Saint Silouane l'athonite († 1938)
Syméon
Antonov (en russe : Семен Антонов), connu sous son patronyme religieux
de Silouane de l'Athos ou Silouane l'Athonite, (en russe : Силуан
Афонский (né en 1866, dans le village de Chovsk (province
de Tambov, Russie - mort le 11 septembre 1938 au Mont Athos, en Grèce)
était un moine russe, Saint de l'Église orthodoxe, qui vécut dans
le monastère Saint-Panteleimon du Mont Athos de 1892 à sa mort.
Il est, avec Séraphin de Sarov, un des saints russes les plus connus.
Il est fêté le 24 septembre.
Enfance et jeunesse
Les parents de Syméon Antonov, des paysans, sont des Chrétiens orthodoxes pieux, qui élèvent leurs enfants dans la foi.
Cependant,
ce qui le marquera profondément, c'est que son père, un homme sans
instruction, est plein de douceur et de sagesse : alors qu'il sera déjà
un moine confirmé, il dira : « Je ne suis pas parvenu à la mesure de mon
père », et encore « j'aimerais avoir un starets comme lui. »
Un
visiteur de passage exprimant autour de 1870 son athéisme à la table
familiale sème un doute durable chez le jeune Syméon alors âgé d'environ
4 ans, qui décide que lorsqu'il sera adulte, il ira chercher Dieu.
À
dix-neuf ans, entendant le récits de miracles sur la tombe d'un saint
ascète, il conclut que si cet homme est un saint, c'est que Dieu est
présent, et qu'il n'y a pas lieu de parcourir le monde pour le chercher.
Devenu
un jeune homme de bonne taille, et d'une force physique peu commune,
Syméon, par crainte de se ridiculiser devant les filles s'il ne se
défend pas, frappe un jour un individu lors d'une altercation avec deux
jeunes villageois.
La violence du coup porté à son agresseur fut telle que celui-ci en restera malade pendant deux mois.
Le
désir de servir Dieu dans un monastère grandit en lui, et durant son
service militaire, c'est un étrange soldat, qui pense au Mont
Athos tandis que ses camarades parlent musique et vodka.
Moine
Vers
la fin de son service militaire, il se rendit à Kronstadt, pour
recevoir la bénédiction du Père Jean de Cronstadt qui fut canonisé par
la suite.
En 1892, il arrive enfin à l'Athos, au monastère de St Pantéleimon, qui est aussi appelé le Rossikon (Monastère des Russes).
Après
une période de joie intense, le jeune novice connut un temps de trouble
durant lequel il fut tenté de quitter le monastère pour chercher femme,
ou au contraire de se faire ermite.
Ardent
ascète, son expérience spirituelle se fit plus intense, alternant des
périodes lumineuses et des périodes de trouble, de tentation.
Lors
d'un entretien avec un moine âgé, il fit naïvement part de ses
expériences spirituelles, ainsi que du fait que la prière lui était
devenue aussi naturelle que la respiration.
Le
moine ayant marqué son étonnement devant ce jeune novice, celui-ci se
trouve confronté à une nouvelle tentation : l'orgueil. C'est contre
cette tentation de la vanité qu'il eut à lutter durant des années, et
qui plus d'une fois le plongea dans une profonde détresse morale.
Durant
les 46 ans qu'il vécut à l'Athos, Silouane fut chargé de diverses
« obédiences » : Après avoir été chargé de travailler au Moulin, il est
envoyé sur le domaine agricole de Kalamareia, puis il fut nommé économe
préposé aux constructions, et devait s'occuper de ouvriers qui venaient
travailler sur place.
Il
exercera cette dernière charge jusqu'à sa mort (à part l'année et demie
qu'il a passée en ermite au « vieux Rossikon », auprès de quelques
ascètes aguerris).
En toutes ses activités, il faisait une grande place à la prière et priait pour tous les humains.
Jusqu'à
la fin de sa vie, et malgré la maladie et la diminution de ses forces,
il garda l'habitude d'interrompre son sommeil pour prier aussi la nuit.
Apprécié
en tant que moine, il n'était cependant pas particulièrement recherché
par les autres moines, n'étant qu'un homme simple. Cependant, de
nombreux visiteurs venant à l'Athos se rendaient auprès de lui, parfois
des évêques ou des universitaires pour l'écouter.
Il
meurt le matin du 11 septembre 1938 (24 septembre, selon le calendrier
julien en usage sur l'Athos), à l'infirmerie du monastère, à l'heure où
l'on dit les matines.
Tiens ton esprit…
Parmi
toutes ses expériences spirituelles (prière continue, vision du Christ,
manifestation des démons…) l'une d'entre elle tient une place
particulière en ce qu'elle fut un pivot décisif dans sa vie.
Elle prend place aux alentours de 1906.
Une
nuit, alors qu'il priait en proie à une profonde détresse, il adresse à
Dieu ces mots : « Seigneur, tu vois que je tâche de te prier avec un
esprit pur, mais les démons m'en empêchent. »
Il reçoit en son cœur cette réponse : « Les orgueilleux ont toujours à souffrir de la part des démons. »
Silouane
reprend : « Alors, Seigneur, enseigne-moi ce que je dois faire pour que
mon âme devienne humble », et de nouveau reçoit dans son cœur « Tiens
ton esprit en enfer, et ne désespère pas. »
Ce dialogue intérieur a été une étape fondamentale dans la vie de Silouane.
Dans tout ce qu'il pouvait vivre de douloureux, il y avait place pour cette parole : « ne désespère pas. »
Quelques citations
Il y a des hommes qui souhaitent à leurs ennemis et aux ennemis de l'Église les peines et les tourments du feu éternel.
Ils ne connaissent pas l'amour de Dieu en pensant ainsi.
Qui a l'amour et l'humilité du Christ pleure et prie pour tout le monde.
Seigneur,
de même que tu as prié pour tes ennemis, de même enseigne-nous par ton
Saint Esprit à les aimer et à prier pour eux avec des larmes.
Ceci est cependant bien difficile pour nous, pécheurs, si ta grâce n'est pas avec nous !
Si
la grâce de l'Esprit Saint habite le cœur d'un homme, même en une
mesure infime, cet homme pleure pour tous les hommes ; il a plus encore
pitié de ceux qui ne connaissent pas Dieu ou qui lui résistent.
Il prie pour eux jour et nuit afin qu'ils se convertissent et reconnaissent Dieu.
Le Christ priait pour ceux qui le crucifiaient : « Père, pardonne-leur,
ils ne savent pas ce qu'ils font » (Lc 23,34). Étienne, lui aussi,
priait pour ses persécuteurs afin que Dieu ne leur impute pas ce péché…
(Ac 7,60).
Il faut prier pour nos ennemis si nous voulons conserver la grâce, car
celui qui n'a pas compassion du pécheur n'a pas en lui la grâce du Saint
Esprit.
Louange et grâce à Dieu et à sa grande miséricorde, car il nous a accordé, à nous autres hommes, la grâce de l'Esprit Saint.
Grâce aux moines, la prière ne cesse jamais sur la terre, et là est leur utilité pour le monde.
Le monde tient grâce à la prière. Si la prière cessait, le monde périrait.
(Extraits des « Écrits » de saint Silouane rassemblés par l'Archimandrite Sophrony)
Canonisation et fête
Saint Silouane fut canonisé par le patriarche de Constantinople le 26 novembre 1987.
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