Saint Pélage de Courdoue († 925)
Enfant, martyr à Cordoue
Martyre de San Pelayo, 1532
par Juan Soreda
Église de San Pelayo, Olivares de Duero
par Juan Soreda
Église de San Pelayo, Olivares de Duero
Pélage (en espagnol Pelayo,
né en 911 à Albeos, Crecente (Galice) et mort le 26 juin 925 à Cordoue
(al-Andalus) est un chrétien matyrisé au cours du califat d'Abd
al-Rahman III, et canonisé peu après par l’Église catholique, comme
exemple de vertu de la chasteté juvénile.
Sa fête dans le calendrier catholique est le 26 juin.
Biographie
Pélage est éduqué à Tui par son oncle, l’évêque de Tui, Hermoigio.
En 920, il accompagne l’évêque et la cour du roi de Léon en appui du royaume de Pampelune, lequel est attaqué par le calife Abd al-Rahman III.
Après la déroute de la Bataille de Valdejunquera (es), l’oncle et le neveu sont capturés.
Après trois ans de captivité, l’évêque est libéré mais Pélage demeure comme otage.
Certains
disent qu'Abd al-Rahmán III exige des contacts sexuels, lui promettant
richesses et honneurs s’il renonce à la foi chrétienne et accède aux
propositions du calife, contacts auxquels Pélage se refuse, ce qui amène
son martyre et sa mort.
Pour
ses refus répétés, Pélage est soumis au martyre, décrit de façon
lugubre dans le martyrologe, par écartèlement au moyen de tenailles de
fer.
Peu après, il est dépecé et ses restes jetés aux abords du Guadalquivir le 26 juin 925.
Ses
restes sont recueillis pieusement par les chrétiens de Cordoue et
enterrés au cimetière de Saint-Genès et son crâne à celui de
Saint-Cyprien, étant considéré martyr par la foi et la pureté.
En
967, les restes de Saint Pélage sont déposés au monastère dédié au
saint en Léon, fondé par son successeur le roi Don Sancho.
Entre
984 et 999, son corps est transporté à Oviedo et finalement déposé au
monastère des bénédictins de Saint-Pélage de cette ville.
Un
os de ses bras est vénéré depuis longtemps au monastère des bénédictins
de Saint-Pélage d’Anteatares de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Son
hagiographie indique que, durant les quatre années qu’il passe à
Cordoue comme otage, sans que la rançon ne soit payée par son oncle
évêque, le garçon se fait remarquer par son intelligence et sa foi,
faisant prosélytisme du Christ, insistant que cette activité est ce qui
provoque la demande d'Abd al-Rahmán III de se convertir à l’Islam, ce
que Pélage rejette avec véhémence :
« Si,
mon roi, je suis chrétien. Je l’ai été et le serai par la grâce de
Dieu. Toutes tes richesses ne valent rien. Ne crois pas que pour ces
choses si éphémères je vais renier le Christ, qui est mon Seigneur et
quoique toi tu ne l'aimes pas. »
Vénération
Le martyre en défense de sa foi justifie sa canonisation.
Aussitôt, il commence à être l’objet d’un culte. À partir du XIe siècle,
alors que les royaumes chrétiens interviennent dans la politique
intérieure des royaumes de taïfas, plusieurs restes de saints sont
déplacés au nord et deviennent des reliques et c’est ce qui se passe
avec ceux de saint Pélage : en premier lieu à León puis au Monastère de
San Pelayo (Oviedo) (es) qui porte son nom.
La paroisse de San Pelayo de Olivares de Duero (Valladolid), possède un retable peint vers 1532 par Juan Soreda, et d'abord attribué à Topaz. Les premiers des cinquante et un panneaux, racontent la légende du saint.
Flechas y Pelayos
Pelayos est le nom donné à l’organisation de jeunes requetés (carlistes), dont la section féminine était désignée sous le nom de las margaritas (les marguerites).
En 1938, durant la Guerre civile espagnole et après le décret d’unification, on appelle Flechas y Pelayos (Flèches et Pélages)
la fusion des bulletins ou revues de jeunes de ces organismes, avec les
semblables de Phalange espagnole, dont les membres se dénommaient flechas.
La revue jeunesse Flechas y Pelayos (es) est une bande dessinée publiée entre 1938 et 1949.
Les dénominations seront reprises par la Organisation juvénile espagnole (es) durant le franquisme.
Le nom de Pélages ou Pelayos, qui évoque le saint enfant, est particulièrement approprié comme modèle proposé par cette organisation de jeunes de la Nouvelle Espagne ou Espagne impériale de l’époque du national-catholicisme.
Son usage coïncide avec celui d’un autre modèle référant à Don Pelayo ou Pélage le Conquérant, décrit comme caudillo providentiel qui débute la Reconquista et comparé à Franco lui-même.
Honneurs
Toponymes
De nombreuses localités espagnoles ainsi qu’une commune colombienne porte le nom de San Pelayo en l’honneur de Pélage de Cordoue (Voir San Pelayo (homonymie) (es)).
Saint patron
Saint Pélage martyr est le saint patron de plusieurs localités espagnoles.
- Puentedey (es) (Burgos, Castille-et-León)
- Lobios (Ourense, Galice)
- Liegos (es)-(León, Castille-et-León)
- San Pelayo de Guareña (Salamanque, Castille-et-León)
- Villacarralón (Valladolid, Castille-et-León)
- Villafruela del Condado (León)
- Villanueva Matamala (Burgos)
- La Cueva - Castañeda (Cantabrie)
- Cicero (Cantabrie) (es) (Cantrabrie)
- Hazas de Soba (Cantabrie)
- Castro-Urdiales (Cantabrie)
- Duález (Torrelavega) (Cantabrie)
- Zarautz (Guipuscoa, Pays basque)
- Truchillas (es) à Truchas (León, Castille-et-León)
- Arenillas de San Pelayo (es) à Buenavista de Valdavia (Palencia, Castille-et-León)
- Población de Arroyo (Palencia, Castille-et-León)
- Villamoronta (Palencia, Castille-et-León)
- Villalba de Rioja (La Rioja)
- Siete Iglesias de Trabancos (Valladolid, Castille-et-León)
- Cañizo de Campos (Zamora, Castille-et-León)
- Santa María del Condado (es) à Vegas del Condado (León, Castille-et-León)
- Escober de Tábara (es) (Zamora, Castille-et-León)
- Morales del Rey (es) (Zamora, Castille-et-León)
- Valtuille de Abajo (es) à Villafranca del Bierzo (León, Castille-et-León)
- Quintanilla de Urz (Zamora, Castille-et-León)
- Villarrabé (Palencia, Castille-et-León)
- Carreira (Galice) (es) (La Carogne, Galice)
- Baños de Río Tobía (La Rioja)
- Villamuriel de Campos (Valladolid, Castille-et-León)
- Las Bodas (León, Castille-et-León)
- Piñel de Abajo (Valladolid, Castille-et-León)
De même qu’en Colombie :
- San Pelayo (Córdoba).
Institutions et édifices
De nombreuses institutions et plusieurs édifices d’Espagne sont nommés d’après Saint Pélage (San Pelayo ou San Paio) :
- Séminaires :
- Grand séminaire de San Pelayo, à Cordoue
- Petit séminaire de San Pelayo, à Cordoue
- Petit séminairer de San Pelayo, à Tui (Pontevedra, Galice)
- Monastères (plusieurs ayant été transformés en églises) :
- Monastère de San Pelayo (Oviedo) (es) à Oviedo (Asturies)
- Monastère de San Pelayo d'Abeleda à Abeleda (Ourense)
- Monastère de San Pelayo d'Antealtares (es) à Saint-Jacques-de-Compostelle (La Carogne)
- Églises
- Église San Pelayo à Olivares de Duero (Valladolid)
Source :
Le roi Abdérame ayant remporté une sanglante victoire sur les chrétiens l'an 921, en la vallée de Jonchère, plusieurs y furent tués, et entre les chrétiens captifs se trouva l'évêque de Tuy, nommé Ermoyge ; il fut mené à Cordoue, et mis en un chariot, les fers aux pieds.
L'évêque proposa de donner pour sa rançon quelques Maures qui étaient ses prisonniers de guerre, et en attendant qu'il les envoyât au roi, il s'offrit de laisser comme otage son neveu âgé de dix ans, nommé Pélage.
Le roi y consentant laissa aller l'évêque, et retint Pélage, qui était parfaitement beau et modeste.
Notre-Seigneur, qui avait déjà choisi ce saint enfant pour en faire un martyr, le favorisa tellement en la prison, que cette tribulation lui fut un exercice de vertu, où il se purifia comme l'or dans la fournaise.
Il
était d'un naturel honnête, modéré et prudent : vigilant en l'oraison,
ne lisant que de bons livres, et ne parlant que de choses honnêtes.
Il demeura trois ans en cette prison, se préparant à recevoir la couronne du martyre.
Le
roi Abdérame étant un jour à table, et ses officiers lui disant
merveilles de la rare beauté de Pélage, il commanda qu'on l'amenât
aussitôt devant lui.
Il fut incontinent ébloui de l'éclat de sa beauté, et commença à lui
faire offre d'honneurs, de richesses, de bienfaits et de dignités, tant
pour lui que pour les siens, s'il voulait renoncer à la foi de
Jésus-Christ pour embrasser celle du grand prophète Mahomet.
Le saint enfant lui répondit sans se troubler : « O
puissant roi, tout ce que vous promettez n'est rien, je suis chrétien,
et le serai; car je ne veux jamais renoncer à Jésus-Christ : vos offres
ne sont que des choses fragiles et périssables ; mon Seigneur
Jésus-Christ, qui a créé toutes choses qu'il tient en sa main, est
infini et éternel. »
Là-dessus,
le roi se voulant approcher de lui pour le caresser, Pélage, ne parlant
plus en enfant, mais en homme courageux, lui dit : « Retire-toi, chien, me prends-tu pour un de tes complaisants ? »
Et
en même temps il déchira la belle robe dont ils l'avaient paré, pour se
défendre plus librement, et mourir, s'il eut été besoin, pour l'honneur
de Jésus-Christ.
Ce
roi était déjà si épris de son dessein, que ni les paroles ni les
actions de Pélage ne l'en purent détourner ; au contraire, il commanda à
ses serviteurs de s'efforcer par tous les moyens de le faire renoncer
au christianisme, et se soumettre à sa volonté ; mais enfin voyant qu'il
perdait son temps, car Pélage persistait constamment en sa religion, il
changea son amour en h une et en furie ; il commanda qu'on l'appliquât à
la torture jusqu'à ce qu'il mourût, ou renonçât à Jésus-Christ.
Le saint enfant, sans changer son visage angélique, montra bien qu'il était préparé à souffrir de plus rudes tourments.
Ce
que voyant le roi, emporté d'une rage diabolique, il commanda qu'où lui
hachât tous les membres l'un après l'autre, puis qu'on jetât le reste
du corps dans la rivière du Guadalquivir.
Ces
cruels bourreaux s'acharnant donc sur ce frêle enfant, l'un lui coupa
un bras, l'autre la jambe, l'autre la tête, pendant quoi ce saint
enfant, qui n'était non plus ému que si son corps ait été à
quelqu'autre, invoquait Jésus à son aide, et disait : « Délivrez-moi, Seigneur, de mes ennemis. »
Et,
comme il voulait élever ses mains au ciel, ces bourreaux les lui
coupèrent, puis le décapitèrent : ainsi il rendit l'esprit à Dieu.
Le
corps, ayant été jeté dans le Guadalquivir, fut soigneusement retiré et
enterré par les chrétiens dans l'église de Saint-Gênés, et le chef en
celle de Saint-Cyprien.
Son
martyre arriva un dimanche, 26 de juin, l'an 926, selon un prêtre de
Cordoue, nommé Ragul, témoin oculaire de son martyre, et qui l'a même
écrit ; mais au calcul d'Ambroise Moralés et du cardinal Baronius, ce
fut en 925, parce que le 26 de juin tomba cette année-là un dimanche.
Il commença à une heure après midi, et les tourments continuèrent presque six heures durant.
Ils furent longs et pénibles, mais il les surmonta par la force que Dieu lui donna.
Le
roi Sanche, surnommé le Gros, fils du roi Ramire II, envoya une
ambassade au roi de Cordoue pour traiter de la paix avec lui, et
demander le corps de saint Pélage, qui lui fut accordé ; mais à cause de
son décès, le roi Ramire, son fils, le reçut solennellement, et le mit
dans un monastère, que son père avait fait bâtir à cette fin.
Par succession de temps, ce corps saint fut transféré à Oviedo, l'an 1023, le 8 de novembre ; il y est encore à présent.
Plusieurs églises d'Espagne célèbrent la fête de saint Pélage, dont le nom et la mémoire leur sont en singulière recommandation.
Il y a plusieurs églises de fondées en Castille sous son invocation, et
beaucoup plus en Galice ; en la ville de Saint-Jacques, il y a un
couvent de religieuses de l'Ordre de Saint-Benoît qui porte son nom.
Le renom de son martyre passa jusqu'en Allemagne et en Saxe.
Une
religieuse de qualité, et d'un bel esprit, nommée Roswita, écrivit en
vers héroïques le martyre de ce saint, assurant en avoir été informée
par un habitant de Cordoue qui assista à son martyre.
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