Sainte Véronique (1er s.)
Femme ayant essuyé le visage du Christ montant au Golgotha
Véronique, Véronne ou Bérénice est un personnage de la tradition chrétienne, dont la légende s'est développée entre le VIIe siècle et le VIIIe siècle sur le modèle de celle de l'Image d'Édesse (ou Mandylion).
Dans sa version la plus connue, il s'agit d'une femme pieuse de Jérusalem qui, poussée par la compassion lorsque Jésus-Christ portait sa croix au Golgotha, lui a donné son voile pour qu'il pût essuyer son front.
Jésus
accepta et, après s'en être servi, le lui rendit avec l'image de son
visage qui s'y était miraculeusement imprimée (d'où la croyance du voile
de Véronique à ne pas confondre avec le Saint-Suaire).
Les catholiques romains fêtent sainte Véronique le 4 février, et les orthodoxes le 4 octobre.).
Nouveau Testament
Sixième station du chemin de Croix : Véronique et Jésus
Cet épisode n'apparaît pas dans le Nouveau Testament, mais à partir du IVe siècle, le nom de Bérénice (« Βερενίκη » Berenikê, mot macédonien signifiant « qui porte la victoire », latinisé en « Véronique ») est donné à une femme anonyme guérie miraculeusement par Jésus dans les Évangiles synoptiques.
L'étymologie
L'étymologie
populaire a ensuite rapproché le nom de Véronique des mots latins qui
signifient « vraie » (vera) et « image » (icon, -is, fém).
L'iconographie chrétienne
L'iconographie chrétienne représente traditionnellement Véronique tenant un tissu où s'est imprimé le visage de Jésus.
Jean Fouquet, le Heures d'Étienne Chevalier
Dans une lettrine enluminées par Jean Fouquet, le Heures d'Étienne Chevalier, Véronique présentant le voile miraculeux, derrière elle rappel iconographique du chemin de croix. Véronique agenouillée à droite attend avec un voile l'arrivée de Jésus. En bas à droite la méchante forgeronne fabrique les clous de la croix.
Identité
Une
tradition chrétienne dont le plus ancien témoin connu semble être
contenu dans des sermons de Bernard Gui (1261-1331) parle d'une
Véronique (Bérénice) qui serait morte à Soulac dans le Bordelais.
Elle
serait venu en Gaule avec son mari Zachée (le Juste). Après la Grande
révolte juive et la prise de Jérusalem (70), Zacchée et Bérénice aurait
été exilé à Rocamadour. Il ne faut pas confondre cette princesse appelée
Bérénice qui est en fait sainte Véronique (déformation classique du
nom) avec Bérénice, la sœur du roi Agrippa II.
Bernard
Gui assimile Zachée avec saint Amadour, venu en Gaule et qui s'installa
dans une grotte du Quercy (Rocamadour), avec son épouse Véronique
(Bérénice) qui serait morte à Soulac dans le Bordelais. Dans ses
sermons, Bernard Gui associe saint Martial IIIe siècle, appelé
« l'apôtre des Gaules » ou « l'apôtre d'Aquitaine » à saint Amadour qui
lui aussi aurait été « l'apôtre d'Aquitaine » deux siècles avant saint
Martial. Celui-ci aurait d'ailleurs fondé une église en l'honneur de
sainte Véronique à Soulac, lieu traditionnel de sa mort. Cette église a
été ensevelie sous les dunes, mais a été dégagée entre 1860 et 1864.
Zachée pour sa part serait mort à Rocamadour où a été fondé par la suite
le sanctuaire portant son surnom.
Le développement de la légende
Véronique par Mattia Preti
Un passage commun aux trois évangiles synoptiques (Marc Mc 5:25-34, Matthieu Mt 9:20-22, et Luc Lc 8:43-48), raconte la guérison miraculeuse d'une femme atteinte d'hémorragies chroniques et qui touche le vêtement de Jésus.
Cette femme n'est pas nommée (on parle de la « femme hémoroïsse »), et n'intervient pas ailleurs dans les évangiles.
En Occident, elle a été identifiée avec un autre personnage des évangiles, Marthe de Béthanie.
Au IVe siècle Eusèbe de Césarée rapporte dans son Histoire ecclésiastique (VII
18), que la femme venait de Césarée de Philippe, et qu'on y voit une
statue de bronze la représentant agenouillée au pied du Christ.
Dans la version grecque (recension A) des Actes de Pilate, un apocryphe qui date du IVe siècle, elle intervient pour le défendre lors du procès de Jésus sous le nom de Bérénice (Berenikè, ou Beronikè).
Mais
c'est dans des versions latines de ce texte, dans lesquelles Bérénice
devient Véronique (Veronica), qu'apparaît la plus ancienne version de la
légende du voile de Véronique. Il s'agit d'un épisode mis en appendice,
la Cura Sanitatis Tiberii (La guérison de Tibère), dont le plus ancien manuscrit date du VIIIe siècle.
Véronique, en témoignage d'amour et gratitude, a peint un portrait de Jésus de son vivant (Imago Christi), qu'elle présente à l'empereur Tibère, ce qui le guérit d'une infirmité.
Tibère offre à Véronique des richesses, fait construire un sanctuaire pour le portrait, se convertit et se fait baptiser.
Il
est probable que cet épisode a été forgé sur l'exemple de la légende de
l'image d'Édesse en remplaçant Abgar par Tibère, et Thaddée par
Véronique.
La dérivation fantaisiste du nom de Veronica à partir des mots Vera Icon (eikon), « image fidèle », remonte aux Otia Imperialia (III 25) de Gervais de Tilbury(vers 1211), où on lit : Est ergo Veronica pictura, Domini veram secundum carnem representans effigiem a pectore superius...
Catholic Encyclopedia
Véronique par Memling
La Catholic Encyclopedia de 1913 déclare à propos du développement de la légende :
La
croyance en l'existence d'authentiques images du Christ est liée à
l'ancienne légende du roi Abgar d'Édesse et à l'écrit apocryphe connu
sous le nom deMors Pilati (« La Mort de Pilate »).
Pour distinguer à Rome la plus ancienne et la plus connue de ces images, on l'appela la vera icon (l'image authentique), qui, dans la langue commune, est rapidement devenue « Veronica ».
C'est
ainsi qu'elle est désignée dans plusieurs textes médiévaux mentionnés
par les Bollandistes (par exemple un ancien missel d'Augsbourg à une
messe « de S. Veronica seu vultus Domini ») qui parlent de
« Sainte Véronique, ou le visage du Seigneur », et Matthieu de
Westminster parle de l'empreinte de l'image du Sauveur qui s'appelle
Veronica : « Effigies Domenici vultus quae Veronica nuncupatur » (« effigie du visage du Seigneur qui est appelée un Véronique »).
Peu
à peu, l'imagination populaire a confondu ce mot avec le nom d'une
personne et y a joint plusieurs légendes qui varient selon le pays.
Les
visions mystiques d'Anna Katharina Emmerick rapportent notamment que
Véronique, cousine de Jean le Baptiste, aurait confié le voile à Marie
(mère de Jésus) puis aux apôtres, la relique accompagnant désormais leur
mission d'évangélisation.
Légendes ultérieures
Véronique par Robert Campin
Dans la tradition latine, la sixième station du Chemin de croix évoque cette femme qui aurait bravé la foule hostile et utilisé le voile qui couvrait sa tête pour essuyer le visage du Christ pendant sa montée au Calvaire.
L'image supposée avoir été recueillie sur ce linge prit le nom de Sainte Face.
Une tradition occidentale fait de Véronique l'épouse de Saint Amator.
L'hagiographe Bernard Gui rapporte dans Sanctoral ou miroir des Saints que tous deux seraient allés jusqu'à Soulac et Amadour.
Diverses églises possèdent un linge présenté comme le voile de Véronique, à Rome, à Milan, à Jaén en Espagne.
La querelle de ces revendications est attestée dès le XIIe siècle par l'ecclésiastique Giraud de Barri dans son ouvrage Speculum ecclesiae.
L'un des quatre piliers, qu'au début du XVIIe siècle le pape Urbain VIII fit aménager par le Bernin pour soutenir le dôme de la basilique de Saint-Pierre de Rome, abrite la Santa Veronica (1629-1639) du sculpteur orvietan Francesco Mochi présentant le Volto Santo (Sainte-Face), linge portant l’image d’un homme barbu provenant de Jérusalem.
Source :
Sainte Véronique est la patronne des lingères, des laveuses et des photographes.
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