Rosalie Püt
Rosalie Püt naquit en Belgique, près Hasselt, au village flamand de Lümmen.
Elle
vit le jour en la fête de Notre-Dame du Mont Carmel, le 16 juillet 1868
et fut la troisième des neuf enfants de pieux et très pauvres paysans.
Dès sa septième année, sa mère la confia à une famille de Viversel qui avait promis de s'occuper de la fillette à condition que celle-ci se rendît utile dans quelques travaux domestiques.
En réalité, la petite Rosalie fut accablée de toutes sortes de tâches parfois très lourdes. Elle était chargée du soin des enfants, devait mener un troupeau de vaches au pâturage après avoir fait le ménage le matin, etc. ...
Comme
l'école n'était nullement obligatoire à cette époque, Rosalie n'y fut
envoyée qu'occasionellement, en hiver, lorsque le ralentissement des
activités permettait à ses gens de se débarrasser d'elle sans que la
bonne marche, l'ordre et les finances de la maison en pâtissent.
Tout de suite, la jeune maîtresse de maison a pris la fillette en grippe : les coups pleuvaient, sous le plus futile prétexte, notamment quand les enfants s'éveillaient la nuit en pleurant.
Rosalie
prit l'habitude de dormir à même le sol, une pierre sous la tête : elle
s'assurait ainsi un sommeil assez léger pour être interrompu par les
premiers cris des moutards, ce qui lui permettait d'être au pied de leur
lit et de les consoler avant que leur complainte parvînt aux oreilles
des parents.
Ainsi
formée par la nécessité du moment à une rude ascèse involontaire,
Rosalie fut préparée à entrer dès l'heure de Dieu dans les voies où Il
la conviait.
Âme précocement silencieuse, Rosalie ne parla de rien de tout cela ; elle ne dit pas non plus que sa maîtresse se querellait fréquemment avec chacun de ses proches et dressait son époux contre tel ou tel, notamment contre sa propre mère qu'il lui arrivait de battre devant la fillette horrifiée.
Ces
querelles domestique attristaient l'enfant et son père constata qu'elle
s'anémiait et se renfermait. Il la plaça dans une autre famille, à
Eversel. Ce ne fut guère mieux, le travail était aussi pénible et une
vieille femme acariâtre et gâteuse lui rendit la vie fort dure.
Courageuse et pieuse, Rosalie ne paraissait à personne une enfant singulière : piété solide, bon sens pratique et discrétion vont souvent de pair !
Courageuse et pieuse, Rosalie ne paraissait à personne une enfant singulière : piété solide, bon sens pratique et discrétion vont souvent de pair !
Elle
fut admise à la première communion à l'âge de 9 ans et demi, comme
toutes ses compagnes. Rien de particulier ne marqua ce jour, en
apparence, du moins.
En
fait, Rosalie fut projetée, presque avec violence, dans le monde
surnaturel. Le Christ lui apparut et lui montra une croix aux branches
rudes ornées d'une couronne de roses.
Comme
l'enfant admirative tendait les mains vers ces fleurs, elle se fit
violence et pria les mains jointes pour ne pas céder à l'attrait de la
guirlande parfumée : alors les corolles fraîches et veloutées firent
place au lacis ensanglanté d'une couronne d'épines, Rosalie s'en empara
et la mit sur sa tête résolument.
Elle
reçut au même instant l'impression des stigmates ! Tout épouvantée,
l'enfant supplia le Seigneur : il fallait que nul ne vît ces plaies. Et
Jésus promit que rien ne serait perceptible aux autres.
A partir de ce jour, Rosalie éprouva tous les vendredis des souffrances d'autant plus terribles, que personne ne les soupçonnait et qu'on profitait de ce jour précisément pour l'écraser de travail !
En même temps, les phénomènes mystiques, bien malgré la volonté de la fillette, se multipliaient et infléchissaient insensiblement le cours qu'elle avait souhaité donner à sa vie.
Une
très vive faim de l'Eucharistie la tenaillait sans répit, et elle
pleurait de ne pouvoir se rendre à l'église autant qu'elle l'eût
souhaité.
Finalement,
elle reçut la consolation de communions mystiques qu'un archange de la
suite de la Vierge Marie venait lui apporter toutes les nuits, plus ou
moins tard.
Le
messager céleste était précédé par le tintement d'une frêle clochette
argentine, et souvent accompagné de deux ou trois âmes du Purgatoire
pour lesquelles il demandait des prières.
M.
Duchâteau, qui desservait la paroisse de Lümmen, et qui était le
confesseur de Rosalie, fut une fois le témoin bouleversé d'un de ces
passages surnaturels.
La fillette d'à peine 10 ans désirait aussi, de tout son cœur et sans bien en comprendre toute la signification, faire vœu de chasteté.
Elle put s'ouvrir de ce souhait à son confesseur, qui donna l'autorisation pour un an : "J'aimerais être pure comme la Sainte Vierge, disait Rosalie, et, ainsi, Dieu recevrait plus volontiers ma prière en faveur des pauvres âmes du Purgatoire."
Au bout d'un an, Rosalie songeait à reconduire son vœu.
Étant
fort occupée par son travail et pressée par sa maîtresse de faire plus
vite ce qui lui était demandé, elle vit soudain devant elle la croix
apparaître, avec une guirlande de roses tout ouvertes et d'une blancheur
éclatante qui ornaient le bras droit ; sur le bras gauche, une couronne
de piquants acérés et ensanglantés ; au milieu, toutes fraîches et
fragiles, des roses rouges en boutons, à peine sur le point d'éclore.
Très
laborieuse, et n'attachant pas d'importance inconsidérée à toutes ces
manifestations, la fillette poursuivit discrètement sa tâche et détourna
les yeux. Mais c'était en vain, la vision s'imposait...
Rosalie relata le fait à son confesseur, qui l'expliqua ainsi : "Le Seigneur veut te donner à porter une lourde croix et sa couronne d'épines : tu auras beaucoup à souffrir, mais l'acceptation, l'accueil des peines et des souffrances permettra aux boutons de roses de s'épanouir pour former la couronne qui sera ta récompense au ciel. Quant au collier de roses blanches, c'est le don de ta pureté et de ta chasteté. Tu pourras renouveler ton vœu après la communion d'aujourd'hui."
Pendant la communion de ce jour, Rosalie vit dans chaque hostie une croix, symbole de celles à chaque âme proposées par le Seigneur.
Voyant
près d'elle une très vieille femme qui communiait, et, en même temps,
la croix qui lui était présentée à son insu, Rosalie fut émue de
compassion, et elle se tourna vers Dieu pour qu'il daignât la charger de
ce fardeau à la place de la pauvre femme.
Elle
inaugura ainsi un des aspects les plus touchants, les plus cruels aussi,
de sa mission : la substitution de souffrances pour en soulager ses
frères et faire ainsi acte de réparation.
Âme éminemment eucharistique et mariale, âme favorisée de grâces mystiques insignes, Rosalie a été surtout une âme réparatrice.
Son
grand désir, longtemps mûri dans le silence et la prière, était de se
consacrer à Dieu comme religieuse, et comme missionnaire même, si cela
était possible.
Dieu a d'autres vues sur les âmes qu'Il se choisit, que celles, même les plus louables, qu'Il semble leur suggérer.
Au
terme d'une adolescence fervente que nul ne soupçonnait si profondément
empreinte par Dieu, Rosalie se prépara à entrer dans un couvent
d'Anvers.
Tout était réglé, tout allait se faire et tout s'écroula d'un coup...
Une
mystérieuse et atroce maladie s'abattit sur la jeune fille et la
terrassa en quelques jours, elle qui n'avait été, dans toute sa vie, que
rarement fatiguée. Bientôt réduite à la dernière extrémité, semblant
arriver au terme de sa vie, elle fut administrée, le jour même où son
entrée en communauté avait été fixée. La seconde partie de son existence
s'ouvrait...
Rosalie Püt ne mourut point.
Rosalie Püt ne mourut point.
La
maladie prit possession de son corps : paralysie, crampes douloureuses
furent les séquelles d'une foudroyante infection généralisée.
Pendant 3 ans le corps lutta, balloté entre la vie et la mort, le mal se stabilisa enfin.
Rivée
à son lit, la malade n'en devait plus sortir que tous les vendredis,
mystérieusement, pour être associée à la Passion et au crucifiement du
Christ.
Tous les vendredis, les plaies des stigmates s'ouvrirent, larges et profondes, répandant flots de sang et effluves odorants.
L'extase
douloureuse se produisit, régulièrement, de 9 à 13 heures. La paralysée
était comme projetée hors de son lit et tombait face contre terre sur
le dur carrelage de la petite chambre, puis mimait les trois actes de la
Rédemption : les chutes, la mise en croix à midi précis, la mort
enfin...
Toutes les extases, sans exception, s'achevaient par une prière d'oblation en faveur des âmes du Purgatoire.
Plusieurs phénomènes accompagnaient ce noyau mystique de la participation à la croix : don des langues (elle priait en araméen, en latin, en allemand, en français, en grec, toutes langues qui, bien évidemment, lui étaient inconnues) ; missions extraordinaires en bilocation (plusieurs exemples en furent attestés) ; discernement des reliques et des objets bénits ou consacrés etc....
Rosalie
Püt présente des analogies remarquables avec la stigmatisée de Dülmen,
Anne-Catherine Emmerick, et ce non seulement sur le plan des charismes ;
comme la visionnaire allemande, Rosalie Püt fut favorisée, dans ses
extases, de révélations fort intéressantes sur la vie du Seigneur et
celle de la Vierge ; nous n'en possédons malheureusement que de minces
données, car Rosalie n'écrivait pas et elle n'eut à son chevet nul
Brentano qui se souciât de prendre en note ses paroles.
Quelques
comptes-rendus, notamment sur la mort de la Vierge Marie à Ephèse et
son Assomption, soulignent la concordance dans les moindres détails
entre les révélations d'Anne Catherine Emmerick et celles de Rosalie
Püt.
Fort
significatif aussi est le fait que la stigmatisée de Dülmen
apparaissait fréquemment à Rosalie, lui apportant consolation et
encouragements.
A Lümmen, la stigmatisation de Rosalie fut à peine connue.
Sa
famille, par discrétion, jeta un voile de silence autour d'elle, si
bien que toute la communauté villageoise se borna à constater le retrait
de celle qui n'avait toujours été qu'une pauvre servante à gages.
Il
y eut assez de commères en mal de parlotte pour insinuer que la jeune
fille était devenue une sorte de sorcière, que la famille n'acceptait
presque pas de visiteurs, que "quelque chose n'allait pas chez les Püt."
Il
y eut également des calomnies grossières, comme les curieux
insatisfaits sont capables d'en inventer. La famille elle-même ne semble
pas avoir saisi la portée des faits, et la mère Püt, souvent énervée et
agressive envers les rares visiteurs, a donné, bien involontairement,
prise à tous les ragots de la campagne.
La plupart des visiteurs étaient des prêtres mis dans la confidence par le confesseur de Rosalie : franciscains d'Hasselt, religieux allemands et belges.
Quelques laïcs purent assister parfois aux extases du vendredi.
On
vit, dans l'humble et triste maisonnette des évêques et des personnages
politiques venus clandestinement pour chercher au chevet de la
stigmatisée lumières ou conseils.
Le
pape Pie X recevait une information régulière sur Rosalie et lui
adressa sa bénédiction pontificale à l'occasion du 25° anniversaire de
sa stigmatisation.
Elle fut également visitée par Mgr Van Rossum et par l'écrivain J. Joergensen.
A l'évêché de Liège, on s'émut quelque peu en apprenant les faits de Lümmen : prudence et silence furent recommandés au clergé, il n'y eut pas de démarche officielle.
Aucune enquête n'a été ouverte sur Rosalie Püt.
L'évêché
défendit aux prêtres de Lümmen et des environs de porter chaque jour la
communion à la stigmatisée, ce qui lui fut une douloureuse épreuve
qu'elle accepta sans aucun soupir, sans un murmure.
Dans
les années précédant la première guerre mondiale, une violente campagne
de presse fut menée dans divers journaux religieux contre Rosalie et
son entourage : calomnies insensées et tentatives d'explication
naturelle de tout le phénomène de stigmatisation.
Ces
articles, tous rédigés par des personnes qui n'avaient jamais approché
la stigmatisée, n'eurent pour effet que de faire connaître ce qui était
resté jusque là caché au plus grand nombre. Cela ne dura pas longtemps.
La guerre éclata, le silence retomba, encore plus dense qu'auparavant, sur Rosalie Püt.
Elle
ne parlait presque plus, sa vie entière était offerte en Holocauste ;
les souffrances s'accrurent avec la guerre, généreusement demandées par
la stigmatisée "si cela peut contribuer à vous faire aimer plus, ô mon Jésus, et à faire cesser cette horrible boucherie !"
Le conflit cessa enfin. Rosalie était devenue énorme, le corps enflé par l'hydropisie était plié en deux, les membres noués.
Ayant
fait le sacrifice de sa vie, la stigmatisée de Lümmen mourut dans la
nuit du 17 au 18 février 1919, après une agonie très brève et
parfaitement lucide. Son visage fut, pendant quelques jours, d'une
étonnante beauté.
Source : Encyclopédie des phénomènes extraordinaires dans la vie mystique, tome 3 : Les Anges et leurs Saints - Le jardin des livres - BP 40704 - 75827 Paris Cedex 17 - Tél.: 01.44.09.08.78 - http://www.lejardindeslivres.com.
Immobilisée par la maladie, la stigmatisée belge Rosalie Put
(1868-1919) ne put, en l'espace de trente années, se rendre à l'église
paroissiale qu'une seule fois, mais elle recevait chaque nuit
l'eucharistie des mains d'un ange.
Cette communion mystique s'accompagnait de tout un cérémonial :
Chaque nuit, Rosalie recevait la communion des mains d'un ange du chœur de la Mère de Dieu. Une fois, l'archange apparaissait vêtu comme un prêtre, l'autre fois comme un pèlerin. Il était accompagné de trois ou quatre âmes, que Rosalie venait de racheter la veille du purgatoire. Une clochette argentine annonçait leur arrivée.
Ces communions nocturnes auraient eu au moins un témoin :
A cette époque, Duchâteau était vicaire à Lummen. Pendant dix ans il fut le confesseur de Rosalie. Par obéissance elle dut lui avouer les visites nocturnes de l'archange. Le vicaire Duchâteau lui dit : « Je viendrai moi-même la nuit, pour m'en convaincre », mais Rosalie répondit : « De cela, je ne puis en décider moi-même, puisque ma mère est la maîtresse ici. » Le vicaire étant le confesseur de toute la famille, il parvint à convaincre la mère. Un fauteuil fut installé à côté du lit. Rosalie me raconta plus tard : « En entendant la sonnette tinter, il se leva. A la vue de l'archange accompagné de trois âmes, il fut saisi d'effroi. Plus tard il me confia : « De ma vie, je ne veux plus rien voir de pareil ; si le Seigneur ne m'avait pas aidé, je serais mort de peur et d'épouvante » La famille ignorait tout des visites de l'archange et des autres phénomènes.
Ce
n'est cependant qu'un récit de seconde main, et le témoignage de l'abbé
Duchâteau l'est également, rapporté par la stigmatisée et non par
lui-même.
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