Sainte Véronique (1er s.)
Femme ayant essuyé le visage du Christ montant au Golgotha
Sainte Véronique au Suaire, Maître de la Véronique vers 1420
Par Maître de la Véronique — Travail personnel Yelkrokoyade 2015, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=48341729
Véronique, Véronne ou Bérénice est un personnage de la tradition chrétienne, dont la légende s'est développée entre le VIIe siècle et le VIIIe siècle sur le modèle de celle de l'Image d'Édesse (ou Mandylion).
Dans sa version la plus connue, il s'agit d'une femme pieuse de Jérusalem qui, poussée par la compassion lorsque Jésus-Christ portait sa croix au Golgotha, lui a donné son voile pour qu'il pût essuyer son front.
Jésus accepta et, après s'en être servi, le lui rendit avec l'image de son visage qui s'y était miraculeusement imprimée (d'où la croyance du voile de Véronique à ne pas confondre avec le Saint-Suaire).
Les catholiques romains fêtent sainte Véronique le 4 février, et les orthodoxes le 12 juillet.
C’est seulement au XVe siècle, sous l’influence du théâtre des mystères, que se popularise la légende de Véronique associée à la Passion du Christ et à la Sainte Face et que se développe la vénération de la sainte à tel point qu'elle devient la figure traditionnelle de la sixième station du chemin de croix.
Assimilée à plusieurs figures féminines du Nouveau Testament, elle fait l'objet d'un complexe iconographique structuré qui participe au processus de mythologisation de la figure du Christ et permet probablement de légitimer la présence de la relique du voile de Véronique dans la basilique Saint-Pierre.
Nouveau Testament
Sixième station du chemin de Croix : Véronique et Jésus
Par GO69 — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17487782
Cet épisode n'apparaît pas dans le Nouveau Testament, mais à partir du IVe siècle, le nom de Bérénice (« Βερενίκη » Berenikê, mot macédonien signifiant « qui porte la victoire », latinisé en « Véronique ») est donné à une femme anonyme guérie miraculeusement par Jésus dans les Évangiles synoptiques.
L'étymologie
L'étymologie populaire a ensuite rapproché le nom de Véronique des mots latins qui signifient « vraie » (vera) et « image » (icon, -is, fém).
L'iconographie chrétienne
L'iconographie chrétienne représente traditionnellement Véronique tenant un tissu où s'est imprimé le visage de Jésus.
Jean Fouquet, le Heures d'Étienne Chevalier
Dans le livre d'heures d'Étienne Chevalier illustré par Jean Fouquet, une lettrine montre Véronique présentant le voile miraculeux, avec, au second plan, un rappel iconographique du chemin de croix. Véronique agenouillée à droite attend avec un voile l'arrivée de Jésus. En bas à droite la méchante forgeronne fabrique les clous de la croix.
Identité
Au IVe siècle, Eusèbe de Césarée relate dans son Histoire ecclésiastique (livre VII, § XVIII) avoir vu lui-même à Panéas (aussi connue sous le nom de Césarée de Philippe), devant la maison de la femme hémorroïsse « que les Saints Évangiles nous apprennent avoir trouvé auprès de Notre Sauveur la délivrance de son mal » (Mt 20) se trouvait une statue représentant Jésus « magnifiquement drapé dans un manteau » guérissant cette femme ; à ses pieds était figurée une magnifique plante médicinale, « antidote pour toutes sortes de maladie ». Dans les Actes de Pilate cette hémorroïsse vient témoigner en faveur de Jésus et déclare s'appeler Bérénice. La tradition chrétienne a retenu qu'il s'agissait de sainte Véronique.
Une tradition chrétienne dont le plus ancien témoin connu semble être contenu dans des sermons de Bernard Gui (1261-1331) parle d'une Véronique (Bérénice) qui serait morte à Soulac dans le Bordelais.
Elle serait venu en Gaule avec son mari Zachée (le Juste). Après la Grande révolte juive et la prise de Jérusalem (70), Zacchée et Bérénice aurait été exilé à Rocamadour. Il ne faut pas confondre cette princesse appelée Bérénice qui est en fait sainte Véronique (déformation classique du nom) avec Bérénice, la sœur du roi Agrippa II.
Bernard Gui assimile Zachée avec saint Amadour, venu en Gaule et qui s'installa dans une grotte du Quercy (Rocamadour), avec son épouse Véronique (Bérénice) qui serait morte à Soulac dans le Bordelais. Dans ses sermons, Bernard Gui associe saint Martial IIIe siècle, appelé « l'apôtre des Gaules » ou « l'apôtre d'Aquitaine » à saint Amadour qui lui aussi aurait été « l'apôtre d'Aquitaine » deux siècles avant saint Martial. Celui-ci aurait d'ailleurs fondé une église en l'honneur de sainte Véronique à Soulac, lieu traditionnel de sa mort. Cette église a été ensevelie sous les dunes, mais a été dégagée entre 1860 et 1864. Zachée pour sa part serait mort à Rocamadour où a été fondé par la suite le sanctuaire portant son surnom.
Le développement de la légende
Véronique par Mattia Preti
Sainte Véronique et les saintes (Hôtel Dieu à Cluny)
Par Jean-Pol GRANDMONT — Travail personnel, CC BY 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=100454447
Un passage commun aux trois évangiles synoptiques (Marc Mc 5:25-34, Matthieu Mt 9:20-22, et Luc Lc 8:43-48), raconte la guérison miraculeuse d'une femme atteinte d'hémorragies chroniques et qui touche le vêtement de Jésus.
Cette femme n'est pas nommée (on parle de la « femme hémoroïsse »), et n'intervient pas ailleurs dans les évangiles.
En Occident, elle a été identifiée avec un autre personnage des évangiles, Marthe de Béthanie, dont le deuxième nom pourrait être Bérénice. Selon les sources juives, Marthe de Béthanie est Martha fille de Boethus, une veuve qui avait épousé le grand prêtre Jésus de Gamala et qui avait payé une somme considérable au roi Agrippa II pour qu'il le désigne comme grand prêtre.
Au IVe siècle Eusèbe de Césarée rapporte dans son Histoire ecclésiastique (VII 18), que la femme venait de Césarée de Philippe, et qu'on y voit une statue de bronze la représentant agenouillée au pied du Christ.
Dans la version grecque (recension A) des Actes de Pilate, un apocryphe qui date du IVe siècle, elle intervient pour le défendre lors du procès de Jésus sous le nom de Bérénice (Berenikè, ou Beronikè). Mais c'est dans des versions latines de ce texte, dans lesquelles Bérénice devient Véronique (Veronica), qu'apparaît la plus ancienne version de l'histoire du voile de Véronique. Il s'agit d'un épisode mis en appendice, la Cura sanitatis Tiberii (La guérison de Tibère (la)), dont le plus ancien manuscrit date du VIIIe siècle.
Véronique, en témoignage d'amour et gratitude, a peint un portrait de Jésus de son vivant (Imago Christi), qu'elle présente à l'empereur Tibère, ce qui le guérit d'une infirmité. Tibère offre à Véronique des richesses, fait construire un sanctuaire pour le portrait, se convertit et se fait baptiser. Il est probable que cet épisode a été forgé sur l'exemple de la légende de l'image d'Édesse en remplaçant Abgar par Tibère, et Thaddée par Véronique.
Véronique représentée par Robert Campin sous les traits d’une matrone coiffée d’un turban, par allusion à ses prétendues origines syriennes
La dérivation du nom de Veronica à partir des mots Vera Icon (eikon), « image fidèle », remonte aux Otia Imperialia (III 25) de Gervais de Tilbury (vers 1211), où on lit : Est ergo Veronica pictura, Domini veram secundum carnem representans effigiem a pectore superius...
Catholic Encyclopedia
Véronique par Memling
La Catholic Encyclopedia de 1913 déclare à propos du développement de la légende :
La croyance en l'existence d'authentiques images du Christ est liée à l'ancienne légende du roi Abgar d'Édesse et à l'écrit apocryphe connu sous le nom deMors Pilati (« La Mort de Pilate »).
Pour distinguer à Rome la plus ancienne et la plus connue de ces images, on l'appela la vera icon (l'image authentique), qui, dans la langue commune, est rapidement devenue « Veronica ».
C'est ainsi qu'elle est désignée dans plusieurs textes médiévaux mentionnés par les Bollandistes (par exemple un ancien missel d'Augsbourg à une messe « de S. Veronica seu vultus Domini ») qui parlent de « Sainte Véronique, ou le visage du Seigneur », et Matthieu de Westminster parle de l'empreinte de l'image du Sauveur qui s'appelle Veronica : « Effigies Domenici vultus quae Veronica nuncupatur » (« effigie du visage du Seigneur qui est appelée un Véronique »).
Peu à peu, l'imagination populaire a confondu ce mot avec le nom d'une personne et y a joint plusieurs légendes qui varient selon le pays.
Les visions mystiques d'Anna Katharina Emmerick rapportent notamment que Véronique, cousine de Jean le Baptiste, aurait confié le voile à Marie (mère de Jésus) puis aux apôtres, la relique accompagnant désormais leur mission d'évangélisation.
Légendes ultérieures
Gros plan du Rocher Sainte Véronique (composé de jaspe), estran de Brétignolles, Vendée, France
Par Arlette1 — document personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2194582
Sainte Véronique, Pontormo
Dans la tradition latine, la sixième station du Chemin de croix évoque cette femme qui aurait bravé la foule hostile et utilisé le voile qui couvrait sa tête pour essuyer le visage du Christ pendant sa montée au Calvaire.
L'image supposée avoir été recueillie sur ce linge prit le nom de Sainte Face.
Une tradition occidentale fait de Véronique l'épouse de Saint Amator.
L'hagiographe Bernard Gui rapporte dans Sanctoral ou miroir des Saints que tous deux seraient allés jusqu'à Soulac et Amadour.
Diverses églises possèdent un linge présenté comme le voile de Véronique, à Rome, à Milan, à Jaén en Espagne.
La querelle de ces revendications est attestée dès le XIIe siècle par l'ecclésiastique Giraud de Barri dans son ouvrage Speculum ecclesiae.
L'un des quatre piliers, qu'au début du XVIIe siècle le pape Urbain VIII fit aménager par le Bernin pour soutenir le dôme de la basilique de Saint-Pierre de Rome, abrite la Santa Veronica (1629-1639) du sculpteur orvietan Francesco Mochi présentant le Volto Santo (Sainte-Face), linge portant l’image d’un homme barbu provenant de Jérusalem.
Source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/V%C3%A9ronique_(christianisme)
Sainte Véronique est la patronne des lingères, des laveuses et des photographes.
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