Trinitaires
L'ordre des Trinitaires (ou ordre de la Très Sainte Trinité pour la Rédemption des captifs appelés aussi Mathurins) est un ordre religieux catholique fondé en 1194 à Cerfroid par les Français saint Jean de Matha et saint Félix de Valois, à l'origine pour racheter les chrétiens prisonniers des Maures. (Leur nom de Mathurins leur vient du couvent de Saint-Mathurin, à Paris, qu'ils construisirent avec l'aide de Philippe Auguste).
Aujourd'hui ils aident les prisonniers et les captifs de toutes sortes.
Le symbole des Trinitaires est une mosaïque datant de 1210 qui représente Jésus libérant deux captifs, un noir et un blanc.
Il s'agit de la vision qu'a eue le fondateur de l'ordre lors de sa première messe le 28 janvier 1193.
Offerte
par Innocent III à saint Jean de Matha, la mosaïque se trouve encore
aujourd'hui à Rome sur le fronton de l'église de l'hospice de
Saint-Thomas-in-Formis.
Il est un des deux ordres dits rédempteurs de l'Eglise, l'autre fondé quelques années plus tard est l'ordre des Mercédaires .
Histoire
L’ordre est fondé à Cerfroid près de Brumetz dans l'Aisne, et confirmé par le pape Innocent III le 17 décembre 1198 par la bulle Operante divine dispositionis.
Les Frères de la maison de la Trinité devront vivre dans l'obéissance, la charité, la prière, et le jeûne, sans rien posséder personnellement.
Une partie de leurs revenus sera affectée statutairement au rachat des captifs emprisonnés par les païens.
Ils ont tenus à la célébration en commun de l'office. Le pape attribue à
l'ordre nouveau le monastère Saint-Thomas-in-Formis, première fondation
trinitaire à Rome.
Jean de Matha et ses compagnons ramenèrent d'un premier voyage en Afrique cent quatre-vingt-six prisonniers libérés.
La tradition trinitaire voit en Félix de Valois le co-fondateur de l'ordre, compagnon de Jean de Matha dans la solitude de Cerfroid. C'est à Cerfroid que s'implante la première communauté trinitaire.
C'est pourquoi on considère cette maison comme maison-mère de tout l'ordre.
Les membres de cet ordre sont également appelés Trinitaires, ou Mathurins, du nom de leur église à Paris, Saint-Mathurin, ou encore Frères aux ânes car leur règle leur interdisait de monter à cheval
C'est la plus ancienne institution officielle de l'Église catholique consacrée au service de la rédemption sans armes à la main.
Jean
de Matha fonde un projet de vie religieuse dans l'Église, nouveau et
original, dont la texture est profondément évangélique.
Il
rattache la Trinité et la rédemption des captifs : l'ordre est l'ordre
de la Sainte Trinité et de la Rédemption des captifs, et les frères de
Jean de Matha sont les frères de la Sainte Trinité et de la Rédemption
des captifs.
En
1200, Jean de Matha fonde un hôpital à Marseille pour accueillir des
captifs libérés par les musulmans. Il meurt à Rome en 1213 Il sera
canonisé par le pape Innocent XI en 1679.
Vers
1240, l'ordre des Trinitaires compte déjà plus de six cents maisons. Le
développement assez considérable de l'ordre au Moyen Âge explique
aisément que des activités pastorales ou missionnaires plus larges aient
occupé beaucoup de religieux, tandis que l'ordre s'annexait également
des monastères de contemplatives.
La règle rédigée par Jean de Matha est le principe et le fondement de l'ordre Trinitaire.
Adaptée au cours de 800 ans par la tradition, principalement par l'esprit et l'œuvre, en 1599, du réformateur espagnol Jean Baptiste de la Conception suivant le modèle offert par la réforme des carmélites, elle se prolonge dans les Constitutions Trinitaires approuvées par le Saint-Siège.
Règles
Bien
que les Trinitaires aient une règle particulière, plusieurs historiens
les mettent au nombre de ceux qui suivent la règle de Saint Augustin et
qui sont des Chanoines réguliers.
Dans plusieurs manuscrits très anciens, la règle de saint Augustin se trouve jointe à celle de l'ordre des Trinitaires.
« Frères aux ânes»
« Ils ne pouvaient se servir d'autres montures dans les voyages que d'ânes, c'est pourquoi on les appellait autrefois les Frères aux ânes,
&:l'on trouve dans un Registre de la Chambre des Comptes à Paris de
l'an 1330 que les Religieux du Couvent de Fontainebleau, y sont appelés
les frères des ânes de Fontainebleau, Mais par la seconde
Règle il leur fut permis de se fervir de Chevaux, d'acheter de la viande
, du poisson &: les autres choses nécessaires à la vie. »
Histoire des Trinitaires par E. d'Ault et J.-P. Migne
« Saint
Jean de Matha obtint, avec Félix de Valois, du pape Innocent III, en
1198, la permission d'instituer un ordre religieux, dont le but était la
rédemption des captifs tombés entre les mains des infidèles.
Cet
ordre a pris le nom de la sainte Trinité, parce que Dieu lui-même en
avait provoqué la fondation par des visions miraculeuses.
Après
avoir établi son ordre en France, Jean de Matha se rendit en Espagne,
où il exhorta les rois, les princes, les seigneurs et les peuples, à la
compassion envers les malheureux chrétiens captifs.
Il fut favorablement accueilli en Castille, par Alphonse IX, en Aragon, par Pierre II, et en Navarre, par Sanche V.
Sa parole produisit les fruits qu'il en attendait chez une nation qui avait été en guerre avec les Mahométans.
Des
monastères et des hôpitaux du nouvel ordre furent fondés. D'Espagne,
Jean de Matha passa à Tunis, d'où il conduisit à Rome cent vingt captifs
qu'il avait rachetés.
Pendant
ce temps, Félix de Valois établissait, à Paris, un couvent qui fit
donner aux religieux Trinitaires de la rédemption le nom de Mathurins,
parce qu'il y avait une chapelle dédiée à saint Mathurin là où il fut
bâti.
Saint Jean de Matha mourut à Rome, en 1213 ou 1214. Son corps a été ensuite transporté en Espagne.
L'ordre qu'il léguait à l'Église fut définitivement approuvé par le pape Clément IV, en 1267.
Au temps du pape Innocent XI, dans la seconde moitié du XVIe siècle, les Trinitaires espagnols furent autorisés à élire un général, et usèrent de cette permission eii 1C88.
Mais,
après l'avènement de Philippe V au trône d'Espagne, le général de
l'ordre entier, qui résidait en France, obtint du pape Clément XI sa
rentrée dans ses droits, et il n'y eut plus, depuis 1705, qu'un général
universellement reconnu par tous les religieux de l'ordre.
Le
relâchement s'était introduit parmi les Trinitaires en Espagne, les
religieux de Castille, d'Aragon et d'Andalousie, résolurent, dans un
chapitre tenu en 1594, d'établir dans chacune de ces provinces deux ou
trois maisons où on observerait la règle primitive, et où on vivrait
avec plus d'austérité.
Cette
réforme fut opérée dans un couvent bâti à Valdepeñas, en 1596, par la
munificence d'un commandeur de Saint-Jacques, et Saint Jean-Baptiste de la Conception en fut l'instituteur.
Les
religieux qui y entrèrent prirent des habits plus grossiers que ceux
qu'ils portaient précédemment, et ils n'eurent plus aux pieds que des
sandales.
Le
père Jean-Baptiste obtint du pape Clément VIII, en 1599, que les
Trinitaires déchaussés fussent séparés de l'ancien ordre ; mais ce ne
fut pas sans une vive opposition de la part des religieux chaussés que
le bref du saint-siège put être mis à exécution.
Le père Jean-Baptiste mourut à Cordoue, en 1613, après avoir fondé dix-huit couvents de la réforme des Trinitaires déchaussés.
Ces
religieux furent exemptés en 1636, par le pape Urbain VIII, de la
juridiction du général de l'ordre entier des Trinitaires, et il leur fut
permis d'élire un général de leur congrégation.
Elle
se multiplia beaucoup en Espagne, et on la divisa en trois provinces,
auxquelles on donna les noms de la Conception , du Saint-Esprit, et de
la Transfiguration.
Les Trinitaires déchaussés d'Espagne se répandirent successivement en Pologne, en Allemagne, en Hongrie et en Italie.
C'est par millions que l'on compte le nombre des captifs qu'ils ont rachetés de l'esclavage chez les infidèles.
Quelques
femmes pieusement charitables, quoiqu'elles ne pussent pas aller
elles-mêmes racheter les captifs, voulurent s'associer par leurs prières
à l'œuvre des Trinitaires, et elles embrassèrent la vie religieuse,
suivant la règle de l'ordre, en 1236, sous la conduite de l'infante
Constance, fille de Pierre II, roi d'Aragon, qui fut la première
religieuse trinitaire. Il y eut aussi des religieuses trinitaires
déchaussées en Espagne.»
Différentes branches au XVIIIe siècle
- Trinitaires, ou ordre de la Trinité et Rédemption des captifs, fondé en 1193
- Trinitaires de l'Ancienne Observance, ; nom porté par l'ordre primitif après la séparation des Trinitaires Réformés et Déchaussés
- Trinitaires Reformés, Congrégation particulière en France; une réforme de l'ordre fut décidée dans les Chapitres Généraux des années 1573. & 1576; deux Ermites mirent en oeuvre cette Reforme: les Pères Julien de Nantonville du Diocèse de Chartes, & Claude Aleph du Diocèse de Paris, qui demeuraient dans un Ermitage proche Pontoise sous le nom de S. Michel, ils demandèrent la permission au Pape Grégoire XIII de porter l'habit de l' Ordre de la sainte Trinité, & ce Pontife informé de la vie austère & Régulière qu'ils avaient menée avec dix autres Compagnons dans cet Ermitage de saint Michel, le changea en une Maison de cet Ordre par Bulle du 18 mars 1578 & ils firent Profession à Cerfroy le 8 octobre 1580. En 1601, Clément VIII permit à ces Réformés de présenter deux ou trois d'entre eux au Général des Trinitaires afin qu'il en choisit un pour Visiteur Général. En 1619, le pape Paul III leur permis d'élire tous les ans un Vicaire Général, dépendant du Général des Trinitaires.
- Trinitaires Déchaussés en Espagne; en 1594. les Religieux Trinitaires des Provinces de Castille, d'Aragon & d'Andaloufie tinrent un Chapitre General présidé par Père Didace Gusman qui décida une plus grande austérité de l'ordre en Espagne. Saint Jean Baptiste de la Conception mit en oeuvre cette réforme. En 1605 Clément VIII leur permit d'élire tous les trois ans un Provincial et Paul V en 1609 leur accorde un Vicaire General qui devait être confirmé par le General des Trinitaires. Enfin, en 1636, Urbain VIII les exempte de la Juridiction du General & leur permet d'en élire un de leur Reforme.
- Trinitaires Déchaussés en France; cette réforme est due au zèle du Père Jérôme Halies dit du Saint Sacrement qui fut envoyé à Rome en qualité de Procureur général; en 1601 Clément VIII approuva cette réforme et le nomma Visiteur Général. Puis il obtint de Paul V la séparation des couvents réformés de ceux de l'Ancienne observance. Proches des Trinitaires déchaussés d'Espagne, ils étaient aussi gouvernés par un Vicaire Général.
- Trinitaires (Religieuses); fondé en 1231 par l'Infante Constance d'Aragon, fille de Pierre II & soeur de Jacques Ier rois d'Espagne, qui en fut la première religieuse & première Abbesse ou Supérieure.
- Trinitaires Déchaussées, (Religieuses); commencé vers 1612 par Françoise de Romero puis par Marie de Vilena, sous la juridiction de l'archevêque de Tolède.
- Trinitaires (filles séculières); fondé à Paris au début du XVIIIe siècle
- Tiers Ordre des Trinitaires; établi sous les auspices du Général Dominici qui approuva, confirma & permit qu'on imprimât les Règles & les Statuts des Frères & Sœurs du Tiers Ordre de la sainte Trinité en 1584.
Le Tiers Ordre Trinitaire
« (les
oblats) Il y avait autrefois dans l'Ordre de la sainte Trinité &
Rédemption des Captifs des personnes qui s'y donnaient en qualité d'Oblats,
entre lesquels on compte Berenger Seigneur d'Anguillare l'un des
premiers barons de Catalogne & Angline sa femme, qui l'an 1209
fondèrent un hôpital qu'ils donnèrent aux Religieux de cet Ordre.
Ce sont peut être ces Oblats qui ont donné lieu dans la suite à l'établissement d'un Tiers Ordre de la sainte Trinité.
Mais
quoique parmi les personnes illustres qui en sont sortis, à ce que l'on
prétend, on y mette Philippe Auguste & saint Louis Rois de France,
que l'on dise que ce dernier allait en chape au Chœur avec les
Religieux, que l'on mette aussi au nombre de ces Tierçaires Alfonse VIII
Roi de Castille, & plusieurs autres personnes distinguées par la
sainteté de leur vie ou par leurs dignités ; il en est sans doute de ce
Tiers Ordre de la sainte Trinité comme de quelques autres Tiers Ordres
de différentes Religions, où l'on fait entrer des perfonnes qui étaient
mortes quelques centaines d'années avant la naissance de ces Ordres, il y
a bien de l'apparence que le Tiers Ordre dont nous parlons, n'a été
établi que sous les auspices du General Bernard Dominici vers l'an 1584
puisque ce fut cette année qu'il approuva, confirma & permit qu'on
imprimât les Règles & les Statuts des Frères & Sœurs du Tiers
Ordre de la sainte Trinité; & quoique dans l'approbation qu'il en
donna & qui se trouve à la fin de cette Règle, il dise que ce Tiers
Ordre est fondé sur les Bulles des Souverains Pontifes, il serait
néanmoins difficile d'en produire seulement une où il en soit parlé. Il
est vrai qu'il se trouve plusieurs Bulles en faveur du Scapulaire de la
sainte Trinité, mais cette Confrérie est différente du Tiers Ordre de la
sainte Trinité, comme on peut voir par les Règles de ce Tiers Ordre
& de cette Confrérie, qui ont été imprimées pour la seconde fois
séparément & dans le même temps, à Rouen l'an 1670 avec la
permission des Supérieurs de l'Ordre.
Quoiqu'il
en soit, l'habillement de ces Tierçaires de la sainte Trinité consiste
en une robe blanche avec un Scapulaire, sur lequel il y a une Croix
rouge & bleue; mais l'usage n'est point en plusieurs pays de porter
publiquement cet habit. Les perfonnes qui sont de ce Tiers Ordre le
portent ordinairement sous leurs habits séculiers. Ils font un an de
Noviciat, après lequel on leur fait une exhortation sur l'observance de
la Règle & le Supérieur ayant béni les habits, celui qui fait
Profession dit à haute voix ces paroles:
Je
Frère N. ayant confiance en la très sainte Trinité, à La très sainte
Vierge Marie, aux Bienheureux saint Jean et saint Felix, & à vous
mon Père, propose avec intention pure et simple & droite,
délibérément & fermement de garder les Commandements de Dieu,
d'amender mes mœurs vivant ci-après avec plus d'amour de Dieu & de
mon Prochain, méprisant les plaisirs du siécle , quittant les affections
mondaines, me détachant de mon amour propre, renonçant à jamais au
Diable & à La chair, pour pouvoir avancer mon salut & aider à
celui de mon Prochain, par la grâce de Notre Seigneur, & participer
comme associé aux privilèges, prérogatives, grâces & indulgences de
la sainte Trinité pour la Rédemption des Captifs en recherchant
l'avancement, l'honneur & le bien en toute fidélité, de la plus
grande gloire du Père, du Fils, & du saint Esprit. Ainsi soit-il.
Il
s'est érigé depuis quelques années à Paris une Communauté de Filles
Séculières qui vivent selon la Règle des Religieux de la sainte Trinité
& Rédemption des Captifs, on les appelle aussi Sœurs de la Ste
Trinité. Leur habit est semblable à celui des Religieux, mais au lieu de
manteau elles ont sur leur robe blanche une soutane ou veste ouverte
par devant, au lieu de guimpe un mouchoir de cou en pointe, & sous
un voile noir une cornette blanche. Elles portent aussi au cou une
médaille d'argent en triangle, comme on peut voir dans la figure qui
représente une de ces Sœurs Trinitaires. Elles apprennent à lire,
écrire, & travailler à de pauvres filles. Cette Communauté est
présentement au faubourg saint Antoine, où elles n'ont qu'une maison à
louage, & elles ne subsistent que de leur travail, n'ayant pas
encore de revenus considérables.»
Les hôpitaux des Trinitaires en France
La
règle prescrivait de consacrer un tiers des revenus à l'entretien des
religieux, un tiers au rachat des captifs, un tiers à l'hospitalité.
Il
y eut, dès le début, beaucoup de maisons qui non seulement eurent des
hôpitaux, mais même ne furent que des hôpitaux : Metz, Eslaîres, Douai,
Pontarmé, au Bourgel, et à Paris: le couvent des Mathurins ; Gaguin a
écrit au dos d'un acte : « C'est la maison où est de présent
l'hôpital »; cette pieuse fondation n'a disparu qu'au début du
dix-septième siècle.
Les
hôpitaux de l'ordre recevaient d'autres hôtes que des malades. les
Mathurines de Reuilly, qui étaient des Sœurs enseignantes : quant aux
religieuses de Valence, cette communauté hospitalière avait pris l'habit
de l'ordre et son vocable à la fin du dix-septième siècle, sans lui
être aucunement rattachée.
Dans
le Midi, les Trinitaires paraissent partager le soin de leurs hôpitaux
avec des recteurs laïques. À Cordes (Tarn), deux prudhommes, nommés pour
un an, sont chargés de les contrôler, de par l'acte de fondation du
mois de novembre 1287. Pierre de Béziers, damoiseau, parait être donné
comme seul associé aux religieux, le 14 décembre 1295 3 .
Bernard
Rascas, fondateur de l'hôpital d'Avignon, institue deux recteurs laïcs à
côté des Trinitaires qu'il fonde en 1353. La réunion si curieuse des
Pères de la Merci et des Trinitaires en 1481 par Julien de La Rovère,
vice-légat, doit être simplement interprétée comme une mesure destinée à
assurer une meilleure surveillance.
Certains
hôpitaux ne vécurent pas longtemps. L'Hôtel-Dieu de Saint-Quentin,
donné en 1257, n'existe plus un demi-siècle après; Châlons, où les
Trinitaires auraient eu un hôpital dès 1225, n'en a plus dès avant 1364.
Même secourus par un puissant seigneur comme Geoffroy le Meingre, frère
de Boucicaut, les Trinitaires hospitaliers d'Arles doivent attacher à
leur service Marot du Puy, clerc, et le constituer procureur pour la
moitié des revenus donnés par ce seigneur.
Le
ministre Guillaume de Flaygnac avait d'ailleurs été pourvu de cette
charge par Boucicaut lui-même (13 janvier 1410). Il était donc vrai que
la dépendance étroite pouvait seule assurer la vie de ces
établissements.
Pendant
la seconde moitié du seizième siècle, les Trinitaires s'efforcent de
sauver ce qui leur reste de leurs hôpitaux. Entre autres déclarations
qu'ils obtiennent des derniers Valois, il faut citer celle du 10 mai
1569 où il est spécifié qu'ils ne sont point compris dans l'édit relatif
aux hôpitaux et maladreries.
Le
début du dix-septième siècle marque une période de renouveau dans
l'histoire des hôpitaux, comme dans celle de l'ordre entier. Les noms
seuls des bienfaiteurs de la congrégation réformée, les Montmorency, les
Condé, les Guéméné, suffisent à prouver l'estime qu'il surent inspirer.
En
1636, le prince de Condé fit une transaction avec Charles de la
Sainte-Trinité, religieux déchaussé, en vue de la fondation d'un hôpital
à Châteaubriant.
Les Réformés ne devaient pas s'arrêter à ces succès, puisqu'ils obtinrent de fonder à Rouen un hôpital pour les captifs en 1669.
À
ce moment précis, l'ordre entier subissait un grave désagrément. En
1663 avait été décidée la création des hôpitaux généraux. Aussi, en
1671, les Trinitaires furent-ils déchargés de leur hôpital d'Arles; il
n'y eut plus dans cette ville que celui du Saint-Esprit.
Le
6 décembre 1673, nouvelle avanie. Louis XIV ordonna de remettre à
l'ordre de Saint-Lazare les Hôtels-Dieu où l'hospitalité n'était pas
« observée » selon les titres de leur fondation. L'avocat Ragoulleau
allégua, pour la défense des Trinitaires, que leurs maisons n'étaient
pas dans le cas d'être réunies, car, à plusieurs reprises, le roi
l'avait déclaré expressément; s'ils avaient cessé de garder
l'hospitalité prescrite par la règle primitive, c'est que leurs maisons
n'étaient pas toutes des hôpitaux. En 1693, Louis XIV ordonna la
désunion de ces hôpitaux d'avec l'ordre de Saint-Lazare (15 avril).
Les
Trinitaires de Caillouet redemandèrent, en conséquence, la maladrerie
de Chaumont en Vexin, ses dépendances et ses titres. Ils purent donc
rester jusqu'au bout religieux hospitaliers.
Leurs
bonnes œuvres subsistaient encore dans le Midi; en 1768, à Cordes, les
habitants ne voulurent jamais consentir à la suppression de l'hôpital
trinitaire.
Jusqu'à
la dernière heure de leur existence, ils gardèrent à Marseille un
établissement appelé l'hôpital Saint-Eutrope, dont on ne sait pas la
date de fondation. Au dix-septième siècle, cet hôpital de Saint-Eutrope a
une existence tout à fait à part. Il était administré par quatre
prieurs ou recteurs, deux étant élus chaque année pour deux ans; chaque
prieur sortant nommait son remplaçant au mois d'avril, avant la Fète de
saint Eutrope. Le ministre ratifiait cette élection et entendait les
comptes. Tous les ans, on faisait l'inventaire. L'hospitalier et
l'hospitalière pouvaient être renvoyés par décision du ministre et des
prieurs. Ceux-ci devaient faire la quête une fois par semaine, mais
l'hospitalière en fut chargée en 1677 et en 1711; on lui en donnait la
moitié pour son entretien.
Cet
hôpital suffisait à contenir les hydropiques « de tout âge, sexe,
condition, paroisse » de la ville. Nul ne pouvait y entrer sans le
certificat d'un médecin, apothicaire ou chirurgien, et sans l'ordre d'un
des recteurs. L'hôpital était réservé aux pauvres, mais il y avait des
riches qui s'y faisaient porter par dévotion et y faisaient leur
neuvaine, pendant idle ils bénéficiaient des aumônes. Aussi était-il
ordonné hospitalière, lorsqu'il venait un malade distingué, d'en
prévenir le ministre, qui lui rendait visite et l'engageait à faire
aumône pour la maison.
Lors
de la fameuse peste de 1730-1721, qui ne se sévit hélas pas seulement à
Marseille, les Trinitaires firent courageusement leur devoir. La liste
des religieux morts de la contagion comprend trente noms, dont dix de
clercs ou convers. On peut citer entre autres, à Marseille, Michel
Trossier, ancien provincial, Ignace Roux, vicaire général et ministre; à
Arles, Félix ny et Chartes Reinaud, morts en servant la paroisse
Saint-Laurent; à Tarascon , Dominique Pépin et Ignace tide, morts aux
infirmeries; à Saint-Remy, le P. Maurice ;uier, qui avait servi six mois
les pestiférés avec un tel zèle. La gloire de Belzunce est légitime,
mais il ne faut moins admirer ces obscurs religieux dont le nom est à
connaître. Les Trinitaires déchaussés ne furent pas rieurs à leurs
confrères : « Un pauvre Frère s'est sacrifié au service à l'hôpital aux
convalescents, et d'autres confessèrent les malades ».
Les Trinitaires d'Aller, eux aussi, montrèrent un dévouement perpétuel aux chrétiens atteints de la peste.
Chanoines réguliers
« La congrégation des religieux de l'ordre de la Sainte-Trinité, disent "Les mémoires du clergé",
tome II, page 135 , est du nombre de celles des chanoines réguliers de
l'ordre de Saint Augustin. Plusieurs souverains pontifes attestent la
même chose. Dans plusieurs manuscrits très anciens, la règle de Saint
Augustin se trouve jointe à celle de l'ordre de la Sainte-Trinité (...)
Les Trinitaires sont de droit & de fait chanoines réguliers de Saint
Augustin; & c'est en cette qualité qu'ils possèdent de temps
immémorial des bénéfices de l'ordre de Saint Augustin.(...) Cette
qualité est donnée aux Trinitaires dans une transaction faite en 1468,
entre les chanoines réguliers de Saint Trophime d'Arles & les
religieux de leur ordre dans la même ville. La copie collationnée de
cette transaction est dans les archives de leur maison de Paris. […] Ils
n'ont cessé de se servir du bréviaire des chanoines réguliers que parce
que l'édition en était épuisée; & ce n'est que depuis environ 80
ans qu'ils se servent du bréviaire romain.» Maître J.-B. Denisart; 1775.
Habit
Les trinitaires portent depuis leur fondation un habit blanc sur lequel figure une croix rouge et bleue.
Autrefois, l'habit des trinitaires était différent selon les pays. Au XVIIIe siècle :
- « en France ils portent une soutane de serge blanche avec un scapulaire de même étoffe, sur lequel il y a une croix rouge & bleue. Lorsqu'ils font au chœur, ils mettent l'été un surplis et l'hiver une chape avec une espèce de capuce fendu par devant. Dans la maison ils ont un camail; quand ils sortent, ils prennent un manteau noir et un chapeau à la manière des ecclésiastiques. Au XVIIe siècle siècle, ils étaient auparavant vêtus de drap avec un grand camail, tant au chœur & dans la maison. Les Réformés conservaient encore au xviiie cet habit. »
- « en Italie ils sont vêtus à peu près comme les Réformés , sinon que leurs habits sont plus amples et de serge , et qu'ils portent une chape tant au chœur qu'en allant par la ville. »
- « ceux de Castille, d'Aragon, de Catalogne & de Valence ont des robes blanches & une chape noire. Dans le reste de l'Espagne ils n'ont pas de chape, mais seulement un camail noir qui descend jusqu'à la ceinture. »
- « ceux de Portugal portent aussi la chape noire.
Tous, exceptés les Déchaux, ont sur le scapulaire et sur la chape le manteau ou camail, une croix pattée, rouge et bleue. »
Symboles et armoiries
« On
raconte que saint Jean et saint Félix s'entretenant de Dieu dans la
solitude près d'une fontaine, ils aperçurent un cerf blanc qui venait se
désaltérer, et qui portait entre ses cornes une croix rouge et bleue,
comme celle que saint Jean de Matha avait déjà vue sur la poitrine d'un
ange (Cf. Anges, p. 41). Le fait est que les Trinitaires ont adopté
deux cerfs blancs pour supports de leurs armoiries; ce qui, avec les
deux couleurs de la croix, indiquait la Trinité (ne fût-ce que comme
moyen mnémotechnique).»
La
croix rouge et bleue figura sur les vêtements des Trinitaires, croix
pattée pour les Trinitaires, et croix droite pour les Trinitaires
Réformés (XVIe siècle).
Les armes de l'ordre sont: "d'argent à une croix pattée de gueules et d'azur, à une bordure d' azur aussi, chargée de huit fleurs de lys d'or", l' écu timbré de la couronne royale de France, avec deux cerfs blancs pour supports.
Dans le Dictionnaire généalogique, héraldique, chronologique et historique de La Chesnaye-Desbois (1757), on trouve ces précisions sur les armoiries de l'ordre:
- « TRINITAIRES , religieux de la rédemption des captifs : d'argent à une croix pattée, le montant de gueule, la traverfe d'azur ; les reformés de France y ajoutent une bordure de fleurs de lys ; & ceux d'Espagne , une bordure de Castille , qui est de gueule au château d'or. »
- « TRINITAIRES , de la rédemption des captifs , connus sous le nom de Mathurins : d'argent à une croix pattée , le montant de gueule , & le travers d'azur à la bordure de même , chargée en orle de huit fleurs de lys d'or , qui est une concession des rois de France. »
Nombre au XVIIIe siècle
Vers 1730, l'ordre possédait environ 250 couvents, divisés en 13 provinces:
- 6 en France,
- 3 en Espagne,
- une en Italie
- une en Portugal. Il y en avait avant une aussi en Angleterre, une en Écosse et une en Irlande.
Les quatre provinces de France, de Picardie, de Champagne et de Normandie avaient avant le XVIIIe siècle
le droit d'élire le Général. Innocent XI permit à celles d'Espagne de
s'en élire un particulier, ce qu'elles firent en 1688. Depuis, Clément
XI et Philippe II ont rétabli les choses sur l'ancien pied.
Situation actuelle
L'ordre
Trinitaire a perdu beaucoup de sa vitalité au cours des siècles du fait
de la diminution progressive du nombre de chrétiens emprisonnés par les
musulmans. Mais depuis la fin du XIXe siècle,
il retrouve une nouvelle vigueur et compte aujourd'hui 450 frères
présents à l'heure actuelle dans les pays suivants : Madagascar (163
frères), Inde (80 frères), Canada, Italie, Espagne, France (8 frères),
Allemagne, Etats-Unis, Mexique, Porto-Rico, Colombie, Brésil, Pérou,
Bolivie, Chili, Argentine, Pologne, Congo, Guinée Equatoriale et
Autriche.
Ils
se consacrent surtout aux prisons, à l'assistance aux malades dans les
hôpitaux, en collaboration avec les organismes internationaux et les
ordres missionnaires.
Les
sœurs trinitaires sont plusieurs centaines et sont enseignantes ou
hospitalières ou encore contemplatives : sœurs trinitaires de Valence
(Drôme), sœurs trinitaires de Valencia (Espagne) (190 soeurs), sœurs
trinitaires de Madrid (160 soeurs), sœurs trinitaires de Majorca (60
soeurs), sœurs trinitaires de Rome (37 communautés), moniales
trinitaires (20 monastères)
Le
laïcat trinitaire est aussi présent dans le monde entier, soient 14
associations de laïcs formant 127 fraternités et réunissant 3200
membres.
Le site internet : http://www.lestrinitaires.com/
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