Saint Nicandre

Saint Nicandre
martyr à Myre en Lycie 


LES ACTES DES SAINTS NICANDRE, MARCIEN, DARIA ET PASICRATE
(L'an de Jésus Christ 178)


fêtés le 8 juin


Les saints martyrs Nicandre et Marcien entrèrent à leur tour dans la lice contre le diable, et, revêtus de la cuirasse de la foi, ils conservèrent intacte leur fidélité au Christ, qui les avait enrôlés. Ils avaient suivi dans le monde la carrière des armes; mais ils renoncèrent aux honneurs et aux avantages du siècle, pour se donner tout entiers à la grâce divine, qui les appelait à la perfection. Aussitôt après cette démarche, ils furent accusés comme coupables d'impiété. Le président Maxime, chargé de poursuivre cette sorte de crime, les fit comparaître devant lui, et leur dit : «Nicandre et Marcien, vous n'ignorez pas les ordres des empereurs, qui vous ordonnent de sacrifier aux dieux; approchez donc, et sacrifiez.» Nicandre dit : «C'est à ceux qui veulent honorer vos dieux, que ces ordres s'adressent; pour nous, nous sommes chrétiens, et nous ne reconnaissons point de semblables lois.» Le président Maxime dit : «Mais l'argent accordé à vos charges, pourquoi refusez-vous de le recevoir ?» Nicandre répondit : «L'argent des impies est une souillure pour des hommes qui font profession d'honorer le vrai Dieu.» Maxime dit : «Nicandre, offre de l'encens aux dieux.» Et Nicandre répondit: «Comment un chrétien pourrait-il honorer des pierres et du bois, quand il y a un Dieu immortel, créateur de toutes choses ? C'est Lui que je sers, c'est Lui qui me sauvera, ainsi que tous ceux qui croient en Lui.»
Cependant l'épouse de Nicandre fortifiait et encourageait le saint martyr : «Seigneur, lui disait-elle, n'offre pas de l'encens, et ne renie pas le Christ. Lève les yeux au ciel, et tu y verras Celui à qui tu gardes ta foi; car il est ton protecteur.»
Le président Maxime dit à cette femme : «Méchante créature, pourquoi désires-tu la mort de ton mari ?» Elle répondit : «Pour qu'il vive avec Dieu, et ne connaisse pas la mort.» — «Ce n'est point là le vrai motif, reprit Maxime; tu voudrais un autre mari, et c'est pour cela que tu cherches à te débarrasser de celui-ci.» Elle dit : «Puisque tu me soupçonnes d'un pareil désir, fais-moi mourir pour le Christ, avant mon mari, si toutefois tu as l’ordre de contraindre aussi les femmes à sacrifier.» Le président répondît : «Mes ordres ne vont point jusque-là, et je ne ferai point ce que tu me demandes; cependant tu iras en prison.»
On l'emmena donc; puis le président dit à Nicandre : «Ne te laisse pas séduire par les paroles de ta femme ni de tout autre; il y va pour toi de la vie; mais si tu le veux, prends trois jours d'examen et vois ce que tu préfères, ou la vie ou la mort.» Nicandre répondit : «Ces jours d'examen, je les ai pris, et j'ai conclu que mieux fallait choisir la vie.» — «Grâces à Dieu ! dit aussitôt le président,» en élevant la voix. — «Oui, grâces à Dieu !» dit en même temps Nicandre. Mais le président croyait que le saint martyr parlait de la vie présente, et il faisait part de son idée à Leucon, son conseiller. Nicandre, au contraire, saisi de l'Esprit saint, glorifiait le Seigneur; il demandait à Dieu à haute voix de le délivrer de cette épreuve et de le sauver par sa grâce. Le président, qui l'entendit, lui demanda alors : «Pourquoi ce changement ? Tout à l'heure tu voulais vivre, et maintenant tu veux mourir ?» Nicandre répondit : «Oui, j'ai préféré vivre, mais de l'éternelle vie, et non de la vie éphémère de ce siècle; et c'est pour cela que j'ai abandonné mon corps à ta puissance; fais-en ce que tu voudras; car, pour moi, je suis chrétien.» Mors le président s’adressa à Marcien : «Et toi, Marcien, que dis-tu ?» Marcien reprit : «Ma réponse est la même que celle de Nicandre, mon frère d'armes.» Et le président dit: «Vous serez donc tous deux jetés en prison pour y subir l'expiation de votre impiété.»
Cependant, au bout de vingt jours passés dans les cachots, ils furent de nouveau amenés devant le président, qui leur dit : «Nicandre et Marcien, je vous ai laissés un temps assez long pour vous décider à obéir enfin aux ordres de l'empereur.» Marcien répondit : «Tes longs discours ne nous feront point abandonner notre foi ni renier notre Dieu; car Il se tient à côté de nous; nous Le voyons et nous savons où Il nous appelle. Ne nous retiens donc pas plus longtemps; c'est aujourd'hui que notre foi dans le Christ va recevoir sa dernière perfection. Hâte-toi de nous laisser partir, afin que nous voyions le Crucifié que vous blasphémez, et que nous adorons.» Nicandre, à son tour, dit à Maxime : «Nous t'en prions par ton salut, par le salut des empereurs, ne tarte pas plus longtemps à nous laisser partir, et ne pense pas que ce soit la crainte des tourments qui nous dicte cette prière; nous avons hâte de posséder enfin les biens que nous promet notre foi.» Le président Maxime reprit : «Ce n'est point à moi que vous refusez d'obéir; car ce n'est pas moi qui vous poursuis, c'est l'ordre de l'empereur; mes mains seront donc pures de votre sang. Si vous savez qu'il est avantageux pour vous de quitter cette terre, je m'en réjouis avec vous, et que vos désirs soient remplis.» Aussitôt il ordonna qu'on les fit mourir. Les saints martyrs de Dieu répondirent d'une commune voix «Ô généreux Maxime, que la paix soit avec toi !» En même temps ils partirent pour le supplice, pleins de joie et bénissant le Seigneur.
La femme de Nicandre, la bienheureuse Daria, accompagnait son mari, et avec elle le frère du saint martyr Pasicrate, Papion, qui portait dans ses bras le fils de Nicandre, et félicitait le père de son bonheur. Marcien, au contraire, avait à lutter contre les sollicitations de ses parents, de sa femme surtout qui, le tenant étroitement embrassé, accablait le martyr de tendres reproches, et lui disait : «Était-ce donc là, ô Marcien, ce que tu me disais dans la prison ? Ne crains point, me répétais-tu; ne pleure point sur moi. Ah ! seigneur, laisse-toi attendrir sur mes malheurs; regarde ce jeune enfant, ton fils chéri. Arrête tes pas et détourne-toi; cesse de nous dédaigner. Pourquoi cet empressement ? Où cours-tu ? Qui excite contre nous ta haine. On t'entraîne comme la brebis pour le sacrifice.»
À ces mots Marcien se détourne, et arrêtant sur elle ses regards : «Malheureuse que l'esprit méchant a saisi, jusqu'à quand Satan obsèdera-t-il ton âme ? Éloigne-toi de moi; laisse-moi offrir à Dieu le sacrifice de mon martyre.» Alors un chrétien nommé Zotique saisissant la main de Marcien, lui dit : «Prends courage, mon seigneur et mon frère, tu as soutenu un glorieux combat. D'où nous vient, à nous faibles mortels, une foi si généreuse ? Rappelle-toi les promesses que Dieu nous a faites et qu'Il accomplit en ce moment. Oui, chrétiens, avec la perfection que vous donne votre sacrifice, vous êtes vraiment bienheureux.» Et comme la femme du martyr se lamentait et pleurait, et qu'elle cherchait à l'entraîner à elle, en le tirant par derrière, Marcien dit à Zotique : «Retiens ma femme,» et Zotique, alors, quittant le martyr, arrêta les élans de cette épouse désolée.
Quand les martyrs fuirent arrivés au lieu du supplice, Marcien, jetant un regard sur la foule, et apercevant Zotique, l'appela et lui demanda de lui ramener sa femme. Elle vint aussitôt. Marcien, après l'avoir embrassée, lui dit : «Au nom du Seigneur, éloigne-toi; tu ne pourrais supporter la vue du martyre de ton mari ; car un esprit méchant domine tes pensées.» Puis il prit son enfant dans ses bras, lui donne un baiser, et levant les yeux au ciel, il dit : «Seigneur, Dieu tout-puissant, prenez soin de ce tendre enfant.» Aussitôt les martyrs, après s'être embrassés et donné mutuellement le baiser fraternel, se séparèrent l'un de l'autre pour recevoir le coup qui allait consommer leur sacrifice. À ce moment Marcien, promenant les yeux autour de lui, et voyant la femme de Nicandre qui ne pouvait, à cause de la foule, approcher de son mari, lui tendit la main et la fit avancer. Nicandre, en la voyant, lui dit : «Dieu soit avec toi.» Elle, de son côté, se tenant auprès de lui, lui disait : «Seigneur, prends courage; montre au monde un glorieux combat. Pendant dix ans j'ai vécu loin de toi, et jour et nuit je demandais à Dieu de te revoir encore et de mourir. Aujourd'hui je te vois, et je suis heureuse; je te vois aller à la vie éternelle. Oui, maintenant je parlerai avec un légitime orgueil, et je me glorifierai; je suis l'épouse d'un martyr. Courage donc, seigneur; offre à Dieu ton sacrifice pour qu'Il daigne m'arracher à la mort éternelle.» Cependant un soldat, après avoir mis le voile sur les yeux des bienheureux, termina par un coup d'épée leur glorieux martyre.
Ces saints martyrs de Dieu, Nicandre et Marcien, ont souffert le huit du mois de juin, sous le règne de notre Seigneur Jésus Christ, à qui soit la gloire dans les siècles des siècles. Amen.
Fête locale le 4 novembre.









 

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