Chanoines réguliers du Saint Esprit
L’ordre des hospitaliers du Saint-Esprit (Ordo sancti Spiritus ) connu aussi sous le nom de Frères hospitaliers (ou ordre du Saint Esprit de Montpellier) a été fondé à Montpellier vers 1180 par Guy de Montpellier dans le but « d'accueillir les enfants abandonnés, les pauvres et les malades. » L'ordre a été reconnu officiellement par le pape Innocent III le 23 avril 1198.
Origines
Guy
de Montpellier est le fondateur de l'ordre des hospitaliers du
Saint-Esprit (aussi dénommé ordre des hospitaliers du Saint-Esprit de
Montpellier) reconnu par le pape en 1198.
Les
bases sont fondées par le grand-père de Guy de Montpellier, Guilhem V
de Montpellier, vers 1149, et sa règle est d'abord approuvée par
l'évêque de Maguelone puis le 23 avril 1198 par une bulle du pape
Innocent III « dès la première année de son pontificat. »
L'ordre
était, à l'origine, une confrérie destinée au service d'un hôpital,
mais, en 1198, à la veille de la croisade contre les Albigeois, le pape
Innocent III la transforma en « ordre hospitalier, religieux et
militaire. »
Le
but de Guy était de reproduire le divin idéal de la charité universelle
par un soulagement de toutes les misères (corps, âme, esprit) d'un
caractère holistique (c.à.d. global).
Il recueillait les enfants, s'occupait de l’éducation de la jeunesse
recueillie par l'ordre, de l'assistance de toutes les misères et de
l'hospitalité aux personnes de toutes conditions.
Sa foi en acte était d'exercer la charité en faveur du prochain, préconisée comme acte de justice.
Sa foi en acte était, au delà de l'aspect purement caritatif d'exercer la charité en faveur du prochain, préconisée comme acte de justice.
Dès le XIIe siècle,
l'hôpital du Saint-Esprit fondé par Gui accueille et soigne toutes les
misères. Cet établissement, le premier construit à Montpellier, était
situé au faubourg du Pyla-Saint-Gély et fut détruit en 1562 par les calvinistes durant les guerres de religion.
En 1203, Eudes III, duc de Bourgogne fit en faveur des frères hospitaliers plusieurs fondations et créa un hôpital à Dijon.
En
1204, le pape Innocent III fit construire à Rome, un hôpital appelé
« Santa Maria de Sassia (ou Saxia) » et appela à Rome Guy de Montpellier
pour le diriger. Il en devint donc le premier magister et
l'hôpital s'appela dès lors le « Santo Spirito de Sassia (ou Saxia) ».
Il disposait de 300 lits et soignait plus de 1 000 personnes par jour.
Il reste de nos jours l'un des plus grands hôpitaux de Rome.
Grâce à l'appui important d'Innocent III, l'ordre essaima rapidement partout en Europe.
Activités
L'emploi
de ses membres était d'entretenir les enfants exposés et orphelins de
l'un et de l'autre sexe, les estropiés et invalides, les insensés et
troublés d'esprit ; d'assister les pauvres vieillards, les familles
tombées en nécessité par quelque accident de la vie, qu'on appelait les
pauvres honteux, mais aussi les malades de peste et c'est pourquoi ils
faisaient aussi un vœu de martyre.
Ils logeaient les pèlerins, leur tenaient les passages libres sur mer et sur terre lorsqu'ils allaient aux lieux saints,
rachetaient les esclaves détenus chez les infidèles, dotaient les
pauvres filles, enseignaient les arts libéraux et mécaniques aux
orphelins afin qu'ils ne fussent point à charge à personne et qu'ils
pussent servir le public ; enfin ils exerçaient, disent leurs statuts,
tous les actes de miséricorde et de charité, méprisant leur propre vie
pour le salut de leur prochain. Les religieux de l'Ordre était soumis à
la règle de Saint Augustin : « Pour tous les cas qui n'étaient pas
spécialement prévus par la règle, l'ordre du Saint-Esprit devait
s'inspirer du catalogue des sept œuvres de miséricorde. Voici en quoi
consistent les sept œuvres de miséricorde, dont la nomenclature, n'est
peut-être pas aussi familière à beaucoup de monde qu'elle l'était dans
les siècles précédents », dit Gabriel Peignot :
- donner à manger à ceux qui ont faim ;
- donner à boire à ceux qui ont soif ;
- exercer l'hospitalité envers les étrangers ;
- donner des Vêtements à ceux qui sont nus, ;
- prendre soin des malades, délivrer les captifs ;
- ensevelir les morts.
« Outre
ces sept œuvres de miséricorde, que l'église nomme corporelles, il en
est sept autres qu'elle désigne sous le nom de spirituelles. Voici en
quoi elles consistent » :
- donner dés conseils salutaires à ceux qui en ont besoin ;
- corriger ceux qui manquent ;
- instruire les ignorants ;
- consoler les affligés ;
- pardonner les injures ;
- supporter les peines ;
- prier pour les morts, pour les vivants, et pour ceux qui nous persécutent.
Membres et composantes
« L'ordre
du Saint Esprit se composait de religieux obligés par un vœu, et de
laïcs qu'on regardait comme chevaliers. Les chefs des hôpitaux
s'appelaient précepteurs ou commandeurs, et, comme dans les ordres
militaires, on nommait responsio la contribution annuelle que
payait les commandeurs au grand-maître ou général, c'est-à-dire au
commandeur de Montpellier. » Malgré l'utilisation de mot responsio
utilisé uniquement dans les ordres militaires, l'ordre des hospitaliers
du Saint-Esprit ne semble pas avoir été militaire (hormis sa milice
crée au XIIIe siècle et dissoute en 1459 par Pie II, puis réapparue en France, dans un grand désordre, au XVIIe par une décision d'Urbain VIII).
Le
fondateur de l'ordre, Guy de Montpellier, était un laïc. Il est
probable que les frères et les sœurs de l'ordre à l'origine n'avaient
pas prononcé de vœux solennels.
L'ordre hospitalier comprenait donc quatre catégories:
Les religieux
L'ordre
comprenait des religieux, composés de frères (devenus chanoines
réguliers), de sœurs, de clercs et d'oblats. Ceux qui gouvernaient un
hôpital portait le titre de commandeur, titre donné dans une bulle
d'Alexandre IV de l'an 1256 et de Nicolas IV en 1291.
Les laïcs
Il
était composait de personnes laïques, qui ne faisaient que des vœux
simples, et s'occupaient des pauvres et des malades comme les religieux.
La confrérie
Les sympathisants de l'Ordre étaient réunis dans une confrérie (fondée en même temps que l'Ordre), la confrérie de l'Arche du Saint-Esprit, érigée dans l'hôpital de Rome au XIIIe
siècle et confirmée par les trois Papes Eugène IV, Sixte IV et Jules
II. Elle était entièrement composée de laïcs sans aucuns vœux religieux
et de nombreuses personnalités: Charles VIII, roi de France, Henri VII,
roi d'Angleterre, la reine Elisabeth d'York, Marie de Bourgogne, Jean et
Christine de Danemark, Jacques IV d'Ecosse, l'empereur Maximilien Ier,
la reine de Pologne, le roi Louis XII de France, La reine d'Italie fin
XIXe, etc. furent par exemple membres de la Confrérie.
La milice
Des laïques furent aussi réunis dans une milice de l'ordre fondée au XIIIe siècle. Elle était constituée de laïques, certains mariés, qui portaient le titre de chevalier (bulle du pape Alexandre IV de 1256. Elle fut supprimée en Italie en 1459 par le pape Pie II. Disparue totalement du XVe au XVIIe siècles, elle fut rétablie en France du XVIIe au XVIIIe
siècle par plusieurs groupes rivaux après la décision du pape Paul V en
1619 qui rendit la qualité de Général pour la France et toutes les
autres provinces de la chrétienté (excepté l'Italie, la Sicile, la
Hongrie et l'Angleterre) au commandeur de Montpellier ; ce que fit aussi
Grégoire XV en 1621. Mais ce ne fut qu'à condition qu'ils dépendraient
encore de celui de l'hôpital de Rome. Ce ne fut qu'à la prière de Louis XIII
que le pape Urbain VIII rendit ce général de France indépendant de
celui de Rome en 1625. Ces nouveaux Généraux de Montpellier, nombreux et
rivaux, en tentant de rétablir la milice dissoute en 1459 en créant de
nouveaux chevaliers laïcs et même mariés, ne restaurèrent pas du tout
l'ordre « dans son ancien lustre et ancienne splendeur, ce ne fut au
contraire qu'une confusion et qu'un chaos depuis l'an 1602 jusqu'en 1700
que le Roi Louis XIV développa (mis fin à) ce chaos en déclarant cet
Ordre purement régulier et nullement militaire. ».
Costumes
Guy
de Montpellier choisit pour son ordre la couleur bleue. Ses religieux
portaient une soutane bleue ciel, devenue noire à partir de la seconde
moitié du XVe siècle, et un manteau noir avec capuche de même
couleur, la double croix cousue sur le côté gauche de leur robe et de
leur manteau.
Les
religieux de cet ordre font habillés comme les ecclésiastiques; ils
portent seulement une croix de toile blanche à douze pointes sur le côté
gauche de leur soutane et de leur manteau.
Du XIIe au XVIe
siècle : au chœur, ils ont l'été un surplis avec une aumusse de drap
noir doublée de drap bleu, et sur le bleu une croix de l'Ordre. L'hiver
ils ont un grand camail avec la chappe noire doublée d'une étoffe bleue
et les boutons du grand camail sont aussi bleus. En France ils mettent
toujours l'aumusse sur le bras, cette aumusse est de drap noir doublée
et bordée d'une fourrure noire. En Italie ils la portent quelques fois
sur les épaules, et en Pologne ils ne se servent pas d'aumusse ; mais
ils mettent sur leurs surplis une espèce de mosette de couleur violette,
qui n'a pas de capuce et n'est pas ronde comme les autres, mais descend
en pointe par derrière. Les commandeurs ont à la boutonnière de leur
soutane une croix d'or émaillée de blanc, et au chœur de l'église une
aumusse de moire violette, si c'est l'été, ou un camail de même couleur,
l'hiver. Ce costume se maintint sans changement notable jusqu'au XVIe siècle.
À partir de la réforme opérée par S. Charles Borromée (XVIe
siècle), les religieux du Saint-Esprit adoptèrent le costume
ecclésiastique ordinaire, de couleur noire. Au chœur, ils étaient vêtus
d'un surplis, qui dans la saison d'hiver disparaissait sous une grande
cape de drap noir, doublée d'étoffe bleue, avec camail à boutons et
retroussis bleus. En été, la cape était remplacée par une aumusse en
drap noir, doublée de bleu céleste et bordée de fourrure noire, qui se
portait sur le bras.
Les
religieuses portent au chœur de l'église un grand manteau noir avec une
croix blanche de l'Ordre sur leur robe avec un voile noir ou une cape
mais hors l'église un voile blanc. Les religieuses de l'Ordre à
Bar-sur-Aube ont dans les cérémonies et au chœur de l'église un voile
noir d'étamine avec la croix de l'Ordre.
Vers
1515, le pape accorda au grand maître de Rome l'habit des prélats
romains violet avec la mosette et le mantelet, habit qu'ils porteront
toujours par la suite.
Reconnaissance par les papes et les rois de France
Au
sujet de l'Ordre, Innocent III déclara en 1198 « l'hôpital du
Saint-Esprit [...] brille, entre les autres hôpitaux nouvellement
institués, par l'éclat de la religion autant que par l'exercice d'une
immense charité [...] les frères de cette maison seraient plus justement
nommés les serviteurs que les hôtes des indigents, et les seuls
véritables indigents, parmi les pauvres de l'hôpital, sont ceux qui
administrent aux pauvres les secours de la charité. »
L'Ordre est confirmé par une bulle
du pape Innocent III en 1204. En 1217, les hôpitaux de Montpellier et
de Rome sont séparés par une autre bulle d'Honoré III. Grégoire XI, par
une bulle de 1372, reconnut la maison de Montpellier pour la maison
générale de l'Ordre avec la règle de saint Augustin. En 1446, le pape
Eugène IV, par sa bulle, assimile les religieux du Saint-Esprit aux
chanoines réguliers de Saint-Augustin.
Il
y a des lettres patentes des rois Henri II de 1553, Charles IX de 1562,
Henri IV de 1608 et 1609, Louis XIII de 1610, 1612 et 1618, de Louis
XIV données à Paris le 9 septembre 1647 et à Dunkerque en 1671
enregistrées au Grand Conseil à Paris, le 18 juin de la même année, pour
la direction des hôpitaux, maladreries et lieux pieux de cet ordre et
milice du Saint-Esprit.
Les commanderies
Il n'y eu au début de l'ordre que la commanderie de Montpellier, puis celle de Rome, puis plus d'une trentaine en France au XVe siècle à l'apogée de l'ordre.
Chacune de ces commanderies étaient des maisons magistrale (ou commanderies magistrales)
dirigée par un commandeur dont dépendaient plusieurs plus petites
maisons de l'ordre. Certaines maisons composées de plusieurs membres
dépendaient tout de même d'une commanderie.
Les 20 principales commanderies de France furent:
- Auray, la plus importante à la tête de 29 hôpitaux, dont 4 avaient, elles aussi, de nombreuses dépendances: au total, 50 maisons relevant de son autorité (bien que située en Bretagne, Auray avait des maisons jusqu'en Bourgogne et en Provence: ses possessions étaient trop disséminées et elles se rendirent rapidement indépendantes).
- Besançon: 34 dépendances et un certain nombre de maladreries. Plus heureuse que la maison d'Auray, elle sut faire respecter son autorité jusqu'à la fin; le commandeur de Besançon jouit à peu près invariablement de la charge de vicaire et visiteur général des pays ultramontains, honneur qui marque sa situation prépondérante.
- la commanderie de Steffansfeld en Alsace, qui avait en France la plupart de ses dépendances, au nombre de 20.
- Angers: 18 maisons
- Saulx: 9, dont 4 hôpitaux et 5 maladreries,
- Dijon: 8 dont la principale, Angers, se détacha plus tard pour former « une province à elle seule »
- Montpellier fut éclipsé de très bonne heure par Auray et Besançon: 7 maisons seulement demeurèrent sous sa juridiction immédiate.
- Marseille et Aix: 7 maisons chacune.
- Agen, Bordeaux, Aix, Montauban, Nîmes, Toulouse, Fréjus, Toulon: 4 maisons chacune.
- Clermont, Angoulême, Draguignan et d'autres encore: 2 maisons chacune.
Aux XIVe et XVe
siècles il y avait plus de 30 commandeurs en France, dont une petite
minorité n'étaient que recteurs de maisons non magistrales.
Du XIIe au XVIe siècle
A la fin du XIIe siècle, Gui construisit donc le premier hôpital de Montpellier.
En 1203, le duc de Bourgogne fit venir des Frères et créa un hôpital à Dijon.
Puis
en 1204, le Pape Innocent III fait construire à Rome l'hôpital du
Saint-Esprit et en confie la direction à Gui de Montpellier, après avoir
reconnu son ordre en 1198.
L'exemple donné par le Pape fut imité dans toute l'Europe. A la fin du XIIIe
siècle on comptera une centaine de filiales de l'Ordre en Italie, ainsi
que de nombreuses autres principalement en France (spécialement en
Bourgogne et en Franche Comté) mais aussi en Belgique, Suisse, Allemagne, Pologne, Angleterre, Irlande, Espagne, etc..
L'arrière-petit-fils de Guy, Jacques Ier,
roi d'Aragon, seigneur de Montpellier (1208-1276) s'étant servi de ces
chevaliers pour reconquérir la Murcie leur fit bâtir plusieurs maisons
dans ses états en 1265.
Au XVe siècle, l'ordre compte plus d’un millier d’hôpitaux, dont 400 en France. Pour certains ce n’était plus devenu qu’un patronage.
Du XVIe siècle à aujourd'hui
Au XVIe siècle l'ordre est décimé lors des guerres de religions. Puis il renait activement au XVIIe siècle, à Gray, Neufchâteau, Poligny, etc. Mais les XVIIe et XVIIIe siècles voient la ruine partielle de l'Ordre en France pour de nombreuses raisons.
En 1619, le pape Paul V scinda en deux la grande maîtrise de l'Ordre, une à Rome (depuis le XIIIe
siècle) et l'autre en France. Dès la création de cette nouvelle branche
française, plusieurs groupes ne cessèrent de s'affronter. Il y en eu
jusqu'à cinq à la fois, « des personnes qui n'avaient aucun droit
légitime, sous prétexte des titres de vicaire général, de chancelier, de
vice-chancelier et même de vicaire généralissime, qu'ils
s'attribuaient, créaient de nouveaux chevaliers. » Les procès
innombrables qui opposèrent ces groupes, notamment sur les choix des
grands maîtres, durèrent près d'un siècle.
De
plus, Louvois, alors grand maître de l'Ordre de Saint-Lazare, réussi à
obtenir du roi de France, en 1672, un édit lui permettant de réunir à
son ordre les biens d'autres ordres hospitaliers et militaires comme
ceux de l'ordre du Saint-Esprit. Cette réunion devait permettre de
servir les pensions des officiers des armés royales. Le roi disposait
ainsi de biens qui appartenaient en fait au Saint-Siège. Mais se dessina
dans l'ordre du Saint-Esprit une résistance vigoureuse et opiniâtre,
les chevaliers lésés protestèrent. « Au bout de vingt ans, et malgré
plus de 3 000 arrêts rendus en faveur de l'ordre de Saint-Lazare, la
prise de possession était encore peu avancée. » Par son nouvel édit de
1693, Louis XIV révoqua son édit de 1672 et l'Ordre du Saint-Esprit fut rétabli dans toutes ses prérogatives.
Le 1er août 1693, Louis XIV nomma grand maître de l'Ordre, l'abbé Pierre-Henri de Montmorency-Luxembourg
(connu sous le nom d'abbé de Luxembourg, abbé commendataire des abbayes
d'Orcamp et de Saint-Michel. Un nouvel arrêt du roi de 1700 rendit
l'Ordre purement religieux, soumis à une règle, et destitua le grand
maître l'abbé de Luxembourg.
Les membres restés fidèles au grand maître de Rome et les nombreux groupes rivaux trouvèrent un accord grâce au duc de Châtillon,Paul Sigismond de Montmorency,
frère de l'abbé de Luxembourg, qui malgré son statut de laïque, demanda
au roi la grande maîtrise de l'ordre en 1707. Sa demande fut accueillie
par tous, et notamment par les religieux « qui consentaient que cet
ordre fût, comme il avait été dans son institution, composé de religieux
de deux sortes de conditions, les uns laïques pour l'administration du
temporel [...] et les autres, clercs, pour l'administration du
spirituel. » Frère Dupont, le représentant des religieux réguliers,
accepta « que l'Ordre fut mixte, c'est-à-dire composé de chevaliers et
de réguliers, qui auraient à leur tète un grand maître séculier, assisté
d'un grand prieur ecclésiastique, nommé par les religieux et confirmé
par le pape. » Mais en 1708, Louis XIV prononça malgré tout un énième
arrêt, définitif celui-ci, qui assura la conservation des derniers
hôpitaux du Saint-Esprit, mais rendit l'ordre purement religieux et
soumis à un grand maître régulier. Le cardinal de Polignac
reçut son brevet de grand maître le 3 novembre 1716, mais seulement en
1733 par le pape du fait de l'opposition du cardinal Doria, grand maître
de l'ordre à Rome.
À
la mort du cardinal de Polignac, l'abbé Pépin du Montet intrigue pour
être l'administrateur général de la branche française de l'Ordre dans le
même temps où le roi de France était proclamé protecteur de l'Ordre.
Cherchant
à faire disparaitre l'ordre, il inséra une clause spéciale, « la
défense absolue de recevoir des novices, le meilleur moyen de faire
s'éteindre l'ordre à brève échéance. Pépin du Montet dénia encore à
l'ordre la qualité de régulier (soumis à une Règle) pour le déclarer
comme au siècle précédent, noble et militaire. »
Le recteur de Dijon tenta un dernier effort et implora l'intervention de Benoit XIV, par l'intermédiaire du grand maître romain. Le pape connaissait la situation misérable faite à l'Ordre ; il recommanda à son nonce
de tout faire pour obtenir que l'interdiction de recevoir des novices
fut levée. Malheureusement, c'était en 1750, dans le moment où
l'assemblée du clergé était aux prises avec la cour au sujet de la
déclaration du clergé ; le nonce jugea que toutes ses remontrances
seraient inutiles : il se tut.
L'ordre est supprimé en France en 1776 par Mgr de Malide, au nom de Pie VI et de Louis XVI.
Le dernier religieux de l'Ordre, le commandeur Nicolas Bardenet, meure
en 1780. « Ainsi finit en France [...] cet ordre si longtemps illustré
par sa splendeur et surtout par ses bienfaits. » Cependant l'Ordre ne
périt pas tout entier et les hôpitaux de Lorraine et de Franche-Comté
continuèrent leurs activités bienfaisantes.
De
leur coté, les sœurs du Saint-Esprit, demeurées seules, continuèrent
leur mission de charité, qu'auparavant elles partageaient avec leurs
frères. Dans l'impossibilité de se rattacher au grand maître romain,
elles prirent le parti de rentrer dans le droit commun, en se plaçant
sous la sauvegarde et la juridiction de leurs évêques diocésains à
l'exemple des religieuses de Poligny. » Elles furent suivi par celles de
Gray, en 1771, et de Besançon, l'année suivante, lors de la retraite du
dernier commandeur. Cinq ans plus tard, l'évêque de Toul reçut celles
de Neufchâteau et de Vaucouleurs.
La
branche religieuse masculine de l'ordre s'éteint donc en France à la
fin du XVIIIe mais elle se continua en Italie jusqu'au jour où Pie IX
l'abolit en 1846. Aujourd'hui subsiste la confrérie de l'Arche du Saint-Esprit ainsi que la branche féminine qui, en 2003, fusionne avec les Filles du Saint-Esprit.
La règle de l'ordre
La
règle de l'ordre du Saint-Esprit a été conservée dans un manuscrit qui
existe encore aujourd'hui. Ce manuscrit est orné de lettres enluminées
et de superbes miniatures représentant les frères et les sœurs de
l'Ordre dans l'exercice de leurs fonctions; ses caractères
paléographiques le font remonter au XIIIe siècle.
La
règle débute par la promulgation des deux cardinaux délégués par
Innocent III. Vient ensuite le texte même, dont chaque article est suivi
d'un commentaire assez développé, dans le goût des écrivains mystiques
du Moyen Âge. Ces commentaires sont écrits dans le même style pieux,
mais naïf et quelque peu inexpérimenté, qui caractérise la règle
proprement dite; ils ont pour auteur, sans aucun doute, comme celle-ci,
Gui lui-même. (Une règle fut réimprimée en 1564 sans les commentaires)
En
tête de la règle, comme pour la résumer et lui servir d'introduction
naturelle, le fondateur avait inscrit un long passage de l'Evangile de
saint Mathieu: « J'ai eu faim, dit Jésus, et vous m'avez donné à manger;
j'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire; j'étais sans asile, et vous
m'avez accueilli; j'étais nu, et vous m'avez vêtu; malade, et vous
m'avez visité; prisonnier, et vous êtes venu à moi. » Et comme on
demande à Jésus à quel moment on l'a vu dans un si complet dénuement, il
répond : « En vérité, je vous le dis, ce que vous avez fait au plus
petit et au plus délaissé de vos frères, c'est à moi que vous l'avez
fait.»
« Le
but de Gui est de reproduire, autant que le permet l'infirmité humaine,
le divin idéal de la charité, proposé par Jésus-Christ. Aussi ne
s'arrête-t-il pas à une œuvre en particulier, ainsi que l'ont fait les
autres fondateurs. Les ordres hospitaliers qui avaient surgi depuis le
commencement du XIIe siècle (...)
avaient eux-mêmes une mission de bienfaisance restreinte, et ne
s'adressaient pas à tous les déshérités de la vie». Le but de Gui, qui a
un caractère d'universalité, est le soulagement de toutes les misères
rencontrées dans le monde.
La hiérarchie de l'ordre
Article détaillé : Hiérarchie dans l'ordre hospitalier du Saint-Esprit.
Les principales fonctions et qualités des dirigeants de l'ordre étaient les suivantes :
- le cardinal protecteur : la création de ce poste fut décidée par le pape afin de rendre la protection pontificale spéciale encore plus concrète.
- le grand maitre : chef de l'ordre entier. Le grand maître avait à la cour pontificale le droit de préséance sur tous les généraux d'ordre, et il exerçait ce droit en siégeant à leur tète immédiatement après les abbés, dans les conciles et les cérémonies pontificales. De nombreuses réclamations s'élevèrent contre un droit qui paraissait exorbitant, chez un religieux qui n'était pas nécessairement revêtu du sacerdoce; mais toujours les papes donnèrent raison au grand maître, en maintenant ses privilèges.
- le vicaire général : le grand maître avait des absences fréquentes et prolongées ; il lui fallait donc à Rome un suppléant, le Vicaire Général du grand maître.
- les visiteurs généraux : ils inspectaient les maisons, se faisaient rendre un compte exact des revenus et des dépenses, tenaient la main à ce que la chapelle et ses ornements fussent toujours décents et dignes; visitaient les salles des malades, recevaient les plaintes des frères contre les prieurs et avaient pleine autorité pour corriger et amender tout ce qu'il trouvait en opposition avec la règle.
- les procureurs généraux : fonction qui n'a pas subsisté longtemps.
- les chapitres : les assemblées capitulaires des frères, ou chapitre était le lien qui unissait entre eux les membres des maisons, des provinces et de l'ordre entier. L'Archihôpital romain avait, lui aussi, de même que les maisons magistrales, son assemblée annuelle à la Pentecôte.
- les commandeurs : apparu au XIIe siècle, puis plus largement au XIVe avec la forte expansion de l'ordre, le titre de commandeur était réservé aux dirigeants de chacune des maisons magistrales: commanderies magistrales. D'eux dépendaient plusieurs maisons moindres de l'ordre. Même certaines maisons composées de plusieurs membres dépendaient d'une commanderie. Aux XIVe et XVe siècles, les commanderies en France étaient une vingtaine; les commandeurs étaient plus de 30 en France car certains n'étaient pourtant recteurs que de maisons non magistrales. La commanderie la plus importante fut Auray, avec 50 maisons relevant de son autorité, et les plus petites furent Clermont, Angoulême, Draguignan, etc. : 2 maisons chacune.
- les recteurs : chacune des maisons de l'Ordre avait à sa tête un frère appelé Recteur (ou parfois Maître ou Précepteur).
- les prieurs : au prieur revenait l'indépendance spirituelle des maisons. Il partageait en quelque sorte le premier rang avec le Recteur car il présidait toutes les cérémonies religieuses.
- les camériers : le camérier avait une des trois clefs du coffre qui contenait les revenus. Ce trésor était placé dans le dortoir commun; le recteur et le chapitre, qui détenaient les deux autres clefs, lui remettaient à certains intervalles les sommes nécessaires aux dépenses courantes.
- les celleriers : le cellerier était chargé exclusivement de l'office. Les approvisionnements et le service de la table des malades, des hôtes, des pauvres et de tout le personnel, étaient de son ressort.
Le grand maître
Article détaillé : liste des grands maitres de l'Ordre Hospitalier du Saint-Esprit.
Le chef de l'Ordre était qualifié de grand maître ou général.
Guy de Montpellier fut le premier grand maître de l'Ordre et des hôpitaux de Rome et de Montpellier.
Cette
grande maitrise commune fut rompue en 1217 par le pape Honorius III
puis les deux branches distinctes ainsi crées furent de nouveau réunies,
sur l'instance des frères de Rome, par le pape Grégoire IX, par sa
bulle du 15 mai 1228. Grégoire X alla plus loin et subordonna le maître
de l'hôpital de Montpellier à celui de Rome.
Le
grand maître, qui n'était pas nécessairement un ecclésiastique, était
élu par la Communauté de l'hôpital de Sainte Marie de Saxia à Rome même
si, pendant les deux premiers siècles d'existence de l'ordre, ce fut
souvent un simple frère. Le grand maître vivait au milieu de ses frères
avec ses frères. « Il était tenu de prendre ses repas à la table des
frères, à moins que quelque nécessité ne justifiât son absence. Il était
soumis au silence monastique et avait son lit au dortoir commun des
frères. » Parmi ces grands maîtres on peut compter bon nombre
d'archevêques et d'évêques, plusieurs légats, douze cardinaux et un pape
Eugène IV.
Alexandre
Neroni, qui était commandeur général de l'Ordre à Rome en 1515 fut le
premier à qui le pape accorda l'habit violet avec la mosette et le
mantelet, à la manière des prélats de Rome, et qu'ils porteront toujours
par la suite.
A
compter de 1619, plusieurs Français, religieux et laïques, se
disputèrent la grande maîtrise de la branche française jusqu'à ce que
Louis XIV, en 1708, rendit cette branche purement religieuse et soumis à
un grand maître régulier, le cardinal de Polignac.
En revanche, à Rome, du XVIIe au XIXe siècle, le grand maître de la branche italienne fut toujours un religieux.
La croix de l'ordre
La
marque de l'Ordre est une double croix blanche échancrée et
patriarcale. Cette croix des Hospitaliers du Saint-Esprit aurait été
« montrée en révélation par un ange » au pape Innocent III.
« Les
ordres militaires ou hospitaliers avaient tous pris comme signe
distinctif, à l'exemple des croisés, une croix de forme et de couleur
variées, cousue sur les habits. Guy de Montpellier adopta pour son ordre
une croix blanche à double croisillon, dont les extrémités étaient
élargies en forme de croix pattée à branches évasées. » Cette croix
blanche à double traverse était portée par tous les religieux sur le
coté gauche de leur manteau noir et de leur robe blème (bleu très pâle).
Au
moment où il prononçait ses vœux, le nouveau profès recevait le manteau
noir des mains du recteur , qui lui disait, en lui montrant la croix :
« Que par ce signe s'éloigne de vous tout mal, et que le Christ vous
conduise au royaume éternel ».
La
règle de l'ordre précise aussi « que les frères portent le signe de la
croix sur leurs capes et leurs manteaux, afin que par ce signe Dieu nous
garde dans nos actions, nous maintienne dans l'obéissance et défende
nos âmes et nos corps contre la puissance du démon, dans cette vie et
dans l'autre ».
En
1596, Melchior de la Vallée interprète « cette double croix à douze
pointes [...] n'était point un simple motif de décoration ; c'était un
emblème d'un symbolisme assez compliqué. Les trois bâtons réunis en une
seule croix figuraient, pour les uns, le mystère de la Sainte Trinité,
tandis que les douze pointes rappelaient le nombre des Apôtres. Certains
y voyaient l'association de la croix du Sauveur et de celle, que tout
chrétien doit porter dans son âme. Pour d'autres enfin, c'était une
allusion au double fardeau que s'imposaient les membres de l'ordre, en
travaillant à la fois à leur propre salut et à celui de leurs
semblables. »
Armoiries
A la création de l'ordre les armes sont : d'azur à une double croix pattée d'argent.
Certains auteurs affirment que le champ d'azur aurait fait place, au XVe
siècle, à un champ de sable et que c'est aussi dans le même temps que
la croix aurait été surmontée d'un Saint-Esprit d'argent en champ d'or
"sur une nuée d'azur".
Or, on trouve sur le sceau de Rome en 1290 la croix déjà surmontée d'un Saint-Esprit.
De plus, ce symbole manquait sur ceux de plusieurs autres maisons, dans les XVIe et XVIIe siècles.
Enfin, les maisons de Franche-Comté, mentionnées dans l'armorial de d'Hozier (1738-1786), avaient conservé le champ d'azur.
Blason de l'ordre au XIIe siècle
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Blason de l'ordre au XIIe au XVe siècle
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Blason de l'ordre avec le Saint-Esprit, du XIIe au XVe siècle
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Blason de l'ordre à partir du XVe siècle
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Variante du blason de l'ordre (en France au XVIIe siècle)
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Vœux des religieux de l'Ordre
Outre
les trois vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance, communs à tous
les ordres religieux, les frères et sœurs de l'ordre des hospitaliers
du Saint-Esprit en faisaient un quatrième celui de servir
perpétuellement les pauvres.
Réception des nouveaux frères
Le texte de la Règle de l'ordre du XIIe siècle
(l'exemplaire qui existe aujourd'hui semble dater d'environ 100 ans
après la fondation de l'Ordre) précise en détails la cérémonie de
réception des nouveaux frères.
Noviciat
Pendant
un an au moins, le postulant vivait soumis à la règle, partageant les
occupations des frères, et s'exerçant au service des pauvres et des
malades. Si, au bout de ce temps de probation et de noviciat, sa
vocation paraissait bien assurée, on l'admettait à prononcer ses vœux.
L'époque de l'assemblée générale étant arrivée, on lui faisait lecture
de la règle et des constitutions dans leurs détails; cette lecture se
terminait par ces paroles : « Voilà la loi sous laquelle vous voulez
vivre. » Le novice, après avoir promis de l'observer, était reçu
définitivement dans l'Ordre et admis à faire profession.
"à nos seigneurs les malades"
Voici la formule de ses vœux :
« Moi,
N., je m'offre et me donne à Dieu, à la Bienheureuse Marie, au
Saint-Esprit et à nos seigneurs les malades, pour être leur serviteur
tous les jours de ma vie. Je promets, avec le secours de Dieu, de garder
la chasteté, de vivre sans bien propre. »
Puis
s'adressant au recteur: « Je promets de garder l'obéissance à vous et à
vos successeurs, et de garder fidèlement les biens des pauvres. Que
Dieu et ces saints Evangiles me soient en aide. »
Admission
Il
se levait alors et s'avançait vers l'autel, ayant dans les mains le
livre des évangiles, sur lesquels il venait de prononcer ses vœux, et le
grand maître récitait la formule d'agrégation, « formule admirable,
dans laquelle se révèle la tendresse du cœur de Gui ; car ce n'est pas
seulement l'élu qui participe aux privilèges de l'Ordre; l'âme de son
père et de sa mère est associée aux suffrages communs » : « Suivant la
promesse que vous venez de faire à Dieu, à la B. Marie, au Saint-Esprit
et à nos seigneurs les malades, nous vous recevons dans notre ordre, et
nous faisons participer l'âme de votre père et de votre mère aux mérites
acquis par les messes, offices, jeûnes, prières, aumônes et autres
bonnes-œuvres qui se font et se feront à perpétuité dans la maison du
Saint-Esprit; daigne Dieu nous accorder la récompense que chacun de nous
espère. La maison du Saint-Esprit prend l'engagement de vous donner le
vivre et le vêtement »
A
ce moment le prieur ou le maitre revêtaient le nouveau frère du manteau
et de la croix, insigne de l'Ordre, en lui disant : « Que par ce signe
de la croix, le Christ éloigne de vous les embûches de l'esprit du mal
et vous introduise dans son royaume éternel ». Tous les frères se
prosternaient alors et priaient pour l'élu. Le prieur ou un prêtre
entonnait un psaume que tous chantaient, et cette cérémonie s'achevait
par trois oraisons, où l'on appelait sur le nouveau profès toutes les
grâces du S. Esprit.
Sainte patronne
Guy de Montpellier prit pour patronne et protectrice Sainte-Marthe qui exerça l'hospitalité envers Jésus Christ.
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