Saint Nivard de Reims († 675)
Par Claude Charles — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=23470900
Saint Nivard († 675), archevêque de Reims de 655 à 669, est reconnu comme saint par l'Église latine.
Histoire
Saint Nivard fonda l'abbaye Saint-Pierre d'Hautvillers en 662.
Il était le frère de Gombert, moine et martyr.
Il est fêté le 1er septembre en compagnie saints Sixte et Sinice de Reims.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Nivard_de_Reims
Flodoard qui s’est longuement penché sur l’Histoire de l’Église de Reims, nous présente saint Nivard, successeur de Landon, comme un « personnage très illustre et possesseur de grands biens, dont il donna une partie à l'église et distribua l'autre à ses proches ».
Un autre expert en hagiographie, Alban Butler, nous donne encore d’autres renseignements sur cet évêque de la “Ville des Sacres” :
« Nivard, ou Nivon, était beau-frère de Childéric II, Roi d'Austrasie », donc appartenait « à une grande famille », ce qui explique donc qu’il « passa les premières années de sa vie à la cour ».
Mais, ce séjour au milieu des grandeurs mondaines, selon l’hagiographe cité, n’a pas entamé son éducation religieuse, car « il sut y allier les devoirs du christianisme avec les grandeurs humaines ».
Homme instruit et cultivé, il est écrit de lui que « son mérite le fit placer sur le siège de Reims, vers l'an 649.
On vit en lui un fidèle imitateur des saints évêques : les abus furent corrigés, la discipline fut rétablie, la piété devint florissante ».
Mais ce zèle tout chrétien ne l’empêchait pas de penser que les biens matériels sont aussi nécessaires pour aider l’Église, voilà pourquoi, dès le début de son « épiscopat, il mit tous ses soins à enrichir et agrandir le domaine de l'église par divers achats en différents lieux, soit en terres, soit en maisons ou serfs… »
Mais, ce n’est pas tout. Parce que « Nivard avait une tendresse particulière pour les pauvres et pour les personnes qui avaient embrassé l'état monastique il acquit (…) sur la rivière de Marne un lieu où il fit bâtir le monastère de Hautvillers (662) — là même où quelques siècles plus tard Don Pérignon allait donner “naissance” au vin de champagne —, à la prière de l'abbé saint Bérécaire, qui lui avait demandé un asile où il pût vivre avec ses moines sous la règle de saint Benoît et de saint Colomban ».
Mais, sur ce même sujet, écoutons le récit très particulier de Flodoard :
« Avec l'autorisation du roi, il avait fait rebâtir l'église d'un monastère depuis longtemps fondé à Villiers sur la Marne, et détruit par les barbares; mais il arriva que cette église tomba entièrement. Il la fit de nouveau rebâtir en un autre endroit, et elle tomba encore comme devant. Un jour donc qu'il revenait d'Epernay, accompagné de l'abbé Bérécaire, il lui prit envie de se reposer un peu après avoir passé la rivière. Lors, tous deux s'étant assis, il posa sa tête sur les genoux de Bérécaire et s'endormit. Aussitôt lui vint une vision ; il lui sembla qu'une colombe faisait en volant le tour du bois, et qu'ayant fait son tour elle était allée se poser sur un hêtre ; puis, après avoir fait trois fois la même chose, elle s'envola dans les cieux. Or la même vision qu'il avait ainsi en songe apparaissait en même temps à Bérécaire éveillé, et celui-ci en fut tellement ému qu'il fondit en larmes. A son réveil l'évêque trouvant son visage tout mouillé des pleurs de l'abbé, lui demanda la cause de sa tristesse, et celui-ci lui répondit qu'il pleurait la ruine de son ouvrage. Lors tous deux s'étant raconté leur vision, on dit que l'évêque en fit part à un serviteur de Dieu, nommé Bavon, à qui appartenait le terrain, et qui vivait en ce lieu dans un petit oratoire consacré en honneur de la Sainte Croix. Bavon, apprenant la vision de l'évêque et en même temps ses désirs, lui offrit et sa part du lieu et celle d'un de ses frères nommé Baudouin, et lui raconta comment son autre frère Théoderamne était en querelle avec le comte Rieul (lequel fut depuis évêque de Rheims), parce qu'il avait tué les fils du comte, pour venger la mort des siens, que celui-ci avait fait pendre à cause de leurs brigandages ; ce qui fit que saint Nivard réconcilia Théoderamne avec Rieul, qui avait épousé une de ses nièces, fille de Childéric, et Théoderamne, en reconnaissance, lui céda, moyennant échange, sa part, comme avaient fait ses frères. Bientôt l'évêque fit abattre la forêt, construisit à la place une église en l'honneur de saint Pierre et de tous les apôtres, et plaça l'autel à l'endroit où il avait vu la colombe se poser ; puis, rassemblant les serviteurs de Dieu, il rouvrit le monastère, où Théoderamne se fit moine. Le comte Rieul demanda aussi que son fils Gédéon, petit neveu de saint Nivard, se fit moine en ce couvent, et donna une partie de ses biens au monastère. Saint Nivard abandonna dans la suite à cette abbaye tous les biens qu'il avait avant d'être élevé à l'épiscopat, et fit tant par ses conseils et exhortations, que Rieul prit aussi l'habit de religion. Enfin, à la prière de l'abbé Bérécaire, il accorda au couvent ce singulier et précieux privilège qu'il conserverait tant qu'il vivrait le monastère sous sa juridiction, et qu'après sa mort il serait gouverné par l'évêque de Rheims, qui en protégerait les moines contre tous leurs ennemis ; et qu'enfin les moines auraient la liberté d'élire canoniquement leur abbé, ainsi que portent les lettres du privilège ».
La renommée du saint Évêque commença dès lors à s’étendre au-delà du pays des Rèmes. En effet, un historien nantais nous explique et nous renseigne :
« Il y a eu plusieurs conciles à Nantes. Il s'en tint un en 655, ou peu après, sous l'évêque Sallapius, autrement Salapus, et ce fut S. Nivard de Reims qui y présida. Les canons qui nous en restent, sont d'une exacte discipline, et ne peuvent être attribués à un concile de Nantes du IXème siècle ».
« Après une si sainte vie — et après avoir gouverné son diocèse pendant 14 ans (655 à 669) —, Nivard mourut, dit-on, dans une chapelle dédiée à la Vierge Marie, qu'il avait fait construire en ce monastère — de Hautvillers —, et fut ensuite transporté à l'église de Saint-Rémi à Rheims, où il est enterré ».
La Révolution s’est chargée, hélas ! d’effacer presque toutes les traces d’un passé glorieux qui fit la renommée de l’Église de Reims : dans la Basilique Saint-Rémi — si propice à la prière et si chargée de saints souvenirs — il ne subsiste presque rien de ce passé plus que millénaire.
Alphonse Rocha
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