Saint Xavier de Ravignan
Gustave-François-Xavier de la Croix de Ravignan, né le 1er décembre 1795 à Bayonne, dans les Pyrénées-Atlantiques (France), et décédé le 26 février 1858 à Paris, était un prêtre jésuite français, directeur spirituel, écrivain et prédicateur de renom.
De 1837 à 1846 il donna les Conférences de Carême à Notre-Dame de Paris.
Biographie
Jeunesse et formation
Xavier
de la Croix de Ravignan est issu d'une famille anoblie au XVIIIe siècle
par la charge de conseiller-secrétaire du roi à Bayonne, plus tard
établie en Armagnac (Gascogne).
Né
le 1 décembre 1795 à Bayonne – dont son père, Bernard-Paul de la Croix
de Ravignan, était alors le maire - il a un frère ainé et deux sœurs
dont l’une deviendra la femme du général Exelmans. Après des études
faites à Paris il remplit brillamment durant quelques années les
fonctions de substitut au barreau de Paris.
En
mai 1822 – Ravignan a 27 ans - il abandonne subitement une carrière
dans la magistrature qui s’annonce brillante pour entrer au séminaire
sulpicien d’Issy-les-Moulineaux. Six mois plus tard, le 2 novembre de la
même année, il change d’orientation et entre au noviciat jésuite de
Montrouge. De 1824 à 1828 il fait les études de théologie préparatoires
au sacerdoce, d’abord à Paris (1824-1826) et puis à Dole (1826-1828), où
il est ordonné prêtre le 25 juillet 1828.
Son
premier poste est à Saint-Acheul (Amiens) où il enseigne la théologie
aux jeunes jésuites, et après la révolution de 1830 à Brigue, en Suisse.
Sa formation religieuse se termine avec le Troisième An fait en 1833-34
à Estavayer (en Suisse) sous la direction du père Nicolas Godinot.
Prédicateur à Notre-Dame
En
1834 Ravignan est revenu à Saint-Acheul, près d’Amiens où entre autres
il donne les Exercices spirituels. L’année suivante (1835) il est
prédicateur à la cathédrale d'Amiens. On remarque son talent d’orateur
sacré, et bientôt il est invité à Paris (1836) où il donne le carême à
l’église Saint-Thomas d’Aquin. L’année suivante Mgr de Quélen,
archevêque de Paris, le sollicite pour prendre la relève de Lacordaire
(pas encore dominicain) - qui quitte Paris pour Rome - comme prédicateur
des conférences de Carême à Notre-Dame. Ravignan occupera cette charge
de 1837 à 1846. De 1837 à 1842 il est simultanément supérieur de la
communauté jésuite de Bordeaux.
Ces
conférences sont préparées avec grande diligence. Ravignan n’ignore pas
que Notre-Dame est la grande tribune catholique de Paris et que même
l’intelligentsia sceptique du temps se déplace pour écouter les
conférences de Notre-Dame. Durant les deux premières années, se limitant
à l’élaboration d’une base intellectuelle solide pour sa profession de
foi catholique, il ne mentionne pas le nom du Christ. Son éloquence
sacrée, fleurie et raffinée, appartient au XIXe siècle. Sa logique
sereine et son zèle tranquille font merveille : il a du succès. A partir
de 1841 il a l’audace d’introduire de véritables exercices de dévotion
spirituelle en vue de la fête de Pâques. Il accompagne ses sermons de
longues présences au confessionnal où le visitent des pénitents qui
avaient abandonné les sacrements depuis de nombreuses années. Fernessole
écrit « Il dominait par sa présence majestueuse, et impressionnait le
public avec sa logique irrésistible et la grande autorité naturelle de
sa personnalité ».
Une
maladie l'empêche de prêcher le Carême de 1847. Il est remplacé à
Notre–Dame à partir de 1848. Ravignan visite et prêche également dans
d’autres cathédrales et église importantes de France, à Lyon, Besançon,
Rouen, Toulouse et Metz, et à l’étranger (Londres, Bruxelles) jusqu’à ce
que, en 1846, la fatigue le contraigne à s’arrêter. En 1848 il reprend
la prédication à la résidence des jésuites de la rue de Sèvres, à Paris,
dont il est le supérieur de 1848 à 1851.
Écrivain
Dans
les années 1840 la Compagnie de Jésus est violemment attaquée dans des
conférences publiques données par Edgar Quinet et Jules Michelet.
Calomnies et fausses allégations circulent qui menacent à nouveau de
provoquer une expulsion des Jésuites. Il est demandé à Ravignan de
réfuter pour le grand public ce dénigrement systématique. C’est son
livre ‘De l’existence et l’institut des Jésuites’ publié en 1844, dans
lequel il expose clairement, et avec l’éloquence qui lui est habituelle,
les origines, la nature et l’esprit de l’institut religieux fondé par
Ignace de Loyola. Il insiste qu’un membre de la Compagnie de Jésus n’a
pas vocation d’être ennemi de sa patrie : « J’ai n’ai pas toujours été
un jésuite. Avant de devenir prêtre et jésuite j’étais un homme de mon
époque, ce que je suis toujours. Un français, je n’ai jamais cessé
d’être ».2. 25000 copies du livre sont vendues en un an. Avec sa plume
et parole il prend part également aux combats pour la liberté de
l’Église et l’enseignement catholique en France.
Étant
donnée son audience et la grande estime dont il jouit dans son pays le
Supérieur Général, Jean-Philippe Roothaan, lui demande d’écrire
l’histoire des dernières années de l’ancienne Compagnie, pour donner une
version claire et objective de ce qui s’est passé sous les règnes des
deux papes Cléments. En 1854 est publié le livre ‘Clément XIII et
Clément XIV’. Ravignan y compare la sympathie courageuse du premier avec
la faiblesse regrettable du second (qui supprima la Compagnie de Jésus
en 1773).
Direction spirituelle
Sa
santé s’étant améliorée Ravignan reprend les exercices spirituels de
Pâques à Notre-Dame de Paris, en 1850-51. Son ministère sacerdotal se
tourne de plus en plus vers l’introduction et l’enseignement de la foi.
Cela suscite des conversions, telles celles du général Gabriel Donnadieu
du docteur Hippolyte Royer-Collard du duc Paul-Charles de Wurtemberg de
Charles Walckenaer des ducs Antoine de Gramont et Victor de Bellune et
d’autres encore.
Des
catholiques éminents de Paris se tournent vers lui pour la direction
spirituelle et de nombreux protestants reviennent à l’Église catholique.
Lorsque Félix Dupanloup est fait évêque d’Orléans il lui confie la
direction spirituelle des ‘Filles de Marie’, institut nouveau que
patronne Madame Swetchine. Il est fort demandé dans les communautés
religieuses auxquelles il donne les Exercices spirituels de Saint
Ignace. Sa spiritualité est pratique et solide, basée sur l’oraison et
le discernement propre, qui ensemble donnent comme fruit la paix de
l’âme.
Bien
que Ravignan œuvre parmi les personnalités célèbres et importantes de
son temps il ne néglige pas les simples et anonymes. Invité en 1855 à
prêcher le carême au Château des Tuileries, il donne simultanément des
sermons aux vieillards des Petites sœurs des pauvres, sans leur révéler
son identité.
Malgré
ses maux et infirmités grandissantes il reste infatigable dans ce
travail apostolique. Jusqu'au jour, c’était le 3 décembre 1857, où il
s’effondre dans son confessionnal alors qu’il écoutait un pénitent. Il
meurt trois mois plus tard, le 26 février 1858.
Reconnaissance publique
En
1867, une petite dizaine d'années après mort, une des plus anciennes
rues du quartier Montmartre de Paris fut rebaptisée 'Rue Ravignan'
Œuvres
- De l'existence et de l'institut des Jésuites, Paris, 1844.
- Clément XIII et Clément XIV (2 vol.), Paris, 1854).
- Entretiens spirituels, Paris, 1862. (Dernière retraite... donnée aux religieuses carmélites du monastère de la rue de Messine à Paris, Paris, 1859.
- Conférences, (ed. Charles Aubert), 4 vol., París, 1860.
- La vie chrétienne d'une dame dans le monde, (ed. Charles Aubert), Paris, 1861.
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