Saint Théophore Syméon Stylite l'Ancien († 461)
Saint Syméon naquit dans un village nommé Sissa en Asie-Mineure, entre la Syrie et la Cilicie, sous le règne de Léon le Grand et le Patriarche d'Antioche Martyrios (vers 457).
Dès son plus jeune âge, ses pieux parents avaient comme de l'envoyer dans la solitude pour mener paître les brebis.
Or,
un jour que la neige était si abondante que le jeune garçon ne pouvait
mener son troupeau aux pâturages, il entra dans une église et entendit
qu'on y lisait ces paroles : «Bienheureux ceux qui pleurent et
malheureux ceux qui rient, bienheureux ceux qui ont le coeur pur etc ...
»
Ayant
demandé ce qu'il fallait faire pour suivre ces instructions du
Seigneur, il abandonna sur le champ les siens et tout ce qui le retenait
au monde et partit pour un monastère voisin, où il resta deux ans.
Comme
Syméon désirait mener une vie plus austère que celle qu'il avait
trouvée là, il se rendit au Monastère de Mandras, où le moine Héliodore
dirigeait en toute sagesse et austérité plus de quatre-vingt moines.
Syméon y passa dix années; mais dès le début de son séjour, il dépassait tous les autres moines par la rigueur de son ascèse.
Alors que les autres mangeaient tous les deux jours, Syméon ne prenait sa maigre réfection qu'une fois par semaine.
Son
désir de souffrir pour le Christ était tel qu'il s'était confectionné
une ceinture avec des feuilles de palmier et la portait sous ses
vêtements, serrée si fort aux reins qu'elle lui pénétrait profondément
dans la chair.
A
la vue de ces combats surhumains, les anciens du monastère ordonnèrent
au bienheureux de se retirer, afin de ne pas être cause de dommage pour
ceux qui, de constitution plus faible, -voudraient à son modèle
entreprendre des labeurs qui seraient au-dessus de leurs forces.
Syméon se retira donc du monastère et partit vers le lieu le plus désert de la montagne voisine.
Ayant trouvé un puits asséché, il y descendit et resta là à chanter nuit et jour les louanges de Dieu.
Au bout de cinq jours, les moines de Mandras, se repentant d'avoir chassé Syméon, voulurent le ramener auprès d'eux.
Ce n'est qu'après de longues recherches qu'on finit par le retrouver
dans cet endroit où seuls les démons avaient l'audace de se tapir.
Par obéissance, Syméon rentra au monastère, mais il n'y resta pas longtemps, ne pouvant se contenter de la mesure commune.
Il se rendit dans un bourg nommé Télanisson, où il trouva une maisonnette isolée.
Il resta là reclus pendant trois ans, travaillant sans cesse à s'enrichir des vertus célestes.
Comme,
à l'exemple de Moïse, d'Elie et du Christ Sauveur, il désirait passer
les quarante jours du Carême sans manger quoi que ce soit, il demanda à
son ami Blassos de murer l'entrée de sa cellule.
Celui-ci
n'accepta qu'à la condition de laisser à l'athlète du Christ un peu de
pain et d'eau, au cas où son corps serait réduit à la dernière
extrémité.
Les
quarante jours passés, Blassos entra dans la cellule plein de crainte.
Il trouva les pains et l'eau tels qu'il les avait laissés et le Saint
étendu immobile sur le sol, si faible qu'il ne pouvait prononcer une
parole ; il ne reprit quelques forces qu'après, avoir communié aux
Divins Mystères.
Depuis
lors, exercé par l'habitude, Syméon passait tous les carêmes sans rien
manger et, fortifié par la grâce, il restait debout pendant tout ce
temps avec une gaîté incomparable.
Après trois ans passés dans cette cellule, il monta au sommet d'une montagne et s'y fit attacher à une lourde chaîne.
Mais
le sage Mélèce, Chorevêque de l'église d'Antioche, lui fit remarquer
que la volonté de l'homme éclairée par sa raison doit se montrer plus
forte que toute chaîne pour empêcher sa pensée d'errer ici et là.
Syméon,
convaincu par cet argument, et sachant que l'ascèse n'est louable que
dans la mesure où elle restaure dans sa beauté originelle l'image de
Dieu déposée dans notre nature, obéit au Hiérarque et fit rompre ses
liens.
De
gros vers sortirent alors des plaies que la chaîne lui avait faite,
manifestant que le Saint faisait en tout point preuve d'une patience
égale à celle des Martyrs, et même supérieure si cela est possible, car
c'est lui même volontairement qui s'appliquait ces tourments pour
l'amour de Christ.
La
réputation de sa sainteté s'étendit alors tellement qu'un grand nombre
de fidèles, venus des environs mais aussi de contrées lointaines comme
la Perse, l'Arménie, la Géorgie, l'Italie, la Gaule et l'Angleterre,
accouraient sans cesse pour recevoir sa bénédiction et la guérison de
leur âme et de leur corps.
Mais Syméon n'aimait et ne recherchait que la solitude pour pouvoir s'approcher du ciel dans la pure contemplation.
Afin
d'échapper à ces honneurs importuns, il s'avisa de construire une
colonne, au sommet de laquelle il s'installa sur une petite plateforme.
Il
fit d'abord une colonne de six coudées de haut, puis une seconde de
douze, une troisième de vingt-deux et enfin demeura au sommet d'une
colonne de trentesix coudées, ainsi plus proche du ciel que de la terre.
Ces résidences de plus en plus hautes étaient comme le signe visible des ascensions de son âme dans la lumière de Dieu.
Ainsi
exposé à la vue de tous comme une lampe brillante sur un candélabre
élevé, Syméon attira à lui encore plus de monde et illumina des rayons
de la foi une foule de barbares, venus contempler ce spectacle étrange.
Du haut de sa colonne, seul à seul avec Dieu, le Saint ne cessa pas pourtant d'être l'instrument de la miséricorde divine.
Il
accomplit un grand nombre de miracles et de guérisons, prédit des
calamités naturelles et fut pour tous un havre de salut et de
consolation spirituelle.
Crucifié
au monde et ne cachant rien de sa vie, Saint Syméon s'offrait, selon la
parole de l'Apôtre, en spectacle aux Anges et aux hommes (I Cor. 4:9).
Bien que revêtu de ce corps mortel, il menait ici-bas la vie incorporelle des Anges.
Mais le plus admirable était, qu'ayant pratiqué de tels combats
ascétiques, après avoir atteint de telles vertus et accompli de si
nombreux miracles, Syméon avait une telle humilité qu'il se considérait
sans feinte comme inférieur à tous les hommes.
Ce n'est qu'à l'égard des hérétiques qu'il montrait de la colère, ou plutôt un zèle divin pour leur correction.
Ayant
ainsi répandu autour de lui la paix qui régnait en son cœur, Saint
Syméon s'endormit dans la mort à l'âge de 69 ans, en 461 ; alors qu'il
était plongé en prière.
Ses
précieuses Reliques furent amenées à Antioche, accompagnées d'une foule
immense, et elles continuèrent d'accomplir de nombreux miracles pour
ceux qui s'en approchaient avec foi.
1.
Nous précisons l'Ancien, pour ne pas le confondre avec Saint Syméon
Stylite du Mont-Admirable (+ 596) fêté le 24 Mai et avec Saint Syméon
Stylite le Jeune (date inconnue) mentionné le 27 avril.
2. Cf. la rencontre de Saint Syméon et de Sainte Geneviève de Paris rapportée dans la vie de celle-ci (3 Janvier).
2. Cf. la rencontre de Saint Syméon et de Sainte Geneviève de Paris rapportée dans la vie de celle-ci (3 Janvier).
Fête le 1er septembre.
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