Saint Romaric († 653)
Fondateur de Remiremont
Saint Romaric (dit aussi Romary ou Remiré),
mort en 653, a fondé le monastère dit Le Saint-Mont ou mont Habend et
lui a donné son nom ainsi qu'à la ville de Remiremont qui s'est
développée autour.
Selon le martyrologe romain, il est fêté le 8 décembre après avoir eu sa fête célébrée le 10 décembre selon certains auteurs.
Le calendrier ecclésiastique orthodoxe le fête également le 8 décembre.
Biographie
Saint Romaric : statue en pierre du XVIIe siècle
(Musée Charles de Bruyères, Remiremont)
Père
de famille, ancien courtisan du roi d’Austrasie Thibert, il était leude
mais demeurait à la cour de Metz, ce qui signifie qu’il avait un lien
personnel de servitude avec cette cour. Il vit d’ailleurs ses biens
confisqués par les partisans de la reine Brunehilde.
Né
en Austrasie aux environs de 580 à Remoncourt, dans une famille de
Leudes (membres de l'aristocratie mérovingienne), son père Romulf,
général austrasien, fut un soutien de Théodobert II, l'un des fils de la
reine Brunehaut. Celui-ci perdit la bataille de Tolbiac contre son
propre frère Thiery II, qui s'empara de Metz et fit périr les fidèles de
Théodobert, dont le père de Romaric, et s'empara de leurs biens.
Homme politique
Selon
la tradition, Romaric fut élevé à la cour d'Austrasie et occupait un
poste important à la cour de Théodobert II, riche et possédant des
terres.
Il
est pressenti par certains historiens comme un noble intriguant dans la
cour d' Austrasie, fin stratège visant une bonne place au sein delà
cour royale.
Jonas, dans sa vie de saint Colomban parle de lui comme "un des plus hauts dignitaires de la Cour " (ch 10, 13).
Cependant
à la mort de Theodobert la reine Brunehaut lui confisqua tous ses
biens, et Romarci multiplia les démarches humiliantes pour les
récupérer, ce qui se passa.
Certains
historiens ne prennent pas pour une vérité historique son mariage et
l'existence réelle de ses filles, qui remplissent cependant un place
importante dans les récits hagiographiques.
Il
fit partie d'un groupe de résistants à la reine Brunehaut, avec Pépin
de Landen et Arnoulh de Metz, véritable mouvement d'insurrection qui eut
une réelle influence décisive dans la victoire de Clotaire II sur la
fameuse reine…
Lorsque
les affaires changèrent de face, et revenu en grâce à la cour, il resta
convaincu de l’instabilité des choses humaines et fut converti à la vie
monastique par Amé, disciple de Colomban, venu de Grenoble.
La vocation de Romaric
Après
s'être investi dans la recherche du pouvoir et des richesses, prit des
risques importants dans la résistance à la reine Brunehault, Romaric ne
reçut pas grande récompense de Clotaire II, qui se méfiait de ces
intrigants versatiles… et n'accorda pas trop de pouvoir à ces hommes
« dont seul l'opportunisme avait fait ses alliés ».
Ainsi
Romaric ne fut t-il pas écœuré des manœuvres et basses stratégies de
pouvoir, des intrigues de palais et aspira alors à une vie plus
dépouillée et centrée sur une valeur supérieure, et donc la vie
monastique, qui l'attirait depuis longtemps.
Certains
historiens récents semblent penser dans la création d'un monastère
particulier (différent de celui de Luxeuil) Romaric pouvait être tenté
de résister au mouvement d'annexion et d'unification de Clotaire II, en
« cultivant un régionalisme austrasien » (cf Bruno Dumézil, La reine Brunehaut).
Les
sources hagiographiques soulignent davantage la vertu de Romaric, très
religieux et pieux, sans cesse tourné vers l'absolu et la charité, comme
si sa vocation religieuse était déjà inscrite dans son être profond, et
le préparait à la rencontre de saint Amé.
C'est effectivement saint Amé qui fut le fer de lance et le déclencheur efficace de sa conversion à la vie monastique.
La tradition nous informe qu'il désirait depuis longtemps se rendre à Lérins avec son ami Arnoul.
Lérins
était un monastère célèbre, très ancien, au prestige immense, fondé par
saint Honorat au large de Cannes Mais ce projet ne fut pas réalisé.
La visite de saint Amé à la cour de Metz et sa vibrante prédication a
profondément ému Romaric qui vendit tous ses biens et suivit saint Amé à
Luxeuil, avec certains de ses serviteurs, d'après la tradition
hagiographique.
Les
circonstances pittoresques de cette conversion n'ont d'autre but que de
démontrer l'électro-choc de la parole libératrice de saint Amé encore
indécise de Romaric.
Devenu
moine à Luxeuil, dans les Vosges, il fonda avec lui au Saint-Mont un
monastère double (moines au bas de la montagne, religieuses au sommet,
monastère fondé par deux de ses filles) qui s’appellera Romarici Mons et deviendra l’actuelle Remiremont.
C’est là qu’il est mort en 653.
Saint
Amé, moine-ermite, formé à l'abbaye de Saint-Maurice-d'Angaume en
suisse, fut ramené par Eustaise à Luxeuil et fut envoyé en mission
d'évangélisation et arriva à la cour de Metz (capitale de l'Austrasie) :
ce personnage remarqué par sa pratique assidue de l'ascèse la plus rude
et la solitude absolue, put ainsi devenir le guide de Romaric.
Il vint faire à Luxeuil, au monastère colombaniste irlandais célèbre, comme un noviciat, pendant quelque temps.
Il
semble en effet que ce ne soit qu'une période de « formation » en vue
de se consacrer à un projet commun avec saint Amé et l'aval d'Eustaise :
la fondation d'un nouveau monastère de femmes, sur une propriété qu'il
aurait conservée, sur une montagne vosgienne à la frontière de
l'Austrasie, lieu de solitude idéal.
C'est
ensuite la deuxième tranche de vie de Romaric qui commence : le
fondateur en 620 avec saint Amé, ensuite à la mort de celui-ci en 627 la
responsabilité de l'abbaye royale et de son essor, à travers les
épreuves multiples et la mise en scène de sa vie par les biographes,
saga édifiante et exemplaire…
Culte du saint
Ce
saint fondateur reçu une immense vénération qui perdura à travers les
siècles, et les pèlerinages sur la montagne sainte furent nombreux.
Il
occupa une place importante et essentielle dans la liturgie des
Chanoinesses qui continuèrent à se revendiquer de son origine en dépit
de leur vie bien peu "monastique"...
Les
reliques de saint Romaric, avec celles de saint Amé, furent transférées
à l'abbaye des Chanoinesses dans la vallée (cf la translation des corps
saints dans la vallée : p. 174/175 in "d'une Réforme à l'autre
816/934..." de Michèle Gaillard éd La Sorbonne, 2006).
Mais les pèlerins continuèrent de venir nombreux au Saint-Mont pour prier même sur des tombeaux vides.
Si
ces pèlerinages subsistent encore parfois aujourd'hui, ils sont
organisés en l'honneur de saint Amé, sainte Claire, sainte Sabine… Mais
la vénération du saint fondateur s'est quelque peu émoussée…
C'est cependant lui qui donna le nom de la ville qui fut créé en son nom : Romarici Mons, depuis peut-être l'an 870.
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