Quirinius
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Publius Sulpicius Quirinius (synonyme : Cirinus, Cyrénius, en grec ancien Κυρήνιος ) (? - 21 ap. J.-C.), né à Lanuvium (30 km au sud de Rome), est un général et administrateur romain.
Biographie
Origines et débuts de carrière
Comme nous l'apprend Tacite, Sulpicius Quirinius n'appartenait pas à la famille patricienne des Sulpicii,
mais avait des origines plus modestes, il est représentatif de ces
notables italiens qui connaissent une ascension sociale forte à la fin
de la République et au début du Principat.
La
carrière de Quirinius lui procura une fortune considérable qui fut
l'objet de convoitise importante à la fin de sa vie, puisqu'il était
sans enfant.
La
première action que nous connaissons vraiment de Quirinius est la
guerre qu'il mena contre les Marmarides lors de son gouvernement de la
province de Cyrénaïque.
La date en est mal connue mais est généralement placée avant son consulat, vers 20 av. J.-C. ou 15 av. J.-C..
Cette action militaire semble prendre la suite de celle, mieux connue, de Cornelius Balbus contre les Garamantes.
Elle lui valut une gloire assez importante et le surnom de Marmaricus (vainqueur des Marmarides).
La carrière consulaire
En 12
av. J.-C., en raison des éminents services, administratifs et
militaires, qu'il avait rendus à l'État, César Auguste l'élève au rang
de consul.
Quirinius
est consul ordinaire aux côtés de Marcus Valerius Messalla Barbatus
Appianus, puis d'un autre collègue, Valerius étant mort en charge.
Il
est ensuite nommé gouverneur de Galatie vers 5 av. J.-C.-3 av. J.-C.,
il mena alors une campagne victorieuse contre une peuplade de Cilicie,
les Homonades et reçoit pour cela les insignes du triomphe.
En 1 av. J.-C., il fut donné comme conseil, rector, au jeune Caius César.
Lors
de l'exil de Tibère à Rhodes, entre 6 av. J.-C. et 2, il semble que
Quirinius se soit montré proche de Tibère et lui ait témoigné de son
respect.
Tibère le loua de cette action à titre posthume lors de la séance du Sénat romain qui décida de ses funérailles publiques.
Quirinius eut au moins une épouse patricienne. Puis, entre les années 2 à 4, il épousa Aemilia Lepida.
C'était une alliance prestigieuse, Lepida étant une descendante de Sylla et Pompée et avait été la fiancée de Lucius Caesar.
Il
la répudia toutefois par la suite, ce qui donna lieu à un procès vingt
ans après la répudiation, procès qui nous est connu par Suétone et
Tacite.
On considère souvent qu'il avait épousé auparavant une Appia Claudia mais cela est moins sûr.
De 6 à 9, il fut envoyé en Syrie, avec le titre de légat d’Auguste, propréteur (Legatus Augusti), comme gouverneur de cette province impériale consulaire.
C'est à cette époque qu'il reçut l'ordre de recenser la Judée, qui
venait d'être réunie à la province de Syrie par la déposition
d’Archélaos.
L'historien Flavius
Josèphe situe Cyrénius gouverneur de Syrie trente-sept ans après
la bataille d'Actium qui eut lieu le 2 septembre 31 av. J.-C., ce
recensement a donc eu lieu en 6 de l'ère chrétienne.
Procéder
à un recensement lorsqu'une province tombe sous l'administration
directe de Rome est une procédure attestée par ailleurs ; cela provoqua
la révolte de Judas le Galiléen (cf. Actes des Apôtres). L'évangile
selon Luc parle du recensement de la Judée, qui eut lieu pendant que
Quirinius était gouverneur de Syrie.
C'est selon Luc pendant cette période qu'est né Jésus Christ.
Quirinius durant le règne de Tibère : procès et affaires judiciaires
En 16, Quirinius est à Rome lors du procès de Marcus Scribonius Libo Drusus, son allié par sa femme Aemilia Lepida.
C'est Quirinius, présente à Tibère sa demande en grâce.
Libo, « aussi stupide que noble » selon Sénèque, était accusé de préparer un coup d'État.
Tacite consacre un long développement au procès de ce descendant de Pompée.
La
grâce ne fut pas acceptée par Tibère qui prétendit s'en remettre au
Sénat : Libo finit par se suicider. Les liens exacts entre Libo et
Quirinius ne nous sont pas connus.
En 20 eut lieu l'accusation de Quirinius contre sa femme Lepida.
Procès complexe qui lui valut l'impopularité et où ses origines modestes furent rappelées.
Lépida
était accusée de plusieurs faits graves : adultère, empoisonnement et
consultation d'horoscope sur la personne des membres de la famille
impériale.
Cette
dernière accusation était extrêmement grave : la croyance en
l'astrologie étant fortement répandue on pensait que consulter
l'horoscope du prince revenait à spéculer sur la date de sa mort, les
difficultés à venir de son règne et finalement était la première étape
d'un complot contre lui.
Finalement, Lépida ne fut condamnée qu'à l'exil.
Cependant, sa popularité nuisit à Quirinius, déjà méprisé du peuple à cause de son avarice.
Décès
Quirinius mourut en 21 (an 774 de Rome), assez âgé et sans laisser de descendance.
Tibère,
rappelant les services qu'il lui avait rendus lors de son exil rhodien,
demanda pour lui des funérailles publiques et fit à cette occasion son
éloge au sénat.
Sa mission en Syrie et le recensement en Judée
La
date du gouvernement de Syrie de Quirinius soulève un problème
chronologique qui a été amplement discuté, puisque le recensement
effectué en 6 est très généralement tenu comme ne pouvant correspondre à
la date de naissance de Jésus.
Pour
résoudre cette incohérence chronologique, plusieurs solutions ont été
proposées, la plus couramment retenue étant celle d'une erreur de
l'évangéliste.
Néanmoins, une partie des savants ont avancé, au XIXe siècle,
l'idée que Quirinius avait effectué deux gouvernements de Syrie, et
qu'il aurait donc procédé à un recensement auparavant.
Pour
appuyer cette hypothèse, on a attribué à Quirinius
une inscription portant un fragment de cursus honorum anonyme, car
brisé, trouvée à Tivoli (CIL XIV, 3613 = ILS 918 = IIt IV 4, 1) et concernant un personnage ayant gouverné la Syrie.
Jusqu'au XXe siècle,
on pensait parfois en effet que l'inscription précisait que le
personnage avait gouverné deux fois la Syrie, ce qui aurait permis
d'expliquer le passage de Luc, mais E.Groag a montré que le sens réel de
l'inscription était que le personnage avait reçu deux légations, l'une
d'elles étant celle de Syrie ; en aucun cas l'inscription ne peut donc
fournir un appui au texte de l'évangéliste.
Par
ailleurs, si elle est encore parfois proposée, l'attribution de
l'inscription à Quirinius n'a pas été la plus couramment retenue et
plusieurs autres noms ont été proposés : Marcus Plautius
Silvanus, Lucius Calpurnius Piso, Caius Sentius Saturninus24.
De
plus, « sous le rapport fiscal, Hérode semble avoir joui de la plus
grande indépendance que peut revendiquer un prince vassal. » « Or
si Rome avait procédé au recensement à l'époque d'Hérode, cette mesure
administrative non seulement ne serait en aucune harmonie avec
l'autonomie du royaume, mais supposerait le paiement régulier d'un
tribut par Hérode; cependant nulle part dans les sources il n'est
question d'un pareil paiement. L'histoire juridique de Rome ne connaît
aucun cas où pareille ingérence aurait été faite dans les affaires
intérieures d'un royaume vassal. »
La
mission de Quirinius, après la déposition d'Archélaos, consistait à
transformer un royaume client en province directement administrée par un
gouverneur romain.
Pour
cela, il procéda au décompte des habitants et à l'évaluation de leur
propriété, afin de fixer et répartir le tribut que la province devait à
Rome : il continuait en Judée le cens qu'il effectua aussi en Syrie.
Une
telle pratique était une des innovations du règne d'Auguste, le premier
cas attesté étant le cens des provinces des Gaules en -27.
Comme
en Judée, ce recensement souleva un mécontentement, et c'est aussi à la
suite d'une tentative de cens provincial que les Romains perdirent la
Germanie en 9.
La mission de Quirinius était donc délicate et laissa un souvenir marquant parmi les provinciaux.
C'est sans doute ce souvenir qui explique sa présence dans le texte de l'évangile de Luc.
Outre l'incohérence chronologique, le texte de l'évangéliste soulève plusieurs autres problèmes historiques.
Selon
Luc, le cens aurait concerné la terre entière, appréciation inexacte
dans le cas d'un cens qui ne concernait qu'une province, mais qui
finalement rend bien compte de la perception qu'eurent les provinciaux
des innovations du règne d'Auguste.
Pour
Fergus Millar cependant, l'usage que Luc fait du cens de Quirinius,
pour expliquer comment Jésus est né à Bethlehem, est « totalement
trompeur et ahistorique ».
Car
le cens de Quirinius n'a pas été étendu à la Galilée, où vivait la
famille de Jésus, puisque cette dernière était dirigée par Hérode
Antipas et ne faisait pas encore partie de la province.
La
connaissance que nous avons de la mission de Quirinius nous permet
aussi d'assister à la mise en place d'un nouveau type de province
romaine, les futures provinces procuratoriennes, dirigé non pas par un
sénateur mais par un membre de l'ordre équestre.
La province fut d'abord confiée à un préfet (praefectus), le titre de procurator ne
se généralisant que plus tardivement, et c'est Quirinius qui accompagna
et assista Coponius, le premier préfet, notamment face à la révolte
de Judas le Galiléen.
Quirinius procéda à la vente des biens d'Archélaos et remplaça le grand prêtre Yoazar par Hanan.
Le
cens de la province de Syrie nous est connu par une inscription en
l'honneur d'un chevalier romain, Quintus Aemilius Secundus, qui fit, en
tant que subordonné de Quirinius, le recensement des habitants de la
ville d'Apamée, cité qui comptait alors 117 000 hommes libres.
Tacite nous
apprend que onze ans plus tard, les provinces de Syrie et de Judée
demandèrent une diminution de tribut, Quirinius ayant eu semble-t-il la
main lourde.
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