Saint Nicolas Planas († 1932)
prêtre orthodoxe grec
Saint Nicolas Planas naquit de parents pieux, en 185, dans l'île de Naxos.
Depuis son plus jeune âge, il se distinguait par sa simplicité et sa piété ; le pain que lui donnait sa mère, il le distribuait aux pauvres du village, et il cédait même ses vêtements aux enfants dans le besoin.
Durant toute sa vie, il ne garda jamais quoi que ce fût pour sa satisfaction personnelle ou son confort. Il se maria à l'âge de dix-sept ans et obtint un fils, mais son épouse ne comprenait pas ses aspirations spirituelles et lui faisait de constants reproches.
Devenu veuf au bout de quelques années, il confia son fils à des parents et, ayant cédé tout l'héritage familial à un compatriote accablé de dettes, il put dès lors se consacrer tout entier au service du Seigneur et mener en pleine Athènes la vie des ascètes du désert.
Ordonné Prêtre en 1884, il fut bientôt chassé de l'église de Saint Pantéléimon, où il avait été placé, et s'installa dans la modeste église dite de Saint-Jean "le Chasseur" : paroisse composée de seulement huit familles, dont il ne recevait presque aucun honoraire.
Humble et dépourvu d'éducation, le Père Nicolas devint cependant le Prêtre le plus populaire d'Athènes.
Pendant cinquante-deux ans il célébra quotidiennement la Liturgie dans
diverses églises de la ville, et surtout dans les chapelles de campagne
souvent à moitié en ruine. Et quelle Liturgie !
Ayant
identifié son existence avec la vie de l'Église, il lui était
impensable de présenter le Sacrifice non sanglant, sans l'accompagner de
tous les Offices ecclésiastiques, tels qu'ils sont célébrés dans les
plus stricts monastères.
Il commençait vers 8h du matin pour terminer vers 2 ou 3 h de
l'après-midi. Au cours de l'office de la Prothèse, il Commémorait,
pendant deux à trois heures, les noms des vivants et des défunts
inscrits sur des milliers de morceaux de papier soigneusement mis en
paquets, qu'il portait toujours avec lui.
En
effet, quand on lui donnait des noms pour les commémorations, avec
quelque obole, quelle que soit la somme, il commémorait ces noms pendant
des années entières ; et, dès qu'on le lui demandait, il célébrait
Vigiles de toute la nuit, Offices d'intercession, Offices de l'Huile
Sainte, etc., sans compter ni son temps ni sa peine.
A l'issue de sa Liturgie, au cours de laquelle il lisait le plus
souvent trois ou quatre évangiles, lentement et en écorchant les mots
difficiles, sans toutefois jamais provoquer le rire de l'assistance, il
mentionnait une liste interminable de Saints, comme s'il ne voulait
omettre aucun des amis de Dieu invisiblement présents.
Et souvent, des enfants et des âmes pieuses le virent élevé au-dessus du sol pendant la célébration.
Ces
Liturgies du simple Papa-Nicolas étaient de véritables mystagogies, qui
convertissaient les cœurs les plus durs et attiraient des foules de
fidèles, surtout lorsqu'il célébrait des Vigiles de toute la nuit, dans
l'église du Prophète Élisée, où chantaient les deux célèbres écrivains
Alexandre Papadiamantis et Alexandre Moraïtidis.
Tel un Ange dans la chair, le Saint prêtre était toujours prêt à
officier, en quelque endroit que ce soit, et à prier pour tous, riches
et pauvres indifféremment.
Il
ne gardait jamais jusqu'au soir l'argent que lui donnaient les fidèles,
mais le distribuait immédiatement aux nécessiteux ou le consacrait à
quelque oeuvre ecclésiale.
C'est
ainsi qu'il put faire reconstruire son église, qu'il dota des jeunes
filles orphelines et finança les études d'étudiants pauvres.
Pour sa subsistance, il ne se contentait que de quelques sous, et se
nourrissait d'un peu de pain et d'herbes ramassées çà et là, ou d'un
verre de lait offert par des bergers.
Le
visage constamment illuminé d'un sourire d'enfant, il lui était
impossible de se faire des ennemis : il pardonnait à ceux qui le
volaient, trouvait des excuses à ceux qui l'injuriaient ou le
calomniaient, et passait ainsi à travers toutes les amertumes de la vie
par la grâce du Consolateur (Paraclet) qui habitait en lui.
Une seule chose pouvait le contrarier: c'était d'être interrompu dans sa prière ou empêché de célébrer le Service du Seigneur.
A
cette époque, des influences réformatrices de type occidental se
faisaient sentir dans l'Église de Grèce et le Métropolite Mélétios
Métaxakis interdit au Clergé de la capitale de célébrer des Vigiles
nocturnes.
Désemparé,
le Père Nicolas pria ardemment le Seigneur, pendant cinq jours, d'en
obtenir la permission, et elle lui fut finalement accordée.
Quand
il passait dans la rue, marchant lentement et avec difficulté à cause
de ses interminables stations debout dans l'église, les enfants
l'escortaient, les femmes se signaient, les hommes se découvraient et
s'effaçaient respectueusement pour lui laisser le passage.
Les chauffeurs de taxis se disputaient pour le prendre dans leur
voiture, car ils étaient sûr que ce jour-là ils feraient une bonne
recette.
Sévère
avec lui-même, le Père Nicolas était plein de condescendance pour les
fidèles qui venaient se confesser et trouver auprès de lui la
consolation du Père céleste.
Il voyait dans le fond des âmes et prédisait l'avenir.
Un
jour, une femme lui offrit une prosphore pour célébrer la Sainte
Liturgie, mais le Saint la lui refusa en disant : « Je ne peux
l'accepter tant que tu cohabiteras sans être mariée. »
Une
autre fois, il but à une bouteille d'arsenic en croyant que c'était du
vin de messe; mais, protégé par la Grâce, il n'en souffrit aucun mal.
Modèle
du Liturge orthodoxe, homme qui s'était fait tout entier "tradition"
pasteur des simples et des humbles, le Père Nicolas avait acquis dans le
peuple l'autorité d'un nouvel Apôtre, si bien que lorsqu'il remit son
âme à Dieu, le sourire aux lèvres, le 2 mars 1932, après une brève
maladie, une foule innombrable vint vénérer, pendant trois jours, sa
dépouille mortelle.
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