Congrégation de Notre Sauveur
La congrégation de Notre-Sauveur est une congrégation instituée par saint Pierre Fourier en 1623 et disparue sous la Révolution. Elle concerna principalement des abbayes de Lorraine, mais s'étendit également le long de la dorsale catholique, notamment en Vallée d'Aoste. Les activités de ses membres étaient essentiellement tournées vers la prière, la pastorale et l'enseignement.
Première période : 1623-1642
Sous
l'impulsion de Pierre Fourier et de l'évêque de Toul Jean des Porcelets
de Maillane, les chanoines réguliers de Lorraine sont réformés par
l'institution d'une congrégation inspirée des principes du concile de
Trente et de l'exemple des jésuites.
La
congrégation de Notre-Sauveur s'implante dans la plupart des abbayes de
chanoines réguliers de Lorraine au cours des années 1620. Un prieuré
est également érigé à Viviers (Moselle), ainsi qu'un séminaire de la
congrégation à Pont-à-Mousson, auprès de l'université. Mais sortir de
Lorraine est difficile : malgré la reconnaissance par la papauté en
1628, la congrégation subit l'hostilité de la France qui soutient la
congrégation de Sainte-Geneviève.
La
guerre de Trente Ans ravage ensuite la province, causant la mort ou
l'exil de près d'un chanoine régulier sur deux. L'abbaye de Belchamp est
frappée par la peste tandis que celle de Domèvre-sur-Vezouze est
détruite par les troupes. Quelques membres de la congrégation trouvent
refuge en Valais, dans la célèbre abbaye Saint-Maurice d'Agaune.
Seconde période : 1643-1752
La
congrégation dirigée par le supérieur général Jean Terrel multiplie les
expériences éducatives en multipliant les collèges, notamment à
Saint-Mihiel et à Aoste durant l'année 1643. Elle développe également sa
présence dans les paroisses de Lorraine. Les successeurs de Terrel
engagent ensuite la congrégation vers des objectifs séculiers avec la
fondation d'un petit séminaire à Dommartin-lès-Ville-sur-Illon et la
paroisse Saint-Louis de Strasbourg. La fin de la période est marquée par
une mise en sommeil de ces établissements tandis que la commende fait
son retour dans les abbayes à mesure que la Lorraine se rapproche de la
France, sous le règne de transition de Stanislas Leszczynski. Le repli
s'opère également sur le plan international, avec l'abandon de la
prévôté de Saint-Gilles de Verrès en 1719 puis le départ du collège
d'Aoste en 1748.
Troisième période : 1753-1791
Les
affrontements grandissent dans la congrégation entre les tenants de la
régularité monastique, et les partisans d'une sécularisation plus
prononcée. Les réformateurs l'emportent en élisant Joseph de Saintignon à
la tête de la congrégation en 1772. Les principaux collèges jésuites de
Lorraine sont alors confiés par la monarchie française à la
congrégation. La congrégation, dans une pétition initiée par l'abbaye
Notre-Dame d'Autrey, demande sa sécularisation au cours de la
Révolution. Beaucoup de ses membres continuent à enseigner ou deviennent
curés de l'Église constitutionnelle après la dissolution de la
congrégation en 1791.
Tentative de refondation au XIXe siècle
Au
milieu du XIXe siècle, le R.P. Jean-Baptiste Vautrot, professeur du
Grand Séminaire de Verdun, nommé directeur d'une maison de prêtres
auxiliaires établis au sanctuaire de Benoite-Vaux (diocèse de Verdun)
reconstitue la Congrégation des Chanoines réguliers de Lorraine sous le
nom de « Clercs réguliers de Notre-Sauveur ». Avec le soutien de Mgr
Rossat, évêque de Verdun, le projet reçut un commencement d'exécution le
1er septembre 1851. Le 28 juillet 1854, Pie IX loue publiquement le
dessein tout en remettant l'approbation formelle à une date ultérieure.
Les premiers postulants firent leur noviciat sous la direction de M. le
Chanoine de Rivaz, de l'abbaye Saint-Maurice d'Agaune. Le 27 décembre
1855, Mgr Rossat reçoit les premières professions. Le noviciat est
installé dans la maison Sainte-Claire près de l'église Saint-Victor de
Verdun. Le but de cette congrégation était d'unir à la vie conventuelle
le ministère pastoral sous toutes ses formes, notamment la direction de
paroisses.
En
1861, Mgr Caverot, évêque de Saint-Dié, donne une lettre d'institution à
ces religieux pour la cure de Chaumousey où Pierre Fourier fut
administrateur avant d'exercer à Mattaincourt (1595-1597). Ils
administrent ainsi la paroisse de Chaumousey jusqu'en 1879. Un projet
d'union entre la congrégation et le cure de Mattaincourt fut également
évoqué mais sans concrétisation à la suite du départ de Mgr Caverot pour Lyon.
On
trouve au nombre de ces religieux le R.P. Jules Rogie, auteur d'une
Histoire du B. Pierre Fourier, le R.P. Adnot qui a traduit et annoté
pour le Comité d'histoire vosgienne le Cartulaire de l'Abbaye de
Chaumousey, le R.P. Joseph Corda (1840-1913) à l'origine de la
reconstruction de l'église de Chaumousey dans les Vosges, le R.P. Henri
Fournel, le R.P. Quivaux.
La congrégation disparaît peu après la Première Guerre mondiale (1919) avec le décès du R.P. Bouchon, dernier des religieux.
Expansion (liste par ordre alphabétique de lieux)
- Collège Saint-Bénin d'Aoste (1643-1748)
- Abbaye Notre-Dame d'Autrey (1656-1791)
- Abbaye de Belchamp (1626-1791)
- Abbaye de Chaumousey (1653-1791)
- Abbaye de Domèvre-sur-Vezouze (1625-1795)
- Petit séminaire de Dommartin-lès-Ville-sur-Illon (1685-1791)
- Collège d'Epinal (1776-1791)
- Prieuré d'Hérival (1747-1791)
- Mission du Tholy (1664-1791)
- Abbaye Saint-Rémy de Lunéville (1622-1791)
- Collège Saint-Louis de Metz (1737-1791)
- Collège de Mirecourt (1657-1663)
- Hospice de Nancy (1715-1776)
- Collège de Nancy (1776-1791)
- Séminaire de Pont-à-Mousson (1627-1776)
- École royale militaire de Pont-à-Mousson (1776-1793)
- Abbaye Saint-Maurice d'Agaune (1672-1675)
- Collège de Saint-Mihiel (1643-1791)
- Abbaye de Saint-Pierremont (1625-1791)
- Collège de Sarre-Union (1780-1791)
- Collège de Sion (1661-1662)
- Maison Saint-Louis de Strasbourg (1687-1791)
- Abbaye Saint-Léon de Toul (1627-1791)
- Abbaye Saint-Nicolas-des-Prés de Verdun (1625-1791)
- Prévôté Saint-Gilles de Verrès (1647-1719)
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