Saint Taraise († 806)
Patriarche de Constantinople

Saint Taraise, né à Constantinople au milieu du VIIIe siècle, fut un homme suscité par la Providence pour la défense de la foi.
Bien jeune encore, ses mérites l'élevèrent à la dignité de consul et de secrétaire de l'empereur.
C'est
de là que, tout laïque qu'il était, comme un nouvel Ambroise, il dut
monter sur le trône patriarcal de Constantinople ; mais, en homme de
caractère, il posa ses conditions, dont la première tendait à
l'écrasement de l'hérésie des iconoclastes, si fameuse par sa haine
contre le culte des saintes Images.
Quelques
hommes de science et de vertu, dont le caractère était plus fougueux
que le sien, lui firent des reproches de la douceur et de l'esprit de
conciliation qu'il montra en plusieurs occasions difficiles ; mais
jamais sa modération ne le fit transiger avec son devoir, et il sut plus
d'une fois se montrer inflexible quand la gloire de Dieu et l'intérêt
des âmes le demandaient.
Nous
trouvons dans ces différentes manières d'agir des Saints une importante
leçon : la prudence des uns, la fougue des autres, ont souvent été
justifiées selon les circonstances ; deux conduites opposées, ayant
également pour fin la gloire de Dieu, peuvent être inspirées
semblablement par la grâce.
Outre
son zèle pour la foi, Taraise, au milieu du faste oriental, montra une
pauvreté tout évangélique ; il fut admirable par la simplicité de sa
vie, la frugalité de sa table, la brièveté de son sommeil, sa bonté
paternelle envers les pauvres de Jésus-Christ.
Parmi
les traits de sa charité, on cite son dévouement à protéger la vie d'un
homme injustement accusé, qui s'était réfugié dans l'asile inviolable
de l'Église, et dont il réussit à démontrer l'innocence.
L'un
des points caractéristiques de sa vie, c'est son amour pour la Très
Sainte Vierge Marie. Il nous reste de lui, sur les mystères de la Mère
de Dieu, des pages aussi nourries de doctrine qu'enflammées d'éloquence
:
"De quelles louanges Vous comblerons-nous, s'écrie-t-il, ô Vierge immaculée, Vierge sans tache, ornement des femmes et splendeur des vierges !"
Rien
de plus beau peut-être n'a été dit sur la Sainte Vierge, que cette page
admirable où il La salue vingt fois en rappelant tous Ses titres
glorieux.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
*Les années bissextiles, on fête ce Saint le 26 février
Taraise de Constantinople (en grec Ταράσιος), né dans cette ville vers 730, fut patriarche de Constantinople du 25 décembre 784 à sa mort le 18 février 806.
L'Église orthodoxe honore ce saint le 25 février (l'Église catholique le 18 février), jour de son enterrement dans le monastère qu'il avait fondé. Il contribua à la restauration du culte des images dans l'Empire byzantin.
Biographie
La principale source à son sujet est la Vie de Taraise, d'Ignace le Diacre, qui fut un de ses secrétaires.
Il faut y ajouter la Chronique de Théophane, l'œuvre de Nicéphore, successeur de Taraise comme patriarche, et la Vie et la correspondance de Théodore Studite.
Il
était d'une éminente famille de Constantinople : son père, Georges,
avait exercé la fonction d'éparque ; sa mère s'appelait Egkrateia.
À l'avènement de Constantin VI et de sa mère Irène (780), il était protasekretis.
Son
père et lui avaient servi fidèlement, aux plus hauts postes de
responsabilité, les empereurs iconoclastes, y compris Constantin V.
Après
la démission et la retraite dans un monastère du patriarche Paul IV,
malade (31 août 784), une assemblée fut convoquée au mois de décembre
dans le palais de la Magnaure, avec des représentants officiels des
différentes couches de la population de la capitale, et Taraise fut élu
patriarche.
Théophane, dans sa Chronique, reproduit le discours qu'il prononça dans cette assemblée (p. 458, éd. De Boor).
Étant laïc, il reçut tous les ordres ecclésiastiques en un laps de temps très bref.
Son intronisation eut lieu le jour de Noël.
Informé de cette élection, le pape Adrien Ier la
critiqua dans une lettre à l'empereur datée du 26 octobre 785,
l'élection d'un laïc n'étant pas conforme au droit canonique, mais il
accepta néanmoins de reconnaître le nouvel élu et de préparer la réunion
d'un concile œcuménique pour restaurer le culte des images.
Celui-ci
se met en place dans les mois suivants, mais la dernière réunion
préparatoire, le 31 juillet 786, dans l'église des Saints-Apôtres de la
capitale, en l'absence du patriarche, tourne à la confusion et à la
panique à cause de l'irruption d'une troupe menaçante de soldats des tagmata fidèles à la mémoire du grand empereur iconoclaste Constantin V.
Évêques et moines quittent les lieux et se dispersent. Mais
l'impératrice et le patriarche maintiennent l'ouverture du concile pour
le lendemain, 1er août.
Pendant
la séance inaugurale solennelle, les mêmes troubles reprennent, en
pire ; Taraise et l'higoumène Platon de Sakkoudion, qui a prononcé un
discours introductif, sont malmenés et insultés par les soldats.
Finalement,
la confusion étant à son comble, les évêques participants sont
autorisés à s'en aller, tandis que le patriarche et son clergé célèbrent
une messe sur les lieux pour affirmer que l'Église plie mais ne cède
pas.
Sentant le rapport de forces provisoirement défavorable, l'impératrice et le patriarche reportent sine die l'ouverture du concile, mais n'y renoncent pas.
Peu
après, prétextant des attaques musulmanes, Irène ordonne aux troupes
stationnées dans la capitale de partir en campagne en Asie Mineure, et
elle en fait venir d'autres, connues comme iconodules, de Thrace.
Elle fait ensuite démettre, en Asie Mineure, mille cinq cents officiers qui ont participé à l'émeute.
Le délai supplémentaire imposé est aussi mis à profit par l'impératrice
et le patriarche pour remplacer sur leurs sièges les
évêques iconoclastes les plus en vue, dont certains, pendant les séances
du 31 juillet et du 1er août, ont favorisé le torpillage du concile.
La
préparation d'un nouveau concile est une opération tellement secrète
que même les légats du pape ne sont pas au courant : on les persuade de
rester pendant l'hiver 786/787 en arguant de la difficulté d'un voyage
pendant cette saison ; ils partent au printemps et sont rappelés
à Constantinople alors qu'ils sont déjà arrivés à Syracuse.
Les convocations ont été finalement expédiées au mois de mai.
Le concile s'ouvrit finalement le 24 septembre 787 dans la cathédrale Sainte-Sophie de Nicée, à l'écart de la capitale (IIe concile de Nicée).
365
évêques étaient présents, Taraise présidait, l'impératrice et son fils
étaient restés à Constantinople, Pétronas, comte de l'Opsikion, et
Jean, logothète du stratiôtikon, les représentant sur place.
La clôture solennelle se fit le 23 octobre suivant dans le palais de
la Magnaure, où le patriarche prononça un discours
devant Irène et Constantin.
L'impératrice
et Taraise réalisèrent ensemble deux objectifs : faire condamner
clairement l'iconoclasme comme hérésie ; être le plus clément possible
envers les (anciens) iconoclastes, pour préserver la paix civile, et de
nombreux évêques repentis furent maintenus sur leur siège, au grand dam
de certains moines radicaux.
De fait, il n'y eut dans la période suivante aucune résistance iconoclaste opposée au concile.
Les
moines finirent d'ailleurs par attaquer le patriarche sur un autre
terrain, en l'accusant de complaisance envers des évêques simoniaques.
Le
3 janvier 795, l'empereur annonça qu'il répudiait son épouse Marie
d'Amnia en l'accusant sans vraisemblance de tentative d'empoisonnement.
Convoqué
au palais, Taraise le prévint qu'il n'était pas question d'annulation
du mariage ; l'échange aurait été vif, l'empereur aurait même tiré son
épée devant le patriarche et ses accompagnateurs, mais ensuite Taraise
s'abstint de réagir davantage.
En septembre de la même année, le patriarche, refusant de le faire
lui-même, n'en laissa pas moins le prêtre économe Joseph, higoumène du
monastère des Cathares, célébrer les secondes noces de Constantin avec
Théodote, ancienne suivante de Marie d'Amnia, qui était devenue sa
maîtresse.
Cette
attitude jugée bien trop complaisante du patriarche provoqua parmi les
moines une fronde conduite par Platon de Sakkoudion et son
neveu Théodore, qui se séparèrent avec beaucoup d'autres de la communion
du patriarche.
Après la déposition de Constantin par sa mère Irène (18 août 797), Taraise démit Joseph de ses fonctions et l'exila.
Le 31 octobre 802, Taraise couronna l'empereur Nicéphore Ier et son fils Staurakios.
Il resta comme un homme d'État et un prélat surtout politique qui, de Constantin V à Nicéphore Ier, servit fidèlement des empereurs aux tendances et aux caractères les plus opposés.
Cela
ne l'empêchait pas, d'ailleurs, d'être un homme pieux et de mœurs
austères, qui se tint toujours à l'écart de la vie mondaine.
Taraise
fit construire sur la rive européenne du Bosphore, à huit kilomètres au
nord de Galata, un monastère qui porta plus tard son nom et où il se
fit enterrer.
Peu après le concile de787, il ordonna la restauration du monastère constantinopolitain Tou Anina,
près de l'église Saint-Mokios, dans l'ouest de la capitale, et fit
transférer dans l'église de ce monastère
des reliques de martyrs défenseurs des images qu'il avait fait
rechercher.
On a de lui les Discours à Irène et des Lettres au pape Adrien et autres (dans le recueil des Conciles du Père Labbe).
Fête locale le 18 février.
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