Sainte Ninnoc († 467)
Ninnoc (ou Ninnog en breton), également connue sous les variantes de Nenooc, Nennoca, Nennocha, Ninnoc, Ninnocha, Gwengustle est une sainte bretonne décédée le 4 juin 467 sous le règne de Riothamus, roi de Bretagne armorique et insulaire et d'Anthémius, empereur romain d'Occident.
C'est peut-être elle qui est aussi vénérée en Bretagne sous l'appellation de sainte Candide.
D'après la Vitam Sancta Ninnocæ du cartulaire de Quimperlé « in quodam libello rustico stilo digestam reperientes, maluimus potius incomposite materiei rectam simplicitatam in scribendo servare quam plus justo minus eam emendando : eriem narrationis depravare. »
Cette Vita permit à l'Abbaye Sainte-Croix de Quimperlé de justifier la revendication de ses droits sur la paroisse de Ploemeur, où était situé le prieuré de Lannénec.
Hagiographie
Elle
est censée être la fille du roi Brychan de Brycheiniog et de Meneduc,
écossaise, fille de Cystennin Gorneu (Constantin de Cornouaille),
lui-même descendant de Jules César.
La
tradition veut que son père ait eu 40 fils mais la coutume galloise
comptabilisait aussi les petit-fils dans la descendance directe du
patriarche.
Tous ses fils se dispersèrent en exil pour répondre à l'appel du Christ.
En dernier recours, il fit vœu de donner la dîme pour la naissance d'un nouvel enfant.
Le
vœu ne trouvant pas de réponse, il gravi une montagne, y bâtit un autel
et passa là 40 jours et 40 nuits avant de retrouver sa femme et de
procréer leur fille qu'ils nommèrentGwen Gwystl, soit Gage Sacré en gallois pour marquer leur reconnaissance envers la grâce d'un enfant reçue de Dieu.
Elle fut baptisée par un prêtre irlandais du nom de Colum.
Élevée par son oncle Gurgentelu/Gurlehentelius Ilfin et sa tante Gwennargant.
Ceux-ci la portèrent sur les fonts baptismaux. Ils assurèrent son éducation jusqu'à l'âge du mariage.
Son père la destinant alors au fils d'un roi Scot.
À
cette époque arrive de l'ouest de l'Armorique, Saint Germanus, futur
évêque de l'île de Man, disciple de Saint Patrick, envoyé par lui. Sur
ses exhortations, Gwengustle décide de prendre le voile et face à sa
détermination, le roi son père consent à la laisser partir
en Létavie / Armorique.
Elle
prit bord sur un des 7 navires - faisant route vers les terres de Saint
Gunthiern son beau-frère - avec ses oncle et tante, ainsi que Morhedrus
et Gurgallonus, deux évêques et deux anonymes avec " Magna turba tam presbyterorum quam diaconorum necnon et sanctimonialum virginum atque utriusque sexus hominum. ". d'après : S. Baring-Gould, John Fisher - The Lives of British Saints.
Le bateau arriva sur les côtes du futur Bro Erech en un lieu qui fut nommé Poul Ilfin (possiblement le Pouldu).
Elle
envoya une députation au roi Erich fils d'Aldrien ap Selyfa, 1er comte
de Cornouaille, qui lui accorda l'asile et lui offrit les terres
de Ploemeur(56) sur lesquelles elle établi une paroisse (plebs)
et deux monastères en 456 et 458 : un pour femmes et l'autre pour
hommes. Elle reçoit également l'église Sainte-Julitte de Rhuys en 458.
L'acte de donation de Erech à Ninnoc passe pour être le premier de
Gaule à contenir la formule "par la grâce de Dieu" qui ne sera utilisée
par un roi de France, Chilpéric Ier, qu'au vie siècle.
Albert Le Grand détaille ainsi les évènements : "Il(Erich)
la salua, et toute sa vénérable compagnie, et ayant congédié ses
domestiques, demeura huit jours entiers en ce lieu, conférant souvent
avec la sainte, à laquelle il donna plusieurs belles terres et revenus
pour l'accommodation de son monastère, laquelle donation il fit ratifier
par le Métropolitain et autres Evêques de Bretagne, et par ses frères
Michel, comte de Rennes, et Budic, comte de Cornouailles et autres
seigneurs en une assemblée tenue à cet effet, de laquelle donation il
fit faire des lettres et chartres authentiques, lesquelles il mit sur
l'autel avec un calice et patène d'or plein de vin. Voici l'acte de
donation, qui est daté de l'an 458 :
Au
nom de la Sainte et indivise Trinité, et de la très heureuse Vierge
Marie, et par la vertu de la Sainte Croix, je Guerek par la grâce de
Dieu, duc de la petite Bretagne, en présence des évêques, comtes et
principaux seigneurs de Bretagne, donne et octroie de mon propre
héritage à la Sainte Vierge et Servante de Dieu Nennok et à ses
successeurs, afin qu'elle ait mémoire de prier pour les âmes, et de ceux
de ma race qui doivent succéder et pour l'Etat de mon Royaume, le lieu
qui de son nom s'appelle Landt-Nennok, et toutes la paroisse qui
s'appelle Plouemeur, avec toutes ses terres cultivées ou non cultivées :
J'y ajoute aussi un autre don de toute la terre en laquelle
est l'église de Sainte Julite et la même église qui est en Renguys ; Et,
pour l'entretien de ce lieu, tous les ans, 300 boisseaux, tant de
seigle que de froment et de vin, de la terre qui s'appelle Dalk-Guerran,
que je ferai rendre ici ; et ajoute encore à ce don 300 animaux, soit
Chevaux, Cavalles, Bœufs, Vaches ou autres. En foi duquel don, et pour
iceluy corroborer, j'ai offert à l'Autel un Calice d'Or plein de vin
pur, avec sa Patène. Quiconque violera ce don, ou en diminuera la
quantité, qu'il soit frappé d'éternel Anathème et qu'il soit
éternellement damné avec les misérables."
File : Saint-Maurice, Abbaye, Trésor bis.jpg
Dans ce texte on peu expliciter les noms de lieux comme suit : Dalk-Guerran s'écrit aujourd'hui Dalc'h-Guerran ou Kerran. Ici Dalc'h en breton signifie tenure. Le Renguys en breton devient Ar C'henkiz, soit le Plessis en français. On trouve à Kervignac le village du Ganquis dont le toponyme est identique.
Au
monastère les femmes portaient la tunique de bure brune (pullam
tunicam), le manteau de laine sombre (furvum pallium) et le voile blanc.
Trois
ans plus tard, un cerf que chasse le roi Waroch trouve asile aux pieds
de Gwengustle dans son église. A la vue du cerf épuisé et de l'assemblée
cléricale chantant le Psaume, Waroch épargne le cerf et fait donation
de terres à Gwengustle.
Étymologie et onomastique
Ninnoc (ou ninnat avec une terminaison féminine en gaélique) signifiant " petite nonne ".
Son vrai nom est bien Gwengustle.
Par
altération il devint Gwengu, puis Vengu. On retrouve ce nom dans la
paroisse de Tourch près de Scaër au village de Locundu, anciennement
Locunguff, dans la chapelle de Sainte Candide dont la dédicace était
à Sainte Guenguff en 1619.
A
Ploemeur, le village et l'étang de Lannénec porte dans son nom
'l'ermitage de Nenec' le souvenir du passage de la sainte femme.
Lieux de culte
On
trouve sa fontaine à Scaër, où elle alimente la ville et un lavoir. Sa
statue, une abbesse, au livre dans la main gauche et la crosse (brisée)
dans la main droite, se trouve dans l'église de Scaër.
A Ploemeur (Morbihan, dans la chapelle Sainte-Anne, se trouve une statue de l'abbesse avec un cerf aux pieds.
Elle provient de la chapelle du prieuré de Sainte Ninnoc. Les femmes l'invoquent quand une grossesse se fait trop attendre.
Il existe également une statue du XVe siècle dans la chapelle de Saint Simon-Saint Jude.
Sa fête a lieu le 4 juin.
Le Pardon de Ploemeur a lieu le second dimanche de mai.
Celui de Scaër le premier dimanche d'août.
Sainte Ninne est fêtée le 3 juin en Irlande.
Sous le nom de sainte Candide, elle est vénérée en Bretagne par exemple:
- à Scaër, l'église paroissiale est dédiée à saint Alain et sainte Candide
- à Tourch, la chapelle Sainte-Candide date du XVIe siècle ; elle est située à Locunduff
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