Les ouvriers de la onzième heure
Les Ouvriers de la onzième heure (quelquefois : Ouvriers envoyés à la vigne) est une parabole de l'Évangile selon Matthieu.
Elle appartient à son Sondergut.
La
onzième heure fait référence à une méthode antique de calcul des heures
qui débutait avec le lever du soleil et qui divisait la journée en
douze parties.
La
parabole fait intervenir un propriétaire terrien qui rémunère également
ses différents employés peu importe l'heure où ils ont entamé leur
labeur.
Place dans l'Évangile
La parabole se trouve dans le Nouveau Testament au chapitre 20, versets 1 à 16 de l'Évangile selon Matthieu.
Le passage fait partie des enseignements de Jésus en Judée, un peu avant son entrée triomphale à Jérusalem lors du Rameaux.
Peinture sur cette parabole par Rembrandt, montrant les ouvriers étant payés le soir (1637)
Texte
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu, chapitre 20, versets 1 à 16 :
« Car
le royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui sortit dès
le matin, afin de louer des ouvriers pour sa vigne. Il convint avec eux
d'un denier par jour, et il les envoya à sa vigne. Il sortit vers la
troisième heure, et il en vit d'autres qui étaient sur la place sans
rien faire. Il leur dit : Allez aussi à ma vigne, et je vous donnerai ce
qui sera raisonnable. Et ils y allèrent. Il sortit de nouveau vers la
sixième heure et vers la neuvième, et il fit de même. Étant sorti vers
la onzième heure, il en trouva d'autres qui étaient sur la place, et il
leur dit : Pourquoi vous tenez-vous ici toute la journée sans rien
faire ? Ils lui répondirent: C'est que personne ne nous a loués. Allez
aussi à ma vigne, leur dit-il. Quand le soir fut venu, le maître de la
vigne dit à son intendant : Appelle les ouvriers, et paie-leur le
salaire, en allant des derniers aux premiers. Ceux de la onzième heure
vinrent, et reçurent chacun un denier. Les premiers vinrent ensuite,
croyant recevoir davantage; mais ils reçurent aussi chacun un denier. En
le recevant, ils murmurèrent contre le maître de la maison, et dirent:
Ces derniers n'ont travaillé qu'une heure, et tu les traites à l'égal de
nous, qui avons supporté la fatigue du jour et la chaleur. Il répondit à
l'un d'eux : Mon ami, je ne te fais pas tort; n'es-tu pas convenu avec
moi d'un denier? Prends ce qui te revient, et va-t'en. Je veux donner à
ce dernier autant qu'à toi. Ne m'est-il pas permis de faire de mon bien
ce que je veux ? Ou vois-tu de mauvais œil que je sois bon ? - Ainsi
les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers. »
Traduction d'après la Bible Louis Segond.
Interprétations
Cette parabole pourrait signifier que la générosité de Dieu dépasse notre justice humaine.
En effet on associe le propriétaire de la vigne au Seigneur, c'est-à-dire Dieu.
Les rapports de Dieu avec l'homme ne sont pas les rapports qu'a un patron avec ses ouvriers.
Parmi
les premiers chrétiens, ceux d'origine juive pouvaient être choqués de
voir des pécheurs et des païens appelés comme eux dans la communauté des
chrétiens.
Cette parabole a servi à apaiser les ressentiments qui ont pu naître de cette situation.
Peinture de cette parabole, par Jacob de Wet, milieu du XVIIe siècle
Origène compare la vigne à l'Église et le maître au Christ.
Saint
Augustin dit dans son sermon 87 intitulé : les heures de l'histoire du
Salut, « Les justes venus au monde en premier, comme Abel et Noé, ont
été, pour ainsi dire, appelés à la première heure, et ils obtiendront le
bonheur de la résurrection en même temps que nous. D'autres justes,
venus après eux, Abraham, Isaac, Jacob et tous ceux qui vivaient à leur
époque ont été appelés à la troisième heure, et ils obtiendront le
bonheur de la résurrection en même temps que nous. Il en ira de même
pour ces autres justes, Moïse, Aaron et tous ceux qui furent appelés
avec eux à la sixième heure ; puis les suivants, les saints prophètes,
appelés à la neuvième heure, goûteront le même bonheur que nous. Tous
les chrétiens sont, pour ainsi dire, appelés à la onzième heure ; ils
obtiendront, à la fin du monde, le bonheur de la résurrection avec ceux
qui les ont précédés. Tous le recevront ensemble. Voyez pourtant combien
de temps les premiers attendront avant d'y parvenir. Ainsi, ils
obtiendront ce bonheur après une longue période, et nous, après peu de
temps. Bien que nous devions le recevoir avec les autres, on peut dire
que nous serons les premiers, puisque notre récompense ne se fera pas
attendre». Le docteur de l’Église a aussi écrit que la pièce d'argent
était en fait le symbole de la vie éternelle.
John
Ruskin s'est appuyé sur cette parabole dans l'essai Unto This Last pour
critiquer la rémunération des ouvriers à la tâche et préconiser au
contraire une rémunération en fonction du temps passé, c'est-à-dire en
fonction des besoins de l'ouvrier pour vivre, quelle que soit la
contribution réelle de son travail à la richesse de l'employeur.
Liturgie
Dans la liturgie catholique, ce passage est lu le 25e dimanche
du temps ordinaire (fin septembre) les années A (pendant lesquelles on
lit l'Évangile selon Matthieu, voir calendrier liturgique catholique).
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