciel, pour un seul pécheur qui se convertit,
plus que pour quatre-vingt dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de
repentance».
Texte
Le Retour du fils prodigue par Rembrandt
Évangile selon saint Luc, chapitre 15, versets 11 à 32 :
« Il
dit encore : Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père :
mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur
partagea son bien. Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout
ramassé, partit pour un pays éloigné, où il dissipa son bien en vivant
dans la débauche. Lorsqu'il eut tout dépensé, une grande famine survint
dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla se
mettre au service d'un des habitants du pays, qui l'envoya dans ses
champs garder les pourceaux. Il aurait bien voulu se rassasier des
caroubes que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait.
Étant rentré en lui-même, il se dit : Combien de mercenaires chez mon
père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me
lèverai, j'irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j'ai péché
contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton
fils ; traite-moi comme l'un de tes mercenaires. Et il se leva, et alla
vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de
compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa. Le fils lui dit :
Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus
digne d'être appelé ton fils. Mais le père dit à ses serviteurs :
Apportez vite la plus belle robe, et l'en revêtez ; mettez-lui un anneau
au doigt, et des souliers aux pieds. Amenez le veau gras, et tuez-le.
Mangeons et réjouissons-nous ; car mon fils que voici était mort, et il
est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils
commencèrent à se réjouir. Or, le fils aîné était dans les champs.
Lorsqu'il revint et approcha de la maison, il entendit la musique et les
danses. Il appela un des serviteurs, et lui demanda ce que c'était. Ce
serviteur lui dit : ton frère est de retour, et, parce qu'il l'a
retrouvé en bonne santé, ton père a tué le veau gras. Il se mit en
colère, et ne voulut pas entrer. Son père sortit, et le pria d'entrer.
Mais il répondit à son père : voici, il y a tant d'années que je te
sers, sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m'as
donné un chevreau pour que je me réjouisse avec mes amis. Et quand ton
fils est arrivé, celui qui a mangé ton bien avec des prostituées, c'est
pour lui que tu as tué le veau gras ! Mon enfant, lui dit le père, tu es
toujours avec moi, et tout ce que j'ai est à toi ; mais il fallait bien
s'égayer et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et
qu'il est revenu à la vie, parce qu'il était perdu et qu'il est
retrouvé. »
— Louis Segond, Traduction de la Bible.
Interprétation
Le retour de l'enfant prodigue, gravure par Gustave Doré
Pour
Jacques Ellul, cette histoire est aussi celle du fils aîné. C'est une
invitation adressée aux pharisiens, une question sur leurs rapports avec
les brebis égarées.
La parabole du fils prodigue a été employée entre le Ve et VIIIe siècles
par plusieurs théologiens dont saint Pierre Chrysologue pour désigner
les deux fils du Père, le fils aîné, symbolisant le judaïsme, qui reste
proche de la maison, et le fils cadet, l'Église et les pécheurs (voir Autres interprétations).
Un
verset plus haut dans l'Évangile selon saint-Luc (chapitre 15), Jésus
dit : « De même, je vous le dis, il y a de la joie devant les anges de
Dieu pour un seul pécheur qui se repent ».
Benoît
XVI compare le père de la parabole à Dieu. « Il est notre Père qui, par
amour, nous a créés libres et nous a dotés de conscience, qui souffre
si nous nous perdons et qui fête notre retour.
C'est
pourquoi, la relation avec Lui se construit à travers une histoire, de
façon analogue à ce qui arrive à tout enfant avec ses parents : au
début, il dépend d'eux ; puis, il revendique son autonomie ; et
finalement - si le développement est positif -, il arrive à un rapport
mûr, fondé sur la reconnaissance et sur l'amour authentique.»
Pour
le souverain pontife, Dieu nous suit, nous donne de sa charité au
quotidien, et pardonne. La miséricorde, le pardon, la justice sont aussi
les valeurs mises en avant dans cette parabole.
Expression courante
La
locution « fils prodigue » est également passée dans l'usage courant
pour désigner un enfant ou une personne à charge qui ne remplit pas les
espérances de ceux qui l'ont lancé dans la vie ou dans une carrière.
Par
glissement de sonorité, on rencontre aussi l'expression « fils
prodige ». Dans ce cas le retour du fils est célébré car il a accompli
des prodiges, ce qui est un renversement complet par rapport au sens
initial.
Œuvres artistiques
Gravure du XVIIIe siècle
- Willem van de Voldersgraft, Acolastus de filio prodigo, Anvers, 1529 Une pièce de théâtre qui reprend l'argument de la parabole du Fils Prodigue, et qui exerça une influence profonde sur la dramaturgie au XVIe siècle
- Le Fils prodigue est la traduction de The Prodigal Son, titre anglais de :
- une Histoire sacrée de Marc-Antoine Charpentier : Filius prodigus H. 399 (1680)
- un oratorio d'Arthur Sullivan (1869) ;
- un opéra de Benjamin Britten : The Prodigal Son ;
- une chanson de Robert Wilkins reprise par les Rolling Stones dans leur album Beggars Banquet.
- une chanson de Iron Maiden sur leur album Killers
- C'est aussi un ballet sur une musique de Prokofiev, Le fils prodigue.
- Le Retour du fils prodigue, est un thème fort courant en peinture, et le nom de nombreux tableaux, dont Bassano, Pompeo Batoni,Stanislas Darondeau, Domenico Fetti, Frans Francken, Charles Gleyre, Le Guerchin, Bernardino Licinio, Lucio Massari, Otto Mengelberg, Luis Monroy, Gustave Moreau, Murillo, Rembrandt, Rubens, Max Slevogt, Leonello Spada, David Teniers, James Tissot, Ivor Williams, Ary Scheffer, etc.
- C'est aussi le thème de sculptures, comme Le Fils prodigue d'Auguste Rodin
- Le Fils prodigue, est un film américain de 1955.
- Une œuvre d'André Gide, Le Retour de l'enfant prodigue
- Une nouvelle de Lucien Jean, « L’enfant prodigue », La Nouvelle Revue française, nº 1, 1909
- Le Retour du fils prodigue est le titre du dixième épisode de la saison 1 de la série The Leftovers
Source :
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