Nabuchodonosor
Nabuchodonosor II (dérivé du babylonien Nabû-kudurri-uṣur, « Ô Nabû, protège mon fils aîné ! »), était le roi de Babylone entre 604 et 562 av. J.-C.
Il
doit sa renommée au fait qu'il a régné sur le plus vaste empire qu'ait
dominé Babylone, ville où il a fait ériger de nombreux monuments.
La constitution de l'empire babylonien
Après
avoir abattu l'empire assyrien entre 612 et 609 av. J.-C., le roi de
Babylone Nabopolassar (626-605 av. J.-C.), désormais âgé, confie la
direction des opérations militaires à son fils aîné, Nabuchodonosor, qui
avait sans doute déjà combattu lors de la lutte contre l'Assyrie, menée
avec l'appui des Mèdes.
Dans
le cadre de la politique de son père, il aurait d'ailleurs épousé la
fille (ou petite-fille) du roi mède Cyaxare, celle que les sources
grecques nomment Amytis, pour laquelle il aurait fait construire plus
tard les jardins suspendus de Babylone.
Après
la victoire contre les Assyriens, Nabuchodonosor mène les armées
babyloniennes en Syrie où l'armée égyptienne a pénétré pour essayer de
dominer la région à la place de l'empire déchu.
Il
lui faut deux ans pour renforcer ses lignes arrières, puis il passe à
l'action en 605 av. J.-C., et écrase la coalition adverse près de
Karkemish.
Il
peut ensuite diriger ses troupes vers le royaume d' Israël, qui est sur
le point de tomber lorsqu'il apprend la mort de son père et qu'il doit
rentrer à Babylone.
Lorsqu'il devient roi, Nabuchodonosor II ne manque ni d'expérience ni d'ambition.
Aussitôt
sa prise de pouvoir officialisée, il retourne sur les bords de la
Méditerranée, où le souverain d'Ascalon s'est révolté et où il veut
aussi affirmer sa domination sur les souverains des royaumes
de Phénicie, et également sur le roi de Juda.
Mais les Égyptiens sont toujours présents dans la région pour soutenir les révoltes de ces derniers.
En 601, le choc entre les opposants, Babyloniens d'un côté, Égyptiens et alliés de l'autre, a lieu.
Nabuchodonosor essuie une défaite, et doit se retirer dans ses forteresses de Syrie.
Il décide d'attaquer en Arabie l'année suivante.
Puis il retourne au Levant pour recevoir le tribut des souverains de la région.
Celui
de Juda, Joakim, refuse de payer, et subit la répression : sa
capitale Jérusalem est assiégée puis prise en 597, il perd la vie, et
son fils Joakin et les autres notables et lettrés du royaume sont
déportés à Babylone.
Pour mieux contrôler la région, Nabuchodonosor bâtit un fort à Riblah, au Liban.
Mais cela n'empêche pas les rois locaux de continuer à se révolter, et d'être le principal souci du souverain.
Une révolte a lieu en Babylonie même en 593, et est vite réprimée avec violence.
En 589 av. J.-C., les Égyptiens s'emparent de Gaza, et assiègent Tyr et Sidon.
Puis
ils forment une coalition avec les Phéniciens, à laquelle se
rallie Sédécias, le nouveau roi de Juda, en poste aux ordres de Nabuchodonosor II.
Celui-ci revient donc à Riblah, d'où il prépare sa contre-attaque.
Il assiège Jérusalem en 588, et après environ deux ans de siège, la ville tombe.
Les fils de Sédécias sont tués, alors que lui est mutilé et déporté à Babylone avec la majorité des élites de son royaume.
Jérusalem est ensuite brûlée. Parallèlement, Tyr est aussi assiégée.
La situation met plus de temps à se résoudre, et ce n'est qu'au bout de treize années que Nabuchodonosor II peut faire entrer ses troupes dans la ville.
En
585, le roi babylonien arbitre un conflit opposant son allié le Mède
Cyaxare au roi Alyatte de Lydie, et en profite pour s'emparer de
quelques villes en Cilicie.
Peu après, la Palestine se révolte (582) ce qui oblige les Babyloniens à y retourner.
La situation au Proche-Orient ne s'arrange qu'en 568, lorsque Nabuchodonosor II met en déroute les Égyptiens près de Gaza.
La fin du règne de Nabuchodonosor II est obscure. On sait qu'il meurt en 562 av. J.-C. à Babylone, peut-être de maladie.
Son fils Amêl-Marduk (Evil-Merodach) n'occupe le trône que deux ans.
Le sommet du pouvoir babylonien après Nabuchodonosor II est
caractérisé par une instabilité chronique qui se manifeste par deux
coups d'État en 560 et 556, et la contestation à laquelle fait face le
dernier roi Nabonide.
Pour
autant, l'empire hérité des conquêtes de Nabuchodonosor et de son père
ne se disloque, ce qui semble témoigner de la solidité de leur
construction politique.
En 539 av. J.-C., Cyrus II de Perse s'empare de Babylone et par là de tout son empire.
Sur
la longue durée, le règne de Nabuchodonosor participe donc au
renforcement et à la stabilisation des empires de plus en plus vastes
qui dominent le Moyen-Orient à partir du Ier millénaire av. J.-C., entre celui des Assyriens et celui des Perses achéménides.
La capitale et les autres villes : un grand bâtisseur
Article détaillé : Babylone.
Nabuchodonosor
reprend les immenses travaux de restauration et d'embellissement
de Babylone initiés par son père : sanctuaire de Marduk, ziggourat, un
grand nombre de temples de la ville, reconstruction de l'enceinte avec
deux murs parallèles, porte d'Ishtar, etc.
La ville forme un rectangle grossier de 1,5 km sur2,4 km.
Construite primitivement sur la rive orientale de l'Euphrate, elle est
reliée à ses quartiers populaires sur la rive occidentale par un pont.
L'organisation
intérieure (fouilles du quartier du Merkès) repose essentiellement sur
un plan quadrillé, ce qui suppose un plan d'urbanisme.
Certaines rues sont assez larges pour permettre le passage de chars et de chariots.
Une
grande artère nord-sud, la voie processionnelle, au sol recouvert de
dalles cuites jointoyées au bitume, passe par la porte d'Ishtar pour
desservir le palais et les principaux sanctuaires.
Le palais s'étend au nord entre la voie processionnelle et un énorme bastion aux murs larges de 25 m.
Les jardins
suspendus dont la construction est attribuée à Nabuchodonosor
par Bérose, qui n'ont pas été retrouvés au cours des fouilles, ont pu
être situés à cet endroit s'ils ont effectivement existé.
De 300 m sur 150 m environ,
composé de cinq unités allongées nord-sud et juxtaposées, avec des
bâtiments de part et d'autre d'une grande cour, il est unique par sa
structure et son organisation (il faut, pour atteindre la dernière
unité, franchir d'abord les quatre premières).
Le
temple de Marduk (Esagil, la maison à tête élevée), forme le cœur
religieux de la cité en étroite relation avec la ziggurat dont le sépare
la rue qui dessert le pont. Presque carré (79 m sur 85,80 m), il suit le plan dit « babylonien », disposé autour d'une grande cour rectangulaire.
La
célèbre ziggurat (Etemenanki, la maison du fondement du ciel et de la
terre) est installée à l'intérieur d'une vaste cour rectangulaire de 458 m sur 312 m, sur une base de 91 m.
Le pont est constitué de piles en forme de navettes longues de 21 m, larges de 9 m, à des intervalles de 9 m,
construites en briques et en pierres scellées au plomb, avec des
cavités destinées à recevoir l'extrémité des poutres, qui supportent le
tablier.
En
dehors de Babylone, Nabuchodonosor a entrepris des travaux dans les
autres villes majeures de la Babylonie, où il restaure les murailles et
surtout les sanctuaires : son œuvre est attestée
à Sippar, Borsippa, Akkad, Kish, Dilbat, Uruk, Larsa, Ur, etc.
Il
met aussi en chantier la construction ou la restauration de canaux
servant à l'agriculture irriguée de la Basse Mésopotamie, contribuant
ainsi à la réorganisation et à l'expansion de l'économie agricole de
cette région.
Ses
différents projets ont pour cohérence le fait qu'ils visent à restaurer
la prospérité et la grandeur de la Babylonie qui a retrouvé son
indépendance et sa puissance.
Organisation de l'empire
Article détaillé : Empire néo-babylonien.
La
structure administrative de l'empire babylonien est en grande partie
calquée sur celle de l'empire assyrien qu'il supplante, les charges de
la cour étant souvent identiques entre l'un et l'autre.
Nabuchodonosor
s'appuie sur un groupe d'aristocrates, les « Grands du pays d'Akkad »,
disposant des plus hautes charges administratives et militaires,
commeNeriglissar, général et gouverneur qui épouse sa fille Kashaya, et
qui monte sur le trône peu après sa mort fort de ce lien matrimonial.
L'armée de Nabuchodonosor reste mal connue, et ne semble pas beaucoup différer de celle de l'Assyrie.
Les grands temples jouent un rôle économique et administratif important en Babylonie.
Celui
d'Uruk a fourni une ample documentation écrite. Son administration
hiérarchisée se retrouvait, semble-t-il, dans les autres sanctuaires, à
Babylone ou à Borsippa.
Le roi y a ses représentants dont l'action paraît être devenue plus stricte avec l'arrivée de Nabonide au pouvoir.
Ces
organismes semblent avoir été favorisés par les premiers souverains ;
ils forment en effet une structure administrative préexistante qui
contrôle la production économique, donc les revenus, du territoire qui
en dépendent et allègent la charge administrative qui relève directement
du palais.
L'essentiel
de la vie économique est fondé sur l'agriculture. Les terres sont
affectées selon leurs qualités et les possibilités d'irrigation à
l'élevage, aux palmeraies et aux céréales.
Elles
sont concédées contre redevance à ceux qui les exploitent. Certains
exploitants sont propriétaires, mais ils restent soumis au temple pour
leurs redevances.
Une activité d'affaires fondée sur le commerce de l'argent et des biens matériels se développe dans les villes.
Elle connaît une certaine expansion avec l'apparition de la monnaie qui commence à circuler.
La figure de Nabuchodonosor II : postérité
- L'image que Nabuchodonosor II a laissée dans la culture juive et chrétienne au travers de la Bible est souvent négative, du fait des sièges de Jérusalem et de la déportation des Juifs en Babylonie qu'il a organisés. Mais il apparaît aussi comme l'instrument de Dieu, un de ceux qui connaît Dieu, et qui accomplit sa volonté en étendant son empire.
- La tradition musulmane (arabe et iranienne) a également préservé le souvenir de ce roi, sous le nom de Bukht-Naṣ(ṣ)ar, largement tributaire de la tradition biblique, non sans confusions quelquefois, comme quand il est présenté comme descendant du roi assyrien Sennacherib ou inclus dans le cycle des rois de Perse avec le simple rang de satrape. Il apparaît avant tout sous l'aspect d'un chef militaire puissant.
- L'opéra Nabucco de Giuseppe Verdi reflète cette vision du personnage, présenté (au départ) comme brutal, belliciste et despotique.
- Saddam Hussein se considérait lui-même comme étant un successeur de Nabuchodonosor et avait placé l'inscription « Du roi Nabuchodonosor dans le règne de Saddam Hussein » dans les briques des murs de l'ancienne cité de Babylone durant un projet de reconstruction de la ville qu'il a initié. Il a également nommé l'une de ses Gardes Républicaines d'après Nabuchodonosor.
- Une bouteille de champagne remplie avec le volume équivalant à 20 bouteilles standards (15 litres) est appelée nabuchodonosor.
- Le vaisseau dans lequel l'équipage de Morpheus prend place dans le film Matrix s'appelle le Nebuchadnezzar, qui est le nom anglais de Nabuchodonosor.
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