fondateur des Sœurs franciscaines de la famille de Marie
Zygmunt
Szczesny (Sigismond Félix) naît le 1er novembre 1822 de Gérard Felinski
et d'Eva, née Wendorff, à Wojutyn (diocèse de Luck, province de Wolyn),
ville polonaise sous domination russe, faisant actuellement partie de
l'Ukraine.
Il vit au sein d’une famille nombreuse, aisée et pieuse qui lui permet de recevoir une éducation soignée.
Mais à l'âge de 11 ans il perd son père et 5 ans plus tard, en 1838, sa
mère est exilée en Sibérie à cause de ses activités patriotiques qui
consistaient ... à travailler à l'amélioration sociale et économique des
paysans.
Après ses études secondaires, Félix étudie les mathématiques à l'université de Moscou (1840-1844).
En 1847 il se rend à Paris où il étudie la littérature française à la Sorbonne et au Collège de France.
Entre temps il participe à la révolte de Poznam de 1848 qui échoue.
En 1851, après avoir séjourné à Munich et à Paris, il revient au pays
et il entre au séminaire diocésain de Zytomierz, puis à l'Académie
Catholique de Saint-Pétersbourg.
Il
est ordonné prêtre en 1855. Il exerce d'abord un ministère paroissial à
Saint-Pétersbourg jusqu'en 1857, date à laquelle il est nommé directeur
spirituel et professeur de philosophie à l'Académie de cette ville.
Il avait déjà créé en 1856 une œuvre charitable pour les pauvres, et,
en 1857, il fonde la Congrégation des Sœurs Franciscaines de la Famille
de Marie.
Le 6 janvier 1862, le bienheureux Pape Pie IX le nomme Archevêque de Varsovie.
Il est consacré le 26 janvier à Saint-Pétersbourg et le 9 février il arrive à Varsovie.
Il n'exercera son ministère sur place que 16 mois (9 février 1862 – 14
juin 1863) car les conditions politiques sont très troublées.
La
Pologne a disparu de la carte et Varsovie est dominée par les Russes
qui pratiquent une politique de russification et d'‘orthodoxisation’
intense, alors qu'ils viennent d'écraser brutalement une révolte en
1861. (« L’ordre règne à Varsovie », ce mot affreusement célèbre n’est
pas d’un russe, mais du ministre français de la guerre, le général
Sébastiani.)
Malgré la dureté des temps et l’insécurité du lendemain, l’Archevêque entreprend une œuvre d’envergure.
Il réforme le diocèse qu’il parcourt régulièrement pour mieux le connaître.
Il
réforme aussi le séminaire au point de vue intellectuel et spirituel.
Il s’efforce d’obtenir la libération des prêtres prisonniers.
Pour
les pauvres et les orphelins, il ouvre un orphelinat à Varsovie qu’il
confie aux Sœurs de la Famille de Marie qu’il a fondées naguère.
Malheureusement son action est gênée par la méfiance d’une partie du
clergé et des citoyens, car les Russes ont fait courir le faux bruit
qu’il collaborait avec eux, c’est-à-dire avec le gouvernement
d’occupation.
En
fait il lutte contre l’ingérence du pouvoir politique dans les affaires
ecclésiastiques. Il donne aussi des conseils de prudence pour que la
nation ne se précipite pas tête baissée dans la révolte.
Mais
lorsqu’éclate la ‘révolte de janvier’ (1862), réprimée dans le sang par
les Russes, il écrit une lettre à l’Empereur où il proteste notamment
contre la pendaison d’un capucin, chapelain des ‘rebelles’. Alexandre II
l’envoie en exil.
Il
quitte Varsovie le 14 juin 1863 et aboutit à Jaroslavl en Sibérie où il
restera 20 ans, privé par le Tsar de tout contact avec Varsovie.
Sur place il trouve le moyen d’organiser des œuvres de charité pour les
prisonniers et spécialement les prêtres, et malgré les tracasseries
policières il réussit à bâtir une église.
A
la suite de négociations avec le Vatican, il est libéré le 15 mars 1883
et le Pape Léon XIII le transfère du siège de Varsovie à celui de
Tarse, in partibus, avec résidence à Dzwiniaczka (diocèse de Lviv) dans
la Galicie du Sud-est.
Dans ce demi-exil où il vivra les 12 dernières années de sa vie, Mgr Felinski exerce une activité pastorale intense.
Dans ses temps libres, il écrit. Notons entre autres : recueil de
conférences spirituelles, conférences sur la vocation, etc. et ses
‘Mémoires’ (3 éditions).
Il meurt à Cracovie le 17 septembre 1895.
Ses
restes sont ramenés à Dzwiniaczka et, en 1920-21, transférés à
Varsovie, puis déposés dans la crypte de la cathédrale où ils sont
vénérés.
Dans
l’homélie de béatification, Jean Paul II propose Mgr Felinski comme
exemple de ministère pastoral à ses frères dans l’épiscopat pour
« mettre en place un programme pastoral de la miséricorde », empreint de
charité sociale et de défense de la liberté.
Et le Pape conclut par ces propos incisifs : « Monseigneur Felinski
s'est profondément engagé dans la défense de la liberté nationale. Cela
est nécessaire aujourd'hui également, alors que diverses forces, guidées
par une fausse idéologie de liberté, cherchent à s'approprier ce
terrain. Alors qu'une propagande bruyante de libéralisme, de liberté
sans vérité et sans responsabilité, s'intensifie également dans notre
pays, les pasteurs de l'Eglise ne peuvent manquer d'annoncer l'unique et
infaillible philosophie de la liberté qu'est la vérité de la Croix du
Christ. Cette philosophie de liberté est structurellement liée à
l'histoire de notre nation. »
La béatification du 18 août 2002 à Cracovie
Au cours de son 98e voyage apostolique en dehors de l’Italie, le 8e dans
son pays, du 16 au 19 août 2002, Jean Paul II s’est cantonné dans le
diocèse de Cracovie, son ancien diocèse comme évêque, en même temps que
celui de sa naissance.
Le samedi 17 août, il a fait la dédicace du nouveau sanctuaire érigé en
l’honneur de la Divine Miséricorde à Cracovie-Lagiewniki (dévotion à la
Miséricorde inspirée par le Christ à Sainte Faustine Kowalska.
Le
lendemain, dimanche 18 août, fut le sommet de son pèlerinage avec la
béatification de 4 serviteurs de Dieu polonais (Sigismond Félix
FELINSKI, Jean Adalbert BALICKI, Jean BEYZYM et Marie Sancha SZYMKOWIAK)
au parc de Blonie près de Cracovie devant une foule de plus de deux
millions de fidèles, le plus grand rassemblement qu’ait jamais connu la
Pologne.
On
pensait que ce voyage du Pape en terre polonaise serait un voyage
d’adieu, un voyage ‘sentimental’, de ce pape âgé de 82 ans.
Fatigué et près d’achever sa 24e année de pontificat.
En
fait il a dit des paroles très fortes, déclarant d’emblée dès le
premier jour à ses compatriotes dont certains craignent l’avenir et
notamment l’entrée de la Pologne dans l’Europe unie ; « Arrêtez d’avoir
peur ! »
Et
lors de l’Audience générale qui a suivi, à Rome, le 21 août, il a donné
le sens synthétique de ces béatifications en disant : « J'ai voulu
indiquer ces nouveaux bienheureux au peuple chrétien, afin que leurs
paroles et leur exemple constituent un élan et un encouragement à
témoigner, à travers les faits, de l'amour miséricordieux du Seigneur
qui vainc le mal par le bien (cf. Rm 12, 21). Ce n'est qu'ainsi
qu'il est possible d'édifier la civilisation de l'amour désirée, dont
la force douce s'oppose avec vigueur au mysterium iniquitatis présent
dans le monde. C'est à nous, disciples du Christ, que revient la tâche
de proclamer et de vivre le profond mystère de la Miséricorde Divine qui
régénère le monde, en nous poussant à aimer nos frères et même nos
ennemis. Ces bienheureux, ainsi que les autres saints, sont des exemples
lumineux de la façon dont l'‘imagination de la charité’, nous permet
d'être proches et solidaires de ceux qui souffrent (cf. n. 50), artisans
d'un monde renouvelé par l'amour.
Béatification : 18.08.2002 à Cracovie par Jean Paul II
Zygmunt Feliński (Wojutyn, 1er
novembre 1822 - Cracovie, 17 septembre 1895) est un érudit, évêque
socialement engagé, archevêque de Varsovie et fondateur de l'Institut
des Franciscaines de la famille de Marie.
Il est vénéré comme saint par l'Église catholique.
Biographie
Né
à Wojutyn (en Volhynie, un ancien territoire polonais appartenant à
cette époque à l'Empire russe) dans une famille noble et religieuse.
Il a dix frères et sœurs.
Son père Gerard Feliński meurt alors qu'il a onze ans.
Quand
il a seize ans, sa mère, Ewa Wendorff-Felińska, est déportée en Sibérie
pour ses activités patriotiques et le gouvernement tsariste confisque
le patrimoine familial laissant six de ses frères et sœurs sans toit.
Feliński étudie les mathématiques à l'université de Moscou, puis des sciences humaines à la Sorbonne et au Collège de France.
Il adopte comme devise : « Être Polonais sur cette terre, c’est vivre avec divinité et noblesse. » et participe à l’insurrection de la Grande Pologne, en 1848.
En 1851, il revient en Pologne et prend sa décision de devenir prêtre.
Il entre au Grand séminaire de Żytomierz puis étudie au Séminaire de Saint-Pétersbourg,
une académie ecclésiastique surtout fréquentée par les Polonais,
puisque le catholicisme n'est pas la religion de l'Empire russe.
Il est ordonné prêtre le 8 septembre 1855 et exerce son activité dans le domaine de la pastorale et de l'enseignement.
En 1862, il est nommé par le bienheureux pape Pie IX archevêque de Varsovie.
En
tant qu’archevêque, il doit faire face à l’antipathie du clergé de
Varsovie, qui soupçonne le Père Feliński travaille pour le tsar et non
pour l’Église.
Il
rouvre les églises fermées, tout en visitant les archidiocèses, les
hôpitaux, les refuges pour les pauvres et sans-abris, les couvents,
ainsi que le refuge tenu par les Juifs dans le quartier de la Wola à
Varsovie.
Il obtient la grâce de nombreux prêtres envoyés en Sibérie.
Il
introduit à Varsovie les Sœurs de Notre Dame de la Miséricorde ainsi
que les Sœurs de la Famille de Marie, afin qu’elles prennent en charge
l’éducation des filles les plus démunies.
Il se consacre avec courage à la défense de la liberté de l'Église vis-à-vis de l'État.
Après
le début de l'insurrection de janvier 1863, les répressions de
l'occupant russe se font de plus en plus fortes, l’archevêque se sent
profondément responsable de l’Église qui lui est confiée.
Prenant
la défense des Polonais devant le tsar, il lui écrit une lettre
intransigeante, dans laquelle il l’appelle à rendre la Pologne libre.
La lettre est publiée dans la gazette française le Journal.
Le Père Feliński est déporté pour 20 ans à Iaroslavl, de l’autre côté de la Volga en Russie.
Il
y vit pendant vingt ans, en assistant spirituellement les catholiques
et les exilés de Sibérie et, en se consacrant au réveil du catholicisme
dans l'Empire russe.
Il y construit une église catholique.
Libéré grâce à l'intervention du Saint-Siège en 1883, il ne lui est pas permis de retourner à Varsovie.
Nommé archevêque titulaire (in partibus)
de Tarse, il passe les douze dernières années de sa vie à Dźwiniaczka
en Galicie, en semi-exil sous la domination autrichienne.
Il y travaille inlassablement au bien spirituel des paysans polonais et ukrainiens.
Il s'intéresse à leur instruction, en fondant la première école du pays.
Il ouvre une école maternelle et construit une église et un couvent pour les Sœurs de la Famille de Marie.
Il meurt à Cracovie le 17 septembre 1895 en odeur de sainteté.
Béatification et canonisation
Il est béatifié par le pape Jean-Paul II en 2002, puis canonisé par le pape Benoît XVI en 2009.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire