Bienheureux Pacifique († 1230)
Compagnon de saint François d'Assise
Pacifique, de son vrai nom Guglielmo Divini, né à Ascoli Piceno, Région des Marches alors possession du Saint-Empire romain germanique en 1158 et mort dans le Pas-de-Calais le 10 juillet 1234, est un poète et troubadour italien du XIIIe siècle devenu franciscain sur le tard.
Il a été béatifié par l'Église catholique et est fêté le 10 juillet.
Biographie
De son vrai nom Guglielmo Divini, Pacifique semble, d'après les diverses chroniques, avoir été l'un des plus grands troubadours de son temps, couronné « Roi des vers » par l'empereur lui-même.
Il aurait rencontré François d'Assise entre 1212 et 1213 alors qu'il était à Ancône et que François revenait de Syrie.
Profondément marqué par sa rencontre il décida alors de changer radicalement de vie et de se mettre à la suite de François. Il a alors 50 ans.
Très proche de François d'Assise, celui-ci l'envoie en France en 1217 pour y installer l'Ordre naissant.
Il y fera un premier long séjour jusqu'en 1223, pour ensuite revenir une seconde fois fin 1226.
En Italie, il sera nommé visiteur des sœurs clarisses.
À l'origine du Cantique du Frère Soleil
Parce qu'il était poète et du fait de sa proximité avec François, d'aucuns pensent qu'il serait l'auteur du Cantique du Frère Soleil.
Composé par François d'Assise lors de sa maladie au printemps 1225, Pacifique aurait largement aidé le malade dans la rédaction du Cantique.
La structure élaborée du texte est, de l'avis même de Bonaventure, inhabituelle des écrits de François.
Pacifique aurait donc été la « seconde main » dans sa composition, une main techniquement habile, qui aura donné sa forme poétique au Cantique tout en respectant l'inspiration de l'auteur.
Le texte du Cantique :
Très Haut, tout puissant et bon Seigneur,
à toi louange, gloire, honneur,
et toute bénédiction ;
à toi seul ils conviennent, O Très-Haut,
et nul homme n’est digne de te nommer.
Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures,
spécialement messire frère Soleil,
par qui tu nous donnes le jour, la lumière ;
il est beau, rayonnant d’une grande splendeur,
et de toi, le Très Haut, il nous offre le symbole.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Lune et les étoiles :
dans le ciel tu les as formées,
claires, précieuses et belles.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Vent,
et pour l’air et pour les nuages,
pour l’azur calme et tous les temps :
grâce à eux tu maintiens en vie toutes les créatures.
Loué sois-tu, Seigneur, pour notre sœur Eau,
qui est très utile et très humble,
précieuse et chaste.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Feu,
par qui tu éclaires la nuit :
il est beau et joyeux,
indomptable et fort.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la Terre,
qui nous porte et nous nourrit,
qui produit la diversité des fruits,
avec les fleurs diaprées et les herbes.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour ceux
qui pardonnent par amour pour toi ;
qui supportent épreuves et maladies :
heureux s’ils conservent la paix,
car par toi, le Très Haut, ils seront couronnés.
Loué sois-tu, mon Seigneur,
pour notre sœur la Mort corporelle
à qui nul homme vivant ne peut échapper.
Malheur à ceux qui meurent en péché mortel ;
heureux ceux qu’elle surprendra faisant ta volonté,
car la seconde mort ne pourra leur nuire.
Louez et bénissez mon Seigneur,
rendez-lui grâce et servez-le
en toute humilité.
Saint François prêchant, Basilique Sainte-Marie-des-Anges d'Assise
Frère Pacifique de la Marche (1230)
Frère mineur, compagnon de Saint François, premier provincial de France, poète ou musicien, peut-être co-auteur du Cantique de frère Soleil de François d’Assise.
Sa Vie
On ignore la date de sa naissance, mais il est presque certain qu’il était originaire de la Marche d’Ancône, d’après le récit de la Compilation d’Assise (Vision des trônes à Bovara, CA 65 – [LP 23]).
Peut-être est-il né à San Severino. C’est là qu’il rencontra François d’Assise, dans le monastère où résidait une de ses parentes.
Quelques auteurs le font naître à Lisciano, près d’Ascoli Piceno.
Il semble que le nom de Guillaume Divini qu’on lui a attribué plus tard, ne soit qu’une réminiscence de l’existence d’un autre poète appelé Pacifique Divini, mais d’une autre époque.
On ne connaît frère Pacifique qu’à partir du récit de sa conversion et son entrée dans la fraternité franciscaine (2 Cel 106).
Cet épisode est daté avec quelque vraisemblance de 1212 ou 1214.
Il y est raconté qu’avant sa conversion, Pacifique était poète et chansonnier et avait été couronné par l’empereur comme « roi des vers ».
Pendant que François prêchait, Pacifique eut une vision qui le détermina à changer de vie.
François l’accueille dans la fraternité et lui donne le nom de frère Pacifique.
A partir de ce moment, il accompagne François en divers lieux, jusqu’ à son envoi en mission en France, comme ministre provincial, lors du chapitre de la Pentecôte, en 1217.
Il établit une première fraternité à Vézelay, puis une autre à Paris (1217 ou 1219).
D’autres fraternités durent être établies en France.
Lens, dans l’ancienne province d’Artois, revendique d’avoir été fondée par le frère Pacifique.
Ce n’est pas impossible, mais plus tard, car vers 1223, il quitte la France pour l’Italie.
De 1226 à 1228, il est nommé visiteur des clarisses, et fut probablement proche de François jusqu’à la mort de celui-ci.
Cela ressort de la Compilation d’Assise (CA 83, [LP 43) qui raconte que François envoya chercher le fr. Pacifique pour qu’il chante le Cantique de frère Soleil et les Louanges de Dieu, pour accompagner la prédication des frères.
On ignore les événements de la vie de Pacifique qui ont suivi cette mission itinérante.
On pense généralement qu’il serait revenu en France, car le couvent de Lens revendiquait d’avoir été fondé par lui, et conservait une dalle funéraire, non datée, avec l’inscription en latin :
« Sous cette pierre sont conservés les ossements du Bienheureux Pacifique de l’Ordre des Mineurs, qui fut le premier ministre provincial de France ».
C’est pourquoi les diocèses de Lille et de Cambrai célèbrent la fête du frère Pacifique, le 10 juillet.
Cependant on ne peut affirmer cela sans quelques doutes, du fait que l’on connaît la mention de deux autres pierres tombales : l’une à Venise, selon le témoignage de Rodolphe de Venise, rapporté par Luc Wadding ; l’autre se trouvait devant l’autel de l’église des Frères mineurs de Vézelay-La Cordelle, jusque vers 1790, et ensuite fut identifiée dans le jardin d’un habitant d’Asquins sous Vézelay, à la fin du 19e siècle.
Mais il s’agissait peut-être d’un simple cénotaphe pour commémorer le fondateur du couvent.
La date de sa mort est donc ignorée, mais on peut vraisemblablement la situer entre 1230-1238.
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